CAN U20 : le Mali prêt pour les éliminatoires

Les Aiglons connaissent leurs adversaires pour les éliminatoires de la CAN U20 de 2023 en Égypte. À l’issue du tirage au sort du 20 juillet, le Mali hérite de la Poule A, au même titre que la Guinée Bissau, la Sierra Leone et la Mauritanie, pays-hôte de la phase de qualification de la Zone UFOA-A, du 28 août au 10 septembre 2022.

Entre l’Égypte et les Aiglons, se dresse un verrou : la phase des éliminatoires. Celle-ci se déroulera de façon zonale. Les pays de la Zone UFOA-A s’affronteront en Mauritanie pour un mini-championnat à deux poules, du 28 août au 10 septembre. Les Aiglons sont logés dans la Poule A, avec la Guinée Bissau, la Sierra Leone et la Mauritanie. Dans la Poule B se trouvent le Sénégal, la Gambie, la Guinée, le Liberia et le Cap-Vert. À l’issue des confrontations, les deux finalistes s’envoleront pour la CAN des moins de 20 ans, prévue en 2023 en Égypte.

Pour l’heure, les Aiglons se disent confiants. Après près de deux mois d’efforts, le coach Demba Mamadou Traoré et ses poulains sont presque au terme de leur préparation pour relever le défi des qualifications. Le coach des Aiglons explique qu’après la fin du championnat certains joueurs ont été récupérés dans les équipes de D1 et de D2 et ajoutés à des joueurs U17 pour former l’équipe« On a d’abord commencé avec les U17 qu’on avait sous la main l’année dernière. Ensuite on a fait une sélection au niveau des U20 qui jouent en première et deuxième division. On a essayé de faire la préparation de telle sorte qu’on arrive à avoir à disposition un groupe d’une quarantaine de joueurs. La préparation se passe très bien », explique Demba Mamadou Traoré.

Les Aiglons ont déjà disputé plusieurs matchs amicaux. « Pratiquement, on en est à une dizaine de matchs amicaux. Cela va continuer la semaine prochaine », précise le coach des Aiglons.

En 2019, le Mali a été sacré champion d’Afrique lors de la CAN U20. Les Aiglons s’étaient imposés 3 à 2, après la séance des tirs au but, devant le Sénégal après un score de 1 but partout à l’issue des prolongations.

Boubacar Diallo

Journal du Mali N°381

Mali – « Yerewolo debout sur les remparts » : de l’ombre aux premiers rôles

Aujourd’hui parmi les acteurs de la « Révolution souverainiste » au Mali, « Yerewolo debout sur les remparts » connaît une nette ascension ces derniers mois. Retour sur l’évolution de ce mouvement, qui a 3 ans d’existence.

L’acte est hautement symbolique. Le 20 juillet 2022, après moult prises de position pour un départ pur et simple de la Minusma du territoire malien, Adama Ben Diarra et ses « camarades » de « Yerewolo debout sur les remparts , ont officiellement adressé et déposé un courrier dans ce sens au Quartier général de la Mission onusienne. Ce « front », le dernier de l’actualité, n’est en réalité que l’un des nombreux sur lesquels se « bat » le mouvement depuis maintenant de longs mois.

Créé le 19 novembre 2019, il avait d’abord fait du départ de la Force française  Barkhane du Mali un objectif prioritaire. Avec gain de cause, puisque la fin de cette opération, aujourd’hui actée, était déjà le mot d’ordre de la toute première manifestation qui a véritablement fait connaître Yerewolo, le 10 janvier 2020, en prélude au Sommet de Pau.

Débuts difficiles

Mouvement panafricaniste et souverainiste qui a vu le jour sous la présidence de feu Ibrahim Boubacar Keita, « Yerewolo debout sur les remparts » n’a pas connu à ses débuts l’écho favorable que son « combat » contre les « ennemis extérieurs et ceux qui soutiennent les impérialistes occidentaux » reçoit aujourd’hui auprès de la population malienne.

Dans ses premières heures, le mouvement, qui était convaincu que l’ex Président était « pro-français et ne tolérait pas un mouvement dont le combat allait à l’encontre de la France », avait choisi une stratégie particulière.

« Le mouvement était comme une douleur qu’on ne peut que sentir, sans jamais la voir. Il vivait de cette manière. Tous les membres avaient des surnoms. Il n’y avait rien d’officiel, mais tout le monde savait qu’on existait et qu’officiellement les tenants du régime ne pouvaient rien contre nous », explique Ibrahima Keita dit Maka, chef du « Compartiment » formation et instruction de Yerewolo.

Mais, même dans ce contexte, relativement difficile pour les idéaux de « Yerewolo debout sur les remparts », Adama Ben Diarra, surnommé « Ben le cerveau », par ailleurs membre du Conseil national de transition et réputé proche des colonels de l’ex CNSP, et ses compagnons de lutte se faisaient entendre.

Outre la grande marche du 10 janvier 2022, le mouvement, qui milite clairement pour l’implication de la Russie dans la gestion de la crise sécuritaire au Mali, a réussi à mener d’autres activités, dont un « camp de résistance » à la Place du Cinquantenaire de Bamako, avant la naissance du M5-RFP quelques mois plus tard. Elle verra « Ben le cerveau » s’afficher parmi les leaders de cette grande coalition hétéroclite.

Ascension contextualisée

« Finalement, notre lutte a été comprise par tout le monde et nous avons jugé bon de demander un récépissé. Tout a été mené de telle sorte qu’aujourd’hui le mouvement est reconnu par l’État et que nous avons commencé à bien le structurer », confie le chargé de Formation et d’instruction du mouvement, qui semble aujourd’hui avoir de beaux jours devant lui. Un peu partout à travers le pays Yerewolo multiplie les meetings et fait sortir beaucoup de monde.

Pour beaucoup, l’ascension et la visibilité accrue de Yerewolo n’est pas à dissocier de l’avènement des militaires au pouvoir, avec lequel le mouvement a pris des ailes. Certaines indiscrétions font même état d’un possible financement du mouvement par certains proches du pouvoir actuel.

« C’est vrai, le mouvement, dans sa vision, est très proche du régime actuel. C’est simplemeent une question de patriotisme partagé. Mais cela n’a rien à voir avec un quelconque financement du gouvernement à notre profit », clarifie Ibrahima Keita. Selon ce compagnon d’Adama Ben Diarra, l’explication est tout autre. « Beaucoup de Maliens avaient peur de mener le combat que nous menons et étaient réticents. Mais, avec l’arrivée d’Assimi Goita, ceux qui avaient peur ont commencé à s’armer de courage et à comprendre que notre lutte était la vraie. Ils se sont ralliés à nous ».

« Nous sommes dans une période exceptionnelle. Ce contexte leur permet d’afficher une vitrine qui les rend plus populaires auprès des populations. Ajouté à cela leurs appels incessants au soutien à l’armée dans la situation sécuritaire actuelle, toujours délétère, qui contribuent à leur rayonnement », analyse pour sa part Jean-François Marie Camara, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences administratives et politiques (FSAP) de l’USJPB.

Yerewolo est né de l’idée que le colonialisme a toujours un impact en Afrique et au Mali. Plusieurs associations et mouvements de jeunes impliqués dans la lutte panafricaniste se sont regroupés pour le lancer à Kayo, lieu emblématique du mouvement, que ses tenants considèrent comme l’endroit où « l’avancée du Mali a été stoppée » avec l’arrestation du Président Modibo Keita en 1968.

Mohamed Kenouvi

Journal du Mali N°381

Traite des personnes : une lutte à la peine

117 ans après l’abolition de l’esclavage au Mali, il continue de s’y perpétuer. De l’esclave par ascendance, fortement présent dans la région de Kayes, à l’exploitation sexuelle et à l’utilisation des enfants dans les conflits armés, le phénomène de la traite des personnes inquiète. Alors que le monde célèbre ce 30 juillet la Journée mondiale de lutte contre la traite des personnes, Journal du Mali met en lumière ces violations des droits de l’Homme dans le pays.

Farda aurait souhaité mourir sur le coup. Mourir plutôt que de subir l’humiliation d’avoir été tabassée comme un enfant à l’âge de 65 ans. Mourir plutôt que vivre désormais avec un bras fracturé et des lésions à la tête.

C’est arrivé le 6 juillet 2022 à Makana Toubaboukané, un village de la région de Kayes. Ce jour-là, la vieille dame et ses amies allaient au champ, « toutes joyeuses », en écoutant une chanson à la gloire d’Ousmane, un riche commerçant de la localité qui venait d’offrir un forage au village. Sur la route, elles tombent sur le septuagénaire Samba, qui se dit de la famille royale du village et qui leur interdit l’écoute de cette musique « à la gloire d’un esclave indigne de louanges », dit-il. Face à leur refus, le vieillard frappe violemment à la tête Farda avec un bâton puis lui donne des coups sur le bras.

