La liste du gouvernement Boubou Cissé

C’est en direct à la télévision nationale que le secrétaire général de la présidence, Moustapha Ben Barka a annoncé la liste de la nouvelle équipe gouvernementale. Cette dernière comporte plusieurs nouveaux entrants. Tiebilé Dramé fait son entrée au ministère des Affaires étrangères où il remplace Kamissa Camara, qui aura désormais en charge le ministère de l’Économie numérique et de la Prospective. Les ministres N’Diaye Ramatoulaye Diallo, Traoré Seynabou Diop, Sambou Wague entre autres conservent leurs postes. Ce nouveau gouvernement comporte 38 membres ( un ministre délégué, deux secrétaires d’État).

 

Liste complète du gouvernement

1-Ministre de l’Économie et des Finances

Dr Boubou Cissé

 

2-Ministre de la Santé et des Affaires Sociles

Michel Hamalla Sidibé

 

3-Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, garde des sceaux

Malick Coulibaly

 

4-Ministre de la Défense et des Anciens Combattants

Général de division Ibrahim Dahirou Dembélé

 

5-Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation

Boubacar Alpha Bah

 

6- Ministre de la Sécurité et de la Protection civile

Général de division Salif Traoré

 

7-Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale

Tiebilé Dramé

 

8-Ministre de l’intégration africaine

Maitre Baber Gano

 

9- Ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté

Hamadou Konaté

 

10-Ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale

Lassine Bouare

 

11-Ministre de l’Industrie et du Commerce

Mohamed AG Erlaf

 

12-Ministre de l’Aménagement du Territoire et de la Population

Adama Tiémoko Diarra

 

13-Ministre du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique

Oumar Hamadoun Dicko

 

14-Ministre des Infrastructures et de l’Equipement

Traoré Seynabou Diop

 

15-Ministre de l’Énergie et de l’Eau

Sambou Wague

 

16-Ministre des Transports et de la Mobilité urbaine

Ibrahima Abdoul Ly

 

17-Ministre de la Culture

N’Diaye Ramatoulaye Diallo

 

18-Ministre des Mines et du Pétrole

Lelenta Hawa Baba Bah

 

19-Ministre de la Communication, chargé des Relations avec les Institutions, Porte-parole du gouvernement

Yaya Sangaré

 

20-Ministre de l’Économie numérique et de la Prospective

Kamissa Camara

 

21-Ministre de la Promotion de l’Investissement privé, des Petites et Moyennes Entreprises et de l’Entreprenariat national

Safia Bolly

 

22-Ministre des Réformes institutionnelles et des Relations avec la Société civile

Amadou Thiam

 

23-Ministre des Maliens de l’Extérieur

Amadou Koita

 

24-Ministre des Affaires religieuses et du Culte

Thierno Amadou Omar Hass Diallo

 

25-Ministre de l’Agriculture

Moulaye Ahlmed Boubacar

 

26-Ministre de Jeunesse et des Sports

Arouna Modibo Touré

 

27-Ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable

Housseini Amion Guindo

 

28-Ministre de l’Éducation nationale

Docteur Témoré Tioulenta

 

29-Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique

Professeur Mahamadou Famanta

 

30-Ministre de l’Élevage et de la Pêche

Docteur Kané Rokia Maguiraga

 

31-Ministre de l’Artisanat et du Tourisme

Nina Walet Intallou

 

32-Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille

Docteur Diakité Aissata Kassa Traoré

 

33-Ministre des Domaines et des Affaires foncières

Alioune Badara Berthe

 

34-Ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Logement social

Hama Ould Sidi Mohamed Arbi

 

35-Ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle

Maitre Jean Claude Sidibé

 

36-Ministre délégué auprès du Premier ministre, Chef du gouvernement, ministre de l’Economie et des Finances, chargé du Budget

Barry Aoua Sylla

 

37- Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale, chargé de la Promotion et de l’Intégration de l’Enseignement bilingue

Moussa Boubacar Bah

 

38-Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Agriculture, chargé de l’Aménagement et de l’Equipement rural

Adama Sangare

 

Quels cadeaux pour les fêtes de fin d’année?

Les beaux cadeaux font les bons amis. Fêtes de fin d’année oblige, parents, conjoints ou même progéniture s’improvisent « Père Noël ». Mais difficile de faire aussi bien que le personnage historique. Quoi offrir ? Cette question taraude de nombreux esprits en ces moments de célébration.

Faire plaisir et donner du sourire peut souvent s’avérer un véritable casse-tête. Pour y pallier, des boutiques se proposent d’offrir la caverne d’Ali Baba aux clients. Bébé Lina Center en l’occurrence. « Nous avons une très large gamme de cadeaux, je ne saurais pas où commencer. Tout le monde y trouve son compte et ce n’est pas un argument commercial », explique l’une des vendeuses. Selon elle, les cadeaux les plus prisés sont les parfums, les montres ou encore les colliers. « Du classique », assure-t-elle. Pour attirer de la clientèle, la boutique a consenti une réduction de 10% sur les jouets pour les enfants. « Nous avons des costumes des princesses Disney ainsi que ceux des super-héros de la télévision. Les nombreux produits dérivés de ces univers sont aussi très prisés. Les enfants en raffolent et ça marche beaucoup en cette période », affirme notre interlocutrice.

« J’avoue ne pas savoir ce que je veux. J’étais venu avec un début d’idée, mais je crois avoir trouvé un article qui fera plaisir », confie Mohamed Cissé, employé de banque, croisé dans les rayons de la boutique. Il assure ne pas avoir « trop dépensé » pour son acquisition. « Nous en avons pour toutes les bourses », renchérit la vendeuse. De nombreuses autres boutiques et vendeurs à la sauvette proposent des cadeaux à des prix qu’ils jurent défiant toute concurrence. Pour 600 francs CFA, et parfois moins, il est possible de se procurer des objets dont les qualités laissent toutefois à désirer.

En un clic

Cela fait plusieurs semaines qu’Amazon s’est mis en mode fêtes de fin d’année. Très complet, le site du géant du commerce en ligne propose des idées cadeaux pour aiguiller ses clients. Les propositions de l’entreprise américaine prennent en compte le sexe et l’âge des bénéficiaires et tous types d’articles y sont répertoriés.

Aigles du Mali : Avant la trêve, le bilan

La Premier League et la Serie A mises à part, les championnats européens observeront une pause pour les fêtes de fin d’année. L’occasion de faire le bilan à mi-parcours des Aigles dans les différentes ligues.

Qu’elle est dure cette Premier League ! Ce n’est certainement pas Yves Bissouma qui dira le contraire. Le milieu international malien, qui s’est engagé cette saison avec Brighton, peine à influer sur le jeu de son équipe. Arrivé pour un peu plus de 20 millions d’euros, Bissouma devait apporter sa touche technique à une formation très « kick and rush ». Mais, pour l’heure, l’ancien Lillois n’a inscrit aucun but, ni délivré la moindre passe décisive. Il a pourtant joué 15 des 17 matchs de son équipe, qui occupe la 13ème place du championnat. En dehors des frontières de la Reine, un autre Aigle doit ronger son frein en Allemagne. Éloigné des terrains depuis novembre pour une blessure aux ligaments du genou, Amadou Haidara ne retrouvera pas les terrains avant quatre mois. Il avait pourtant bien démarré, marquant 3 buts et délivrant 3 passes décisives en 21 matchs, toutes compétitions confondues. En son absence, son équipe garde le rythme. Son compatriote Diadié Samassekou tient bien le milieu et distille à la perfection. Le très « courtisé » est l’auteur d’une réalisation en 15 matchs de championnat et d’une autre en six rencontres d’Europa League. Le Red Bull Salzbourg est largement en tête de son championnat, avec 14 points d’avance sur le deuxième.

Colonie portugaise

Porté par un grand Moussa Maréga, qui a pris une nouvelle dimension, le FC. Porto marche sur son championnat. L’équipe portugaise a fini en tête de son groupe de Ligue des champions, avec 16 points, meilleur total de la phase de poules. Maréga n’y est pas étranger. Il a trouvé le chemin des filets à cinq reprises en Ligue des champions et six fois en Liga Sagres. L’attaquant malien embellit sa ligne statistique avec six passes décisives. À deux points du leader, Porto, le Sporting Portugal de l’attaquant Abdoulaye Diaby veut profiter du moindre faux-pas. Buteur prolifique en Belgique, Diaby a eu besoin de temps pour s’adapter et n’a ouvert son compteur but que lors de la victoire de son équipe début décembre. Le latéral gauche Falaye Sacko a lui disputé 10 des 13 matchs du Victoria Guimares.

Insécurité : Le centre fait-il oublier le nord ?

Dans le nord du pays, des personnes sont assassinées, souvent en masse. Au centre de l’attention au début de la crise, cette zone est supplantée depuis des mois par des violences, tantôt de milices communautaires, tantôt de groupes djihadistes au centre. Qu’en est-il ?

