PersonnalitésInterview, Personnalités




Dr. Amidou Tidiani : « C’est du fait que l’AES ait permis à ses États membres de résister collectivement face à la CEDEAO qu’a résulté l’idée d’en faire un outil politique et idéologique ».  

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont crée l’Alliance des Etats du Sahel, devenue confédération AES en juillet…

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont crée l’Alliance des Etats du Sahel, devenue confédération AES en juillet 2024. De quoi raviver le rêve fédéral du Mali. Dr Amidou Tidiani, enseignant-chercheur à l’Université Paris 13, répond à nos questions. Propos recueillis par Mohamed Kenouvi.

65 ans après l’échec de la Fédération du Mali, la Confédération AES pourrait-elle aboutir à une Fédération des États du Sahel ?

Par comparaison à la fédération du Mali, l’AES a une construction paradoxale. Initialement, il s’agissait d’une alliance d’infortune et de circonstance, dans un contexte d’opposition à la CEDEAO. Cette alliance n’avait initialement aucune consistance politique, ni idéologique.

LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ



C’est du fait que l’AES ait permis à ses États membres de résister collectivement face à la CEDEAO qu’a résulté l’idée d’en faire un outil politique et idéologique. On est ainsi passé d’une alliance de protection de régimes militaires à un projet politique.

Aujourd’hui, force est de constater que ce projet se renforce, se concrétise et prend un air beaucoup plus concret. Cependant, on est encore loin d’un véritable État fédéral comme le Mali d’il y a 65 ans.

En tant que précurseur de l’aspiration fédérale sous Modibo Keita, quel rôle pourrait jouer le Mali dans la concrétisation d’un État fédéral sahélien ?

Le Mali fait déjà office de locomotive de l’AES. C’est le précurseur de la résistance d’un régime militaire issu d’un coup d’Etat face à la CEDEAO. Les autres ont capitalisé sur l’expérience malienne. À cet égard, le Mali détermine le tempo de l’Alliance. Tant que l’AES restera gouvernée par des régimes militaires comme c’est le cas aujourd’hui, la dynamique malienne perdurera.

La consistance politique et idéologique de la fédération au sens de Modibo Keita est totalement différente de celle de Assimi Goita. Mais il me semble effectivement que l’AES inspire l’intégration sous régionale, idée chère à Modibo Keita.

Aujourd’hui, un peu plus d’un an après la création de la Confédération AES, quel regard portez-vous sur son évolution ?

S’il faut faire bilan, force est de constater que l’AES a réussi son  premier combat : celui de la résistance de ses membres face à la CEDEAO.

Cependant, le second volet sur lequel s’est construite l’AES (le volet sécuritaire) offre un bilan assez mitigé. La communication est importante mais les résultats restent à percevoir. Si l’AES atteint l’objectif de la sécurisation des territoires de ses Etats membres, elle s’inscrira définitivement dans le décor institutionnel sous-régional comme un acteur incontournable et attirera alors de nouveaux membres.