Indépendance du Cameroun: La guerre « cachée » de l’armée française

C’est une guerre d’indépendance passée sous silence et qui ne trouve toujours pas sa place dans les manuels scolaires. Plus de soixante années sont passées mais, à son évocation, Odile Mbouma, 73 ans, en a encore « la chair de poule ».

Cette Camerounaise avait 7 ans lorsque les troupes de l’armée française sont entrées à Ekité, ville frondeuse du sud-ouest du Cameroun, où elles ont massacré plusieurs dizaines, peut-être une centaine, de ses habitants. C’était la nuit du 30 au 31 décembre 1956. Une nuit qui « a bouleversé toute ma vie », confie-t-elle.

« Nous étions sous un arbre lorsque le crépitement des armes nous a surpris ». « C’était le sauve-qui-peut », relate la vieille dame, racontant avoir couru de toutes ses forces, en enjambant des cadavres: « Il y en avait partout ».

Les troupes coloniales étaient à la recherche de combattants indépendantistes, membres de l’Union des populations du Cameroun (UPC). Créé en 1948, ce parti anti-colonialiste a fait face à une répression sanglante de l’armée française, puis camerounaise.

Entre 1955 et 1964, des dizaines 0de milliers de personnes, membres de l’UPC ou simples civils, auraient été tuées, selon Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, auteurs de l’ouvrage « La guerre du Cameroun » (La Découverte).

Une guerre « passée inaperçue, effacée des mémoires », écrivent-ils, qui continue bien après l’indépendance du Cameroun, prononcée le 1er janvier 1960, et dont le pays fête mercredi les soixante ans.

La répression des nationalistes se poursuit sous le régime du président Ahmadou Ahidjo (1960-1982), accusé d’avoir confisqué l’indépendance avec l’aide de la France.

Au bout d’une piste en terre, dans un champ de broussailles, une gerbe de fleurs repose au sol. « La Nation se souviendra de votre sacrifice », est-il écrit. « Là, c’est l’une des fosses communes dans lesquelles les nationalistes ont été enterrés », désigne Jean-Louis Kell, militant d’une section locale de l’UPC.

A une dizaine de mètres, une deuxième fosse. « Une troisième a été découverte il n’y a pas longtemps », rapporte un rescapé, Benoît Bassemel, 7 ans à l’époque, qui a les larmes aux yeux en évoquant l’assassinat de son père.

Devant la gerbe, M. Kell se recueille et s’adresse aux militants de l’UPC qui l’accompagnent en cette matinée de décembre 2019.

« Votre combat n’a pas été vain, cette lutte se poursuivra jusqu’à l’acquisition de la vraie indépendance », leur promet-il. Les nationalistes estiment que l’indépendance de 1960 n’est pas celle pour laquelle ils se sont battus, accusant les deux présidents camerounais, Ahmadou Ahidjo, puis Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, d’avoir été et d’être toujours main dans la main avec Paris.

– « Libres comme les autres » –

« Nous voulions être libres comme les autres pays. Nous ne voulions plus que les Blancs nous assujettissent », souligne un autre rescapé de cette guerre, Mathieu Njassep, 80 ans. Au lieu-dit Petit Paris, un quartier populaire de Douala, la capitale économique, où il vit dans un minuscule deux pièces avec sa famille, M. Njassep garde des souvenirs précis de la guerre.

Séduit par l’idéologie nationaliste, il intègre en 1960, à l’âge de 21 ans, l’armée de libération nationale du Cameroun (ALNK), la branche armée de l’UPC.

Après deux années de combat, il est nommé secrétaire d’Ernest Ouandié, l’une des figures du mouvement. Condamné à mort, il aura la chance d’éviter l’application de sa peine, contrairement à M. Ouandié, fusillé sur la place publique en 1971.

« Nous n’avions presque rien pour faire la guerre », décrit-il, « des machettes, des bâtons » puis des « armes de fabrication artisanale », alors « on tenait des embuscades ». « Si nous avions eu suffisamment d’armes, nous les aurions vaincus », assure-t-il.

A l’époque, l’ALNK avait établi son quartier général à Bandenkop, un village de l’ouest, en pays Bamiléké. Là-bas, les combats furent rudes entre l’armée française et les combattants nationalistes.

Dans la vallée accidentée d’où le commandement de l’ALNK pilotait les opérations, il n’y a plus aucune trace de vie humaine, seul le ruissellement des eaux est audible.

« Toute cette zone était régulièrement bombardée » par l’aviation française, rapporte Michel Eclador Pekoua, ex-responsable de l’UPC. S’il évoque, tout comme d’autres nationalistes, l’usage du napalm lors de ces bombardements, la France n’a jamais confirmé ou infirmé l’utilisation de cette substance incendiaire.

– Têtes exposées en public –

A 30 kilomètres au nord, dans la ville de Bafoussam, un rond-point porte le nom de « carrefour maquisard » parce qu’il était le lieu d’exposition des têtes des nationalistes décapités, assure Théophile Nono, secrétaire général de l’association Mémoire 60.

Les méthodes « allaient de l’arrestation et l’emprisonnement arbitraire de tout Camerounais soupçonné de +rébellion+, à la torture systématique, en passant par les exécutions sommaires extra-judiciaires », accuse-t-il.

Durant de longues années, cette guerre reste un sujet largement tabou au Cameroun. C’est dans les années 90, en pleine éclosion de revendications démocratiques, que cette chape de plomb commence à être soulevée.

« Souvenons nous qu’avant l’indépendance, certains en avaient rêvé, ont combattu pour l’obtenir et y ont sacrifié leur vie », déclare en 2010 le président Biya, poursuivant: « Notre peuple devra leur en être éternellement reconnaissant ».

Côté français, François Hollande a été le premier président, après des années de silence, à admettre « une répression » contre des nationalistes et à évoquer « des épisodes tragiques ».

« Il y a eu une répression dans la Sanaga-Maritime et en pays Bamiléké et je veux que les archives soient ouvertes pour les historiens », avait-il déclaré en 2015, sans reconnaître ouvertement la responsabilité de la France. Interrogé par l’AFP, le ministère des Affaires étrangères indique que ces archives sont désormais consultables.

Mais pour M. Nono et les autres rescapés, ce n’est pas suffisant: « la France doit reconnaître sa responsabilité, (…) elle doit s’engager à indemniser les victimes de la sale guerre qu’elle a soigneusement cachée côté français, comme côté camerounais ».

Présidentielle en Guinée Bissau: deux hommes, deux styles

Le premier, candidat du parti majoritaire, ne quitte pas son chapeau couleur paille. Le second, surnommé « le général », a fait campagne coiffé d’un keffieh arabe. Domingos Simoes Pereira et Umaro Sissoco Embalo, finalistes dimanche de la présidentielle en Guinée-Bissau, vieux briscards de la politique, ont des styles et des parcours différents.

Voici leur portrait:

Domingos Simoes Pereira, un homme du sérail

M. Pereira, que tous les Bissau-guinéens appellent par ses initiales « DSP », est né il y a 56 ans à Farim, dans le nord de ce qui était alors une colonie portugaise d’Afrique de l’Ouest.

Pour sa première candidature à une élection présidentielle, il a remporté 40,1% des suffrage lors du premier tour.

Ingénieur en génie civil de formation, M. Pereira milite depuis sa jeunesse au Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), la formation qui a mené la lutte pour l’indépendance, obtenue en 1974, dont il prend la tête en 2014.

Après la victoire du candidat du PAIGC à la présidentielle de 2014, José Mario Vaz, celui-ci le nomme Premier ministre.

Mais les deux hommes se brouillent rapidement, sur fond d’accusation de mauvaise gestion du pays et de corruption. En août 2015, M. Vaz le limoge, ouvrant la voie à un bras-de-fer qui ne connaîtra pas de répit jusqu’à la fin du mandat de M. Vaz, dont « DSP » devient le plus farouche adversaire.

De confession chrétienne, M. Pereira est marié et père de trois enfants. Il est membre de l’une des plus petites minorité ethnique du pays, les Kasanga. Il a été formé à l’université polytechnique d’Odessa (Ukraine) et à l’Université d’Etat de Californie (USA).

Avant d’être Premier ministre, il avait occupé les fonctions de ministre des Travaux publics (2004-2005), puis a dirigé de 2008 à 2012 la Communauté économique de pays de langue portugaise (CPLP).

Sous sa houlette, le PAIGC a remporté les législatives en mars dernier, mais le président Vaz a refusé de le renommer à la tête du gouvernement.

Lors d’un unique débat télévisé jeudi face à son rival Umaro Sissoco Embalo, il s’est présenté comme le candidat de la vertu et de la bonne gestion. « L’argent que vous amenez dans le pays ne passe pas par la voie légale », lui a-t-il lancé, l’accusant de faire financer sa campagne par l’étranger.

Umaro Sissoco Embalo, le général dissident

Général de brigade de réserve, ancien Premier ministre (2016-2018) du président Vaz lui aussi, spécialiste des questions de défense et géo-stratégiques, Umaro Sissoco Embalo, 47 ans, est surnommé « le général » par ses partisans.