« Le bilan est passé aujourd’hui à  49 morts, parce qu’un blessé a succombé », informe Mohamed Ag Albachar, porte-parole du Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA). Ce chiffre macabre est le résultat du forfait commis par des « bandits armés » en motos à l’est de Ménaka, les 11 et 12 décembre. Les victimes étaient de la communauté Daoushak, principale base du mouvement. Quelques semaines plus tôt, le 12 novembre, une attaque terroriste menée par des hommes non identifiés faisait trois morts et de nombreux blessés à Gao, malgré la présence des nombreuses forces armées. À Tombouctou, le constat est similaire. Les  populations se sont habituées aux violences. « Le centre est devenue l’épicentre de la crise, mais l’arbre ne cache pas la forêt. Cela ne fait pas ombre aux exactions qui se passent au nord », rappelle Drissa Traoré, coordinateur du projet conjoint AMDH –  FIDH. Des mesures sécuritaires sont annoncées pour réduire le banditisme dans les régions de Gao et Tombouctou. « Il est vrai qu’il y a une recrudescence des exactions au nord, mais ce qui se passe au centre est très grave», reconnait le charge de communication du MSA. La situation « est préoccupante » parce que les milices locales sont devenues un véritable danger pour la cohésion sociale et la paix. « C’est au centre qu’il y a le plus d’affrontement intercommunautaires. Il a fait oublier le nord, mais c’est surtout parce que l’ennemi au nord est connu, alors qu’au centre il y a également des populations locales qui s’affrontent », souligne Dr Fodié Tandjigora, sociologue à l’Université des lettres et sciences humaines  de Bamako. Il y a urgence selon lui, « c’est à gérer rapidement parce qu’il y a un risque que cela se transmette à la future génération ».

La MINUSMA a déployé une équipe spéciale d’enquête sur le lieu des exactions à Ménaka « pour établir les faits et les circonstances » de ces exécutions. L’AMDH et la FIDH invitent les autorités « à mener des enquêtes sur ces crimes qui ne peuvent pas être tolérés », soulignant la recrudescence d’actes insoutenables.

Mamadou Baba Sylla : « Cette année nous attendons 800 exposants à la FIABA »

Baptisée cette année Foire de fin d’année de Bamako (FIABA), l’ancienne Foire d’exposition de Bamako (FEBAK), évènement annuel organisé par la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, ouvre ses portes ce 20 décembre 2018. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le président de la Commission d’organisation, M. Mamadou Baba Sylla, revient sur ce rendez vous qui, malgré les défis, veut tenir ses promesses.

Présentez nous la FIABA 2018…

La FIABA, c’est la foire de fin d’année de Bamako, l’ancienne Rue marchande, que la Chambre de Commerce a initiée il y a déjà quelques décennies avec la Mairie du District et qui se tenait au Boulevard de l’indépendance. Compte tenu de la situation du pays et de la fréquentation de cet axe, la foire s’est tenue à différents endroits avant d’obtenir le site du Parc des expositions, où elle a lieu depuis 2015.

Elle a pour but de permettre aux commerçants, dans l’atmosphère de la fête, de joindre l’utile à l’agréable afin d’écouler leurs stocks et d’entamer sereinement la nouvelle année.

Depuis  son installation au Parc des expositions, la foire a-t-elle comblé les attentes ?

Oui et l’engouement croît d’année en année. Avec les réalisations et l’organisation, la tenue de la foire à Bamako est vraiment prisée dans la sous-région. Ce qui explique que ce sont en priorité les commerçants de l’extérieur du Mali qui s’inscrivent dès l’ouverture de la vente des stands. L’année dernière, on attendait 400 exposants et il y en a eu plus du double. Ce qui nous amené à agrandir le lieu. Nous restons dans cette dynamique.

Où en est-on avec l’organisation cette année ?

Nous sommes prêts. Il reste juste à programmer l’ouverture officielle, qui dépend de l’agenda du Président de la République. La foire se tient du 20 décembre 2018 au 2 janvier 2019. Cette année, nous attendons le plein, c’est-à-dire 800 exposants. C’est notre espoir. Mais avec les différentes foires organisées par les mairies, cela pose un petit problème. Ceci va impacter l’évènement, car tous ces commerçants devaient s’inscrire ici. Mais qu’à cela ne tienne, le niveau d’enregistrement est tel que l’engouement suscité par la foire demeure.

Les prix des stands ?

Ils varient de 25 000 à 500 000 francs CFA. Cela dépend de l’espace occupé et de la bourse de chacun. Tout le monde n’a pas les mêmes moyens. Et tout le monde a sa place. Les restauratrices et les vendeurs de fruits et légumes ont même un espace dédié.

Des dispositions particulières ont-elles été prises, compte tenu du contexte sécuritaire ?

Nous avons tenu la foire en 2017 et nous sommes dans le même contexte. Nous prenons les dispositions nécessaires. Je pense que l’engouement s’explique aussi par les dispositions prises.

Quelles sont les retombées que vous attendez de cette édition ?

Une foire réussie, c’est lorsqu’à la fin chacun se frotte les mains en disant vivement la prochaine édition. Que les exposants aient les chiffres d’affaire satisfaisants et que les visiteurs trouvent les produits aux prix souhaités. Que l’animation soit aussi à la hauteur, parce que nous serons en période de vacances scolaires. Les enfants ont besoin de distraction et d’animation. Tous ces programmes sont déjà mis en place, avec des manifestations culturelles et des programmes ludiques afin que les enfants qui viennent avec leurs parents trouvent aussi leur compte.

Show-biz : Le Mali peine à attirer les superstars

Beyonce, Justin Bieber, Jay-z ou encore Rihanna. Nombreux sont les fans maliens de ces superstars planétaires qui aimeraient  les voir se produire un jour sur une scène. Si l’envie ne manque pas, il faut reconnaitre que les moyens des promoteurs culturels du pays pour réaliser ces « gros coups » sont encore  limités.

Le show-biz malien, à en croire ses acteurs, est gangrené de maux récurrents qui handicapent sa totale éclosion. Il est vrai qu’il y a déjà eu de grands concerts. Des artistes de renom se sont produits dans le pays. Davido, Wizkid, Dadju, Tekno, MHD, Maitre Gims, pour ne citer que ceux-là, ont déjà réussi des shows de grande envergure à Bamako. Mais, à y regarder de près, un palier reste toujours à franchir. Celui des stars américaines et d’autres grands noms du vieux continent. Où se situent les blocages ?

Faible sponsoring

« C’est tout simplement dû au manque de sponsoring. Si vous demandez aujourd’hui  aux sponsors de vous accompagner, le plus gros vous donnera 10 ou 15 millions et c’est difficile de s’en sortir dans ces conditions. On ne peut pas s’endetter à coups de millions », répond Abou Guiteye, directeur général de Africa Scène. « À Abidjan, un sponsor officiel couvre un évènement au moins à 90%. Au Mali, il est difficile d’avoir même 1% du budget d’un évènement pris en charge par un sponsor », ajoute-t-il.

Selon lui, cette réticence est aussi une question de mentalité, parce que les  personnes qui occupent les postes de responsables de la communication ne voient pas l’utilité d’injecter de l’argent dans des spectacles, pensant que culturellement c’est « un milieu à éviter ».

Il semble en effet difficile dans ces conditions de faire venir de très grandes stars américaines, dont les exigences ne sont pas aisées à combler. Déjà, la plupart ont des cachets qui ne sont pas en dessous de 200 ou 300 millions. Mais d’autres paramètres doivent aussi être pris en compte. « Il n’y a pas que les cachets. Elles ont d’autres demandes spécifiques, relatives aux véhicules, à l’hôtel et à la restauration. Il n’y a pas beaucoup d’opérateurs culturels qui peuvent investir dans cela sans accompagnement conséquent », confie Idrissa Soumeylou Maiga, directeur général de COMAF (Communication Afrique).

Le constat est amer. Les difficultés sont de taille et elles entravent la venue au Mali de très grands artistes. « Aujourd’hui, aucun promoteur culturel malien n’oserait miser 60 millions sur un artiste, à lui tout seul. Quand cela arrive, c’est souvent parce que d’autres personnes (en l’occurrence de grands commerçants) se servent de certaines relations pour rassembler la somme », confie Ismaël Ballo dit Ballody, directeur général de Prestige Consulting. Mais, dans ces conditions, se désole-t-il, « les vrais organisateurs ne sont pas aux affaires ».