« Mes camarades sont intervenues pour m’épauler, c’est suite à cela qu’il a fait appel à des jeunes de sa famille pour aller tabasser nos familles et brûler nos maisons », raconte la victime. Coumba, 50 ans (séquelles à la tête), Lassana, 24 ans (bras fracturé) et Adama, 50 ans (coude déplacé) ont été les autres victimes.

« Chez nous, soit tu acceptes d’être esclave, soit tu vis l’enfer », s’exclame Mikhailou Diallo, le Président régional à Kayes de la Fédération malienne des Associations de lutte contre l’exclusion, la discrimination, l’esclavage par ascendance et les inégalités sociales (FMALEDEI).

À Makana Toubaboukané, comme dans différents villages de la région homonyme de la Cité des rails, les violences liées à l’esclavage par ascendance s’intensifient ces dernières années. « 62 personnes (57 hommes et 5 femmes) ont été blessées lors de violents affrontements dans la région de Kayes,et 80 ont dû fuir leur domicile à cause du phénomène », avait alerté l’ONU dans une note datée de 2021.

De capturées à mises en servage

Traditionnellement ont été considérées comme esclaves au Mali des personnes capturées au cours de razzias ou échangées par des guerriers lors de conflits tribaux à l’époque précoloniale. La transmission du statut aux enfants se fait via la maman, quel que soit celui du papa. « Mais dans nos localités de Kayes, actuellement, tous ceux qui ne sont pas de la lignée des fondateurs des villages sont considérés comme des esclaves », assure M. Diallo.

En croire ce dernier, le système pour devenir « esclave » est tout simple. « Quand un étranger s’installe dans l’un de ces villages, au bout d’un certain temps, ils [les chefs traditionnels, NDLRlui donnent une fille en mariage en disant qu’il est une bonne personne. Mais dès qu’il commence à réussir dans la vie, ils lui annoncent que c’est l’une de leurs esclaves qu’il a épousée et que, du coup, ses enfants deviennent leur propriété. S’il décide de quitter le village, on lui retire les enfants », explique-t-il. Dans ces zones, les « esclaves » n’ont droit à aucun poste de responsabilité (Maire, Imam, prêtre…), leurs cadavres sont enterrés à l’écart de ceux des « nobles » et leurs veuves sont contraintes de passer 2 mois et 5 jours d’observation de la période de veuvage au lieu de 4 mois et 10 jours, comme l’exige l’Islam.

L’esclavage a été aboli au Mali par l’administration coloniale par un décret datant du 12 décembre 1905. Mais il perdure. Tout comme à Kayes, « le phénomène existe dans toutes les communautés du pays. Cependant, ses manifestations différent d’une localité à une autre, d’une communauté à une autre. Au nord du Mali, il existe toujours des poches où l’esclavage persiste encore sous plusieurs formes », explique Soumaguel Oyahit, Secrétaire général du Bureau exécutif national de l’association Temedt pour la Consolidation de la paix, le développement et la promotion et la protection des droits humains. Au nord, la communauté la plus souvent victime de la pratique est généralement celle tamasheqs noirs, appelés les « Bella ».

105 personnes inculpées

Au Mali, il y a ceux qui pensent que l’esclavage par ascendance est une coutume qu’il faut respecter et les autres, qui trouvent qu’il faut le bannir car « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », comme le stipule la Déclaration universelle des droits de l’homme. C’est dire la difficulté de lutter contre cette pratique dans le pays.

Le 3 février 2011, le gouvernement a adopté le décret n°2011-036/PM-RM créant le Comité national de coordination de la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées (CNLTP). Cela a été suivi par l’adoption de la loi n°2012-023 du 12 juillet 2012 relative à la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées. Elle prévoit des sanctions pénales pour les individus coupables de traite des personnes pouvant aller de 5 ans d’emprisonnement à la réclusion à perpétuité selon les circonstances. Suivra le lancement d’un Plan d’action national (2018-2022) le 1er février 2019.Ce Plan d’action national, qui fait actuellement l’objet d’une révision par les parties prenantes, prévoit entre autres de promouvoir la coordination et la coopération des acteurs de la lutte contre la traite des personnes.

Le ministre de la Justice Mamadou Kassogué a appelé en décembre dernier les Procureurs généraux « à prendre des dispositions pour que des poursuites soient engagées pour tous les cas de violences physiques et d’atteintes aux biens exercées contre ces personnes en considération de leur statut ».

SelonMe Lury Nkouessom, chef de file de la Composante Accès à la justice de Mali Justice Project (MJP) de l’USAID, le système judiciaire a été particulièrement actif en 2021 dans la poursuite des affaires de traite des personnes. « 105 personnes ont été inculpées de traite des personnes et / ou de trafic de migrants. Elles sont actuellement en attente de leur procès. Les tribunaux de Kayes, à eux seuls, ont jugé 36 affaires liées à la traite des personnes et à l’esclavage l’année dernière », explique-t-il.

Ces mesures ne convainquent cependant pas les associations de victimes, selon lesquelles « les crimes d’esclavage sont considérés comme des problèmes de terre, des conflits entre clans, des coups et blessures par la justice ». Me Lury Nkouessom du MJP reconnaît d’ailleurs que la loi sur la traite internationale ou interne des personnes (TIP) de 2012, en vigueur, comporte de nombreuses failles. « Elle n’est pas conforme aux normes internationales sur la TIP. Par exemple, dans la loi de 2012, le trafic de migrants est assimilé à la traite des personnes alors qu’il s’agit de deux infractions distinctes et complètement différentes régies par le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et le Protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, air et mer, additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée. Il y a aussi le fait que la loi se concentre fortement sur les poursuites judiciaires mais n’accorde que très peu de place à la protection et à l’assistance aux victimes », dit-il.

L’esclavage par ascendance n’est que la partie visible de l’iceberg de la traite des humains au Mali. Selon une récente étude de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), les formes de trafic les plus répandues dans le pays sont le travail forcé des enfants dans les activités domestiques et minières, l’exploitation de la mendicité des enfants, l’exploitation sexuelle et la prostitution forcée des femmes et des filles et l’esclavage par ascendance. Par ailleurs, la crise sécuritaire et humanitaire que connaît le Mali a également généré de nouvelles formes de trafic, à savoir l’exploitation des enfants associés aux groupes armés et le trafic de migrants. En novembre dernier, un atelier de formation a été organisé à Bamako sur la traite des personnes. Dans des rapports du Département d’État américain sur la traite des personnes publiés en 2020 et 2021, le Mali est classé parmi les pays qui ne « se conforment pas pleinement aux normes minimales pour l’élimination de la traite des personnes ». Sans efforts, le Mali risque de tomber dans la catégorie 3, la phase la plus critique.

Aly Asmane Ascofaré

Journal du Mali N°381 – Crédit photo

Mali : le Ministère de la Justice à l’ère du numérique

A l’instar d’autres secteurs d’activités, celui de la justice s’engage dans l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Sept ans après le premier projet, le Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme a lancé ce 28 juillet 2022,  deux plateformes destinées à offrir à la population une justice transparente et efficace, des informations accessibles ainsi que des services équitables et de qualité, avec l’appui de  Mali Justice Project.
Ce projet qui constitue un appui financier de l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) dont bénéficie le Ministère de la Justice, facilite l’accès à la justice ainsi qu’une assistance juridique au Mali.
Ces deux plateformes digitales visent à renforcer la politique de communication interne et externe de l’institution. Ces interfaces vont non seulement favoriser la bonne compréhension des textes mais aussi des codes en vigueur au Mali.
 La première plateforme intranet servira à améliorer la politique de communication interne du Ministère. Ainsi à travers cette infrastructure numérique, le personnel se verra instantanément informé sur les décisions et les orientations. Cette initiative va aussi accroître le sentiment d’appartenance et même davantage encourager la collaboration et la cohésion entre les différentes équipes de travail.
En ce qui concerne le portail web, il mettra l’accent sur la communication externe du Ministère, ce qui permettra de rehausser le niveau d’accessibilité de l’information judiciaire au sein de la population à travers des données fiables et la facilité d’accès aux textes et lois à jour.
Toutes les autres données pertinentes concourent à une meilleure compréhension et un accès à la justice. Des questions relatives notamment aux pratiques et  procédures devant les juridictions civiles, pénales, entre autres seront disponibles.
Compte tenu de ces enjeux, Mali Justice Project a mis à la disposition du Ministère sa contribution technique et financière pour appuyer le Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme . « La justice malienne abandonne peu à peu le système classique. Elle fait sa mue lentement mais, sûrement dans la modernité » s’est réjouit, Boubacar Sidiki Diarrah, secrétaire général du Ministère de la Justice.
Rokietou Maïga 

« Campagne Benkadi » : les femmes plaident pour leur implication dans le processus de paix

Les femmes bénéficiaires du projet « campagne Benkadi » de l’Association des jeunes pour la citoyenneté active et le développement  (AJCAD Mali) en partenariat avec l’Aide de l’église Norvégienne (AEN), ont organisé jeudi 28 juillet 2022 au siège de l’AJCAD à Bamako et en parallèle à Mopti, un plaidoyer auprès des acteurs confessionnels, leaders religieux et différentes autorités  pour leur implication réelle dans le processus de consolidation de la paix au Mali.

