À la recherche des maires perdus

La catastrophe est déclarée. La population, éprouvée, ne sait plus à quel maire se vouer. Avec toutes les peines du…

La catastrophe est déclarée. La population, éprouvée, ne sait plus à quel maire se vouer. Avec toutes les peines du monde, on essaye d’anticiper, de ruser, mais on se fait difficilement à la réalité. Cette sinistre image d’un Bamako sans célébration de mariages dans les mairies. Et ce, une semaine durant, une éternité. Comment y survivre ? Le supplice est trop affligeant. Que vont faire les griots et les griottes ? Restez chez eux toute une semaine sans déployer leurs cordes vocales pour magnifier les nombreuses unions dans la ville. Où gagner à la sueur de leurs « voix » leur « argent » pour le taxi ? Une pensée émue pour ces DJs qui, le temps d’une matinée, se transforment en cigales. Nous ne les oublions pas. Sans tomber dans le machisme, par les temps qui courent, sait-on jamais, la précision n’est pas de trop, nous pensons à ces « sœurs » qui avaient soigneusement porté des coups de peigne à leurs éphémères chevelures. À ces « frères » qui devront laisser au placard leurs costumes d’un jour. À ces « dames » qui monnayent leurs talents culinaires et devront s’armer de patience pour peindre les œufs aux couleurs nationales. Aux caméramans et photographes, dont la location des appareils sera différée. À ces vendeurs de volailles, dont les gallinacés ne seront pas dans les soupes devant aider la jeune mariée. À toutes ces personnes qui se posent des questions existentielles. Nous ne vous oublions pas. À ces « femmes » également, qui, le temps d’une semaine, garderont leurs petites coupures tout au fond du portefeuille. Voyons aussi le bon côté : à ces Maliens qui passeront une inédite journée dominicale, sans les incessants klaxons ou les bruits des amplis. Et ce au lendemain de la célébration du Maouloud. Disons donc … aux maires grévistes.

Boubacar Sidiki Haidara