Changer la donne

Pour faire bouger les lignes, il faut, à en croire les acteurs, que les sponsors comprennent qu’il est nécessaire de communiquer et d’injecter de l’argent dans la communication à travers de grands évènements. « Les millions qui sont injectés dans la télé, s’ils l’étaient dans des spectacles, susciteraient plus d’attention pour les marques et permettraient de générer du chiffre d’affaires pour ces activités. En retour, nous pourrions faire venir de grosses pointures et les gens recommenceraient à prendre goût au grand spectacle », souligne M. Guiteye. L’une des solutions serait aussi de « créer des partenariats stratégiques et de pousser davantage du côté des entreprises minières ou d’autres sociétés qui ne sont pas forcément dans les actions de jeunesse ou qui n’investissent pas encore dans la culture », ajoute pour sa part Idrissa Soumeylou Maiga.

Assurément, dans le milieu, les acteurs ne baissent pas les bras. Ils œuvrent afin que la situation évolue. Ballody pense qu’au-delà d’un soutien de l’État, qu’il appelle d’ailleurs de tous ces vœux, il faudrait aussi et surtout que les promoteurs culturels s’organisent et s’entendent. « Ce n’est qu’ensemble qu’on peut le faire. Individuellement, c’est difficile d’y parvenir », conclut-il.

Orange passe à la 4G+

La vitesse supérieure, plutôt la vitesse +, le signe additionnel à la côte. Orange Mali a procédé ce vendredi 21 décembre au lancement de sa 4G+, plus d’une année après la 4G. La quatrième génération qui se conjugue désormais au plus. Deux fois plus débit selon Orange qui permettront aux utilisateurs de télécharger plus rapidement des fichiers, de voir des vidéos en HD presque sans décalage et d’afficher des pages Web à la vitesse de la lumière. Rien que ça. « Ce lancement s’inscrit dans le cadre de l’amélioration continu de la qualité de service offerts aux clients. Nous voulons apporter aux Maliens le très haut débit » résume le directeur général adjoint d’Orange-Mali, Brutus Diakité. L’opérateur afin de démontrer que le très haut débit de cette 4G+ n’est pas qu’un argument commercial a effectué des démonstrations. Pour pouvoir jouir de cette énième avancée technologique, une pace 4G et un smartphone compatible sont nécessaires.  16 sites sont pour l’instant couverts avec la 4G+, mais l’opérateur prévoit une plus grande expansion dans le reste du pays, et ce pour très bientôt. Les prévisions de couverture sont de 100 sites pour l’année 2018 et de 53 pour 2019. « Nous ambitionnons d’être l’opérateur multiservice leader de la transformation numérique » confie le DGA de la structure.

Mody N’Diaye : « Le dialogue doit se faire entre IBK et Soumaila Cissé »

Alors qu’ils devaient s’accorder une relâche jusqu’au mois d’avril, les parlementaires maliens rappelés à l’Hémicycle en session extraordinaire. Le Président du groupe VRD, Mody N’Diaye, se prononce sur cette convocation et sur la possibilité d’un dialogue entre l’opposition et la majorité.

Par un décret, le Président de la République a convoqué l’Assemblée nationale en session extraordinaire jusqu’au 29 décembre. Comment cela est-il perçu ?

Cela fait partie des prérogatives du Président. Nous n’avons donc pas d’observations particulières à faire, c’est constitutionnel.

Certains y voient un passage en force du gouvernement pour la loi d’entente nationale…

Il ne saurait y avoir de passage en force. Dans les affaires qui sont inscrites à l’ordre du jour de cette session extraordinaire, elle figure bien. Dans nos délibérations, nous n’hésiterons pas, en tant que groupe politique responsable, à faire connaitre nos opinions.

Lors de la 9ème conférence nationale de l’URD, le 15 décembre, Soumaila Cissé s’est dit ouvert au dialogue. Pourquoi donc avoir refusé de recevoir le Premier ministre en novembre ?

Après la présidentielle, il y a eu une contestation politique. Aujourd’hui, s’il y a un dialogue à faire, ce doit être entre les deux finalistes de cette présidentielle. Il faut un dialogue franc entre ces protagonistes, un dialogue politique de haut niveau. Si l’idée est de trouver une solution, et c’est dans cette logique qu’IBK a tendu la main, ce ne doit pas être le Premier ministre qui va vers l’opposition. Il ne servira à rien de dialoguer avec quelqu’un qui n’a pas de mandat, qui n’est pas l’acteur principal. Politiquement, cela doit se passer entre Soumaila Cissé et Ibrahim Boubacar Keita.

La contestation de  l’opposition n’est-elle pas un frein au dialogue ?

Quelle que soit la nature de la contestation, et on le dit souvent, même pour régler définitivement une guerre, il faut s’asseoir et dialoguer. C’est de bon ton pour Soumaila Cissé et sa coalition, démocratiquement, de mener ces actions. Lorsque le Président de la République a tendu la main, si cela s’était concrétisé nous ne serions pas dans cette situation. Tant que nous allons rester dans cette posture, les seuls moyens légaux de contester, les marches et les meetings, ne devraient pas poser de problèmes. Au fort de la contestation contre la révision constitutionnelle, des milliers de personnes ont manifesté sans le moindre dégât. Certains nous appellent même des politiciens « trop polis ». Les problèmes ne se créent que lorsque le gouvernement veut interdire les rassemblements. Soumaila Cissé et ses partisans ont toujours dit être ouverts au dialogue, mais il faut que les insuffisances relevées trouvent leur solution. Ceux qui pensent que la situation devrait perdurer ainsi se trompent.

Désobéissance civile : Un rempart démocratique essentiel

Souvent promue par certains acteurs de la société civile pour revendiquer leurs droits, la désobéissance civile est une disposition constitutionnelle qui découle même des principes qui fondent la démocratie, selon les spécialistes. Même si son exercice est garanti par la Constitution, sa mise en œuvre nécessite une conscience politique qui n’est pas encore acquise dans notre société.

« (…) La forme républicaine de l’État ne peut être remise en cause. Le peuple a le droit à la désobéissance civile pour la préservation de la forme républicaine de l’État (…) ». C’est en ces termes que l’article 121 de la Constitution du 25 février 1992 évoque ce « droit politique reconnu depuis le Moyen âge », selon le Dr. Woyo Konaté, professeur de philosophie politique à la faculté de Droit et sciences politiques de Bamako.

Élément déterminant de la démocratie, « ce pouvoir de défiance » en est le second pilier, indispensable. Il est le pendant du principe de confiance qui offre la légitimité nécessaire au détenteur de pouvoir, à qui en réalité le peuple ne fait que déléguer son pouvoir. Ce dernier a le devoir de « penser au bien commun et, dès lors qu’il s’en détourne, le peuple a le droit de désobéir », poursuit le Dr. Konaté.

Alors que certains acteurs évoquent la nécessité d’y recourir maintenant, d’autres estiment que « ce n’est pas nécessaire pour le moment » et surtout remettent en cause la légitimité de ceux qui la préconisent. «Tout le combat que l’on mène aujourd’hui, c’est pour le peuple malien. Mais ceux qui demandent la désobéissance civile et se réclament de la société civile ont aidé des partis dans la conquête du pouvoir. Nous ne nous retrouvons pas dans cela », note M. Kibili Demba Dembélé, porte parole du mouvement « On a tout compris ».

Cependant il n’exclut pas le recours à ce droit constitutionnel lorsque ce sera nécessaire. D’ailleurs, lors des manifestations de «  Antè Abana, nous  avons  dit que si la Constitution était adoptée sans concertation nous allions nous y opposer et appeler à la désobéissance civile. Mais, pour le moment, nous n’en sommes pas là ».

« L’arme » peut en tout cas fonctionner « lorsque le peuple se sentira trahi », prévient le Dr. Konaté. Cependant, il faut « une certaine culture politique » que nous n’avons pas pour le moment. Parce que la démocratie a besoin d’un ensemble de citoyens, le peuple.  Des « individus qui ont une certaine conscience et un engagement politique », ce que nous n’avons pas pour le moment, conclut  le Dr Konaté.

L’énigmatique Soumeylou Boubeye Maïga

Depuis sa nomination à la tête du gouvernement fin décembre 2017, et sa reconduction après la réélection du président Ibrahim Boubacar Keïta, en août 2018, le président du parti ASMA-CFP, Soumeylou Boubeye Maïga, est sous le feu des projecteurs. Acteur du mouvement démocratique, « SBM » jouit d’un certain respect et ses interventions font écho. Diplomate et affable, ses détracteurs lui reprochent pourtant son « autoritarisme », alors que son parti entame une ascension fulgurante.

