InternationalAfrique




Afrique : l’aide au développement subit des coupes historiques

Un rapport d’Oxfam daté du 8 août 2025, intitulé Changing Face of Aid in Africa : Outlook, failures, and reform potential, montre…

Un rapport d’Oxfam daté du 8 août 2025, intitulé Changing Face of Aid in Africa : Outlook, failures, and reform potential, montre l’ampleur des réductions prévues dans l’aide publique au développement de l’Afrique par les bailleurs majeurs.

Le document signale que dix-sept donateurs membres du comité d’aide au développement de l’OCDE envisagent une réduction totale de 31,1 milliards USD dans leurs budgets d’aide pour l’Afrique en 2025. Parmi ces bailleurs, les États-Unis prévoient un retrait de l’ordre de 90 %, tandis que la France envisage une coupe d’environ 40%.
Plus globalement, d’autres estimations évoquent une baisse potentielle de 74 milliards USD de l’aide mondiale en 2025, soit près de 30 % des dotations d’aide publique au développement.
Le rapport insiste sur la concentration de la réduction de l’aide dans les secteurs critiques tels que la santé, la sécurité alimentaire et l’éducation.
Il rappelle que l’aide destinée aux pays les moins avancés est extrêmement faible. En 2023, elle représentait seulement 0,06 % du revenu national brut des pays donateurs du CAD, contre des engagements internationaux situés entre 0,15 et 0,20 %. Les chiffres relatifs aux inégalités soulignés dans d’autres rapports d’Oxfam font écho à cette situation. Entre 2018 et 2023, seuls 20 % des financements ont été dirigés vers des secteurs essentiels comme l’éducation, l’agriculture, l’assainissement et la protection sociale. Un rapport publié en juillet 2025 souligne que les quatre Africains les plus riches détiennent plus de richesse que la moitié de la population du continent. Depuis cinq ans, la richesse des milliardaires africains aurait progressé de 56 % ; celle des cinq plus riches a augmenté de 88 %.
À ces déséquilibres s’ajoutent des coûts élevés liés à la gestion de l’aide, qui réduisent son efficacité. Selon d’autres analyses, la part des fonds humanitaires versée directement à des organisations locales reste très faible ; les organisations de défense des droits des femmes reçoivent à peine 0,4 % de l’aide dédiée aux questions de genre. Sur le plan climatique, 70 % des financements sont attribués sous forme de prêts, ce qui alourdit la dette des pays les plus vulnérables.
Le rapport évoque aussi les pertes financières massives liées à des flux illégaux. Chaque année, le continent perd 88,6 milliards USD à ce titre, soit plus que l’ensemble des aides et investissements étrangers combinés.
Les données spécifiques au Mali ne figurent pas dans ce rapport, mais d’autres sources montrent des effets concrets des coupes budgétaires. Au Mali, le programme de littératie “Shifin ni Tagne”, financé par l’USAID à hauteur de 25 millions USD sur cinq ans, a été interrompu en 2025 à la suite d’une réduction de 90 % du financement. Ce programme touchait 20 000 jeunes et assurait le soutien de 1 000 établissements scolaires.