Au total, une cinquantaine de participants, en majorité des femmes bénéficiaires dudit projet ont participé à cette séance de plaidoyer, en présence d’un représentant du ministère de la Jeunesse et des Sports.

Au cours d’un panel tenu pour l’occasion, deux représentantes des femmes bénéficiaires, Bintou Touré et Awa Tounkara, ont, en plus d’avoir lancé des messages  de plaidoyer pour l’implication des femmes et des filles dans le processus de consolidation de la paix, témoigné des apports significatifs dont elles ont eu à bénéficier grâce à leur formation dans le cadre du projet « Campagne Benkadi ».

« Les femmes ont un grand rôle dans la consolidation de la paix au Mali. Quand on parle de famille ou de de pays, on parle directement de femmes. Les oreilles de leurs enfants et de leurs maris leur appartiennent. Elles peuvent contribuer en donnant de bons conseils à leurs maris et une bonne éducation aux enfants », a plaidé Bintou Touré, devenu elle-même an animatrice des causeries avec d’autres femmes  après sa formation.

Le Projet « Campagne Benkadi » qui vise à ce que les femmes soient impliquées dans le processus de consolidation de la paix de Mali, a débuté en 2019. Au total 180 femmes ont été formées depuis cette date sur la consolidation de la  paix et la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité. Elles sont  essentiellement des  femmes de 16 à 35 ans,  leaders dans leurs communautés, mais également des femmes déplacées à cause du conflit au Mali depuis 2012.

« Elles ont maintenant des compétences et peuvent s’impliquer activement dans toutes les activités sur la paix et la cohésion sociale. C’est pour cette raison  qu’elles ont décidé de travailler ensemble, toutes les femmes qui ont suivi la formation de 2019 à nos jours, pour lancer un message de plaidoyer », a expliqué Adizatou Diallo, Responsable Programme Paix et Sécurité de l’AJCAD.

Pour le compte de l’année 2022, la nouvelle vague de formation  a débuté mi-juillet et se poursuivra jusqu’en décembre prochain et prend en compte 60 femmes réparties en 4 centres, dont 3 à Bamako et 1 à Mopti, chaque centre de formation regroupant 15 bénéficiaires.

Mohamed Kenouvi

 

FEMAFOOT : appel à la dissolution du Comité ce 1er août

Le Collectif des Ligues régionales majoritaires appelle à une marche pour la dissolution du Comité exécutif de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT) ce 1er août. La manifestation, qui se tiendra devant la FEMAFOOT, a pour but de protester contre les nouveaux textes adoptés par l’instance dirigeante du football malien, notamment l’article 43.6 des Statuts Types des Ligues régionales. Celui-ci stipule que le Président de l’instance régionale du football doit obligatoirement résider sur le territoire administratif de la région de la Ligue qu’il préside. « Parmi les Présidents de Ligues, il y en a plusieurs qui travaillent et qui sont à Bamako, mais qui gèrent parallèlement leurs instances régionales de football. Pour eux, cet article est discriminatoire et vise à trouver les moyens pour les écarter des futures élections », explique un journaliste sportif.

Boubacar Diallo

Journal du Mali N°381

Mali – Patrimoine culturel de Tombouctou : les réparations collectives lancées

Inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, les mausolées de Tombouctou, détruits par Ahmad Al Faqi Al Mahdi il y a une décennie, vont connaître une nouvelle étape dans leur processus de réhabilitation. Après les réparations individuelles en faveur de 880 victimes, les collectives viennent d’être officiellement lancées.

La réparation collective vise la réhabilitation et la reconstruction des mausolées et d’autres édifices publics qui font partie du patrimoine culturel. Lors d’une mission, du 4 au 7 juillet dernier, les responsables et les partenaires du Fonds au profit des victimes ont lancé officiellement, le 6 juillet 2022, les réparations collectives dans la ville des « 333 saints » en présence des autorités régionales. Le fonds, un organe de la Cour pénale internationale (CPI), a été mis en place sur ordonnance des juges de La Haye pour indemniser les victimes que sont les descendants directs des Saints et ceux ayant un lien avec les sites protégés.

Le maire de la ville, Aboubacrine Cissé, assure que ces réparations collectives revêtent une importance particulière. « Elles sont très attendues par l’ensemble de la communauté, après les réparations individuelles qui n’ont concerné qu’un nombre limité de bénéficiaires en raison de leur lien particulier avec les mausolées détruits… », a-t-il ajouté. Les mesures de réparations sont prévues pour soulager les victimes. Ces dispositifs visent à favoriser la résilience économique, la commémoration et la restauration des mausolées et des bâtiments protégés inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Les réparations individuelles visent les descendants des Saints enterrés dans les mausolées, les maçons et les gardiens. « Il s’agit de la mise en œuvre d’une ordonnance de justice inédite. L’UNESCO, ayant une expérience en matière de réhabilitation mais pas dans le domaine spécifique, doit faire en sorte que la valeur réparatrice soulage les communautés à la fin du processus, avec une approche intégrée et participative prenant en compte les préoccupations des victimes », a expliqué Modibo Bagayogo, Coordinateur du Projet réhabilitation et valorisation des bâtiments protégés à l’UNESCO.

Pour la mise en œuvre du dispositif, des comités ad hoc ont été créés, 4 à Tombouctou et 1 à Bamako.

Le 26 septembre 2016, Ahmad Al Faqi Al Mahdi a été reconnu coupable par la CPI de crimes de guerre, notamment pour la destruction des mausolées de Tombouctou, et condamné à 9 ans de prison et au paiement de 2,7 millions d’euros au titre des réparations. Le 30 mars 2021, au début du processus de réparation, euro symbolique a été remis par la CPI au Mali et à l’UNESCO.

Paru dans Journal du Mali N°380

Un monde en crise a besoin de commerce et d’aide

L’article d’opinion conjoint de la Directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo‑Iweala, de la Secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, Rebeca Grynspan, et de la Directrice exécutive du Centre du commerce international, Pamela Coke‑Hamilton, apporte sa contribution à la crise mondiale actuelle. Au centre de ce moment que traverse le monde, le texte se penche sur le commerce et l’aide pour un apport efficient. Ainsi, un commerce écologique, inclusif et plus connecté est prôné. Des thématiques qui seront abordées lors du prochain Examen global de l’Aide au commerce, qui se tiendra du 27 au 29 juillet 2022 à Genève.

 

La période que nous vivons est la pire que l’économie mondiale ait connue depuis la création du système commercial multilatéral il y a plus de 75 ans. Le quadruple choc de la COVID, du changement climatique, des conflits et du coût de la vie a réduit à néant des années d’avancées durement acquises en matière de développement. Avec le durcissement des conditions financières, même des pays qui semblaient sur la voie de la prospérité et de la stabilité se retrouvent aujourd’hui dans l’abîme du surendettement, de la fragilité et de l’incertitude quant à leur avenir.

Une action multilatérale coordonnée est nécessaire pour faire face aux crises auxquelles nous sommes confrontés. L’aide et le commerce ont tous deux un rôle clé à jouer pour inverser les effets de ce quadruple choc et remettre le monde sur la voie de la réalisation des Objectifs de développement durable.

Nous dirigeons les trois agences internationales qui constituent la plate‑forme commerciale de Genève: l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et le Centre du commerce international (ITC). L’OMC établit et administre les règles du commerce mondial. La CNUCED effectue des recherches et œuvre à la formation de consensus pour guider les pouvoirs publics. L’ITC aide les petites entreprises à se mondialiser, en particulier les entreprises dirigées par des femmes et des jeunes entrepreneurs. Nous travaillons ensemble pour faire en sorte que le commerce contribue au développement.

Nous sommes toutes trois profondément engagées à assurer une prospérité fondée sur le commerce. Nous comprenons toutes trois qu’un monde en crise signifie que nous ne pouvons plus nous permettre de continuer à agir comme si de rien n’était. Et nous voulons toutes trois que nos organisations « joignent le geste à la parole » pour que l’aide et le commerce profitent réellement aux gens.

Pour faire en sorte que l’aide et le commerce contribuent à un monde meilleur, les décideurs politiques doivent tenir compte de trois aspects fondamentaux.