Vice-président du Madem, parti formé par des dissidents du PAIGC, il est arrivé deuxième lors du premier tour avec 27,7% des suffrages.

Pour combler son retard de 12 points, il s’est posé en rassembleur, rappelant qu’il est un « musulman marié à une chrétienne ». Comme son rival Pereira, il est père de trois enfants.

Lors du débat face à ce dernier, il s’est exprimé en créole portugais, parlé par une très grande partie de la population.

Il peut aussi compter sur le soutien des principaux candidats éliminés au premier tour, dont le président sortant, José Mario Vaz, l’opposant Nuno Gomes Nabiam et l’ancien Premier ministre Carlos Domingos Gomes.

Né dans la capitale Bissau, ce membre de l’ethnie peule, l’une des principales du pays, a fait des études de sciences sociales et politiques en Espagne et au Portugal.

Il a demandé sa retraite anticipée de l’armée dans les années 1990 pour se consacrer à ses nombreux voyages à l’étranger et se lancer dans les affaires. Il a notamment été responsable pour l’Afrique de l’Ouest de la Libyan African Investment Company (Laico), un fonds d’investissement créé par le gouvernement de Mouammar Khadafi.

Sur ses affiches de campagne, lors de ses meetings et même pendant le débat télévisé, il portait un keffieh arabe rouge et blanc noué autour de la tête.

En octobre, le Premier ministre Aristide Gomes, membre du PAIGC, l’a accusé de préparer un coup d’Etat, ce que l’ex-militaire a formellement démenti.

« Je ne suis pas un bandit et je n’entre jamais dans des actions subversives. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas violent », avait-il alors déclaré à l’AFP.

Amateur de foot –il est supporter du Standard de Liège, en 1re division belge–, il parle portugais, espagnol, français, anglais et arabe.

Umaro Sissoco Embalo juge « catastrophique » la gestion du PAIGC, son ancien parti.

Mauritanie: le parti au pouvoir écarte Mohamed Ould Abdel Aziz

Le parti au pouvoir en Mauritanie est réuni samedi en congrès pour élire une nouvelle direction fidèle au nouveau président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et consacrer la mise à l’écart de la scène politique de son prédécesseur anciennement tout puissant, Mohamed Ould Abdel Aziz.

Le congrès s’est ouvert la mi-journée dans la banlieue nord de Nouakchott, en présence de plus de 2.200 délégués venus de toutes les régions de ce vaste pays sahélien, a constaté un correspondant de l’AFP.

Ce sera l’occasion pour l’Union pour la République (UPR) « d’alléger ses statuts » et de s’ouvrir à de nouvelles formations, dont un parti de l’opposition, Adil, qui compte deux députés, et à des opposants au président Aziz ayant soutenu lors de sa campagne M. Ghazouani, élu en juin, selon le dirigeant par intérim de la formation majoritaire au Parlement, Mohamed Ould Abdel Vettah.

Une nouvelle direction –un président et cinq vice-présidents– doivent être élus dans la soirée, mais l’idée de changer le nom du parti n’a pas été retenue.

« Ghazouani est notre référence », affirme un des slogans qui défilent sur un écran géant devant les membres du parti fondé en 2009 par l’ex-président Aziz, marginalisé par ses anciens fidèles depuis son départ de la présidence début août.

« Le temps est au consensus autour de notre président Ghazouani, qui a convaincu tout le monde, y compris l’opposition. L’autre (Aziz), personne n’en parle plus, sauf dans les réseaux sociaux. Il doit prendre sa retraite », a déclaré à l’AFP Ahmed Ould Salem, l’un des congressistes pourtant connu pour avoir soutenu l’ancien président.

« Pour nous il s’agit d’une refondation du parti, qui accueille un sang nouveau », renchérit son voisin, Nagi Dah.

Arrivé à la tête de l’Etat par un putsch en 2008, puis élu en 2009 et 2014, M. Aziz a procédé l’été dernier à la première transition entre deux présidents élus dans ce pays secoué par de nombreux coups d’Etat de 1978 à 2008.

Il avait choisi comme dauphin Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, ex-chef d’état-major et jusque-là l’un de ses plus fidèles compagnons. Avant de passer la main, l’ex-président avait manifesté sa volonté de rester actif en politique en gardant le contrôle de son parti.

Mais depuis sa victoire en juin et sa prestation de serment le 1er août, M. Ghazouani a mis la main sur l’UPR, dont l’immense majorité des députés s’est ralliée à lui et s’est éloignée de son ex-mentor.

« L’UPR vit une crise profonde, elle subit une action de sape, anticonstitutionnelle, dans l’illégalité absolue, de la part de gens qui ne sont même pas membres du parti, sur ordre du pouvoir », avait dénoncé le 20 décembre avec amertume l’ex-président Aziz lors d’une conférence de presse boudée par les médias d’Etat.

Ruben Um Nyobè, pionnier de l’indépendance du Cameroun assassiné par l’armée française

Pour trouver la tombe de Ruben Um Nyobè, leader indépendantiste camerounais, assassiné par l’armée française deux ans avant l’indépendance de son pays en 1960, il faut se faufiler entre les mauvaises herbes du cimetière protestant d’Eseka, près de sa ville natale.

Dans cette ville du centre du Cameroun, à 121 kilomètres de Yaoundé, sa famille et des militants de son mouvement, l’Union des populations du Cameroun (UPC), cherchent à faire vivre la mémoire du leader charismatique tué à 45 ans.

Son nom n’a pas la même renommée que d’autres figures du panthéon panafricain, comme le burkinabé Thomas Sankara. Mais, le 13 septembre 1958, quand Ruben Um Nyobè est tué par l’armée coloniale. « Son corps avait été traîné et exposé pour que tout le monde (découvre la dépouille de) celui qu’on croyait immortel », raconte Louis Marie Mang, militant de l’UPC à Eseka.

« Pour empêcher que les rites traditionnels soient faits, il avait été ensuite mis dans un bloc de ciment et enterré, (sans) cercueil », précise-t-il.

A l’époque, celui qu’on surnomme « Mpodol », ou celui qui porte la parole en langue bassa, est le dirigeant de l’UPC, mouvement indépendantiste créé en 1948.

Apôtre de la non-violence, Mpodol tenait à négocier. Devant la tribune des Nations unies, il prononce un discours historique le 17 décembre 1952 dans lequel il demande « la fixation d’un délai pour l’octroi de l’indépendance au peuple camerounais ».

Mais l’administration coloniale qualifie l’UPC de parti « communiste » et opte pour la répression dès 1955, forçant Ruben Um Nyobè et ses partisans à rentrer dans la clandestinité.

Sa mort ne met pas un terme aux affrontements entre indépendantistes et armée coloniale. Après la proclamation de l’indépendance le 1er janvier 1960, les combats continuent entre l’UPC et les forces du président Ahmadou Ahidjo (1960-1982), qu’ils accusent d’avoir été mis en place par la France.

Le président, quant à lui, avait interdit toute mention de l’UPC ou de Ruben Um Nyobè.

Mais loin d’une image de combattant maquisard, Mpodol est resté dans la mémoire des siens comme un négociateur. A l’entrée de la ville d’Eséka, une statue le représente prêt à interpeller les Nations unies, en costume et avec une mallette à la main.

Il s’agit de l’une des rares œuvres d’art publiques réalisées pour lui rendre hommage. Après son assassinat, tout avait été fait « pour effacer la mémoire » de Ruben Um Nyobè, selon M. Mang. Pour lui, le pionnier de l’indépendance mérite une statue à Yaoundé: « c’est une reconnaissance nationale qu’il lui faut ».

Ebola en RDC: Plus de 3.000 cas de contamination, 2.231 morts

Plus de trois mille cas de contamination à la maladie à virus Ebola ont été enregistrés en République démocratique du Congo où l’épidémie de fièvre hémorragique a déjà tué plus de deux mille personnes depuis août 2018, ont indiqué dimanche les autorités sanitaires.

Depuis le début de l’épidémie, le cumul des cas est de 3.373, avec un total de 2.231 décès, selon le dernier décompte du Comité multisectoriel de la riposte à l’épidémie (CMRE) daté de samedi.

La RDC lutte contre une épidémie de la maladie à virus Ebola déclarée le 1er août 2018. Les provinces troublées du Nord-Kivu et de l’Ituri, dans l’est, sont les plus touchées.

Les autorités sanitaires indiquent par ailleurs que « 341 cas suspects sont en cours d’investigation ».

Les actions de lutte contre la maladie sont régulièrement perturbées en raison d’insécurité causée par la présence de nombreuses milices dans les zones touchées. Des membres des équipes anti-Ebola ont été tués ou blessés dans des attaques armées dans le Nord-Kivu et en Ituri.

Les installations anti-Ebola sont aussi la cible d’attaques dans ces régions, en proie à des violences depuis deux décennies.

