Dans cette interview, Cheick Oumar Diallo, homme politique et auteur du livre Mali 3.0, expose les réformes qu’il propose pour transformer le Mali. Il insiste sur la nécessité d’une rupture avec l’ancien système et sur l’importance d’une responsabilité collective pour le pays. Propos recueillis par Massiré Diop.
Dans Mali 3.0, vous appelez à une rupture avec l’ancien système. Quelles réformes prioritaires proposez-vous ?
La rupture que je propose est une nécessité historique, non un slogan. Elle passe par trois réformes-clés : la gouvernance, pour mettre fin à l’impunité et assurer une gestion transparente des ressources publiques ; la réforme institutionnelle, pour rapprocher l’État des citoyens et soutenir les initiatives locales et la réforme économique, axée sur la souveraineté alimentaire et énergétique, pour réduire notre dépendance extérieure. Ces réformes nécessitent une volonté politique forte et l’implication citoyenne, car aucun changement durable ne peut se faire sans l’adhésion collective.
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Vous insistez sur un sursaut citoyen. Comment susciter ce réveil, surtout chez les jeunes, souvent désillusionnés ?
Il faut parler vrai aux jeunes, qui savent que le Mali ne leur offre pas les opportunités qu’ils méritent. Le sursaut citoyen naîtra d’une confiance retrouvée, en les écoutant, en valorisant leurs initiatives et en leur donnant un rôle réel. Leur offrir des perspectives concrètes dans l’emploi, la formation, l’entrepreneuriat ou l’innovation les incitera à s’engager. C’est ce souffle nouveau que Mali 3.0 appelle de ses vœux.
L’éducation occupe une place centrale dans votre vision. Comment en faire un vrai levier de souveraineté et de développement aujourd’hui ?
L’éducation est le socle sans lequel toutes les réformes resteront vaines. Il ne s’agit pas seulement de construire des écoles, mais de repenser les contenus et les objectifs pour former des citoyens conscients de leur histoire, fiers de leur culture et capables d’innover. Investir dans la formation technique, scientifique et numérique est essentiel pour maîtriser nos ressources, créer nos entreprises et sortir de la dépendance. L’éducation doit devenir notre première arme de souveraineté.
Vous évoquez la responsabilité collective. Quel rôle doivent jouer les citoyens, les élites et la diaspora dans ce Mali 3.0 ?
Chacun doit contribuer à la reconstruction nationale. Les citoyens doivent s’engager, défendre l’intérêt commun et refuser la corruption. Les élites doivent donner l’exemple en plaçant le service à la Nation avant les intérêts personnels. La diaspora, force de compétences et de financements, doit être pleinement impliquée comme acteur du changement. Mali 3.0 est une œuvre collective que l’État ne peut mener sans la mobilisation de toutes ses forces vives.