« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots ». Nous pourrions tropicaliser cette célèbre citation de Martin Luther King en remplaçant vivre par combattre. Le 24 avril 2023, le Niger a célébré la Journée nationale de la Concorde, qui commémore la signature, le 24 avril 1995, des accords de paix entre le gouvernement et la rébellion armée. Au cours de cette cérémonie, le Président de la Haute autorité à la consolidation de la paix du Niger, le général Mahamadou Abou Tarka, a tenu des propos forts à l’endroit des autorités de transition du Mali et du Burkina Faso. Selon lui, ces « juntes » sont dans une fuite en avant pour garder le pouvoir, se sont isolées de la communauté internationale et ne reçoivent aujourd’hui aucun soutien, ni financier, ni militaire. « Elles se gargarisent de slogans creux et font la guerre à coup de communiqués mensongers et de propagande sur les réseaux sociaux. Le réveil n’en sera que plus douloureux ». Ces déclarations risquent d’enflammer un brasier déjà ardent entre le Niger et le Mali, notamment après les propos peu courtois des autorités respectives des deux pays. Une réponse salée côté malien et burkinabè ne devrait pas surprendre. En sus, si les relations avec le Mali sont déjà compliquées, pour le Burkina, c’est autre chose. Si le Mali s’est retiré du G5 Sahel, le Burkina en est toujours membre et cette institution, déjà fragile, risque d’en pâtir et de rester dans un cercueil ad vitam aeternam. Les trois pays partagent aussi de larges frontières poreuses, épicentres de violences terroristes. De ces divisions profiteront les terroristes et les populations civiles en subiront les conséquences. L’incapacité des gouvernements à protéger les habitants sera par la suite indexée. La guerre contre le terrorisme n’est pas encore gagnée, loin de là, et cela nous devons le comprendre et « vivre – combattre ensemble », comme des frères.