Ansar Dine étonne ces derniers temps par des déclarations d’intentions qui ne trompent personne. Après avoir rencontré le médiateur Blaise Compoaré, une délégation du groupe islamiste a posé des vélléités à la négociation plutôt qu’à la guerre. Une déclaration accueillie avec prudence par les autorités maliennes, représentées par le ministère des Affaires étrangères, Tiéman Hubert Coulibaly qui se trouvait à Ouagadougou au même moment. «Â Il n’y a pas de négociation en cours, nous n’avons pas d’agenda de rencontres, mais nous analysons leur déclaration pour lire entre les lignes », déclarait le ministre, lors d’une entretien sur la chaà®ne panafricaine Africable. Nouvelle sortie ce mercredi 14 novembre : le groupe Ansar Dine (les prétendus défenseurs de la foi), affirme désormais vouloir changer la mise en application de son dogme. Une charia limitée désormais à Kidal, fief des compagnons d’Iyad Ag Ghaly, exigerait le groupe, dont la branche la plus dure, terrorise toujours les populations du nord, avec des méthodes barbares : lapidations, amputations, séances de flagellations publiques à Gao ou destructions inconscientes de mausolées à Tombouctou, et le Mali peut se targuer d’en avoir vu des vertes et des pas mûres depuis le coup d’état du 22 Mars. Mais revenons à cette nouvelle application de la Charia. Elle perdrait en effet du terrain pour se limiter désormais à la seule région de Kidal : «Â Nous renonçons à l’application de la charia sur toute l’étendue du territoire malien, sauf dans notre région de Kidal o๠la charia sera appliquée en tenant compte de nos réalités», a déclaré Hamada Ag Bibi, l’un des membres d’une délégation d’Ansar Dine présente à Ouagadougou, sans plus de précision. « Nous souhaitons seulement l’application de la charia dans les zones sous notre contrôle, C’est-à -dire dans la région de Kidal. Tout se fera avec pédagogie, et nous allons détailler notre argumentation lors des négociations avec l’autre partie», les autorités maliennes de transition, a expliqué Mohamed Ag Aharib, porte-parole de la délégation. Pédagogie, un mot qui sonne étrangement, dans la bouche de gens qui n’ont pas hésité à bousiller l’intégrité du Mali et à détruire ses institutions. Faute d’interlocuteurs fiables et parlant d’une seule et même voix, nos chers prétendants à la négociation, vont dare-dare à Ouagadougou, mettre leurs nouvelles cartes sur table. MNLA, la stratégie de la survie médiatique De son côté, le MNLA, qui a ouvert les portes du Mali, à Ansar Dine, au Mujao et Aqmi, et son lot de terroristes et trafiquants en tous genres, tente de garder la tête hors de l’eau. Retranchés à l’étranger, ses figures de proues et porte-paroles font un ballet médiatique. Après avoir perdu du terrai et toute idéal d’indépendance, ils ont parlé d’auto-détermination. Mieux, ils reviennent avec l’argument de l’unité. Eh oui, nos amis du MNLA, affirme vouloir aider l’armée malienne à chasser les terroristes de leur Azawad perdu. Enfin, à quoi joue le MNLA ? l’heure est-elle encore à la farce politique et diplomatique, après avoir plongé tout le nord du pays dans l’obscurantisme ? N’est-il pas un peu trop tard pour vouloir se racheter et de la manière la plus ridicule qui soit ? Car, il est permis de douter sur les intentions d’un groupe qui a tenté une alliance politique avec Ansar Dine, pour finalement se raviser et comprendre que leurs visées étaient diamétralement opposées. Malgré tout, le MNLA entend rester dans le jeu politique et face à la dernière sortie dÂAnsar Dine déclare : « Nous prenons acte de cette évolution positive et très encourageante », des propos de Mossa Ag Attaher, coordinateur diplomatique du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) en Europe. « Des discussions formelles avec Ansar Dine » vont avoir lieu « dans les prochains jours » afin que « les forces vives de l’Azawad (région du nord du Mali) parlent d’une même voix pour aller à des négociations politiques », a t-il ajouté. Aujourd’hui, le Mali qui se cherche une légitimité politique, institutionnelle et internationale a du pain sur la planche. Nos autorités qui vont lentement mais surement, dans la voie de la guerre, privilégient également le dialogue, la voix de la solution politique négociée, en attendant le front. Mais face à des ennemis roublards, rusés, aux intentions opaques, la prudence reste de mise.
Ansar Dine recule sur la charia, le MNLA tente de garder la tête hors de leau
Publié le 15.11.2012 à 00h00 par Journal du Mali

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