Depuis novembre, plus de 200 civils ont été tués dans cette zone dans des tueries attribuées au groupe armé d’origine ougandaise des ADF (Forces démocratiques alliées).

L’actuelle épidémie d’Ebola est la dixième sur le sol congolais depuis 1976 et la deuxième la plus grave de l’histoire après celle qui a fait quelque 11.000 morts en Afrique de l’Ouest en 2014.

Un avion turc évacue des victimes de l’attentat de Mogadiscio

Un avion militaire turc a évacué dimanche 16 personnes grièvement blessées à Mogadiscio dans l’attentat qui a fait 79 morts la veille dans la capitale somalienne régulièrement visée par des insurgés islamistes.

L’avion avait également amené des médecins pour aider à soigner les quelque 125 personnes blessées dans l’attentat à la voiture piégée, le plus meurtrier à frapper Mogadiscio depuis deux ans, qui s’est produit samedi à un poste de contrôle dans un quartier animé.

« La mission de sauvetage se poursuit depuis hier lorsque l’explosion s’est produite et après de longs efforts, nous avons réussi à évacuer 16 des blessés vers la Turquie pour des soins médicaux supplémentaires », a déclaré le maire de Mogadiscio, Omar Mohamed Mohamud, devant des journalistes à l’aéroport.

Aucun groupe n’a revendiqué l’explosion mais le président somalien, Mohamed Abdullahi, a accusé les islamistes shebab, un groupe affilié à Al-Qaïda auteur d’attentats réguliers à la voiture piégée et d’autres attaques contre la capitale dans le cadre d’une insurrection lancée contre le gouvernement soutenu par la communauté internationale.

Le président a dénoncé « l’organisation terroriste Al-Shebab » dans un message télévisé et l’a accusée « d’intimider et terroriser les Somaliens et de les massacrer à chaque occasion ».

L’attentat de samedi est le plus meurtrier depuis celui commis en 2017 avec un camion piégé, qui avait tué plus de 500 personnes dans la capitale.

Parmi les 79 morts figurent au moins 16 étudiants de l’université privée de Banadir dont le bus passait au moment de l’explosion à un carrefour animé du sud-ouest de Mogadiscio.

Selon la direction du service d’ambulances Aamin Ambulance, Abdukadir Abdirahman Haji, l’attentat a aussi fait quelque 125 blessés.

Le chef de la police, Abdi Hassan Mohamed, a établi samedi le bilan à 79 morts, tout en ajoutant qu’il pourrait s’alourdir. Deux ressortissants turcs figurent parmi les morts. Selon des sources médicales, deux autres Turcs ont été blessés et vont être rapatriés.

– Aide de la Turquie et du Qatar –

« Il y a encore des opérations de sauvetage en cours pour aider ceux qui ont été massacrés par les terroristes alors qu’ils vaquaient à leurs occupations », a déclaré dimanche aux journalistes le ministre somalien de l’Information, Mohamed Abdi Heyr.

« Nous avons reçu ce matin des médecins et des médicaments envoyés par le gouvernement turc et nous travaillons à séparer les blessés graves des autres afin de les envoyer hors du pays », a-t-il ajouté.

Le ministre a indiqué qu’environ 24 médecins spécialisés dans la prise en charge des traumatismes étaient arrivés de Turquie – un allié clé de la Somalie – et que le Qatar devait envoyer un avion similaire lundi.

« A 05h30 ce matin, le premier vol pour évacuer les blessés est arrivé de Turquie. Il était accompagné de médecins turcs et de fournitures médicales d’urgence », a déclaré la cheffe adjointe de la police somalienne Zakia Hussein dans un tweet. L’avion va évacuer environ 15 blessés graves, a-t-elle précisé.

Des ambulances transportaient les blessés de divers hôpitaux vers l’hôpital Recep Tayyip Erdogan, géré par la Turquie, d’où ils étaient conduits à l’aéroport.

« Le problème avec l’explosion est que même si vous échappez à la mort, vous pouvez subir des blessures potentiellement mortelles comme mon cousin. Il a des blessures à la tête et les médecins ne pouvaient pas le soigner dans le pays. Dieu merci, il va être emmené en Turquie maintenant et nous espérons qu’avec le temps il ira mieux », a déclaré Abdukadir Moalim, un habitant de Mogadiscio.

Depuis 2015, la Somalie a été frappée par 13 attentats dont onze à Mogadiscio ayant fait à chaque fois au moins 20 morts, selon un décompte de l’AFP.

Mali: l’ex-président Amadou Toumani Touré prêt à s’investir pour la paix

L’ex-président malien renversé en 2012 Amadou Toumani Touré, récemment rentré au Mali, s’est dit dimanche disposé à « s’investir » pour la paix et la sécurité dans ce pays meurtri depuis des années par les violences jihadistes et intercommunautaires.

Amadou Toumani Touré, dit « ATT », s’exprimait aux côtés du Premier ministre Boubou Cissé à l’occasion de la célébration du 100e anniversaire de la création de sa ville natale de Mopti, au coeur de la région centrale du pays où les attaques jihadistes et les conflits entre communautés ont fait des milliers de morts.

« Je m’investirai, je ferai tout ce qui est possible (en me basant) sur l’expérience que j’ai acquise, parce que je suis avant tout un soldat », a dit l’ex-président, âgé de 71 ans, accueilli par une foule d’habitants de Mopti enthousiastes, a constaté un correspondant de l’AFP.

« Pour la paix la sécurité, la cohésion sociale et le vivre ensemble, je ferai tout pour Mopti, mais je ne le ferai pas seul, nous le ferons ensembles », a-t-il ajouté, sans plus de détails sur la manière dont il comptait agir.

Mopti, point d’entrée du pays Dogon, l’une des régions les plus touristiques du pays avant la guerre déclenchée en 2012 par les jihadistes, « a connu ces dernières années une situation difficile liée à l’insécurité et aux conflits intercommunautaires », a souligné le maire de l’agglomération, Issa Kansaye.

« Votre personnalité est l’incarnation de la paix, la sécurité la cohésion sociale et le développement. La population de Mopti en particulier vous dit qu’elle a plus que jamais besoin de vous, qu’elle (vous confiera) la mission d’apaiser les tensions afin de permettre le retour définitif de la paix, de la cohésion sociale et du vivre ensemble entre les différentes communautés », a-t-il ajouté en s’adressant à l’ancien président.

Le Premier ministre a pour sa part promis la mise en oeuvre d’un programme d’un projet de construction d’infrastructures routières pour la région, quelques mois après des manifestations dans plusieurs ville du pays pour protester contre le mauvais état des routes.

Général à la retraite élu président en 2002, réélu en 2007, Amadou Toumani Touré avait été renversé le 22 mars 2012 par des militaires qui l’accusaient d’incompétence face à la rébellion dans le nord du pays. Il avait quitté le Mali pour le Sénégal voisin et Dakar, où il a mené depuis une existence discrète.

Certains de ses proches ont affirmé à son retour au Mali le 16 décembre qu’il ne fera plus de politique, tandis que d’autres ont assuré qu’il ne resterait pas les bras croisés face à la dégradation de la situation sécuritaire.

Les attentats les plus meurtriers à Mogadiscio depuis 2011

Mogadiscio, théâtre samedi d’une attaque meurtrière à la voiture piégée, est régulièrement la cible d’attentats des islamistes shebab, affiliés à Al-Qaïda, depuis qu’ils ont été chassés de la capitale somalienne en août 2011.

L’attentat le plus meurtrier de l’histoire du pays avait fait 512 morts le 14 octobre 2017. Il n’a pas été revendiqué, mais les autorités l’avaient attribué aux shebab.

– 2018 –

– 9 novembre: au moins 41 personnes sont tuées dans l’explosion de deux voitures piégées placées par les shebab et d’un kamikaze près de l’hôtel Sahafi, établissement fréquenté par des responsables politiques.

– 23 février: au moins 38 personnes meurent dans deux attentats à la voiture piégée visant le palais présidentiel et un hôtel de la capitale, revendiqués par les shebab.

– 2017 –

– 28 octobre: un commando de cinq hommes armés fait irruption dans l’hôtel Nasa Hablod, après avoir fait exploser deux véhicules piégés à proximité. L’attentat, revendiqué par les shebab, fait 27 morts. L’attaque coûte leur poste aux chefs de la police et des renseignements.

– 14 octobre: un attentat au camion piégé dans le district de Hodan, quartier commerçant très animé, fait 512 morts. Un des jihadistes condamnés pour cet attentat est exécuté un an plus tard.

– 19 février: 39 personnes sont tuées par un kamikaze qui fait exploser une voiture piégée à un carrefour fréquenté. L’attaque, non revendiquée, intervient le jour où les shebab menacent de lancer une « guerre sans merci » contre le nouveau président.

– 25 janvier: au moins 28 personnes sont tuées dans un double attentat à la voiture piégée contre l’hôtel Dayah, suivi d’une attaque, revendiqués par les shebab.