« Tigre, stratège, manipulateur, patriote, habile, figure politique », les qualificatifs ne manquent pas pour désigner l’actuel Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga (SBM), âgé de 63 ans. Son maintien par le Président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) après l’organisation d’une élection longtemps donnée comme incertaine n’a pas étonné. Depuis, le chef du gouvernement, revigoré par cette marque estime, est sur tous les fronts, dont celui de la sécurité et de la réaffirmation de l’autorité de l’État. Mais le décompte des victimes des tueries au centre et au nord du pays, ainsi que les attaques contre les forces armées maliennes noircissent ce tableau. Si le pays s’extirpe tant bien que mal de l’abîme, les assurances d’une résolution prochaine de la crise sécuritaire sont timidement accueillies. Pourtant, le « joker » d’IBK est à l’œuvre, multipliant les déplacements dans les régions du nord du Mali, Mopti, Kidal, Gao ou encore Tombouctou, plus récemment, montrant ainsi la volonté du Premier ministre d’occuper le terrain en collant aux préoccupations des populations. Sur d’autres sujets, comme le projet de loi d’entente nationale, le découpage administratif ou l’interdiction de manifester, « le Tigre », comme on le surnomme depuis les années 1990, montre toujours la même détermination.

Considéré comme l’un des principaux artisans de la réélection d’IBK, ce journaliste de formation est un homme à la fois séduisant et craint. Pendant près de trente ans, cet ancien syndicaliste a accumulé une grande expérience politique. Acteur du mouvement démocratique, d’apparence mesuré, il a eu à démontrer son audace à de nombreuses reprises, comme ce jour de 1986, cinq ans avant la chute du Président Moussa Traoré, où le jeune Soumeylou, tout fraichement diplômé du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de Dakar, affichait sa révolte contre le système de l’époque. Lors de la conférence sociale restée dans les annales, SBM dénonce publiquement et sans ménagement la gestion catastrophique du pays, et ce sous le regard médusé de Moussa Traoré.

Chef de cabinet du Président Alpha Oumar Konaré en 1992, puis successivement directeur général de la sécurité d’État et ministre de la Défense, SBM a été candidat malheureux lors des primaires de l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA) en 2002, avant de connaître une première traversée du désert sous ATT, qu’il avait pourtant appuyé au détriment de Soumaïla Cissé, le candidat de son propre parti. Son retour en grâce intervient en 2005, lors de sa nomination comme Président du conseil d’administration de l’Agence pour l’emploi des jeunes (APEJ) en 2005, avant d’occuper le poste de ministre des Affaires étrangères en 2011 jusqu’au coup d’État de mars 2012, qui le verra détenu plusieurs jours par la junte militaire. Après l’élection d’IBK en 2013, qu’il a soutenu dès le premier tour, « Boubeye », comme on l’appelle le plus souvent, est de nouveau nommé à la Défense, jusqu’en mai 2014, suite à la débâcle de l’armée à Kidal. Cette seconde traversée du désert sera plus courte, puisque le président de l’Alliance pour la solidarité au Mali (ASMA – CFP), parti créé en 2007 après sa dissidence de l’ADEMA, sera nommé Secrétaire général de la Présidence en août 2016 avant de devenir Premier ministre fin 2017, en remplacement de son « frère ennemi » Abdoulaye Idrissa Maïga, et au grand dam de Bokary Treta, président du Rassemblement pour le Mali (RPM), à qui le poste semblait promis. « Il connait bien le nord du pays et de tous les Premiers ministres d’IBK, il est le plus politique. Il a une vision nationale de la situation, ce qui lui permet de faire des avancées dans la résolution de la crise du nord », estime Perignama Sylla, secrétaire général du parti Bara.

 

« Le Tigre » sur le front

Le 14 décembre, Soumeylou Boubeye Maïga, en compagnie de certains ministres, se rend dans la Cité de 333 Saints. Une ville martyre, qui vit au rythme de l’insécurité récurrente. Pour rassurer les populations, déboussolées par des assassinats et autres vols de véhicules, le chef du gouvernement annonce le déploiement prochain de 350 éléments, répartis entre la police, la gendarmerie, la garde nationale et la protection civile. « Afin de ramener la paix et la sécurité, un corps de gardes-frontières sera créé et les moyens logistiques renforcés », affirmait celui dont l’expertise dans le domaine de la sécurité est reconnue. Et d’ajouter : « lorsque nous sommes loin, il y a beaucoup d’approches qui ne correspondent pas à la réalité du terrain, ni aux attentes des populations. Chaque fois que nous nous déplaçons avec des membres du gouvernement, nous avons une perception beaucoup plus réaliste des priorités ». « Grâce à lui, certaines mesures sécuritaires ont été prises, car il connait bien l’outil pour avoir été ministre de la Défense et chef d’un service de renseignements », témoigne Abdoulaye Tamboura, docteur en géopolitique. « Il a les capacités pour comprendre ce pays », ajoute-t-il. Homme de réseaux, Boubeye peut en effet compter sur l’appui de nombreux partenaires du Mali, notamment la France et l’Algérie, pays où il a effectué sa première visite en tant que Premier ministre.

Deux semaines plus tôt, SBM s’était rendu à Gao, dans le nord du pays, pour sonder la situation des populations. Malgré la militarisation de la ville, les attentats, assassinats et braquages se multiplient. Sur place, ce natif de la région annonce, entre autres, le redéploiement de 300 agents de sécurité et la dotation d’un nouveau commissariat. Sans détours, Soumeylou Boubeye Maïga interpelle la population sur sa responsabilité, indispensable pour contribuer à sa propre sécurité. Profitant de cette occasion, ce vétéran de la politique malienne a exprimé son incompréhension face à l’empêchement, dans la ville, de la tenue des concertations sur le découpage administratif.

Bien avant la Cité des Askia, c’est la région de Mopti, épicentre des violences armées, qui a nécessité certaines mesures gouvernementales. Entre conflits communautaires, multiplications des milices et activisme des djihadistes, la région est au bord de l’embrasement. L’ancien ministre de la Défense (2000-2002 et 2013-2014) y avait promis, le 11 février dernier, un renforcement des effectifs militaires. Face à la gravité de la situation, il avait même menacé les semeurs de troubles, tout en leur laissant le choix de la paix. « C’est le moment de choisir son camp. A tous ceux qui ont des informations sur les terroristes, c’est le moment de les donner. Nous ferons tout pour récupérer tous ceux qui sont récupérables, et nous combattrons ceux qui devront être combattus », a t-il martelé. « Il tient le langage de la vérité. Nous l’avons suivi depuis l’ADEMA parce que c’est un homme capable et qui a des idées », se souvient Cheick Diallo, secrétaire administratif chargé des structures de l’ASMA et compagnon de route. Le 13 octobre, il était à Tenenkou et à Togoré-Coumbé. Une manière d’affirmer l’autorité de l’État dans cette localité sous embargo des djihadistes depuis des mois. Mais ces annonces n’ont permis de limiter ni les actes d’hostilité envers l’État, ni les tueries. « Il montre qu’il a une certaine maitrise du terrain, ce qui est probablement rassurant pour les forces de défense et de sécurité, mais aussi pour les populations, qui voient en lui un responsable soucieux du terrain », avance Docteur Fodié Tandjigora, sociologue et enseignant chercheur à l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako. Ce dernier s’interroge pourtant sur l’impact de ces mesures. « Est-ce que tout cela a des répercussions réelles et matérielles sur le terrain? C’est de cela que les populations ont besoin dans ces localités d’insécurité », estime-t-il.

 

Un personnage « de l’ombre » 

Après la débâcle des forces armées à Kidal en 2014, suite à la visite controversée du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, Soumeylou Boubeye Maïga démissionne. Il fait les frais d’une mission à l’issue dramatique. Il fera ensuite profil bas, cultivera ses réseaux au Mali comme à l’étranger, tout en maintenant son soutien à IBK, convaincu qu’il reviendrait. De secrétaire général de la présidence, il grimpe les échelons jusqu’à devenir chef du gouvernement. « Il s’est imposé par la force des choses et est devenu au fil du temps un acteur incontournable », juge Abdoulaye Tamboura. « SBM peut avoir des défauts, on peut l’aimer ou pas, mais c’est un grand patriote, capable d’opérer de grandes réformes au Mali », affirme Cheick Diallo. Lors d’une conférence de l’opposition, le 3 juin 2018, l’ancien ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Mohamed Ali Bathily, désormais opposant, le qualifie « d’homme de l’ombre, toujours dans des affaires sombres, qu’il s’agisse de l’État ou des finances ». Quoi qu’il en soit, cet ancien élève du lycée de Badalabougou est une énigme difficile à cerner. « C’est un personnage mitigé. D’aucuns disent que c’est l’homme de l’Algérie, (…) c’est un homme de coups tordus, mais compétent », reconnait Abdoulaye Tamboura. Son professeur au CESTI de Dakar, Diomansi Bomboté, ancien conseiller à la Primature, aujourd’hui enseignant à l’école de journalisme de Bamako, garde de lui le « souvenir d’un élève brillant, doté d’une grande maturité politique. Son parcours est riche, c’est un grand volontariste. Il sait ce qu’il veut et se donne toujours les moyens pour l’obtenir », témoigne-t-il. Déjà, « il attirait l’attention par la maturité de sa réflexion et de son analyse », se rappelle Bomboté. Hier comme aujourd’hui, certains le soupçonnent des manœuvres les plus viles. « Son nom a récemment été cité dans l’affaire des deux journalistes français assassinés à Kidal. Que ce soit lui ou le président de la République, ils ont fréquenté à un moment donné de leur vie des personnalités troubles »rapporte Dr Abdoulaye Tamboura. Dans le bourbier du centre, « on l’accuse d’instrumentaliser les milices » ajoute t-il. Une thèse qui ne tient pas, pour Dr Fodié Tandjigora. « Certains pensent qu’il y a des forces spéciales infiltrées dans les milices, mais je ne pense pas que l’État puisse s’adonner à cela ou qu’il accepte d’armer certaines milices contre d’autres. L’État n’a pas intérêt à nourrir des milices qui pourraient se retourner contre lui un jour », argumente-t-il.

