Ce qui devait n’être qu’un outil de promotion commerciale est en train de se transformer en piège numérique. À Bamako, les sessions « live » sur TikTok, devenues populaires pour la vente en ligne, font émerger un phénomène aussi inquiétant que pervers. C’est de l’escroquerie en temps réel.
Le mécanisme est aussi simple qu’efficace. Une vendeuse – ou un vendeur – présente ses articles en direct. Un internaute intéressé commente, souvent en laissant son numéro de téléphone pour être recontacté. C’est à ce moment-là que les arnaqueurs rôdent. Ils appellent dans la foulée, se faisant passer pour un soi-disant « livreur » ou « collaborateur », exigeant un paiement mobile money immédiat pour une commande fictive. Le client, pris de court, s’exécute. Mais la marchandise n’arrivera jamais. Quant au compte TikTok responsable du live, il niera toute implication.
Ce phénomène alarmant révèle un trou béant dans la régulation du commerce en ligne au Mali. Aucun cadre légal n’oblige aujourd’hui les vendeurs à vérifier l’identité des acheteurs ou des commentateurs. Les réseaux sociaux, quant à eux, n’ont ni la volonté ni la capacité de sécuriser ces échanges informels. Résultat : ce sont les citoyens, souvent modestes, qui paient le prix fort.
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Il est urgent d’alerter l’opinion publique, de lancer des campagnes de prévention massives et d’imaginer un cadre juridique adapté à l’économie numérique locale. Car derrière chaque live se cache désormais une possible escroquerie. Il en va de la confiance numérique, mais aussi de la dignité de vendeurs honnêtes désormais discrédités malgré eux. À Bamako comme ailleurs, la technologie ne doit pas être un prétexte à l’impunité.
Massiré Diop