– 2016 –

– 26 novembre: une trentaine de personnes sont tuées dans l’explosion d’une voiture piégée près d’un marché. L’attentat n’est pas revendiqué mais les soupçons se portent sur les shebab.

– 2015

– 20 février: un double attentat suicide contre le Central Hotel, revendiqué par les shebab, fait au moins 25 morts. Parmi les victimes, deux parlementaires, le maire adjoint de Mogadiscio, le secrétaire privé du Premier ministre et le chef de cabinet du vice-Premier ministre.

– 2013 –

– 14 avril: une attaque-suicide spectaculaire contre le principal tribunal de la capitale et un attentat à la voiture piégée font au moins 34 morts civils. Le raid est revendiqué par les shebab.

– 2011 –

– 4 octobre: un attentat suicide au camion piégé visant un complexe ministériel fait au moins 82 morts et 120 blessés. C’est le premier attentat revendiqué par les shebab depuis leur retrait en août de Mogadiscio.

Par ailleurs, les shebab ont revendiqué plusieurs attaques meurtrières dans les pays voisins, notamment au Kenya, où l’attaque du centre commercial Westgate à Nairobi a fait 67 morts en septembre 2013 et l’assaut de l’université de Garissa (est) en a fait 148, dont 142 étudiants, en avril 2015.

Côte d’Ivoire : Soro promet « d’organiser la résistance » depuis Paris

L’ex-chef de la rébellion ivoirienne et candidat à la présidentielle de 2020, Guillaume Soro, a promis dimanche d' »organiser la résistance » au président Alassane Ouattara depuis Paris après son retour avorté en Côte d’Ivoire.

« Je suis et reste candidat à la présidence de la République. Je vais organiser la résistance comme le général de Gaulle l’a fait depuis Londres », a-t-il déclaré dans une interview à l’hebdomaire français Le Journal du Dimanche (JDD).

« Il ne s’agit que de résistance politique », a-t-il insisté alors que la justice ivoirienne l’accuse d’avoir préparé « une insurrection civile et militaire » pour s’emparer du pouvoir.

L’ex-président de l’Assemblée nationale, toujours député, et ex-Premier ministre a finalement renoncé à rentrer en Côte d’Ivoire le 23 décembre après six mois d’absence à l’étranger.

La justice ivoirienne a émis un « mandat d’arrêt international » contre lui, alors même que son avion faisait demi-tour vers l’Europe, pour « tentative d’atteinte à l’autorité de l’Etat ».

Guillaume Soro a démenti ces accusations, se disant victime d’une « manipulation, comme Lula au Brésil « destinée à l’écarter de la course à la présidence.

Il est depuis revenu à Paris, où il avait déjà passé les six derniers mois, et a précisé au JDD qu’il comptait y rester, ajoutant n’avoir « demandé aucune assistance particulière à Paris » et n’avoir « aucun contact avec l’Elysée ».

L’opposant a accusé au passage le président français Emmanuel Macron, qui se trouvait en Côte d’Ivoire à la veille de son retour avorté, de ne pas avoir dit « à ses hôtes qu’il était important de respecter la démocratie en Afrique ».

« J’espérais qu’un président comme lui ait davantage de courage et la maturité pour le faire », a-t-il lancé, qualifiant Alassane Ouattara d' »autrocrate ».

« Au nom de contrats juteux, on est donc prêt à fermer les yeux sur le piétinement de la démocratie en Afrique », a-t-il affirmé.

Il a par ailleurs estimé que le mandat d’arrêt lancé contre lui était « politique » et donc inopérant. « La plupart des pays européens qui défendent les droits de l’homme refusent d’ailleurs d’appliquer ce genre de mandat », a-t-il assuré.

Guillaume Soro a par ailleurs déclaré avoir conclu un accord électoral avec l’ancien président Henri Konan Bédié, chef du principal parti d’opposition, qui selon lui se présentera aussi à la présidentielle.

« Nous avons un accord avec Bédié. Nous allons tous deux au premier tour, et le mieux placé soutiendra l’autre pour le second », a-t-il dit alors que M. Bédié laisse planer le mystère sur sa possible candidature.

Le président Ouattara a martelé de son côté samedi que « nul ne sera autorisé à déstabiliser la Côte d’Ivoire » et que « le droit sera appliqué à tous, candidat ou pas ».

Longtemps allié d’Alassane Ouattara, qu’il a aidé à porter au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011, Guillaume Soro s’est ensuite brouillé avec lui, jusqu’à la rupture début 2019.

La Guinée-Bissau, en quête de stabilité, a voté pour son nouveau président

Les Bissau-Guinéens ont voté dimanche pour élire leur président lors d’un second tour à l’issue incertaine, espérant un retour de la stabilité après des années de blocage dans lequel s’est empêtrée une classe politique réputée corrompue et incapable de répondre aux besoins élémentaires d’une population parmi les plus pauvres au monde.

Ouverts depuis 07H00 du matin (GMT et locales), les bureaux de vote ont surtout connu une affluence soutenue en début de journée. Ils étaient pratiquement déserts depuis plusieurs heures quand les bureaux ont commencé à fermer à 17H00.

Dans un bureau proche de la présidence de cette ancienne colonie portugaise d’Afrique de l’Ouest, le dépouillement a aussitôt commencé sous un manguier, à deux pas d’où avaient été installés l’urne en plastique et l’isoloir en carton, a constaté un journaliste de l’AFP.

Il se faisait sur une natte posée à même le sol dans un bureau voisin, aménagé dans un cinéma désaffecté.

Les premières tendances sont attendues en début de semaine.

Le candidat du parti d’opposition Madem, Umaro Sissoco Embalo, a lancé un « appel vibrant » aux 700.000 électeurs pour qu’ils viennent voter, « seule manière » selon lui de « sauver la Guinée-Bissau des 46 ans de malheur depuis l’indépendance ».

Cet ancien Premier ministre, arrivé deuxième au premier tour avec près de 28% des voix, a accusé dans la journée la Commission nationale électorale (CNE) de manoeuvrer pour favoriser l’élection de son rival Domingos Simoes Pereira, le chef du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), qui a viré en tête avec 40,1% des suffrages au premier tour.

« Je souhaite que le résultat soit l’expression de la volonté du peuple guinéen et qu’à partir de là, nous soyons capables de construire la concorde nationale, pour que notre pays puisse démarrer et croître », a déclaré M. Pereira, après avoir voté dans la banlieue de Bissau.

– Le sortant éliminé –

« Il faut voter pour changer les choses. Le prochain président aura la mission de faire marcher le pays », estimait un étudiant en économie de 31 ans, Jair Fernandes Martins.

La stabilité, indispensable pour combattre des maux comme la grande pauvreté, la corruption répandue jusque dans les classes dirigeantes et le trafic de cocaïne, est l’un des grands enjeux après des décennies de crise politique permanente.

Alors que près de 70% de ses quelque 1,8 million d’habitants vivent avec moins de 2 dollars par jour, ce petit pays au climat tropical, abonné aux coups d’Etat depuis son indépendance en 1974, a vécu ces quatre dernières années au rythme des querelles entre le président José Mario Vaz et le PAIGC, dont il est pourtant issu.

M. Vaz n’a terminé qu’à la quatrième place au premier tour et, comme d’autres candidats éliminés, il a apporté son soutien à M. Embalo, le candidat du Madem, une dissidence du PAIGC.

– Des routes et du riz –

Le chef d’état-major de l’armée, le général Biague Na Ntam, a plusieurs fois affirmé que l’armée n’interviendrait pas dans le processus électoral.

« Partout où nous sommes passés, une bonne ambiance règne », a déclaré à la mi-journée sur Twitter le chef de la mission d’observation électorale de la Cédéao, l’ancien Premier ministre malien Soumeylou Boubeye Maïga.

Le futur président devra « régler le problème des hôpitaux où des femmes enceintes meurent sans être assistées, faute de matériel », « construire des routes » et « diminuer le prix du riz », selon un pêcheur, Moutar Diallo. Il « doit nous donner du travail » car « rien ne marche à Bissau », soulignait un commerçant, Abdoulaye Diallo.

– « Pays martyrisé » –

Les deux finalistes sont issus du sérail politique.

M. Pereira, 56 ans, est un ingénieur en génie civil au large sourire, invariablement coiffé d’un Trilby couleur paille. Après avoir mené son parti à la victoire aux législatives de mars, il promet d’accélérer le développement du pays.

Umaro Sissoco Embalo, un général de brigade de réserve de 47 ans, ancien du PAIGC qui a fait campagne avec un keffieh rouge et blanc noué autour de la tête, appelle tous les Bissau-guinéens, dont beaucoup vivent à l’étranger, à « contribuer au développement de ce pays martyrisé ».

S’il est élu, M. Pereira pourra compter sur le soutien du Parlement, contrairement à M. Embalo, qui devra composer avec une assemblée dominée par le PAIGC.