Premièrement, il faut rendre le commerce plus écologique. Le commerce mondial peut jouer un rôle important dans la transition vers une économie sobre en carbone. Selon des recherches préliminaires menées à l’OMC, la suppression des droits de douane et des obstacles réglementaires au commerce pour un ensemble de biens environnementaux liés à l’énergie permettrait de réduire les émissions mondiales de CO2 de 0,6% en 2030, uniquement grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique. Il pourrait également y avoir des retombées positives liées à l’innovation et à la baisse des prix accélérant la transition vers des produits qui utilisent des énergies renouvelables à moindre intensité de carbone.

Deuxièmement, il faut rendre le commerce plus inclusif. Favoriser le développement des activités commerciales des petites entreprises et une plus grande participation des femmes et des jeunes rend les entreprises et les pays plus compétitifs, stimule la transformation économique et réduit la pauvreté. Pourtant, les enquêtes menées par l’ITC auprès des entreprises ont révélé que seule une entreprise exportatrice sur cinq était dirigée par une femme. Les données de l’OMC montrent que les micro, petites et moyennes entreprises représentent environ 95% de toutes les entreprises au niveau mondial mais seulement un tiers des exportations totales.

Troisièmement, il faut rendre le commerce plus connecté. Dans notre monde en réseau, l’avenir du commerce passe par les canaux et les plates‑formes numériques, en particulier pour les petites entreprises. Pendant la pandémie, nous avons vu comment le commerce en ligne était passé d’utile à essentiel à la survie. Les données de la CNUCED montrent que les services fournis par voie numérique représentent désormais près des deux tiers du niveau des exportations mondiales de services.

Ces thèmes seront abordés lors du prochain Examen global de l’Aide au commerce, qui se tiendra du 27 au 29 juillet à Genève.

Cet événement intervient un mois après le succès de la douzième Conférence ministérielle de l’OMC, qui a remis le multilatéralisme commercial sur la bonne voie et a abouti à un accord historique sur les subventions à la pêche, et deux mois avant la COP27 en Égypte, qui pourrait déterminer les chances mondiales d’atteindre l’objectif des 1,5° C.

Les données montrent des signes prometteurs indiquant que l’Aide pour le commerce s’oriente vers plus de durabilité, d’inclusivité et de connectivité. Les données de l’OCDE et de l’OMC indiquent qu’il a été versé un montant record de près de 50 milliards d’USD au titre de l’Aide pour le commerce en 2020, dont la moitié était liée au climat ou à l’égalité des genres, et un tiers était en faveur de l’économie numérique. Malgré les pressions budgétaires croissantes au niveau national, il est d’une importance capitale de maintenir et d’accroître ces flux d’aide pour le commerce.

 

Mis à part une orientation thématique plus marquée sur la durabilité, l’inclusion et la connectivité, l’optimisation de la contribution de l’Aide pour le commerce à la réalisation des Objectifs de développement durable exige une attention résolue sur les questions de savoir « où » et « comment » produire des résultats en matière de développement.

Cela signifie qu’il faut se concentrer sur les pays dont les besoins en matière de commerce et de développement sont les plus élevés – en particulier les pays les moins avancés et les pays fragiles/touchés par des conflits – et sur les initiatives régionales telles que la Zone de libre‑échange continentale africaine, afin de s’assurer qu’elles deviennent des tremplins vers l’établissement de chaînes de valeur régionales plus larges et plus inclusives et d’une croissance fondée sur le commerce.

Cela implique un partenariat entre les organisations internationales. L’OMC, la CNUCED et l’ITC collaborent déjà sur des initiatives telles que le Global Trade Helpdesk, qui simplifie les études de marché en regroupant les renseignements clés sur le commerce et les entreprises sur un portail unique, ainsi que sur le soutien aux pays exportateurs de coton en Afrique.

 

Dernier point, mais non des moindres, cela signifie qu’il faut mobiliser des financements publics et privés. La Société financière internationale (SFI) estime à 300 milliards d’USD le déficit de financement des femmes dans le monde, et le déficit de financement du commerce mondial a presque doublé par rapport au montant déjà stupéfiant de 1 500 milliards d’USD. Sans accès au financement, les entreprises ne peuvent se développer, se diversifier ou se formaliser.

 

Nous souhaitons terminer en lançant un appel à l’action. La création d’un avenir plus durable, plus inclusif et plus connecté est le grand défi de notre époque. Ensemble, l’aide, le commerce et le multilatéralisme font partie de la solution. Il est normal et compréhensible que les gouvernements agissent pour soutenir leurs propres économies en période de crise. Mais nous devons agir maintenant pour faire en sorte que les plus pauvres et les plus vulnérables du monde puissent encore trouver la voie de la prospérité grâce au commerce mondial.

 

Mali – Inondations : les plans de riposte des municipalités

La saison pluvieuse s’annonce très humide, avec des risques d’inondations cette année au Mali, selon les prévisions de Mali-Météo et de diverses organisations africaines spécialisées. Face aux alertes, les mairies élaborent des actions tendant à répondre efficacement aux pluies.

« Cette saison, on prévoit une saison vraiment humide. Elle va commencer tôt, avec une petite pose sèche, et prendra fin tardivement », alertait déjà en mai dernier le Directeur général de Mali-Météo, Djibrilla Maïga.

Selon les prévisions saisonnières 2022 de l’agence, on annonce de fortes pluies, surtout en juillet et août. « Au regard des quantités de pluies attendues, les risques d’inondations sont élevés », alerte Mali-Météo.

Des inquiétudes déjà évoquées lors du Forum 2022 des prévisions saisonnières des caractéristiques agro-hydro-climatiques de la saison des pluies pour les zones soudanienne et sahélienne (PRSEASS, 2022). Il était organisé par le Centre régional Agryhmet du Cilss (Comité inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel), le Centre africain pour les applications de la météorologie au développement (Acmad) et les services nationaux de météorologie et d’hydrologie (SNMH), en partenariat avec l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et les organismes des grands bassins fluviaux.

Un communiqué publié à l’issue de la rencontre, tenue du 19 au 25 avril dernier à Abuja, annonce que dans la zone du Cilss, qui regroupe le Mali et 12 autres pays de la sous-région,« la saison pluvieuse humide au Sahel démarrera de façon précoce, voire dans les moyennes des années précédentes, et s’achèvera plutôt tardivement ou dans la moyenne. Selon les prévisions, les pluies seront abondantes, d’où un risque élevé d’inondations ».

Sinistres

Conscientes de ces avertissements, les mairies adoptent la stratégie du « Mieux vaut prévenir que guérir », en misant sur la sensibilisation. « Nous veillons à sensibiliser les populations, à chaque approche de l’hivernage, contre les risques d’inondations et de sinistres. Notamment dans les zones où il y a une forte probabilité de débordements. On explique aux riverains, notamment des berges du fleuve, de prendre des précautions en fonction des données météorologiques», explique Abidina Karembe, Chargé du personnel à la mairie de la Commune IV du District de Bamako. La sensibilisation est menée par une commission qui alerte les autorités en cas d’inondations. Elle est composée de membres de la Mairie, du Conseil national de la Jeunesse (CNJ), de représentants des CDQ (Comités de développement des quartiers) et de la Protection civile.

Outre donner des informations, ces commissions organisent des formations au sauvetage en cas de sinistre. « Elle forment les populations, notamment les jeunes, pour voir en cas de sinistres comment elles peuvent secourir les victimes », indique l’agent de la municipalité.

Malgré la prévention, dit-il, en cas de sinistres dû à des inondations, « les mairies viennent en aide aux victimes en leur donnant des vivres et les font ménager dans les écoles », en plus d’aménager les zones inondables en collaboration avec les ministères de l’Environnement et de la Sécurité intérieure et certains partenaires techniques et financiers.

« Les sinistrés sont indemnisés au hauteur de 500 000 à 700 000 francs CFA pour qu’ils puissent faire de petits commerces et quitter les berges des fleuves. Mais, après deux inondations, ils se disent souvent que l’hivernage est fini et reviennent dans les mêmes endroits », déplore M. Karambé de la Commune IV.

Selon lui, les municipalités sont aussi « confrontées à des difficultés dues à l’incivisme de la population. Parce que les gens déversent les eaux usées dans les caniveaux et que cela bouche les voies d’écoulements ».

Pour diminueles risques, les autorités municipales misent sur le curage des caniveaux et des collecteurs dans les différentes Communes du District de Bamako pour prévenir les inondations. Débutée en mai dernier, cette stratégie ne semble pourtant pas régler le problème. Comme en témoignait ce lundi 18 juillet 2022 le Monument de l’Obélisque, situé en plein cœur du quartier chic de Bamako Hamdalaye ACI, où l’eau de pluie avait élu domicile.