 

Indispensable ?

« Il n’y a pas d’homme indispensable. IBK a beaucoup de raisons de lui faire confiance, mais il n’est pas indispensable », reprend Dr Abdoulaye Tamboura. Un point de vue repris par de nombreux acteurs politiques, notamment de la majorité, qui ont fait de lui sa bête noire. « Est indispensable qui représente une force non négligeable. Ce n’est pas le cas du parti de Boubeye », assène un cadre du RPM. En attendant, le PM occupe le terrain, fort de la confiance du « chef », avec lequel « il entretient une relation, non pas d’amitié, mais de respect et d’estime mutuels », selon un proche d’IBK. « Le président n’est pas rancunier et ils ont besoin l’un de l’autre. C’est ce qui fait durer ce couple », ajoute t-il. Fort de cet avantage, et à la tête d’un gouvernement où aucune personnalité n’émerge vraiment, Boubeye n’est pas seulement actif dans le domaine sécuritaire. Lors de la journée consacrée à l’interpellation démocratique, le 10 décembre, il tacle les organisations de défense des droits de l’Homme, opposées au projet de loi d’entente nationale. Au même moment, il défend la pertinence de l’arrêté interdisant les marches et attroupements au niveau des grands axes de la capitale. Intransigeant, il parvient à calmer les ardeurs de l’opposition. Tout en se disant ouvert au dialogue. « Depuis qu’il est là, rien ne bouge en réalité, mais les autres politiques sont obligés de se taire, par ce qu’il en sait trop sur eux », pense savoir le politologue Boubacar Bocoum. Certains des acteurs de mars 91, comme Oumar Mariko du parti SADI, « se demandent aujourd’hui s’il s’agit du même homme que celui avec lequel ils ont défié la dictature de l’époque »…

La question de l’après IBK

Le parti du Premier ministre, l’ASMA-CFP, enregistre des adhésions massives depuis sa reconduction. De 4 députés en août, il en revendique désormais 21 et plus de 300 conseillers communaux, essentiellement au détriment du RPM, dont plusieurs élus ont quitté le parti car l’investiture pour les législatives leur avait été refusée. « C’est quand même extraordinaire que le parti du président perde des députés au profit de celui de son Premier ministre. Ce sont des calculs pour l’après IBK », souligne Perignama Sylla du Bara. Boubeye se garde bien d’en parler et élude systématiquement toute question portant sur 2023. Mais avec « un leader de l’opposition, Soumaïla Cissé, affaibli par sa 3ème défaite à l’élection présidentielle, et une majorité où personne n’émerge vraiment, il apparaitrait comme un candidat sérieux », prévient un diplomate en poste à Bamako. En 2007, SBM avait obtenu un très faible score lors du scrutin présidentiel. La progression de l’ASMA sur l’échiquier politique provoque la colère au sein du parti présidentiel, où beaucoup ne digèrent pas le silence d’IBK. De là à y voir un soutien déguisé pour 2023 ? « Nous n’y croyons pas, car Boubeye quittera la Primature bien avant la fin du mandat, et son parti connaîtra un reflux, tout comme le nombre de ses laudateurs », affirme un cadre RPM. Le contexte actuel donne pourtant le champ libre au locataire de la Primature. « IBK est vieillissant et sortant. Le RPM n’a pas été capable de travailler pour lui et SBM s’est mis à sa disposition, avec ses hommes et tout ce qu’il faut. Qui aujourd’hui peut lui faire de l’ombre ? », s’interroge Boubacar Bocoum.

Pour tenter de succéder au président, le Tigre doit résoudre une équation à deux inconnues : se maintenir le plus longtemps possible à son poste pour affirmer sa stature d’homme d’État, et créer un lien populaire avec les Maliens, qui le craignent plus qu’ils ne l’aiment.

 

ICRISAT révolutionne la gestion des systèmes semenciers

Une vision, une avancée, une révolution. Dans le cadre des projets HOPE II et TL III, ICRISAT a mis en place un catalogue en ligne des variétés ainsi qu’une feuille de route numérique appelée guide informatisé de planification des semences. Une aubaine pour les acteurs de la filière agricole.  Ces deux outils devraient permettre de lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire qui ne cesse de croître. Un atelier de deux jours s’est tenu la semaine dernière (11-12 décembre) dans les locaux d’ICRISAT, afin de vulgariser ces nouveaux outils. Le guide informatisé facilite entre autres l’offre en semence et permet de planifier, produire, suivre. « Nous pouvons planifier sur plusieurs années en fonction des besoins, et créer de nouvelles variétés qui pourraient s’adapter aux affres du changement climatique » affirme le Dr Issoufou Kapran, spécialiste des systèmes semenciers. S’adressant aux gouvernements, aux compagnies de semences, le guide informatisé permettra à ces derniers de fournir des semences de qualité aux petits exploitants. Eux-mêmes auront directement accès à ce guide une fois la fracture numérique du pays résorber. Un catalogue de variétés en ligne est également mis à la disposition des différents acteurs. Se voulant être le ‘’must see’’ du monde agricole, ce catalogue contient toutes les informations utiles, indispensables. Durant son allocution de bienvenue, le directeur régional par intérim de l’CRISAT-Mali, le Dr Aboubacar Toure à appeler les acteurs semenciers nationaux à en faire un guide pratique.

Bassira Touré : « Pas surprise par ma nomination »

Récompensée de sa très belle CAN 2018 par une nomination pour le trophée de meilleure joueuse africaine, qui sera décerné le 9 janvier prochain, l’attaquante de l’AS Mandé Bassira Touré (28 ans) se confie sur cette distinction et sur ses objectifs.

Vous venez d’être nominée pour les CAF Awards dans la catégorie « Meilleure joueuse africaine ». Comment le vivez-vous ?

Je le vis bien. J’ai très bien préparé la CAN. Je me suis réellement entrainée. D’abord en groupe, avec l’équipe, et après j’allais seule à la salle de sport. Plusieurs fois, je me suis sentie à la limite maladive, mais dès que je me reposais je repartais de plus belle. Cette nomination ne surprend pas, c’est la juste récompense de mes efforts.

Vous avez échoué à une marche de la Coupe du monde. Forcément déçues ?

Nous avons compris. Nous voulions vraiment participer à la Coupe du monde en France, mais, malheureusement, nous n’avons pas réussi à nous qualifier. C’est dommage. Mais nous avons digéré cela et nous nous sommes dit que nous avions fait notre possible. Nous étions contentes que pour la première fois le Mali atteigne les demi-finales. Nous pouvons en être fières. 

Qu’est qui a fait la différence entre vous les trois premières équipes ?

La préparation. Ces trois équipes ont joué des matchs internationaux afin de mieux se préparer. Lorsqu’elles sont entrées dans la compétition, elles avaient beaucoup de fond. Par contre, pour nous, plus la rencontre avançait, plus il était difficile de tenir. Nous ne pouvions même plus faire de bonnes passes. Cela est dû à la préparation. Mais cela ne relevait pas de nous.

En dépit de votre talent, vous êtes une des rares à ne pas être professionnelle. Quels sont vos objectifs ?

J’espère décrocher un contrat. Toutes celles avec lesquelles je suis nominée sont des professionnelles. Je suis la seule « locale ». Mon seul objectif est d’obtenir un contrat qui me permette de vivre de ma passion.

Avez-vous un agent ?

À la fin de notre rencontre contre le Cameroun, une de ses attaquantes est venue me voir. Impressionnée par mon jeu, elle m’a demandé où je jouais. J’ai répondu le Mali. Elle n’arrivait pas à croire que je n’étais pas encore passée professionnelle, avec mon talent, ma vitesse et mon abnégation. Elle a appelé son agent, qui est venu assister à notre deuxième rencontre. Il a également apprécié mon jeu et est en négociation actuellement avec mon président de club.

