Le Premier ministre et chef du gouvernement Abdoulaye Maïga a pris la parole le 26 septembre à New York lors du débat général de la 80e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies.
Il s’est exprimé au nom de la Confédération des États du Sahel (AES), qui regroupe le Burkina Faso, le Niger et son pays, pour présenter la vision et les priorités de cette alliance née de la volonté des trois États de renforcer leur sécurité et de consolider leur souveraineté.
Dans son allocution, Abdoulaye Maïga a réaffirmé l’engagement des pays de l’AES à lutter ensemble contre le terrorisme, qu’il a qualifié de menace majeure à la paix et à la stabilité. Il a mis en avant la nouvelle approche sécuritaire adoptée par les trois États, fondée sur la mutualisation des forces, le renforcement des capacités militaires, le recrutement massif et l’équipement des armées. Il a estimé que cette dynamique, née après le retrait des forces internationales, a permis d’obtenir des résultats sur le terrain et de réduire la dépendance sécuritaire vis-à-vis de partenaires étrangers.
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Le chef du gouvernement a accusé certains États d’ingérence dans la région, citant notamment la France, soupçonnée de soutien à des groupes armés, et l’Ukraine, qu’il a accusée d’avoir revendiqué une attaque contre une patrouille malienne en juillet 2024 et de fournir des drones aux groupes terroristes. Il a aussi dénoncé l’inaction des Nations unies face à la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel. Abdoulaye Maïga a annoncé que l’AES s’était retirée du Statut de Rome de la Cour pénale internationale le 22 septembre 2025 et qu’elle entendait désormais mettre en place des mécanismes de justice internes adaptés à ses valeurs et à ses réalités.
Le discours a insisté sur la nécessité d’une réforme profonde de l’Organisation des Nations unies, notamment du Conseil de sécurité, afin d’accorder à l’Afrique deux sièges permanents et cinq non permanents, conformément au Consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte. Le Premier ministre a plaidé pour un multilatéralisme plus équitable, capable de traduire les résolutions en actions concrètes et de garantir le respect du droit international. Il a également appelé à une refondation de la gouvernance mondiale pour mieux répondre aux défis sécuritaires et économiques, citant les initiatives des BRICS comme alternatives au modèle actuel.
Le Premier ministre a abordé les tensions diplomatiques avec l’Algérie, accusée d’avoir permis la planification d’une attaque contre les forces maliennes à proximité de sa frontière et d’avoir abattu un drone malien le 1er avril 2025. Il a indiqué que son pays avait saisi la Cour internationale de justice et dénoncé le refus d’Alger de reconnaître la compétence de cette juridiction. Il a averti que toute agression future ferait désormais l’objet d’une réponse par réciprocité.
Sur le plan du développement, Abdoulaye Maïga a présenté la stratégie économique de l’AES fondée sur l’exploitation de ses ressources naturelles, l’investissement dans les infrastructures, l’énergie et l’industrialisation, ainsi que la création d’une Banque confédérale pour l’investissement et le développement. Il a souligné l’importance d’un modèle économique endogène et la volonté de rompre avec la dépendance extérieure.
Il a réaffirmé l’attachement de la Confédération des États du Sahel aux principes de la Charte des Nations unies, tout en insistant sur l’urgence d’une réforme du système multilatéral. Il a appelé la communauté internationale à reconnaître les efforts de l’AES dans la lutte contre le terrorisme et à soutenir une alliance qui, selon lui, œuvre pour la stabilité de l’Afrique et, au-delà, pour celle du monde entier.