Aly Asmane Ascofaré

Paru dans Journal du Mali N°380

Tunisie : début du vote référendaire ce lundi

Ils sont estimés à un peu plus de neuf millions de Tunisiens pour ce référendum, attendus dans les bureaux de vote ce lundi 25 juillet 2022. Pour les électeurs résidant hors de Tunisie, le référendum a été lancé le 22 juillet, et se poursuit jusqu’à ce lundi. La commission électorale dispose d’un total de 11 614 bureaux de vote à l’intérieur et à l’extérieur de la Tunisie. Même si l’opposition , avec notamment le parti islamiste Ennahdha qui détient une majorité parlementaire appelle au boycotte du référendum, les électeurs sont sortis pour les urnes depuis 05 heures GMT.

En Tunisie, ce référendum est tout de même vu par une partie de la population comme une « correction du processus de la révolution de 2011 », qui a renversé Zine El Abidine Ben Ali, président de 1987 à 2011. Cela n’empêche pas certaines positions politiques de considérer cet acte comme  un « coup d’État contre la Constitution ».

La réécriture de la Constitution de 2014 proposée le 30 juin 2022, par le président Kaïs Saïed, met l’accent sur la séparation des pouvoirs, car, celle postrévolutionnaire donnait plus de pouvoir au Parlement dominé par le parti islamiste Ennahdha.

La nouvelle constitution permettra par exemple aux membres du gouvernement d’assister aux travaux de l’Assemblée, y compris au sein des commissions. Aussi, selon nos confrères de www.aa.com, les propositions de loi présentées par le président devront bénéficier d’un « traitement prioritaire », par rapport à celles des parlementaires; sans oublier que la désignation et la révocation du gouvernement se ferait indépendamment du Parlement, contrairement au texte référendaire postrévolutionnaire de 2014.

Idelette BISSUU

 

Mali – Dépolitisation de l’administration : où en est-on ?

Inscrite parmi les réformes politiques et institutionnelles prévues dans le Plan d’action du gouvernement de transition, l’élaboration d’une Stratégie nationale pour la dépolitisation de l’administration et son Plan d’actions suit son cours. Le rapport de démarrage de cette étape a été présenté le 15 juillet dernier au Comité de suivi pour examen et validation.

Ce rapport, produit par l’équipe de consultants qui mène l’étude et dont Journal du Mali a reçu une copie, met en exergue les différentes étapes prévues pour la finalisation du document de Stratégie nationale pour la dépolitisation de l’administration et son Plan d’actions.

Dans le projet de chronogramme soumis au Comité de suivi, l’équipe prévoit l’impression et la transmission du document au ministère de la Refondation de l’État, qui pilote le processus, au plus tard à la fin du mois d’août, précédées mi-août d’un atelier de validation de la version provisoire et l’intégration des amendements validés. Le document provisoire validé sera par la suite soumis à un examen élargi, dans le cadre d’un atelier de validation national, avant son adoption finale en Conseil des ministres.

Mais avant d’en arriver là, suivant le projet de chronogramme détaillé, les deux dernières semaines du mois de juillet et la première semaine du mois d’août seront consacrées respectivement au traitement de données, à l’analyse et à l’interprétation des données et à la rédaction de la version provisoire du document de stratégie.

À terme, la mission de l’équipe de consultants mandatée par le gouvernement est de mettre à la disposition de l’autorité commanditaire un document d’orientation en matière de dépolitisation de l’administration dans lequel seront déclinés « les axes stratégiques et les actions et mesures à envisager à court et moyen termes en vue d’amorcer la lutte contre cette pratique néfaste pour le fonctionnement de l’administration », mentionne le rapport de démarrage de l’étude.

Pour rappel, dans les termes de référence pour l’élaboration de cette Stratégie nationale pour la dépolitisation de l’administration, adoptés en septembre 2021, il était indiqué que la motivation essentielle de cette réforme résidait dans la recherche de l’effectivité des principes d’égalité, d’équité et de transparence, conformément à la Charte africaine sur les valeurs et les principes du service public et de l’administration.

L’administration malienne, depuis l’accession du pays à l’indépendance en 1960, a toujours été « marquée par l’influence des politiques dans la gestion des affaires publiques ».

Malgré les nombreuses initiatives des gouvernements successifs, la pratique perdure. « La question de la politisation de l’administration est une réalité, elle est affirmée et il faut la combattre », souligne l’équipe de consultants.

Mohamed Kenouvi

Mali – Attaque au camp militaire de Kati : bilan provisoire est de sept assaillants neutralisés

Kati s’est réveillée avec des tirs entendus tôt ce matin au camp militaire de Kati ce vendredi 22 juillet 2022. Ces derniers ont créé la panique au sein des populations.

Selon les premières informations sur le compte twitter officiel des Forces Armées Maliennes, les FAMa ont repoussé l’attaque terroriste contre la caserne de Kati aux environs de 05h00 du matin. Les informations ce sont davantage structurées dans la mi-journée avec le communiqué N°050 de l’Etat major général des armées. L’on apprend qu’il s’agit d’une attaque terroriste de la Katibat Macina a tenté des actions Kamikases avec deux véhicules piégés bourrés d’explosifs contre une installation de la Direction du Matériel, des Hydrocarbures et des Transports des Armées. La zone concernée a été bouclée et les opérations de ratissage toujours en cours lancées.

Le bilan provisoire est de sept assaillants neutralisés, 8 interpellés et de nombreux matériels récupérés. Côté FAMa, un mort, six blessés donc un civil. Les autorités rassurent que la situation est sous contrôle. Les populations ont repris leurs occupations habituelles.

Des hommes armés non identifiés ont attaqué ce 21 juillet 2022 vers 5 heures du matin rapporte le camp de la gendarmerie à Kolokani dans la région de Koulikoro. Un détachement de la FORSAT sur place aurait également été visé par l’attaque. Des tirs nourris, des explosions et des dommages aux infrastructures ont été signalés. Kolokani est situé à environ 110 km au nord de Bamako. Aucun groupe n’a immédiatement revendiqué la responsabilité de l’attaque.

Ces dernières heures dans plusieurs localités du pays notamment, Douentza, Koro, Thy, Bapho, Ségou, Kolokani.

Dans la nuit du 14 au 15 juillet dernier, le poste de Zantiguila a fait l’objet d’une attaque: bilan six pertes en vies humaines des forces de sécurité maliennes.

Idelette Bissuu

Mali – MINUSMA : « Exit Strategy » enclenchée?

Le 29 juin dernier, le mandat de la MINUSMA a été renouvelé. Elle entame sa dixième année de mission, dans un environnement opérationnel non propice et avec un bras de fer avec le Mali, qui entend faire changer à la Mission onusienne ses priorités en termes d’opérations de maintien de la paix. La Mission se heurte également à l’opposition de plusieurs associations de la société civile, qui lui demandent de quitter le Mali au plus tard le 22 septembre prochain. Ce qui hypothèque l’avenir de la MINUSMA dans le pays.

Pas de répit pour Abdoulaye Diop. Après Barkhane, Takuba et les sanctions « illégales, illégitimes et inhumaines » de la CEDEAO, le chef de la diplomatie malienne «s’occupe» maintenant de la MINUSMA. Le mandat de la mission onusienne a été renouvelé le 29 juin dernier pour une année supplémentaire, sans opposition du Mali, contrairement à l’appel de certaines associations de la société civile. Cependant, celles-ci n’entendent pas en rester là. Le 20 juillet dernier, Yerewolo – Debout sur les remparts, qui regroupe plusieurs associations de soutien aux autorités de la transition, a remis une lettre au Quartier général de la MINUSMA à Bamako, lui enjoignant de quitter le pays avant le 22 septembre prochain, date commémorative de l’Indépendance du Mali. Le nom de code de l’opération est « Bonnet bleu ». Le 29 juillet prochain, d’autres Maliens vont se rassembler au Palais de la culture de Bamako avec comme objectif de réitérer cet ultimatum. Le même jour, des manifestations du même ordre vont se tenir à l’intérieur du pays, notamment dans les zones où la mission onusienne intervient. « La MINUSMA, c’est une ordure qu’on se doit de balayer de notre pays », a lâché Adama Diarra dit Ben le cerveau, membre du Conseil national de transition et porte-parole de Yerewolo – Debout sur les remparts mardi 19 juillet lors d’un point de presse. Cet appel au départ de la MINUSMA, ajouté aux réserves de la partie malienne par rapport à son nouveau mandat complexifie la mission de la MINUSMA. D’autant que dans un communiqué en date du 20 juillet, le gouvernement a donné 72 heures au porte-parole de la mission Olivier Salgado de quitter le pays. Il lui est reproché ses tweets jugés tendancieux et inacceptables suite à l’interpellation des 49 militaires ivoiriens le 10 juillet dernier. 