Ménaka : 42 civils de la communauté Idaksahak tués

A Ménaka, de nouveaux crimes ont été commis dans plusieurs localités à l’est de la région, vers le Niger voisin. Une quarantaine de civile ont été exécutés par des individus armés se déplaçant sur une vingtaine de motos. Une tragédie qui se répète dans cette partie du pays où sévit l’État Islamique au grand Sahara.

« 42 civils ont été exécutés dans leurs campements parmi lesquels deux enfants de moins de huit ans », annonce le communiqué en date du 12 décembre du Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA). Ce mouvement est essentiellement composé de membres de la communauté Idasahak et est dirigé par Moussa Ag Acharatoumane. Les faits macabres se sont déroulés entre la nuit du 11 et la matinée du 12 décembre. Des hommes armés se déplaçant sur une vingtaine de motos « ont fait irruption dans plusieurs localités au sud de la région et ont exécuté des civils » de cette communauté. Ces crimes se seraient déroulés entre la localité de Tinabaw située à 20 km de la ville de Ménaka et celle de Tabangout-Tissalatene à environ 50 km. Selon le communiqué du MSA, « les assaillants après leur forfait sont repartis vers la frontière nigérienne après avoir allumé un feu de brousse.» Des troupes du MSA, du GATIA, de la CMA et des forces armées maliennes ont été dépêchées sur les lieux du « massacre ». Trois blessés, rescapés de la tuerie ont été évacués sur l’hôpital de Ménaka. Tout en condamnant « avec la plus grande fermeté ces crimes abominables », le MSA appelle la cellule de droits de l’homme de la MINUSMA à faire la lumière sur cette affaire. Pour la même circonstance, le mouvement demande aux organisations humanitaires et au gouvernement malien de venir « urgemment » en aide à ces populations en situation difficile. Dans un communiqué en date du 13 décembre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) se dit « indignée qu’au jour même de la célébration de la Journée internationale des Droits de l’Homme » que « ses principes sont souillés par le massacre d’innocents ».  La CMA appelle « à plus de déterminations afin que des dispositions draconiennes soient prises pour que cesse ce genre de massacres ».

Ce n’est pas en effet la première fois que des civils de cette communauté sont pris pour cible. Il y quelques mois déjà des exactions ont été rapportées dans cette partie de la région. Le plus souvent, ce sont des conflits intercommunautaires entre les Idaksahak et les peuls qui sont mis en avant. Mais la présence du groupe Etat islamique au Grand Sahara, dirigé par Abou Walid Al –Sahraoui a semé le chaos. Ses éléments en représailles à la guerre que lui mène la coalition GATIA-MSA en collaboration avec Barkhane, ciblent des civiles  proches de ces mouvements.

Ces récentes violences, risquent de se multiplier, au regard de la situation. Pourtant,  cette région était  considérée autrefois comme une exception à l’insécurité et à la criminalité.

Redevabilité des élus : Où en est-on au Mali?

Lors des échéances électorales au Mali, les candidats en campagne  promettent aux citoyens des actions de développement pour leurs localités. Mais, une fois sur un piédestal, la plupart de ces représentants du peuple  se démarquent de leur base, alors qu’ils ont une obligation de restitution de leurs activités.

« La redevabilité, c’est le devoir pour un élu de rendre compte de façon régulière  de ses actions aux citoyens de son territoire », précise Yacouba Traoré, maire de la commune de Tangandougou, dans le cercle de Yanfolila. « Elle est  fréquente  au niveau des  communes », ajoute ce Vice-président de l’Association des municipalités du Mali (AMM). Pendant les périodes de campagne électorale, les candidats font miroiter aux populations monts et merveilles pour obtenir leurs voix. Des engagements sont annoncés pour le développement local. Cependant, une fois sur leur trône, la plupart des élus se distancent de leur base. Ils sont rares ceux qui font un bilan quelconque de leur mandat de député ou d’élu communal. Alors que le Code des collectivités institue cette pratique à tous les niveaux. « C’est dur de le dire, mais les élus ne se prêtent pas à cette obligation», regrette Moussa Diarra, chef de la composante 1 de Mali SNGP (Programme de gouvernance Locale). « Si vous dépensez  un franc  des impôts des citoyens, vous devez leur dire dans quoi il a été investi, parce que toute gestion des fonds publics est assujettie au devoir de rendre  compte ». La méconnaissance par les citoyens de leur droit de connaitre des affaires publiques constitue  un handicap à l’émergence de la redevabilité. «  Je connais des députés qui passent cinq ans sans faire une seule restitution, alors que c’est un devoir moral », note l’Honorable Idrissa Sankaré, élu à Bankass.

Que des avantages

Pourtant, s’acquitter de ce devoir citoyen est bénéfique tant pour l’électeur que pour l’élu. « Si vous construisez un CSCOM, en informant la population que c’est grâce à leur contribution, les ressources pourront être facilement mobilisées, parce qu’elle sera actrice de son développement », souligne Moussa Diarra. En outre, la redevabilité contribue à la transparence dans la gestion de la chose publique et amoindrit la corruption. « Elle est un moyen de créer la confiance entre le maire ou le député et ceux qui l’ont élu, mais aussi une occasion pour le citoyen de poser des questions sur les dépenses et de s’impliquer davantage », conclut le responsable du SNGP.

Me Moctar Mariko : « La loi d’entente nationale est une prime à l’impunité »

Alors que des associations de défenses des droits humains se mobilisaient pour une marche pacifique le 11 décembre, elles ont reçu du gouverneur du district un avis défavorable à leur initiative. Les responsables ont finalement tenu une conférence de presse pour fustiger ces interdictions et les raisons de leur opposition à la loi d’entente nationale qui doit être en principe débattue ce jeudi à l’Assemblée nationale. Le président de l’Association malienne des droits de l’Homme, Me Moctar Mariko, se livre au Journal du Mali sur le sujet.

Pourquoi avez-vous renoncé à votre marche ? 

Nous avons projeté de marcher le 11 décembre mais en tenant compte de l’arrêté du gouverneur que nous considérons illégale parce que contraire à la Constitution, nous avons choisi un itinéraire qui n’y était pas indiqué. C’est le rond-point Cabral jusqu’au terrain Chaba. Nous avons écrit au gouverneur, nous, cinquante et une associations de défense des droits humains et des victimes, pour l’informer de notre marche.  Mais nous avons reçu la veille un avis défavorable. La nuit aussi, j’ai reçu un appel provenant de la direction nationale de police me demandant de surseoir pour éviter des affrontements avec la police. Nous sommes partisans de la non-violence nous n’avons pas voulu exposer l’intégrité physique des marcheurs, ainsi nous avons opté pour une conférence de presse.

Que dénoncez-vous dans le projet de loi d’entente nationale ?

Nous fustigeons le comportement du gouvernement qui n’a procédé à aucune consultation auprès de nos organisations et des victimes. Comment voulez-vous aller à une loi dite d’entente nationale alors que la partie qui est concernée et qui a subi les conséquences du conflit n’a pas été entendue ? Ensuite, la CVJR devrait faire un rapport à la fin de son mandat pour répertorier les genres d’infractions commises, identifier les victimes, le mode de réparation. Il est dit aussi que ceux qui sont impliqués dans la commission des exactions sont libérables s’ils sont en prison ou s’il y a des mandats d’arrêts lancés contre eux, six mois après la publication de la loi. Nous avons dit que c’est une prime à l’impunité. Pour nous, l’amnistie égale incitation des gens à commettre plus d’infraction. Laissez la justice faire son travail, le président à son droit de grâce.

Que comptez-vous entreprendre si la loi est votée ?  

Si elle venait d’être votée sans être enrichie, sans consultation et retrait de certains articles qui prêtent à confusion, nous allons prendre des mécanismes nationaux. Avant qu’elle ne soit promulguée, nous verrons le président de la République pour qu’il la revoie en seconde lecture. Nous allons saisir la commission africaine de droits de l’homme. C’est une loi contraire même à l’accord pour la Paix.

Société civile : Une construction difficile

Face à la crispation de la situation politique, les regards se tournent souvent vers la société civile pour servir de pont entre les différents bords mais aussi constituer un rempart et permettre aux populations de jouir de leurs droits. Un rôle essentiel de plus en plus mis en cause, de l’aveu même des acteurs, à cause de « la précarité » ou de « l’appât du gain ». Si l’espoir reste permis, le chemin vers une société civile malienne consciente semble encore long.

« Malheureusement; les politiques ont acheté la conscience de la société civile. Elle n’est plus capable de jouer son rôle », déclare sans ambages M. Abdoulaye Niang, membre fondateur de Joko ni Maaya, un réseau d’organisations de la société civile. Et ni les religieux, ni les « fondateurs de Bamako », encore moins les jeunes, ne peuvent plus jouer ce rôle. La crise est donc profonde et « très peu de gens peuvent parler », ajoute M. Niang.