Italie: des orques vues « pour la première fois » dans le détroit de Messine (association)

Un groupe de trois orques, mammifère marin menacé d’extinction, a été aperçu dans le détroit de Messine, ce qui est « une première » dans ce bras de mer entre la péninsule italienne et la Sicile, selon l’association Marecamp qui l’annonce dimanche sur Facebook.

Les trois orques seraient celles qui ont été aperçues il y a quelques jours au large du port de Gênes (nord-ouest) et qui auraient donc parcouru 800 kilomètres en une semaine », a expliqué dimanche à l’AFP Clara Monaco, biologiste marine de l’association Marecamp.

Elles ont été vues vendredi par Simone Vartuli, un pêcheur sportif de 25 ans qui a pu les approcher alors qu’il naviguait sur une barque dans le détroit.

« J’ai d’abord eu peur parce que ce sont des animaux énormes mais je suis resté près d’une heure avec eux et j’ai fini par être très près, à environ un mètre », a-t-il expliqué à l’AFP.

« On ne sait pas si elles sont descendues vers la Sicile pour trouver de la nourriture où pour se rendre ensuite vers le détroit de Gibraltar, puis l’océan et l’Islande », a précisé Clara Monaco.

« Le fait qu’elles se trouvent dans le détroit est un problème en raison de l’important trafic maritime dans cette zone et donc des risques de collision avec des navires », a-t-elle ajouté.

La biologiste a aussi souligné qu’il était important de ne pas s’approcher de trop près de ces mammifères « car ils sont très stressés ».

« Si quelqu’un les voit, il faut aussitôt qu’il prévienne les gardes-côtes car nous avons besoin de collecter des informations scientifiques », a-t-elle expliqué.

Les orques sont des mammifères que l’on peut observer dans tous les océans et mers du globe mais qui se concentrent généralement dans les régions plus froides.

La Méditerranée abrite onze espèces de cétacés, dont les orques qui sont en danger d’extinction, ainsi que le rorqual commun, le cachalot et le grand dauphin, eux aussi considérés comme des espèces vulnérables.

Les menaces pesant sur ces espèces sont les pêches accidentelles dans les filets, la pression touristique pour les observer, le bruit généré par la prospection pétrolière qui peut provoquer des échouages massifs ou encore le trafic maritime avec les risques de collision.

Côte d’Ivoire : Soro promet « d’organiser la résistance » depuis Paris

L’ex-chef de la rébellion ivoirienne et candidat à la présidentielle de 2020, Guillaume Soro, a promis dimanche d' »organiser la résistance » au président Alassane Ouattara depuis Paris après son retour avorté en Côte d’Ivoire.

« Je suis et reste candidat à la présidence de la République. Je vais organiser la résistance comme le général de Gaulle l’a fait depuis Londres », a-t-il déclaré dans une interview à l’hebdomaire français Le Journal du Dimanche (JDD).

« Il ne s’agit que de résistance politique », a-t-il insisté alors que la justice ivoirienne l’accuse d’avoir préparé « une insurrection civile et militaire » pour s’emparer du pouvoir.

L’ex-président de l’Assemblée nationale, toujours député, et ex-Premier ministre a finalement renoncé à rentrer en Côte d’Ivoire le 23 décembre après six mois d’absence à l’étranger.

La justice ivoirienne a émis un « mandat d’arrêt international » contre lui, alors même que son avion faisait demi-tour vers l’Europe, pour « tentative d’atteinte à l’autorité de l’Etat ».

Guillaume Soro a démenti ces accusations, se disant victime d’une « manipulation, comme Lula au Brésil « destinée à l’écarter de la course à la présidence.

Il est depuis revenu à Paris, où il avait déjà passé les six derniers mois, et a précisé au JDD qu’il comptait y rester, ajoutant n’avoir « demandé aucune assistance particulière à Paris » et n’avoir « aucun contact avec l’Elysée ».

L’opposant a accusé au passage le président français Emmanuel Macron, qui se trouvait en Côte d’Ivoire à la veille de son retour avorté, de ne pas avoir dit « à ses hôtes qu’il était important de respecter la démocratie en Afrique ».

« J’espérais qu’un président comme lui ait davantage de courage et la maturité pour le faire », a-t-il lancé, qualifiant Alassane Ouattara d' »autrocrate ».

« Au nom de contrats juteux, on est donc prêt à fermer les yeux sur le piétinement de la démocratie en Afrique », a-t-il affirmé.

Il a par ailleurs estimé que le mandat d’arrêt lancé contre lui était « politique » et donc inopérant. « La plupart des pays européens qui défendent les droits de l’homme refusent d’ailleurs d’appliquer ce genre de mandat », a-t-il assuré.

Guillaume Soro a par ailleurs déclaré avoir conclu un accord électoral avec l’ancien président Henri Konan Bédié, chef du principal parti d’opposition, qui selon lui se présentera aussi à la présidentielle.

« Nous avons un accord avec Bédié. Nous allons tous deux au premier tour, et le mieux placé soutiendra l’autre pour le second », a-t-il dit alors que M. Bédié laisse planer le mystère sur sa possible candidature.

Le président Ouattara a martelé de son côté samedi que « nul ne sera autorisé à déstabiliser la Côte d’Ivoire » et que « le droit sera appliqué à tous, candidat ou pas ».

Longtemps allié d’Alassane Ouattara, qu’il a aidé à porter au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011, Guillaume Soro s’est ensuite brouillé avec lui, jusqu’à la rupture début 2019.

Pour le Nouvel An, Sydney ouvrira le feu malgré des protestations

Une pétition visant à annuler le feu d’artifice du Nouvel An de Sydney et à utiliser les fonds pour la lutte contre les feux de brousse qui font rage autour de la ville a réuni 260.000 signatures, mais le spectacle aura bien lieu.

La municipalité de Sydney va dépenser 6,5 millions de dollars australiens (plus de 4 millions d’euros) pour l’édition 2020 de son célèbre feu d’artifice. Un montant qui, selon la pétition de Change.org, serait mieux dépensé s’il revenait aux pompiers volontaires et aux agriculteurs souffrant d’une sécheresse exceptionnelle.

Le spectaculaire feu d’artifice qui embrase chaque année la baie de Sydney « pourrait traumatiser certaines personnes », écrit la pétition, « car il y a suffisamment de fumée dans l’air ».

Au moins trois millions d’hectares, l’équivalent de la superficie de la Belgique, ont été détruits depuis septembre par des incendies en Australie, qui ont causé la mort de 8 personnes.

Sydney, la plus grande ville du pays avec ses 5,2 millions d’habitants, est asphyxiée par la fumée toxique des incendies qui brûlent au nord, au sud et à l’ouest de la ville, depuis des semaines. Certains ne sont qu’à environ 130 kilomètres de la métropole.

« L’année 2019 a été une année catastrophique en Australie pour les inondations et les incendies », insiste la pétition. « Tous les Etats devraient dire NON aux INCENDIES. »

Bien que la municipalité « apprécie les préoccupations » des personnes opposées à la tenue du spectacle pyrotechnique, son annulation présenterait « peu d’intérêt pratique pour les communautés touchées », a déclaré pour sa part un porte-parole de la Ville.

« Nous avons commencé les préparatifs et la planification des célébrations du Nouvel An il y a 15 mois. Cela signifie que la plus grande partie du budget, principalement utilisée pour la sécurité de la foule et les mesures de nettoyage, a d’ores et déjà été dépensée », a souligné ce dernier dans un communiqué.

« L’annulation de l’événement nuirait gravement à l’économie de Sydney. Cela gâcherait aussi les plans de dizaines de milliers de personnes de tout le pays et de l’étranger qui ont réservé des vols, des hôtels et des restaurants pour le réveillon ».

Le conseil municipal de Sydney a indiqué que la ville a donné 620.000 dollars australiens (387.000 euros) pour la lutte contre les feux de brousse et la sécheresse. Il fera également la promotion d’un fonds de la Croix-Rouge pour l’aide aux sinistrés lors de la diffusion télévisée du feu d’artifice, regardé par un milliard de personnes à travers le monde.

Téhéran dénonce « l’ingérence » de Paris dans l’affaire d’une chercheuse détenue

Les autorités iraniennes ont dénoncé dimanche l' »ingérence » de Paris dans l’affaire de Fariba Adelkhah, une anthropologue franco-iranienne détenue en Iran depuis juin sous l’accusation d' »espionnage ».

L’Iran ne reconnaît pas la double nationalité. Les arrestations d’étrangers en Iran, notamment binationaux, accusés souvent d’espionnage, se sont multipliées depuis le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement de dures sanctions américaines contre Téhéran.

Vendredi, les Affaires étrangères françaises ont convoqué l’ambassadeur d’Iran à Paris pour dénoncer la détention « intolérable » de Mme Adelkhah et du chercheur français Roland Marchal. Elles ont fait part dans un communiqué de leur « extrême préoccupation » sur la situation de Mme Adelkhah « qui a cessé de s’alimenter, et réitéré (leur) demande d’accès consulaire ».