Olivier Salgado – Porte Parole Minusma

Un mandat, des visions

Le mandat n’a pas substantiellement changé et reste adossé au Chapitre VII de la Charte des Nations unies, avec comme principale priorité stratégique l’appui à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et à la transition politique. Alors que les autorités maliennes voudraient voir la MINUSMA dotée d’un mandat antiterroriste, avec comme priorité la protection des populations civiles et l’appui au rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national. « Il est indispensable de mieux définir et articuler la notion de protection des civils dans un contexte de guerre asymétrique. Il y a lieu de clarifier contre qui on veut protéger les populations, sachant que la menace principale vient des groupes armés terroristes. Comment, dans ce contexte, la MINUSMA peut-elle protéger les populations si elle ne peut pas faire face à cette menace ? », s’est interrogé Abdoulaye Diop devant le Conseil de Sécurité de l’ONU le 29 juin dernier.

C’est ce vœu que formulent également les populations maliennes. Dans l’enquête d’opinion Mali-Mètre 2022 de la Fondation Friedrich Ebert, l’analyse des résultats montre que plus de la moitié de la population malienne n’est pas satisfaite de la MINUSMA, avec « 14% plutôt insatisfaits et 45% très insatisfait». Le manque de protection des « populations contre les violences des groupes est la principale critique à l’encontre de la MINUSMA dans l’ensemble des régions, hormis la région de Kidal, où 79% évoquent principalement que le mandat de la MINUSMA n’est pas suffisamment connu ». « La priorité pour le gouvernement malien n’est pas la protection des civils, mais plutôt le contre-terrorisme. La protection des civils a toujours été une priorité dans le mandat de la MINUSMA. La tension existe parce que depuis des années le Mali a voulu que la MINUSMA s’engage à lutter contre les groupes djihadistes. Ce n’est pas dans son mandat et il y a plusieurs raisons à cela. Une opération de maintien de la paix n’est ni capable, ni bien placée pour faire des opérations offensives contre des groupes particuliers. Beaucoup de Maliens, même des politiciens, n’ont jamais compris ou jamais accepté les limites d’une opération de maintien de la paix », explique un chercheur en maintien de la paix qui requil’anonymat.

En outre, le Mali a émis des réserves qui mettent à rude épreuve la bonne exécution du mandat de la MINUSMA et annoncé au Conseil de Sécurité son « opposition ferme » au soutien aérien de la Force Barkhane à la mission onusienne, qui fait également face à des restrictions sur une partie de l’espace aérien malien. Il a également attiré l’attention du Conseil sur « les risques de politisation et d’instrumentalisation des droits de l’Homme aux fins d’agendas cachés », pointant du doigt le poids des droits de l’Homme dans le mandat. Issa Konfourou, ambassadeur malien auprès des Nations Unies, a déclaré devant les membres du Conseil que le Mali s’opposait à la liberté de mouvement de la MINUSMA dans l’exécution de son mandat, en particulier concernant les enquêtes. Cette présence accrue de la protection des droits de l’Homme dans la résolution a amené la Chine et la Russie à s’abstenir de voter pour la résolution. « Ces deux pays se sont abstenus pour la première fois sur une résolution renouvelant le mandat de la MINUSMA. Ils ont expliqué leur vote par le fait que la résolution, proposée par la France et appuyée par le Royaume Uni et les États-Unis, donne trop de poids à la division des droits de l’Homme et ne prend pas suffisamment en compte les efforts du gouvernement malien en matière de lutte contre le terrorisme », explique un spécialiste des questions internationales.

Au Mali jusqu’à quand ?

La MINUSMA n’a plus de soutien aérien français et fait face à des mesures de restrictions sur une partie de l’espace aérien malien. Sa liberté de mouvement pour enquêter sur les allégations de violation des droits de l’Homme est limitée et intervient dans un contexte géopolitique tendu et sécuritaire préoccupant, avec la montée en puissance de l’EIGS. Récemment, toutes les rotations de ses contingents militaires et policiers, y compris celles déjà programmées ou annoncées, ont été suspendues par le Mali jusqu’à « l’organisation d’une réunion » pour « faciliter la coordination et la réglementation » de ces rotations. Décision que les autorités maliennes justifient en invoquant le « contexte de sécurité nationale » après l’interpellation de 49 militaires ivoiriens, que Bamako qualifie de « mercenaires », ce que dément Abidjan, qui maintient qu’il s’agit des éléments d’appui à la MINUSMA.

Ces « entraves » au mandat de la mission onusienne au Mali constituent une violation de l’Accord sur le statut des forces (SOFA) signé entre l’ONU et le Mali ,« qui est tenu de le respecter », a prévenu le 30 juin dernier l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, en réaction à « l’intention du gouvernement de transition malien de refuser à la MINUSMA la liberté de mouvement nécessaire à l’accomplissement de son mandat ». « Le gouvernement de transition ne doit pas empêcher la MINUSMA de mener à bien une quelconque partie de son mandat (…). Nous exhortons le gouvernement de transition à assumer immédiatement et complètement sa responsabilité en tant que pays hôte d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies et à respecter les termes du SOFA ».

Cependant, il est aussi possible pour le Mali de dénoncer l’Accord sur le statut des forces. « En cas de dénonciation unilatérale du SOFA signé entre l’ONU et le Mali, il faut d’abord indiquer qu’une période de plusieurs mois doit être observée avant que celle-ci ne soit pleinement effective. Si celle-ci intervenait, cela compromettrait évidemment les possibilités de rotation et le renouvellement du mandat au-delà du 30 juin 2023 », explique notre spécialiste des questions internationales.

Mais, avant même d’en arriver là, plusieurs pays contributeurs de troupes au sein de la MINUSMA pourraient désengager leurs contingents, au regard des incertitudes qui planent. D’ores et déjà, l’Égypte et le Bénin ont donné le ton et d’autres pourraient suivre. Avec « l’ultimatum » des associations de la société civile malienne à la MINUSMA, les choses se compliquent davantage. Car elles sont convaincues qu’après le départ de Barkhane, la MINUSMA est le seul moyen pour la France de continuer à intervenir au Mali. « Les projets de résolutions concernant le Mali au Conseil de Sécurité de l’ONU sont rédigés par la France. Et dans la résolution renouvelant le mandat de la MINUSMA il est prévu que la mission onusienne utilise tous les moyens nécessaires pour atteindre ses objectifs. Cela veut dire la possibilité de recourir aux forces françaises pour assurer des opérations de sécurisation sur le territoire malien. Pour toutes ces raisons, le Mali est en train de créer un ensemble de procédures administratives qui vont avoir pour effet de complexifier toute intervention dans le cadre de la MINUSMA et, in fine, d’empêcher la mission onusienne de fonctionner pour qu’elle parte d’elle-même, sans être chassée », explique le Dr. Amidou Tidiani.

Cependant, pour le chercheur en maintien de la paix ayant requis l’anonymat, même avec ces limitations sur le mandat de la MINUSMA, le Conseil de Sécurité ne va pas la retirer, à cause de la situation sécuritaire. « C’est vrai, la Mission est plus limitée, plus critiquée et plus isolée que jamais sur les plans sécuritaire et politique. Pourtant, je ne m’attends pas à ce que le Conseil de Sécurité décide de retirer la MINUSMA avant longtemps, parce que la situation au Mali est toujours terrible ».

En attendant, le Conseil de Sécurité décide de « demeurer activement saisi de la question ». Le 13 janvier 2023, le Secrétaire général va lui transmettre une analyse détaillée des problèmes politiques et sécuritaires « ayant eu une incidence sur la capacité de la Mission de s’acquitter de son mandat » et une évaluation de la coopération avec les autorités maliennes et « des restrictions à la liberté de circulation ». Il partagera également avec le Conseil de Sécurité des « propositions concernant la future configuration de la MINUSMA », en vue de son adaptation auchangements dans son environnement opérationnel. Entre le 22 septembre 2022 et le 13 janvier 2023, beaucoup d’évènements vont donc se produire.

Boubacar Diallo

Journal du Mali N°380

Mali : attaque des hommes armés non identifiés à Kolokani ce jeudi

Des hommes armés non identifiés ont attaqué ce 21 juillet 2022 vers 5 heures du matin rapporte le camp de la gendarmerie à Kolokani dans la région de Koulikoro. Un détachement de la FORSAT sur place aurait également été visé par l’attaque. Le bilan officiel de cette attaque n’étant pas encore disponible, sur la toile des photos et vidéos amateures montrent plusieurs véhicules incendiés. Des tirs nourris, des explosions et des dommages aux infrastructures ont été signalés. Kolokani est situé à environ 110 km (69 miles) au nord de Bamako. Aucun groupe n’a immédiatement revendiqué la responsabilité de l’attaque.

Dans la nuit du 14 au 15 juillet dernier, le poste de Zantiguila a fait l’objet d’une attaque: bilan six pertes en vies humaines des forces de sécurité maliennes.