Initialement, ce rôle devait lui permettre d’être un partenaire accompagnant la classe politique. Mais, dans le contexte malien, certains hommes politiques estimant qu’il « n’existe pas de société civile tout court », ce rôle n’a pu être mené à bien.

Quoi qu’il en soit, la société civile, dans la nouvelle ère démocratique », se trouve au milieu, entre classe politique et classe économique et elle doit mener des initiatives pour permettre la stabilité, selon M. Niang.

C’est donc une prise de conscience, surtout des jeunes, qui « doivent comprendre que ceux qui dirigent ont échoué », qui s’impose, selon M .Ibrahim Ben Touré, coordinateur d’Activistes TV. Mais pour mener ce combat « déterminant », « les jeunes doivent s’unir malgré leurs difficultés », trouver les moyens nécessaires à leurs actions, « régler leurs problèmes de leadership » et réfléchir à l’intérêt général, selon lui.

Éducation civique

Mais si la société civile ne peut plus s’adresser à la classe politique, jugée « indigne », de quelle alternative dispose t-elle ? « La désobéissance civile », répond M. Niang. « Un droit constitutionnel qui ne mène pas au coup d’État. Avec une société civile digne, le Mali serait l’un des pays les plus riches! Il n’y a pas de raison que ses populations soient à la 182ème place de l’Indice de développement humain ». Pour y arriver, « il faut une ’éducation civique », préconise M. Niang. Mission à laquelle s’attelle son organisation. « Nous formons les citoyens dans ce sens, même si, à la moindre occasion, ils détruisent ce que l’on a construit », note M. Niang. Cependant l’espoir est permis, car il s’agit d’un travail scientifique dont les fruits seront récoltés plus tard.

Opposition: En ordre de marche…dans la divergence

Le 8 décembre, les forces de l’ordre dispersaient à coup de gaz lacrymogènes une énième marche de l’opposition dans les rues de Bamako. Depuis la réélection du Président IBK en août, l’opposition ne cesse de contester. Certains de ses leaders, réunis au sein du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) ne reconnaissent pas la légitimité du président, contrairement à la Coalition des forces patriotiques (CoFoP), avec laquelle ils sont alliés pour dénoncer « la mauvaise gestion du pays ».

« L’objectif final  de toutes ces marches n’est pas de créer des problèmes au pays, mais qu’il y ait un cadre de dialogue pour traiter toutes les préoccupations en cours, par ce qu’il est illusoire aujourd’hui d’organiser des  élections sur la base de l’élection présidentielle, avec toutes ses failles ». C’est ainsi que l’Honorable Mody N’diaye, Président du groupe Vigilance républicaine démocratique (VRD) résume le combat que mène l’opposition. Depuis le début du nouveau mandat du Président Ibrahim Boubacar Keita, les différentes composantes de l’opposition, au sein du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) ou de la Coalition des forces patriotiques (CoFoP), se font entendre. « L’élection présidentielle a été émaillée de beaucoup d’irrégularités et la façon la plus appropriée pour les dénoncer ce sont les marches. Celles qui ont suivi sont dues à la crise sécuritaire, à laquelle s’ajoute la crise sociale,  économique et politique », poursuit le député de l’Union pour la République et la Démocratie (URD). Les différentes actions s’inscrivent dans cette démarche. « Depuis les premiers résultats, qu’elle avait rejetés, l’opposition s’inscrit dans une logique de contestation de la légitimité d’IBK. Ses différentes manifestations démontrent qu’elle est restée sur sa position, par ce qu’elle estime que l’élection a été émaillée de fraudes et d’irrégularités », analyse Ballan Diakité, politologue et chercheur  au Centre de recherche et d’analyses politiques, économiques et sociales (CRAPES). Mais le Président de la République a prêté serment le 4 septembre, avec la reconnaissance de la communauté internationale. Pour Jeamille Bittar, Président  du Mouvement citoyen ATT (MC-ATT), membre de la majorité, « on ne change pas les règles du jeu en plein match. Il faut être des bons perdants », dit-il, s’adressant à l’opposition. « On ne met pas le feu à la case qu’on veut habiter plus tard ».

Une opposition hétérogène

Dans leur annonce de la marche du 8 décembre, le FSD et la CoFoP, ainsi que l’Adema association, devaient battre le pavé contre la « mauvaise gestion du pays ». Si les regroupements partagent cette conviction, ils divergent sur plusieurs points. Le FSD est considéré comme la branche radicale qui s’oppose depuis 2013 à IBK et qui s’obstine à ne pas le reconnaitre alors que tout est terminé et la CoFoP compte en son sein des anciens ministres du premier mandat d’IBK, comme Housseini Amion Guido ou Moussa Mara. Elle a pris acte de la réélection du président et se démarque de tout projet contraire. Dans une interview accordée il y a plus d’un mois à Journal du Mali, Housseini Amion Guindo précisait  que leur combat était différent de celui du FSD. « Nous nous associerons avec tous ceux qui sentent leur avenir menacé. Mais nous ne nous engagerons pas dans un combat qui mettra en cause l’élection du président de la République ou sa légitimité. C’est la ligne rouge à ne pas franchir », disait-il. Certains observateurs qualifient même cette alliance « d’incestueuse » et sans lendemain.  

Sur la prorogation du mandat des députés, aucun des élus de l’opposition  n’a voté contre alors que certains la désapprouvaient publiquement. « Cela peut être interprété comme une inconstance pour quelqu’un qui n’est pas initié en politique, mais toujours est-il que cette opposition  a une coalition parlementaire assez grande. Cela montre aussi une certaine connivence entre les grands partis au sein de la Nation », explique Ballan Diakité. Cette prise de position a en effet étonné ceux qui avaient foi en l’opposition. « Je me suis abstenu et ceux qui l’ont  votée ont estimé qu’en n’allant pas dans ce sens ils risquaient de se faire exclure », se défend l’Honorable Mody N’diaye, notant que « le processus est contraire à la Constitution dans tous les cas ».

Des mesures drastiques

Un nouvel arrêté du gouverneur du district de Bamako en date du 4 décembre scelle toutes grandes artères et places publiques de Bamako. Une manière de contrer toute protestation dans la capitale. En réaction, une cinquantaine d’organisations de défense des droits humains ont dans un communiqué conjoint dénoncé « une violation de la Constitution et un acte de nature à mettre en péril la démocratie malienne ». Pour le politologue Ballan Diakité, le gouverneur « n’a aucune légitimité pour interdire à des partis politiques de marcher », car « le droit de manifester fait partie des droits fondamentaux dans une démocratie ». Il s’inquiète du durcissement des mesures du gouvernement.  « Plus les jours passent, plus le régime d’IBK s’assimile à un régime autoritaire plutôt qu’à un régime démocratique. À un moment donné, il faut revenir aux textes ». Alors que le Comité pour la défense de la République (CDR)  prévoyait lui aussi une marche le 10 décembre, un dispositif policier a été installé tôt le matin au niveau des points stratégiques. Ces mesures,  qui, selon les autorités, s’inscrivent dans le cadre de l’état d’urgence, risquent d’accroitre le mécontentement.

Quelle issue ?

Dans le souci de calmer la situation politique, des leaders religieux et chefs des familles traditionnelles de Bamako ont rencontré le 5 décembre les ténors de l’opposition. Il s’agissait d’asseoir les bases d’un dialogue entre les deux parties. Même si l’initiative a son sens, elle n’a pas produit de résultats concrets, car la protestation prévue pour le samedi 8 décembre a été maintenue. Pour Ballan Diakité, un dialogue entre les deux tendances est « inopportun ». « Il n’y pas de  crise au plan interne entre les partis politiques qui nécessite un certain dialogue entre le gouvernement et l’opposition. L’opposition est dans son plein droit en marchant », justifie-t-il. Il va même plus loin. « La crise que connait le Mali, c’est celle du nord. La laisser de côté et perdre du temps sur ces questions n’est pas respectueux vis-à-vis des citoyens maliens, et surtout vis-à-vis de ceux qui sont au nord et qui souffrent de  l’insécurité depuis 2012 », ajoute-t-il.

Les défis du moment et les réformes à venir nécessitent une convergence des acteurs. Sur la question du consensus, Jeamille Bittar estime que le pouvoir a mené des tentatives. « Le président a tendu la main, mais comment comprendre qu’un Premier ministre se déplace pour une prise de contact avec des formations politiques et que les uns et les autres essayent de fermer leur porte ? », s’étonne-t-il. Il ajoute : « tout le monde veut le dialogue, mais on n’arrive pas à y aller ». De l’autre côté, on affirme aussi la même chose. Et la surenchère de l’opposition a sa finalité. « Nous avons fait une retraite au cours de laquelle nous avons traité de toutes les questions institutionnelles, des réformes administratives en cours et des perspectives de la loi électorale. Le document sera adopté ce 15 décembre par notre conférence nationale et, dans le cadre d’un dialogue constructif, nous pouvons le partager avec la majorité », révèle l’Honorable Mody N’diaye, président du groupe parlementaire VRD à l’Assemblée nationale. Déjà, le Rassemblement pour le Mali (RPM) a tenu une rencontre similaire. Le député conclut sur une note d’espoir d’un dépassement des uns et des autres pour le Mali. « Nous sommes ouverts au dialogue, nous voulons seulement qu’on ne fasse pas l’impasse sur les réformes majeures à venir et sur les propositions de toutes les parties prenantes, partis politiques comme société civile. C’est en allant dans ce sens que le pays va gagner et il qu’il y aura la paix », dit-il, convaincu.

