À Bamako, les autorités ont commencé à détruire plusieurs habitations construites dans les servitudes de marigots. L’objectif est clair : prévenir de nouvelles inondations dramatiques, comme celles de 2024. Pourtant, derrière le bruit des pelleteuses, ce sont aussi des cris étouffés que l’on entend, ceux des familles qui affirment n’avoir reçu ni avertissement, ni accompagnement, ni indemnisation.
Beaucoup découvrent du jour au lendemain que leur maison est devenue illégale. Ils soutiennent n’avoir pas été sensibilisés, encore moins associés à la démarche. Si certaines constructions sont à risque, faut-il pour autant confondre urgence et précipitation ? Démolir sans expliquer, c’est ajouter la douleur à la perte et l’humiliation à la précarité.
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Le Mali traverse une période critique. L’insécurité persiste, les services sociaux sont fragilisés, les prix grimpent. Dans ce contexte, chaque décision devrait être pesée à l’aune de son impact humain. Une opération mal préparée, même justifiée, peut déclencher des tensions sociales. À force de frustrations non entendues, c’est la cohésion sociale qui s’érode.
Prévenir les inondations, oui, mais pas à n’importe quel prix. Il faut dialoguer, expliquer, proposer des solutions de relogement dignes. L’État gagnerait en autorité en montrant qu’il sait conjuguer fermeté et compassion. Sinon, ces démolitions risquent d’apparaître comme une punition plutôt qu’une protection.
Rien n’est plus légitime que de vouloir sauver des vies. Mais il faut le faire avec les populations et non contre elles. C’est à cette condition que la prévention deviendra une œuvre de reconstruction et non une source supplémentaire de fractures dont le pays pourrait vraiment se passer.