« Le communiqué du ministère français des Affaires étrangères au sujet d’une ressortissante iranienne est un acte d’ingérence. Nous considérons cette demande comme n’ayant aucune base légale », a déclaré dans un communiqué le porte-parole des Affaires étrangères iranienne Abbas Moussavi

« La personne en question (…) a été arrêtée pour des actes d’espionnage », a-t-il ajouté, précisant que l’avocat de la chercheuse avait été informé des détails du dossier.

S’agissant de M. Marchal, il est détenu pour avoir « comploté contre la sécurité nationale », et son consulat a pu avoir accès à lui « à de nombreuses reprises », a indiqué M. Moussavi.

– « Torture psychologique » –

Selon l’avocat de deux chercheurs, un juge avait décidé récemment de les libérer. Mais le ministère public s’y est opposé et l’affaire a été renvoyée au Tribunal révolutionnaire -qui juge notamment les cas d’espionnage- pour trancher, selon l’agence de presse iranienne Isna.

Fariba Adelkhah, une anthropologue spécialiste du chiisme, et Roland Marchal, spécialiste de la Corne de l’Afrique, tous deux membres du Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris, ont été arrêtés en juin. Paris ne cesse de réclamer leur libération.

Selon le CERI, une universitaire australienne détenue avec Mme Adelkhah, Kylie Moore-Gilbert, a elle aussi entamé une grève de la faim.

Téhéran avait annoncé il y a quelques mois que l’Australienne, dont l’arrestation a été confirmée en septembre, était aussi accusée d' »espionnage ».

Dans une lettre ouverte adressée au Centre pour les droits humains en Iran (CHRI), basé à New York, les deux femmes universitaires ont dit avoir subi une « torture psychologique » et dénoncé de « nombreuses violations de (leurs) droits humains fondamentaux ».

Selon des médias australiens, Kylie Moore-Gilbert a été condamnée en première instance à dix ans de prison et c’est après une confirmation de ce verdict en appel qu’elle a décidé d’entamer une grève de la faim.

L’Australie a exprimé sa « profonde inquiétude », demandant qu’elle soit traitée « équitablement, humainement et en accord avec les normes internationales ».

– « Grotesques » –

En réponse, M. Moussavi a indiqué samedi que Kylie Moore-Gilbert, « comme tout autre individu condamné, purgera sa peine en bénéficiant de tous ses droits légaux ».

Qualifiant de « grotesques » les accusations iraniennes à l’encontre des deux universitaires français, certains de leurs confrères ont appelé en octobre la France à suspendre toute coopération scientifique et universitaire avec Téhéran en signe de protestation.

En riposte au rétablissement des sanctions américaines, l’Iran a commencé en mai à s’affranchir progressivement de certains de ses engagements pris dans le cadre de l’accord sur le nucléaire de 2015, en espérant faire pression sur les autres parties à l’accord (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) afin qu’ils l’aident à contourner ces sanctions qui asphyxient son économie.

Les Européens ont répété leur volonté de sauver ce texte, sans obtenir de résultats probants jusqu’à présent.

Le « lathi », une arme utilisée par la police indienne héritée de l’époque coloniale

Lors des récentes manifestations contre la loi sur la citoyenneté en Inde, la police a eu recours aux « lathis », des matraques datant de l’époque coloniale britannique, utilisées pour frapper et réprimer les manifestants mais dont l’usage peut se révéler mortel.

Au moins 27 personnes sont décédées au cours deux dernières semaines de manifestations, la plupart par balles, mais des centaines d’autres ont été blessées lors d’affrontements mettant aux prises des manifestants et des policiers anti-émeute qui ont eu recours à ces bâtons de bambou.

Des images prises par l’AFP et d’autres médias montrent des policiers frappant des personnes avec ces « lathis », s’en prenant apparemment sans discernement à des passants et même des mineurs, ce qui a suscité la colère au sein de la population.

La vidéo d’un groupe de femmes musulmanes en train de protéger à New Delhi un étudiant frappé par des policiers armés de « lathis » s’est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux indiens.

Les personnes qui ont déjà été frappées avec ces longues matraques, faites de bambou ou de plastique dur et mesurant de 1,50 à 1,80 m, affirment qu’elles laissent une sensation d’engourdissement durant plusieurs jours.

De multiples coups assénés peuvent briser des os, paralyser et même tuer une personne.

Au départ « utilisé comme un moyen de contrôler les foules, le +lathi+ est devenu une arme mortelle », a affirmé à l’AFP V. Suresh, secrétaire général de l’Union populaire pour les libertés civiles (PUCL), un groupe de défense des droits de l’Homme.

« Il est… utilisé librement, à tel point que nous nous y sommes habitués. Le +lathi+ est considéré comme normal mais c’est une arme horrible », a souligné M. Suresh, estimant que « rien ne légitime son usage violent ».

– Symbole d’un pouvoir incontestable –

Le +lathi+ serait originaire d’Asie du Sud où il aurait été employé dans les arts martiaux. Les seigneurs féodaux l’utilisaient également pour réprimer les paysans pauvres et il est ainsi devenu un symbole d’un pouvoir et d’une autorité incontestables.

En Inde, cet arme a commencé à susciter de la peur et de la crainte lorsque les Britanniques l’ont utilisée lors des marches de protestation non-violentes en faveur de l’indépendance de l’Inde à la fin du XIXe siècle et au début du XXe.

Les Britanniques ont même élaboré des directives concernant l’usage du « lathi », « jabbing » signifiant frapper les personnes au niveau du ventre et « cutting » assener un coup au cou et à la tête.

« Le +lathi+ est un héritage de la domination coloniale britannique », a expliqué à l’AFP Syed Ali Kazim, professeur assistant d’histoire à la Aligarh Muslim University.

« Il y a des preuves historiques claires que Lala Lajpat Rai – un homme politique qui a lutté pour l’indépendance – est mort sous des coups de +lathi+ sur la tête lors d’une manifestation contre les Britanniques », a-t-il affirmé.

Les Britanniques ont quitté l’Inde en 1947 mais le +lathi+ est demeuré utilisé et pas seulement par les forces de l’ordre.

Le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS, Corps des volontaires nationaux), un mouvement ultranationaliste hindou aux méthodes paramilitaires, proche du Premier ministre indien Narendra Modi, les utilise lors de ses exercices matinaux.

La semaine dernière, de longues files de membres du RSS, portant une chemise blanche, ont défilé dans les rues d’Hyderabad (sud) en tapant sur des tambours, à cheval et en brandissant ces longs bâtons.

« Les +lathis+ ne sont pas des bâtons ordinaires. Ils sont trempés, séchés et ensuite on leur applique de l’huile, ils subissent un processus (de fabrication) pour devenir une arme mortelle », a déclaré M. Suresh de la PUCL.

Selon lui, « ils mettent également du fer ou de l’acier au bout pour déchiqueter la chair. Cela peut mutiler et tuer ».

Italie: Conte annonce un « marathon » de réformes pour son gouvernement, malgré une majorité fragilisée

Le Premier ministre italien Giuseppe Conte a annoncé samedi un « marathon de trois ans » de réformes pour son gouvernement, dont la survie est toutefois menacée par d’importantes dissensions apparues au sein de la majorité après seulement quatre mois au pouvoir.

A l’occasion de la traditionnelle conférence de presse de fin d’année, M. Conte s’est dit « fier » du travail accompli, assurant qu’après « le sprint des ces premiers jours démarrait un marathon de trois ans » qui conduira à la fin de la législature en 2023.

Les partis de la coalition au pouvoir, formée en septembre par le Parti démocrate (centre gauche) et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), manifestent déjà d’importants désaccords qui fragilisent leur alliance sur plusieurs dossiers, comme les migrants, la réforme de la zone euro ou de la justice, laissant laissent présager par des observateurs un retour aux urnes dans les prochains mois.

« Nous avons 23 points ambitieux, dont certains ont déjà été abordés, et janvier sera l’occasion de s’arrêter pour réfléchir, débattre avec les différentes forces politiques et pour relancer l’action gouvernementale », a expliqué Giuseppe Conte.

Parmi les mesures annoncées, il a énuméré « l’allègement de la machine bureaucratique », la numérisation de la fonction publique, la diminution des degrés de juridiction, la réforme de la fiscalité et la lutte contre l’évasion fiscale.

Selon lui, l’un des moyens pour l’Italie d’éviter une procédure d’infraction de la part de Bruxelles, « c’est de lutter contre l’évasion fiscale qui est un vol et qui lèse les citoyens honnêtes. Nous devons tous payer pour que tous payent moins ».

L’Italie est le premier pays européen pour l’évasion fiscale, estimée à 190,9 milliards d’euros, soit le double de ses dépenses de santé, selon un récent rapport du cabinet d’étude britannique Tax Research LLP.

