L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale sont aujourd’hui confrontées à une crise alimentaire sans précédent, marquée par une hausse dramatique du nombre de personnes en insécurité alimentaire. D’après les dernières données du Programme alimentaire mondial, plus de 52 millions de personnes pourraient se retrouver en situation de crise alimentaire entre juin et août 2025, une période critique appelée la soudure, au cours de laquelle les réserves alimentaires s’épuisent avant la prochaine récolte.
Ce chiffre représente une progression alarmante par rapport aux 36 millions de personnes déjà affectées à la fin de l’année précédente.
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Cette détérioration rapide s’explique par une combinaison de facteurs structurels et conjoncturels. Les conflits armés persistants dans des régions comme le Sahel, le bassin du lac Tchad ou l’Est de la RDC entraînent des déplacements massifs, qui touchent actuellement plus de 10 millions de personnes. La majorité de ces déplacés ont perdu tout accès à leurs terres, à leur bétail et à leurs moyens de subsistance. À cela s’ajoutent les effets dévastateurs du changement climatique : sécheresses prolongées, inondations imprévisibles, destruction des récoltes. Rien qu’en 2024, plus de six millions de personnes ont été directement affectées par des catastrophes climatiques majeures.
Sur le plan économique, la situation ne cesse de se dégrader. L’inflation affecte particulièrement les produits alimentaires de base comme le mil, le riz ou le maïs. Dans certaines zones du Niger, les prix des céréales ont augmenté de 70 à 80 % en un an. L’effondrement du pouvoir d’achat et la faiblesse des filets de sécurité rendent l’accès à la nourriture de plus en plus difficile, notamment pour les foyers urbains pauvres et les zones rurales isolées.
Les conséquences humanitaires sont particulièrement sévères chez les enfants. On estime aujourd’hui à près de 17 millions le nombre d’enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë dans cette partie du continent. Au Mali, plus de 2 600 personnes seraient déjà confrontées à une situation de famine, selon les grilles d’évaluation internationales.
Chute des ressources
Alors que les besoins explosent, l’aide humanitaire fait face à une crise de financement. Le PAM a vu ses ressources chuter de 40 % pour 2025. Faute de fonds suffisants, plus de cinq millions de personnes pourraient être privées d’assistance vitale au cours des prochains mois. Les mécanismes de réponse humanitaire sont donc sous tension, d’autant plus que l’insécurité entrave l’accès à certaines zones et limite la distribution de vivres.
Face à cette situation, les appels se multiplient en faveur d’une mobilisation urgente. Au-delà de l’aide immédiate, les organisations humanitaires plaident pour des solutions durables telles que le soutien à la production agricole locale, l’accès aux intrants, la protection sociale, la diversification des revenus. Sans un sursaut rapide de la communauté internationale, cette crise pourrait basculer vers une catastrophe humanitaire de très grande ampleur.