Le géant canadien de l’or Barrick Gold Corporation a annoncé ce 29 septembre la nomination de Mark Hill au poste de PDG par intérim. Depuis juin, le complexe Loulo-Gounkoto, l’un de ses plus importants sites d’exploitation en Afrique de l’Ouest, est placé sous administration provisoire avec Soumana Makadji à sa tête.
L’entreprise, considérée comme l’un des plus grands producteurs d’or au monde et un acteur majeur du secteur minier malien, traverse une étape décisive dans un contexte de contentieux avec l’État malien, actuellement examiné devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). Le différend porte sur l’interprétation de clauses fiscales et contractuelles liées à ses activités aurifères, alors que Bamako a engagé une révision de ses accords miniers afin de renforcer la part de l’État dans l’exploitation des ressources naturelles.
Le conseil d’administration de Barrick a confirmé ce lundi la désignation de Mark Hill au poste de directeur des opérations et de président-directeur général par intérim, en remplacement de Mark Bristow, qui quitte ses fonctions après près de sept ans à la tête du groupe. Hill, en poste depuis 2006, a piloté plusieurs projets stratégiques dans différentes régions et aura pour mission d’assurer la transition jusqu’à la nomination d’un successeur permanent.
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Le 16 juin 2025, le Tribunal de commerce de Bamako a ordonné la mise sous administration provisoire du complexe Loulo-Gounkoto pour une période de six mois. La gestion des opérations a été confiée à Soumana Makadji, chargé d’assurer la supervision quotidienne et de maintenir le dialogue avec les autorités nationales jusqu’à la résolution du contentieux.
Le litige porte notamment sur des arriérés fiscaux et dividendes non versés, estimés à environ 300 milliards de francs CFA (512 millions de dollars), réclamés par l’État malien. Barrick affirme pour sa part avoir déjà versé 50 milliards de francs CFA (environ 85 millions de dollars) à titre de paiement partiel, tout en contestant le reste des montants devant les juridictions compétentes.
Dans le cadre de la procédure engagée devant le CIRDI, l’État malien a désigné Sidibi Darankoum, enseignant de droit à l’Université de Montréal et ancien secrétaire permanent de l’OHADA (2019-2023), comme arbitre et conseil dans ce dossier. Barrick a pour sa part nommé Me Eric Schwartz, avocat spécialisé en arbitrage international. Conformément aux règles de l’arbitrage, un président du tribunal doit encore être désigné conjointement par les deux parties avant l’ouverture des audiences.
Barrick demeure l’un des plus importants investisseurs étrangers dans le secteur aurifère malien, ses activités représentant une part significative des recettes d’exportation. L’entreprise affirme respecter ses engagements contractuels et se dit déterminée à poursuivre ses opérations dans un environnement juridique stable.
La procédure en cours pourrait redéfinir les relations entre l’État et les sociétés minières opérant au Mali. Aucun calendrier précis n’a pour l’heure été communiqué quant à la suite du dossier, et ni Barrick ni les autorités n’ont fourni de commentaires détaillés sur l’évolution des discussions.
Depuis sa fusion avec Randgold en 2019, Barrick a investi dans plusieurs projets majeurs en Afrique et versé plus de 6,7 milliards de dollars à ses actionnaires, tout en réduisant significativement son endettement. L’issue du contentieux en cours sera déterminante pour l’avenir de ses activités au Mali et pour l’équilibre des relations entre l’État et les investisseurs internationaux dans le secteur minier.