La gouvernement a subi un coup dur cette semaine avec la démission de son ministre de l’Education, le M5S Lorenzo Fioramonti, qui a jeté l’éponge faute d’avoir obtenu les crédits qu’il réclamait dans le budget 2020 pour mener à bien sa mission.

Pour lui succéder, Giuseppe Conte a annoncé samedi la nomination de Lucia Azzolina, au poste de ministre de l’Ecole, ainsi que de Gaetano Manfredi comme ministre de l’Université et de la Recherche, un nouveau portefeuille.

– L’Emilie, test national –

Membre du M5S, Lucia Azzolina (37 ans) était jusqu’ici secrétaire d’Etat à l’Education, et Gaetano Manfredi (55 ans) président de la Conférence des recteurs des universités italiennes (CRUI).

Giuseppe Conte « est manifestement trop attaché aux ministères puisqu’après avoir perdu un ministre, il en annonce deux nouveaux », a critiqué le chef de la Ligue (extrême droite) et ex-ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, pour qui le gouvernement Conte est synonyme de « plus de taxes, plus de fauteuils (ministériels) et plus de mensonges ».

Si la récente démission du ministre de l’Education n’est pas, selon la presse, annonciatrice d’une fronde naissante au sein du gouvernement, elle souligne néanmoins les problèmes du M5S, dont le chef politique Luigi Di Maio, ministre des Affaires étrangères, est contesté en interne. De plus, plusieurs parlementaires du M5S ont cédé aux sirènes de Matteo Salvini, qu’ils ont rejoint dans les rangs de l’opposition.

Outre les divergences entre les deux partis au pouvoir, l’exécutif voit aussi grandir avec inquiétude les ambitions de l’ancien Premier ministre Matteo Renzi, qui a rompu en septembre avec sa famille démocrate, créant dans la foulée la nouvelle formation centriste Italia Viva.

Le gouvernement est également sous la menace de La Ligue de Matteo Salvini qui ne cesse de réclamer des élections anticipées et qui, même si elle a perdu du terrain dans les sondages depuis qu’M. Salvini a fait exploser en août la précédente coalition, reste le premier parti d’Italie avec environ 31% des intentions de vote.

Le mois de janvier pourrait être déterminant pour le gouvernement en raison des prochaines élections régionales, au goût de test national, qui auront lieu en Emilie-Romagne (nord-est) le 26 janvier.

Dans ce fief historique de la gauche, souvent qualifié par les Italiens d' »Emilie rouge », se profile un duel entre le Parti démocrate (centre-gauche) et la droite menée par la Ligue.

La Bolivie accuse l’Espagne d’avoir voulu exfiltrer un ex-bras droit de Morales réfugié dans une ambassade

La Bolivie a accusé samedi l’Espagne d’avoir tenté d’exfiltrer un ex-bras droit recherché du président bolivien déchu Evo Morales réfugié dans l’ambassade du Mexique à La Paz, ce que Madrid a nié avec virulence.

L’incident survenu vendredi, qui impliquait des diplomates espagnols – accompagnés d’hommes armés et cagoulés, selon La Paz -, a provoqué une crise diplomatique entre la Bolivie et l’Espagne.

« Nous pensons que le but était d’extraire le criminel Juan Ramon Quintana » de l’ambassade du Mexique où il s’est réfugié à La Paz, a déclaré samedi le ministre de l’Intérieur bolivien Arturo Murillo, en référence à l’ancien bras droit, recherché par les nouvelles autorités, de l’ex-président Morales. « Cela a échoué ».

Selon l’Espagne et la Bolivie, l’incident s’est produit vendredi durant une visite de la chargée d’affaires de l’Espagne Cristina Borreguero à l’ambassadrice mexicaine Maria Teresa Mercado.

Madrid, qui va envoyer des enquêteurs en Bolivie pour examiner l’incident, a nié tout projet d’exfiltration.

« Le ministère souhaite préciser que la chargée d’affaires effectuait une visite de pure courtoise et nie avec véhémence qu’il y ait eu un but quelconque de faciliter l’évacuation de personnes réfugiées dans le bâtiment », a indiqué un communiqué du ministère espagnol des Affaires étrangères.

– Intrus masqués ou policiers? –

La cheffe de la diplomatie bolivienne, Karen Longaric, avait dénoncé vendredi une « violation » de la souveraineté de son pays, affirmant que « des personnes identifiées comme des fonctionnaires de l’ambassade d’Espagne en Bolivie, accompagnées d’hommes cagoulés, ont tenté d’entrer subrepticement et clandestinement dans la représentation diplomatique mexicaine ».

Ils ont essayé, selon elle, de forcer une barrière de sécurité de la police bolivienne près de l’ambassade mexicaine.

Une vidéo diffusée par la télévision espagnole montre des gardes armés pointant leurs armes sur une voiture qui s’arrête et dont plusieurs hommes sortent. L’un d’entre eux au moins était cagoulé.

Selon les journaux espagnols El Pais et El Mundo, les hommes de la voiture étaient des policiers espagnols chargés de protéger le personnel diplomatique, ce que le ministère des Affaires étrangères à Madrid n’a pas confirmé.

La Paz s’est plaint à Madrid dans une lettre qui sera également envoyée à l’Union européenne, à l’Organisation des Etats américains et aux Nations unies.

L’ambassade du Mexique à La Paz abrite une dizaine d’ex-fonctionnaires du gouvernement Morales qui ont démissionné le 10 novembre dans la foulée du président bolivien, lâché par l’armée après trois semaines de violentes manifestations.

Parmi eux figurent l’ex-ministre à la Présidence Juan Ramon Quintanan et l’ex-ministre de la culture Wilma Alanoca qui, comme leur président, sont recherchés dans le cadre d’une enquête pour « sédition » et « terrorisme ».

– « Visite de courtoisie » –

De son côté le ministère des Affaires étrangères mexicain a donné, dans un communiqué samedi, une version différente de l’incident, évoquant « la visite de courtoisie » à l’ambassadrice du Mexique à La Paz, Maria Teresa Mercado, de Cristina Borreguero et du consul espagnol Alvaro Fernandez.

Après cette rencontre, selon ce communiqué, « les diplomates espagnols ont été informés que leurs voitures avaient été arrêtées à l’entrée du complexe » par les forces de sécurité boliviennes et « n’ont pas été autorisées à passer ».

Le ministère bolivien des Affaires étrangères contacté, toujours selon le communiqué, a alors enjoint les diplomates espagnols de se rendre à pied jusqu’à leurs véhicules. Comme ils s’y refusaient sans dispositif de sécurité, une voiture du gouvernement bolivien leur a été envoyée une heure plus tard.

De même source, le chef de la mission de l’ambassade mexicaine s’est également vu barrer l’accès de l’enceinte un peu plus tard, et n’a été autorisé à y pénétrer qu’après la présentation de sa pièce d’identité.

Avant cette incident, le Mexique avait exprimé à plusieurs reprises sa crainte que le gouvernement bolivien en exercice n’entre de force dans son ambassade pour y arrêter les personnes réfugiées.

Les relations entre les deux pays sont tendues depuis que le Mexique a accueilli un temps l’ancien président Evo Morales, avant qu’il ne s’installe finalement en Argentine.

Côte d’Ivoire : Soro promet « d’organiser la résistance » depuis Paris

L’ex-chef de la rébellion ivoirienne et candidat à la présidentielle de 2020, Guillaume Soro, a promis dimanche d' »organiser la résistance » au président Alassane Ouattara depuis Paris après son retour avorté en Côte d’Ivoire.

« Je suis et reste candidat à la présidence de la République. Je vais organiser la résistance comme le général de Gaulle l’a fait depuis Londres », a-t-il déclaré dans une interview à l’hebdomaire français Le Journal du Dimanche (JDD).

« Il ne s’agit que de résistance politique », a-t-il insisté alors que la justice ivoirienne l’accuse d’avoir préparé « une insurrection civile et militaire » pour s’emparer du pouvoir.

L’ex-président de l’Assemblée nationale, toujours député, et ex-Premier ministre a finalement renoncé à rentrer en Côte d’Ivoire le 23 décembre après six mois d’absence à l’étranger.

La justice ivoirienne a émis un « mandat d’arrêt international » contre lui, alors même que son avion faisait demi-tour vers l’Europe, pour « tentative d’atteinte à l’autorité de l’Etat ».

Guillaume Soro a démenti ces accusations, se disant victime d’une « manipulation, comme Lula au Brésil « destinée à l’écarter de la course à la présidence.

Il est depuis revenu à Paris, où il avait déjà passé les six derniers mois, et a précisé au JDD qu’il comptait y rester, ajoutant n’avoir « demandé aucune assistance particulière à Paris » et n’avoir « aucun contact avec l’Elysée ».

L’opposant a accusé au passage le président français Emmanuel Macron, qui se trouvait en Côte d’Ivoire à la veille de son retour avorté, de ne pas avoir dit « à ses hôtes qu’il était important de respecter la démocratie en Afrique ».

