Invitées par le médiateur de la Cédéao et par le président burkinabé Blaise Compaoré, 80 personnalités maliennes ont participé à la «Conférence des Forces vives de la République du Mali ». Du Front du refus mené par Siaka Diakité au MP22 d’Oumar Mariko en passant par une délégation de l’Assemblée nationale et le président du Haut Conseil Islamique Mahamoud Dicko, des délégations des partis politiques, de la société civile et de certains candidats à la présidentielle étaient réunis du 14 au 15 avril à Ouaga 2000 pour trouver des solutions afin de sortir le pays de la grave crise politique qu’il traverse depuis le coup d’Etat du 22 mars dernier. Sous la présidence effective du médiateur, les échanges se sont déroulés en plénière toute la journée du samedi. La journée du dimanche a servi à des réunions informelles avant la session finale qui a pris quatre heures, de 16h à 20h pour arriver à une déclaration consensuelle. Gérer l’urgence au nord du Mali Concernant la situation au Nord, la Conférence a exigé la restauration de l’intégrité du territoire et a demandé à la Cédéao de venir en aide aux populations menacées par une grave crise humanitaire. Aucune aide d’envergure ne leur a été apportée depuis plus de trois semaines maintenant. Le médiateur a par ailleurs été chargé « d’engager sans délais des pourparlers entre les groupes armés du Nord du Mali et les autorités de la transition dans le but de parvenir à une cessation des hostilités et au retour des réfugiés et des personnes déplacées ». Enfin, un appel a été lancé aux différentes forces en présence afin que cessent immédiatement toute violence armée et toute exaction. Plusieurs inconnues demeurent La question de la gestion institutionnelle fait en revanche débat. Les divisions se cristallisent en particulier sur la durée de la transition et sur la personnalité qui la dirigera. Il a bien été convenu que « la question du président de la transition soit réglée conformément aux dispositions de l’Accord cadre ». Sauf que l’interprétation même de cet Accord cadre fait débat. Le président par intérim, qui doit constitutionnellement assurer un intérim de 40 jours, sera-t-il le président de la transition ? L’Accord cadre n’évoque en tout cas pas de président parmi les organes de transition. Les acteurs de la transition seraient interdits d’élection présidentielle Autre inconnue, la nomination du Premier ministre. L’acte formel de sa nomination sera pris « par le président de la République par intérim ». Ce qui ne signifie pas pour autant que Dioncounda Traoré le choisira puisque l’Accord cadre indique qu’il est nommé par la Médiation de la CEDEAO et le CNRDRE. Une fois nommé, ce Premier Ministre sera chargé de former un gouvernement d’union nationale, comme prévu par l’Accord cadre du 6 avril 2012. Des départements ministériels chargés des questions humanitaires et des questions spécifiques à la zone sahélo-saharienne seront créés. Le gouvernement aura aussi la responsabilité de mener à bien un processus électoral qui devra être « sécurisé et accepté de tous, afin de garantir l’organisation d’élections libres, transparentes et démocratiques ». Il a également été évoqué la nécessité de renforcer les capacités opérationnelles de l’armée afin qu’elle puisse défendre le territoire national. Un Premier ministre dans 48h00 La médiation burkinabé a annoncé la nomination d’un Premier Ministre dans les 48 heures. On parle de l’ancien Premier Ministre Soumana Sako en raison de sa réputation de rigueur et de fermeté, du directeur général d’ONUSIDA, Michel Sidibé, de Dialla Konaté, un universitaire vivant aux Etats Unis pour leurs qualités de technocrates et surtout du fait qu’ils ne soient pas des hommes politiques. L’astrophysicien Cheick Modibo Diarra est également cité comme potentiel Premier Ministre. La Conférence recommandant que les acteurs de la transition ne soient pas candidats à la future élection présidentielle, Soumana Sako et Cheick Modibo Diarra devraient renoncer à leur ambition présidentielle si l’un d’entre eux accédait au poste de Premier ministre. Tout comme Dioncounda Traoré, candidat de l’Adema à l’élection présidentielle. Une nécessité car tant que la question des institutions n’est pas réglée, le pays ne peut faire face de manière concrète au véritable problème du moment, à savoir la partition de son territoire et la crise humanitaire au Nord. Et de quarante-huit heures en quarante-huit-heures, l’espoir qui était revenu le 6 avril avec l’annonce de l’Accord cadre, tend à se muer en incompréhension. Et en doute sur la volonté réelle des parties à faire évoluer les choses dans l’intérêt supérieur de la Nation.
A quoi a servi la Conférence de Ouagadougou?
Publié le 16.04.2012 à 00h00 par Journal du Mali

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