Un décret présidentiel publié au Journal officiel met fin au statut militaire du colonel Alpha Yaya Sangaré, officier de la Direction générale de la Gendarmerie nationale. La décision, signée le 12 décembre 2025, intervient à l’issue d’une procédure disciplinaire engagée au sein des Forces armées et de sécurité.
Le décret n°2025-861/PT-RM prononce la cessation de l’état de militaire de l’officier et sa radiation des effectifs par mesure disciplinaire, avec effet à compter de la date de signature du texte. La décision s’appuie sur la Constitution, la Charte de la Transition révisée, la loi portant organisation générale de la Défense nationale ainsi que le Statut général des militaires. Le décret mentionne également le procès-verbal du Conseil d’enquête en date du 1er décembre 2025, sans apporter de précisions sur les faits reprochés.
Cette décision administrative intervient dans un contexte marqué par une controverse liée à la publication, à la fin de l’année 2023, d’un ouvrage intitulé « Mali : le défi du terrorisme en Afrique ». Le livre, signé par le colonel Alpha Yaya Sangaré, avait suscité de vives réactions dans l’espace public et institutionnel, notamment au sein de la hiérarchie militaire, sans que le décret publié ne fasse référence à son contenu.
Le 2 mars 2024, l’officier avait été interpellé à Bamako. Les autorités avaient confirmé son arrestation, sans communiquer publiquement sur les détails de la procédure à ce moment-là. Depuis lors, la situation administrative du colonel faisait l’objet d’une procédure interne, ayant conduit à la tenue d’un Conseil d’enquête.
Avec la publication du décret du 12 décembre 2025, les autorités actent officiellement la fin de la carrière militaire de l’officier. À compter de cette date, il ne relève plus des dispositions applicables aux membres des Forces armées et de sécurité, conformément aux textes en vigueur.
La procédure s’étend
Cette radiation s’inscrit dans une période où plusieurs décisions disciplinaires touchant des officiers et sous-officiers ont été rendues publiques. Le 7 décembre 2025, un collectif d’avocats, conduit par Me Mountaga C. Tall, a saisi la Section administrative de la Cour suprême d’une requête visant l’annulation de décrets et d’un arrêté pris le 7 octobre 2025, portant cessation de l’état de militaire de plusieurs personnels des Forces armées maliennes.
Dans cette requête, les conseils demandent l’ »annulation des sanctions prononcées » et la « réintégration des officiers et sous-officiers concernés », avec le « rétablissement de leurs droits, grades et avantages ». Ils invoquent notamment des « violations des droits de la défense », le « non-respect des procédures disciplinaires » et l’ »absence de matérialité de faute ». La démarche concerne, entre autres, des officiers supérieurs cités dans des affaires de tentative présumée de déstabilisation depuis le mois d’août 2025.
À ce stade, les autorités n’ont pas communiqué sur les suites réservées à cette saisine. Les procédures administratives et judiciaires engagées suivent leur cours, dans un contexte où les questions de discipline militaire, de sécurité nationale et de respect des procédures légales demeurent particulièrement sensibles.