« J’espérais qu’un président comme lui ait davantage de courage et la maturité pour le faire », a-t-il lancé, qualifiant Alassane Ouattara d' »autrocrate ».

« Au nom de contrats juteux, on est donc prêt à fermer les yeux sur le piétinement de la démocratie en Afrique », a-t-il affirmé.

Il a par ailleurs estimé que le mandat d’arrêt lancé contre lui était « politique » et donc inopérant. « La plupart des pays européens qui défendent les droits de l’homme refusent d’ailleurs d’appliquer ce genre de mandat », a-t-il assuré.

Guillaume Soro a par ailleurs déclaré avoir conclu un accord électoral avec l’ancien président Henri Konan Bédié, chef du principal parti d’opposition, qui selon lui se présentera aussi à la présidentielle.

« Nous avons un accord avec Bédié. Nous allons tous deux au premier tour, et le mieux placé soutiendra l’autre pour le second », a-t-il dit alors que M. Bédié laisse planer le mystère sur sa possible candidature.

Le président Ouattara a martelé de son côté samedi que « nul ne sera autorisé à déstabiliser la Côte d’Ivoire » et que « le droit sera appliqué à tous, candidat ou pas ».

Longtemps allié d’Alassane Ouattara, qu’il a aidé à porter au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011, Guillaume Soro s’est ensuite brouillé avec lui, jusqu’à la rupture début 2019.

Trier, réutiliser, recycler: les principales mesures du projet de loi antigaspi

Chasse au plastique à usage unique, nouvelles filières pollueur-payeur… Voici les principales mesures du projet de loi contre le gaspillage et pour une économie circulaire, adopté en première lecture par l’Assemblée dans la nuit de jeudi à vendredi.

Objectifs chiffrés

. Le texte inscrit dans la loi l’objectif de 100% de plastique recyclé d’ici au 1er janvier 2025.

. Il vise l’interdiction de mise sur le marché des emballages plastiques à usage unique d’ici 2040.

. Il ambitionne une réduction de 50% d’ici à 2030 du nombre de bouteilles en plastique à usage unique vendues.

Filières pollueur-payeur

. Création de nouvelles filières pollueur-payeur (REP), qui exigent des professionnels qu’ils financent la gestion des déchets liés à leurs produits. A compter de 2022 pour les matériaux de construction (BTP), les jouets, les articles de sports et de loisirs, les articles de bricolage et de jardinage, dès 2021 pour les mégots, et en 2024 pour les lingettes pré-imbibées pour usages corporels et domestiques.

Dépôt sauvage

. Création d’une amende forfaitaire de 1.500 euros pour le dépôt sauvage de déchets.

Chasse au plastique

. Fin du plastique ou des contenants à usage unique pour les repas servis sur place dans les fast-foods, au plus tard le 1er janvier 2023. Fini aussi le plastique pour les jouets offerts avec les menus enfants.

. Interdiction de tous les produits fabriqués à base de plastique « oxodégradable » qui, en se fragmentant, participe à la pollution des océans.

. Interdiction à compter du 1er janvier 2021 de la distribution gratuite de bouteilles en plastique dans les établissements recevant du public (plus de 300 personnes).

. Interdiction progressive des microplastiques « intentionnellement ajoutés » dans les cosmétiques, les détergents, les produits d’entretien ou les dispositifs médicaux d’ici à 2027, afin de lutter contre ces particules qui polluent les océans.

Information du consommateur

. Indice de « réparabilité » pour les équipements électriques et électroniques, sur le modèle de l’étiquette énergie. Il permettra au consommateur de savoir si le produit est facilement réparable ou non.

. Obligation d’informer sur la disponibilité des pièces détachées nécessaires à la réparation des équipements électriques, électroniques et des biens d’ameublement.

Invendus et réemploi

. Le texte interdit la destruction d’invendus non alimentaires neufs et crée une obligation de réemploi (incluant le don), de réutilisation ou recyclage. Pour les produits de première nécessité, notamment d’hygiène, le recyclage est même interdit et le don obligatoire.

. Création d’un fonds de réemploi à hauteur de 30 millions d’euros destinés aux recycleries, ressourceries et autres structures de l’économie solidaire, voire aux entreprises privées, sous condition.

Développement du vrac

. Le projet de loi favorise la vente en vrac et prévoit que tout consommateur « peut demander à être servi dans un contenant apporté par ses soins, dans la mesure où ce dernier est visiblement propre et adapté à la nature du produit acheté ».

Consigne… en pointillé

. Alors que le gouvernement souhaitait mettre en place initialement une consigne pour les bouteilles plastique, il laisse finalement aux collectivités jusqu’en 2023 pour tenter de montrer qu’elles peuvent améliorer la collecte des bouteilles, sans passer par la consigne. Dans le cas contraire, le gouvernement « définira la mise en oeuvre » d’une consigne après concertation. En attendant, des expérimentations sont possibles dans les territoires volontaires.

Tri

. Le texte veut généraliser la signalétique sur le geste de tri, via le logo « Triman ». Avec des règles écrites expliquant clairement dans quelle poubelle l’emballage ou le produit doit être jeté.

. Il vise à harmoniser la couleur des poubelles sur l’ensemble du territoire d’ici le 31 décembre 2022: jaune pour les plastiques, métaux et tous les autres matériaux ; bleu pour le papier-carton si la collectivité le collecte à part ; vert pour le verre ; marron pour les déchets naturels comme les épluchures et biodéchets; gris pour les ordures ménagères.

Médicaments à l’unité

. Le projet de loi ouvre la voie à la délivrance de certains médicaments à l’unité dans les pharmacies à partir du 1er janvier 2022, laissant toutefois la liberté aux pharmaciens de le faire ou non. Engagement de campagne d’Emmanuel Macron, cette mesure sera précisée lors de décrets d’application.

Perturbateurs endocriniens

. Les fabricants devront mettre en ligne et en « open data » (exploitable sur le net) des informations sur la présence éventuelle de perturbateurs endocriniens dans leurs produits.

. Contre l’avis du gouvernement, l’Assemblée a voté un amendement LR pour que les fabricants apposent un pictogramme « déconseillé aux femmes enceintes » si leurs produits contiennent des perturbateurs endocriniens présentant des risques.

Tickets de caisse

. Fin de l’impression systématique des tickets de caisse, sauf demande expresse du client. Seront concernées les transactions en dessous de 10 euros à partir du 1er septembre 2020, de 20 euros au 1er janvier 2021, puis en dessous de 30 euros à l’horizon du 1er janvier 2022.

Accords Tripoli-Ankara: un dirigeant de l’est libyen à Chypre

Le président du Parlement libyen, Aguila Saleh, basé dans l’est de ce pays divisé entre autorités rivales, est en déplacement à Chypre pour examiner les répercussions d’accords controversés signés entre la Turquie et le gouvernement d’union (GNA) basé à Tripoli (ouest).

Samedi, M. Saleh s’est entretenu avec son homologue chypriote Demetris Syllouris pour lui exposer « la réalité de la situation » à Tripoli, siège du GNA, « où des milices reçoivent un soutien étranger », a indiqué Hamid al-Safi, conseiller de M. Saleh, à la presse à Benghazi (est).

Le Parlement élu basé dans l’est libyen ne reconnait pas la légitimité du chef du GNA, Fayez al-Sarraj, et soutient un gouvernement rival basé lui aussi dans l’est et l' »Armée nationale libyenne » (ANL) autoproclamée du maréchal Khalifa Haftar.

Ce dernier a lancé en avril une vaste offensive pour s’emparer de Tripoli, mais les combats se sont rapidement enlisés en banlieue de la capitale libyenne.

M. Saleh, arrivé vendredi à Chypre « à l’invitation officielle de son homologue », doit notamment évoquer durant son séjour sur l’île méditerranéenne « les moyens d’annuler » les deux accords controversés signés fin novembre entre Ankara et Tripoli.

L’un porte sur la souveraineté maritime et permet à Ankara de faire valoir des droits sur des vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures, au grand dam de la Grèce, de l’Egypte, de Chypre et d’Israël.

L’autre, sur la coopération militaire, traite de l’aide que la Turquie pourrait apporter au GNA dans sa lutte contre les troupes du maréchal Haftar, soutenues pour leur part par l’Egypte, les Emirats arabes unies et la Russie.

Selon M. Safi, le président du parlement libyen « a explicitement demandé au parlement chypriote de retirer sa reconnaissance du GNA, parce qu’il a perdu sa légitimité (…) et parce qu’il veut vendre la Libye aux étrangers ».

Membre de l’Union européenne, Chypre n’entretient aucune relation diplomatique avec la Turquie, qui occupe la partie nord de l’île divisée.

Nicosie et Ankara sont actuellement en profond désaccord sur la question des ressources énergétiques au large de l’île, et Chypre a indiqué au début du mois avoir saisi la Cour internationale de justice (CIJ) à propos de ce différend.

Un accord sur un projet de gazoduc, EastMed, doit être signé entre la Grèce, Chypre et Israël le 2 janvier à Athènes.