En août 2021, les forces armées maliennes (FAMa) ont neutralisé quatre terroristes dans le cercle de Kolokani, à la suite d’une attaque qui avait visé un convoi d’une entreprise minière sous escorte des FAMa entre Sebabougou et Kwala dans la région de Kayes (sud) à 188 km environ de Bamako.

Le Chef d’Etat major des armées avait déclaré que des renforts des FAMa dépêchés sur les lieux ont permis de neutraliser quatre terroristes, et de saisir deux motos et une quantité d’armes. Pour rappel, 5 militaires maliens ont été tués dans cette attaque, quatre autres blessés et 11 porte-chars détruits dans cette attaque, avait indiqué quelques heures plus tôt l’armée malienne sur sa page officielle sur Facebook.

Idelette BISSUU

Société : renforcer l’aide humanitaire des déplacés à Ménaka, une nécessité

Vers la mi-juillet 2022, dans la région de Gao au Mali, la ville de Ménaka a accueilli une nouvelle vague de déplacés internes venant des villes voisines et du cercle d’Inékar. Selon le dernier rapport d’Ocha de juillet, des hommes non identifiés ont kidnapé le 10 juillet un civil à Tinabaw, à 25 kilomètres au sud de Ménaka avant de demander aux habitants d’évacuer sous peine de représailles.  Dans le cercle d’Inékar deux personnes ont été tuées par des hommes armés qui ont demandé aux habitants d’un camp situé à 20 kilomètres du cercle de quitter les lieux en trois jours. Ces actes ont amené les populations à quitter leurs habitations pour Menaka. De leur côté, les forces de défense et de sécurité ont renforcé le dispositif à l’intérieur de la ville et aux points de contrôle d’entrée et de sortie.

Depuis le début de la crise, près de 3 115 enfants (0-5 ans) et femmes enceintes et allaitantes ont reçu une assistance nutritionnelle précise le rapport. Cela représente 17% de la cible du plan de réponse de 18 394 personnes. Au total, 706 enfants (0-5 ans) souffrant de malnutrition ont reçu un traitement suivant le protocole national. De plus, 1 971 enfants ont été dépistés dont 629 enfants souffrant de malnutrition aiguë globale. Cependant, des besoins augmentent et les gaps persistent. L’enregistrement des déplacés et la sensibilisation continuent.

Pour soutenir les populations, une campagne de distribution des vivres du gouvernement a pris forme avec l’appui d’Amawai, une ONG locale qui a distribué dans 21 communes de Menaka, 1 131 tonnes de vivres.

Malgré les efforts des autorités et des partenaires, la nécessité de renforcer la réponse en santé et nutrition pour les femmes et enfants déplacés se trouvant sur les sites et dans les lieux de regroupement est toujours d’actualité.

Idelette Bissuu

 

 

 

 

Gao : des coiffures et des histoires

À Gao, dans le nord du pays, les coiffures des femmes ont toutes une signification. Elles sont portées à différentes étapes de la vie et permettent en un coup d’œil de donner certaines informations sur les personnes qui les arborent.

Dans la région de Gao, les coiffures racontent des histoires. Elles sont des marqueurs qui permettent de déterminer et d’informer de certaines étapes de vie, notamment pour les femmes. Le « sourgou sourgou » est la coiffure portée par les célibataires. En temps normal, ce sont des tresses avec des ornements de perles rouges et jaunes tout autour. Mais, vu le temps que peut prendre le tressage, certaines se rabattent sur des perruques faites sur mesure qu’il convient par la suite d’accrocher avec des épingles. Le foulard est aussi un complément de cette coiffure. Il n’est pas obligatoire, mais pour plus d’harmonie, et en accord avec la culture locale, la jeune femme l’enroule autour de sa tête en laissant apparaître la parure. D’un statut social à un autre, d’une coiffure à une autre. Chez les femmes mariées, le « goffa » est la coiffure la plus prisée. Elle se distingue par un disque en or dont les pièces sont attachées individuellement pour ensuite être assemblées. « Autrefois, seules les femmes aisées pouvaient le porter. Maintenant, elle est choisie par toute femme qui peut se l’offrir le jour de ses noces. Dès lors, elle pourra reporter cette coiffure autant de fois qu’elle le voudra et en toute circonstance », commente Ramatou Touré, une habitante de Gao.

Les évolutions et les nouvelles étapes de la vie sont toutes célébrées par une nouvelle « tête ». La coiffure de la jeune femme qui vient d’accoucher ,« kokara », illustre bien l’une de ces phases, celle de la maternité. Elle est composée de tresses assez simples qui sont accompagnées de pièces en agate. Que le bébé soit de sexe masculin ou féminin, le nombre de perles « kaoula » qui accompagnent les tresses au niveau du front permet de le savoir.

Après avoir accouché, la femme observe une « quarantaine » pendant laquelle elle reste avec sa mère pour apprendre les secrets de la maternité. C’est pendant cette période qu’elle porte cette coiffure.

En dépit du fait que des perruques soient vendues au marché, les femmes de la Cité des Askia confectionnent elles-mêmes les accessoires nécessaires à leur élaboration, afin d’en faire des bijoux précieux pour la famille sur plusieurs générations.

Rokietou Maiga

Population mondiale : de 7 à 8 milliards en 10 ans

Le 15 novembre prochain, dans 4 mois, la population mondiale passera de 7 milliards de personnes à 8, selon une projection du Département des Affaires économiques et sociales de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

« La population mondiale croît à un rythme qui pourrait atteindre environ 8,5 milliards en 2030 et 9,7 milliards en 2050, avec un pic à environ 10,4 milliards de personnes dans les années 2080, avant de se stabiliser à la fin du siècle », lit-on. 

Pour les années à venir, l’ONU indique une concentration de la croissance démographique dans 8 pays notamment, dont 5 Africains : la République démocratique du Congo, l’Égypte, l’Éthiopie, le Nigeria et de la Tanzanie. 3 nations asiatiques, l’Inde, le Pakistan et les Philippines complètent le tableau.

En plus de l’augmentation de la population mondiale, l’ONU estime que l’Inde dépassera la Chine en tant que pays le plus peuplé du monde en 2023. 

« Une croissance due à une hausse de l’espérance de vie, aux progrès médicaux et à la forte natalité sur certains continents et surtout à la réduction de la mortalité maternelle et infantile », explique le document, qui indique toutefois que la population mondiale augmente actuellement à son rythme le plus lent depuis 1950.

Par ailleurs, la pandémie de Covid-19 a fait grimper la mortalité de 12%, soit 14,9 millions de personnes, en 2020. Malgré ce coup d’arrêt passager, la démographie continue dcroître. Et, selon certains experts, un problème d’espace pourrait se poser. 

Aly Asmane Ascofaré 

Figuira Editions lance « le doux plaisir des mots » de Rose Diakité

La salle de conférence de l’université du Sahel à Bamako a servi de cadre samedi 16 juillet 2022 au lancement du livre « le doux plaisir des mots » de la conseillère conjugale et coache en développement personnel, Rose Diakité. Edité chez Figuira Editions, ce recueil de 105 poèmes est le deuxième ouvrage de cette auteure après son essai « réussir sa vie de couple » paru en 2016.

C’est dans  une ambiance très émotive emprunte de doux maniements des mots et de déclamation de poèmes, que s’est déroulée la cérémonie de lancement de ce livre qui ne vise qu’un seul objectif : inciter à entretenir l’amour par la douceur des mots.

« Nous avons analysé et compris que le dénominateur commun de tous les problèmes des récits des gens que nous recevons, est le manque d’amour, de mots d’amour et de preuves d’amour  dans le mariage. Nous avons donc compris qu’il est essentiel pour aider les gens à trouver la piste de les réapprendre à communiquer et ce n’est que par les mots qu’on peut communiquer », explique Rose Diakité.

Celle qui, à travers ce recueil de poèmes, veut montrer que la poésie n’est pas « honteuse, comme on en a l’impression au Mali »,  est formelle : « Il n’y a pas de honte à aimer sa femme ou son mari, encore moins à l’exprimer».

Ce recueil de poèmes ne s’adresse pas qu’aux jeunes couples, comme le stipule l’auteure. « Même à 100 ans, on aime la gentillesse et on veut la tendresse », glisse celle qui ambitionne  par là , d’ « ouvrir les esprits et faire comprendre que on tend vers l’amour, la tendresse, les mots gentils et doux, plus cela montre notre grandeur et non notre faiblesse ».

Au-delà des couples, le livre s’adresse à tout le monde. Pour Rose Diakité, il faut qu’on utilise les mots pour « se soigner, se soutenir, se soulager, se réconforter plutôt que pour se blesser et se faire des coups-bas ».

« Le but c’est donc aussi que nous apprenions à utiliser les mots dans le bon sens et non dans le mauvais », affirme-t-elle.