La BOA-Mali et Sotelma-Malitel renforcent leur lien de coopération

La Bank Of Africa (BOA-Mali) et la Sotelma – Malitel ont procédé vendredi 7 décembre à la signature d’une convention au siège de l’institution bancaire dans l’ACI 2000. Cette convention va permettre en particulier au personnel de la Sotelma-Malitel de bénéficier de meilleures conditions sur les produits et services de la BOA-Mali.

C’est en présence des deux directeurs généraux de la BOA- Mali et de la Sotelma- Malitel, respectivement M. Abdalah Ikched et M. Abdelaziz Biddine ainsi que d’autres cadres de la banque et du personnel de Sotelma-Malitel que la cérémonie s’est déroulée. « Je suis d’autant plus heureux et très reconnaissant de procéder à cette cérémonie, que je signe cette convention avec mon ami et frère Abdelaziz Biddine qui a pu dégager un créneau de son emploi du temps très chargé pour venir ce jour dans notre siège »,  a signifié le directeur général de la BOA Mali  avant de résumer les termes de la convention qui selon lui, anticipent chaque besoin du personnel de la Sotelma-Malitel.

En effet, A travers la signature de cette convention, le personnel de la Sotelma-Malitel bénéficie de conditions favorables pour la souscription à deux principaux produits de la BOA- Mali. Il s’agit d’abord d’Ikamobili, un prêt étalé sur 7 ans qui permet d’acheter une voiture neuve ou d’occasion en leasing (location avec option d’achat). Ensuite, le « Prêt Ma Maison » allant jusqu’à 20 ans destiné à financer l’acquisition ou la construction d’un bien immobilier à titre de logement principal.

En plus, un Pack spécial dénommé « Salaria » est offerte par la BOA-Mali au personnel de la Sotelma-Malitel pour ce partenariat. Le « Pack Salaria », explique M. Ickched, « C’est six produits pour un seul abonnement mensuel minime et pour le personnel de Sotelma, des taux d’intérêt réduits par rapport aux standards pour tous les prêts personnels sans oublier les services digitaux comme le B-SMS, le B-WEB et le B-Phone. »

Se disant satisfait de la convention car à la Sotelma-Malitel, « le personnel a toujours été la priorité des priorités », le D.G de la Sotelma-Malitel, M. Abdelaziz Biddine promet par ailleurs un retour de l’ascenseur d’ici janvier à l’endroit des collaborateurs de la Bank Of Africa–Mali. «  Je m’y engage personnellement avec la présence de mon équipe ici présente pour vous proposer en retour une offre intéressante », a-t-il révélé.

La Bank Of Africa – Mali, créée depuis 1982 est la première banque privée du Mali. Elle est la filiale du groupe Bank of Africa présent dans 17 pays sur le continent et en France, avec le soutien de son actionnaire principal, la BMCE Bank Of Africa.

                                                                                                         

CVJR : Les victimes s’impatientent

Quatre ans après sa mise en place, les premiers « résultats » de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation(CVJR) se font toujours attendre. Si elle  prépare ses premières auditions, censées leur permettre d’exprimer leurs attentes en matière de justice et de réparations, le processus semble long pour les victimes, dont certaines s’impatientent.

« Ce que nous déplorons, c’est qu’aucune victime n’ait encore obtenu réparation jusqu’à présent », regrette le Président de la Coordination nationale des associations de victimes (CNAV), Mody Samba Touré, dont l’organisation « réclame les droits des victimes de 2012 ».

Malgré un « accord de partenariat » et des cadres de concertation qui permettent aux victimes de s’exprimer, M. Touré estime que leur absence dans l’organigramme de la CVJR est une insuffisance qui empêche d’obtenir plus de résultats.

Démarrées en janvier 2017, les dépositions des victimes et des témoins se poursuivent et s’élevaient à 10 223 à la date du 19 novembre 2018, selon M. Issa Kéïta, membre de la sous-commission Recherche de la vérité à la CVJR. Il explique la longueur du processus par le « mandat, large, de la CVJR, chargée d’enquêter sur les violations de droit commises de 1960 à 2013 ».

Cette phase de prise de dépositions doit être complétée par une distinction entre le statut des déposants ainsi qu’un point sur leurs attentes en matière de réparations. La commission doit aussi mener des enquêtes sur les « cas emblématiques ayant un caractère représentatif », selon M. Kéïta. Mais avant l’ultime étape de la réparation, il y aura aussi des audiences publiques, pour « corroborer les informations recueillies », mais surtout la préparation d’une politique de réparations, « actuellement en cours », et pour laquelle la CVJR rédigera un projet de loi.

Si les premières audiences, initialement prévues fin décembre 2018, se tiendront probablement en début d’année prochaine, la CVJR affirme prendre en compte les attentes des victimes, avec lesquelles elle « travaille étroitement ». Une centaine bénéficie d’une prise en charge sanitaire après référencement par l’Agence Nationale d’Assistance Médicale (ANAM).

Malgré certains acquis, comme l’étude sur les causes profondes de la crise depuis 1960, la CVJR doit encore relever des défis. Parmi lesquels l’insécurité grandissante dans les régions, Mopti notamment, qui ralentit le déplacement des victimes vers ses antennes. D’où l’existence d’équipes mobiles pour les rencontrer et l’existence de partenariats pour faciliter les déplacements.

La CVJR espère aussi pouvoir se rendre auprès des victimes qui, en raison de la crise, se sont installées hors du pays et ont également besoin d’être entendues.

Pouvoir – opposition : La solution par le dialogue?

Depuis la réélection du Président Ibrahim Boubacar Keita, l’opposition ne cesse de manifester son mécontentement. Certains de ses leaders mettent en cause sa légalité et sa légitimité, en dépit du verdict sans appel de la Cour Constitutionnelle. Le 8 décembre, une nouvelle contestation est prévue sur tout le territoire. Le dialogue est- il la solution ?  

« Les concepts pouvoir et opposition ne me paraissent pas être en phase aujourd’hui dans un pays aussi vulnérable et fragile que le Mali. Je parlerai plutôt du duo démocratie et bonne gouvernance », recadre Dr Abdoulaye Sall, Président du Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie au Mali (CRI 2002). Le climat entre l’opposition et le pouvoir depuis la présidentielle n’est pas à la camaraderie. La formation de nouvelles coalitions et les manifestations organisées illustrent les divergences entre acteurs de l’opposition et gouvernement. Certains d’entre eux, dont l’Honorable Oumar Mariko de Sadi, ne reconnaissent pas le pouvoir actuel. À cela s’ajoutent les dénonciations du projet de loi sur le découpage territorial et la prorogation du mandat des députés, que l’opposition a d’ailleurs largement votée. « Les différentes marches ne sont que les conséquences d’un déficit de communication. Théoriquement, le Président IBK a tendu la main, mais nous n’avons pas vu d’initiatives réelles visant à calmer la situation », souligne le Dr Brema Ely Dicko, chef du département sociologie – anthropologie de l’Université des Lettres et des sciences humaines de Bamako. Une réelle crise de confiance s’est installée entre ces deux catalyseurs de la démocratie. « Qu’ils comprennent que le Mali est dans une situation de fragilité territoriale et de vulnérabilité économique, sociale et culturelle. Il faut qu’ils s’entendent », estime Dr Abdoulaye Sall.

Premier pas

De plus en plus, une solution par le dialogue est prônée. « Si le Président IBK lui-même se rend compte qu’il n’est pas seulement Président de la République mais  aussi chef de l’État, et en tant que tel chef du pouvoir politique, il ne doit pas seulement tendre la main, mais la donner », estime Dr Abdoulaye Sall. «  La solution, c’est le dialogue, mais entre eux ils savent faire monter les enchères. C’est la même chose depuis 30 ans », affirme Dr Brema Ely Dicko. Mais qui pour la médiation ? « Malheureusement,  la société civile, qui devrait l’organiser, est politisée et les leaders religieux aussi. Peut-être faut-il voir avec la CEDEAO? », note le politologue Salia Samaké. « À part l’archevêque de Bamako, tous les religieux sont connotés », ajoute Dr Brema Ely Dicko.