Bamako : Les divorces en hausse

Le divorce est devenu très fréquent à Bamako, particulièrement chez les jeunes couples, malgré les efforts de médiation de certaines…

Le divorce est devenu très fréquent à Bamako, particulièrement chez les jeunes couples, malgré les efforts de médiation de certaines structures d’accueil. Autrefois perçu comme rare et socialement mal accepté, il tend aujourd’hui à se banaliser pour des raisons multiples.

Longtemps le divorce a été mal vu dans la société malienne. Il était peu courant de rencontrer un couple séparé. Les données disponibles montrent désormais une hausse continue des ruptures dans le District de Bamako. Selon des statistiques officielles, plus de 8 130 divorces ont été enregistrés en 2022 dans les 6 communes, contre 6 950 mariages la même année. D’après certaines sources, les tribunaux de la capitale traiteraient plus de 150 dossiers de divorce par semaine. Ces évolutions concernent notamment les jeunes ménages.

Les causes invoquées sont diverses. Des observateurs citent en premier lieu les difficultés financières des foyers, mais aussi les problèmes de communication, les violences conjugales, les incompatibilités durables et les tensions avec la belle-famille. Le sociologue Hama Yalcoye souligne que la transformation des normes sociales a modifié les dynamiques conjugales : « depuis que les parents se sont déchargés du choix de la personne pour leurs enfants, la durée du mariage équivaut à la durée d’un feu d’artifice », estime-t-il. Les mésententes entre belle-fille et beaux-parents alimentent également de nombreux conflits.

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Multiples médiations

Malgré la hausse des chiffres, beaucoup de couples tentent d’éviter la séparation en recourant à une médiation avant de saisir la justice. Les centres d’accueil, les services de police, certaines associations et même les parquets privilégient d’abord la conciliation. Deme So, qui offre une assistance juridique gratuite, dit accompagner environ 200 femmes par an et constate une augmentation annuelle de 15 à 20% des demandes liées au divorce. Les femmes sont majoritaires parmi les requérants, selon les structures d’appui. L’Association pour le progrès et le droit des femmes, qui suit des dizaines de cas chaque mois, rappelle que son rôle premier est la médiation. Sa Présidente, Bintou Coulibaly, souligne que l’organisation n’encourage pas d’emblée une action en justice et cherche d’abord à préserver le couple lorsque cela est possible.

Au plan juridique, le Code des personnes et de la famille (2011) encadre les procédures, notamment le consentement mutuel et le divorce pour faute. À Bamako, la hausse des saisines et le recours croissant aux dispositifs d’accompagnement témoignent d’une réalité familiale en évolution. Les acteurs de terrain mettent l’accent sur la prévention, l’information et l’orientation des couples vers des solutions de médiation avant toute décision de dissolution.

Joseph Amara Dembélé