« Jaime les mots », « Mystère des mots », « Quand les mots manquent » sont quelques-uns  des poèmes que renferme ce recueil de 92 pages parmi lesquels trois sont dédiés à des personnes très importantes de la vie de l’auteure. Sa mère Diakité Adja Bani Kébé (A ma mère), son mari Mory Diakité (Mon homme en or) et son meilleur ami décédé, Adama Doumbia.

Figuira Editions, qui a apporté sa touche tout le long du processus d’édition de ce livre, est une jeune maison d’éditions crée en septembre 2019.

Avec le « Doux plaisir des mots » elle est à sa 21ème parution. Une parution à propos de laquelle sa Directrice, l’écrivaine Fatoumata Keita reste enthousiaste.

« C’est un recueil de poèmes sur l’amour dans toute ses dimensions et formes. L’amour maternel, l’amour pour le mari ou la femme, mais aussi pour les amis, l’amour en général qui porte le monde. C’est un recueil qui mérite d’être lu », invite-t-elle.

Outre la collection des grandes voix d’Afrique dans laquelle est paru « le doux plaisir des mots » de Rose Diakité, Figuira Editions possède également  3 autres collections à savoir la collection Jiguiya,  celle des grandes figures du Mali et celle des contes et légendes d’Afrique.

Mohamed Kenouvi

Échéances électorales : les partis déjà en ordre de bataille ?

Le 28 juin dernier, le gouvernement de transition a soumis aux partis politiques un projet de chronogramme pour les scrutins prévus dans les prochains mois. Même s’il n’est pas définitif et reste soumis à un suivi technique pour aboutir à un calendrier consensuel, ce projet marque un tournant pour la tenue des élections, tant réclamées par les politiques. À moins d’un an du début de ce « marathon électoral », tour d’horizon de quelques formations politiques qui seront sur la ligne de départ.

Selon le projet de chronogramme présenté à l’appréciation des partis politiques, l’élection présidentielle se tiendrait en février 2024, précédée du référendum constitutionnel en mars 2023, des élections des conseillers des collectivités territoriales en juin 2023 et des élections législatives quatre mois plus tard, en octobre.

Si la classe politique, dans sa majorité, l’a salué et s’est engagée à accompagner les autorités de transition dans sa mise en œuvre, les différentes formations politiques connaissent des fortunes diverses à l’aube de ces joutes électorales.

Quête de stabilité

Au RPM, les esprits ne sont pas encore véritablement tournés vers les prochaines échéances. L’ex-parti présidentiel, auparavant majoritaire à l’Assemblée nationale, qui traverse des remous internes, doit d’abord se trouver un dirigeant qui fasse l’unanimité.

Le leadership au sein du parti des Tisserands est d’ailleurs à l’origine de la « guéguerre » ouverte entre deux camps antagonistes, celui du Président actuel, le Dr. Bocary Tréta et celui incarné par son Secrétaire général, Me Baber Gano.

Même si le premier camp s’attelle à l’organisation prochaine d’un congrès pour le renouvellement des instances du parti, une bataille judiciaire est ouverte et se poursuit entre les deux camps.

L’URD ne se porte pas mieux. Le parti de feu Soumaila Cissé est lui aussi secoué par une lutte acharnée entre Salikou Sanogo, actuel Président par intérim, et Gouagnon Coulibaly, élu Président du parti par un congrès par la suite contesté.

Tout comme le RPM, le parti de la Poignée de mains, arrivé 3ème lors des législatives de 2020, et dont le candidat, feu Soumaila Cissé, était présent au 2ème tour de la dernière élection présidentielle, en 2018, ne peut pas pour l’heure se tourner sereinement vers la préparation des futures élections. Tout semble suspendu au dénouement prochain du contentieux au niveau de la Cour suprême, ce qui, selon nos informations, ne devrait plus tarder.

Tournés vers les échéances

Après la perte de son Président fondateur, l’ex-Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga, l’ASMA-CFP, qui a repris ses activités politiques, s’est lancée dans une nouvelle dynamique.

« Nous ne nous satisfaisons pas trop des résultats engrangés jusque-là. Nous comptons travailler pour tirer ce parti encore plus vers le haut », affirme son Secrétaire général, Issa Diarra, donnant le ton et les ambitions du parti, qui souhaite « continuer et atteindre les objectifs politiques de Soumeylou Boubeye Maiga ».

Parmi le peloton de tête des dernières élections législatives, l’Adema-Pasj, arrivée 2ème derrière le RPM, est relativement stable. Après des craintes d’éclatement du parti lors de son cheminement vers son 6ème congrès ordinaire en octobre dernier, l’Adema, avec son nouveau Président Marimantia Diarra, par ailleurs membre du CNT, poursuit ses activités, avec les réunions régulières de toutes les sections à travers le pays.

Au parti Yelema de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, la période des élections qui s’annonce est accueillie avec « beaucoup de sérénité et beaucoup d’énergie ». « Nous pensons que nous avons le meilleur projet et nous travaillons à convaincre nos concitoyens, que cela soit pour les législatives, les communales ou la présidentielle », soutient son Porte-parole Hamidou Doumbia.

Par ailleurs, ajoute-t-il, Yelema est depuis toujours dans la préparation des élections, la politique étant un « combat de longue haleine où on doit être visible avant, pendant et après les périodes électorales ».

De son côté, la Codem, dont le candidat, l’ancien ministre Housseini Amion Guindo, est arrivé 5ème lors de la présidentielle de 2018, est sereine et confiante vis-à-vis des scrutins annoncés. « Nous ne craignons rien. Nous pensons que nos militants sont convaincus de notre projet de société et que c’est pourquoi ils y ont adhéré. Ils sont toujours là, intacts », déclare Amadou Aya, le Secrétaire général.

L’ADP-Maliba d’Aliou Boubacar Diallo, les Fare An ka Wuli de Modibo Sidibé ou encore le mouvement Benkan de Seydou Mamadou Coulibaly ont également les futures échéances en ligne de mire.

Ils étaient déjà tournés vers elles, comme certaines autres formations politiques, depuis le précédent chronogramme fixant la fin de la transition à mars dernier.

Mohamed Kenouvi

Moussa Mara : « Aucun pays étranger ne sortira le Mali de ses difficultés »

L’ancien Premier ministre Moussa Mara a procédé le 12 juillet à la dédicace de la réédition par Figuira Éditions de son livre « Pour un Mali Meilleur », édité pour la première fois en 2006 aux Éditions Jamana. Dans cet ouvrage, le Président d’honneur du parti Yelema présente ses pistes de solutions à certains maux du Mali.

Pourquoi une réédition de cet ouvrage?

Ce livre a été édité il y a 16 ans et les sujets qu’il traite sont encore d’actualité. Je dirais même que les maux qui ont été traités se sont aggravés. Nous avons donc jugé nécessaire de l’actualiser, de maintenir le titre et les différentes thématiques et de le présenter sous un jour nouveau, en relançant les débats dans le pays à une période appropriée. Vous savez que nous sommes en transition, que nous sommes en train de parler de refondation, de changement, de reconstruction. Nous voulons donc contribuer au débat par rapport à toutes les réformes à conduire dans le pays, en matière de décentralisation, politique, institutionnelle, en termes de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption.

Avez-vous toujours de l’espoir pour un Mali meilleur, si 16 ans après les choses ont empiré ?

Il y a toujours de l’espoir pour une collectivité humaine, quelle qu’elle soit. Il y a des pays africains qui sont passés par des situations pires que la nôtre et qui sont aujourd’hui dans des situations bien meilleures que beaucoup d’autres. Aucun pays étranger ne sortira le Mali de ses difficultés. Ce sont les Maliens qui le feront. Pour cela il faut qu’eux-mêmes soient conscients qu’il y a des efforts à fournir, qu’ils placent l’intérêt du Mali au-dessus de leurs intérêts personnels et qu’ils sachent se donner la main, derrière leurs leaders, pour parcourir les chemins difficiles de la refondation.

Ce livre a l’air d’un projet de société….

Pour ce qui me concerne, presque tous les livres sont des projets de société. Je ne suis pas un romancier, plutôt un essayiste qui travaille essentiellement sur le Mali. Chaque fois que je vois une thématique qui mérite d’être traitée, je le fait et je continuerai à le faire. Cela montre mon idéal et est en même temps une piste pour l’atteindre.

Selon vous, les bases d’un Mali meilleur seront-elles posées durant cette période de transition ?

La transition n’est pas encore finie. Nous sommes dans une 3ème phase, avec beaucoup d’espoirs. Les deux autres ont été des phases de conflits. Cela annonce une période plus calme. La base dont nous avons besoin pour la refondation, c’est d’abord l’inclusivité. Nous sommes en train de l’entrevoir. Il appartient aux autorités de continuer dans cette direction.

Mohamed Kenouvi