Enfin, diront certains. Le projet de nouvelle Constitution a été remis ce lundi au Président de la Transition. Première observation : la cérémonie de remise s’est tenue le 27 février, soit un mois tout juste après la publication du décret portant nomination des membres de la Commission de finalisation du processus. Leur mission ne devait dépasser 15 jours… et être conduite par une cinquantaine de personnalités. Finalement la liste contenait 69 noms, moins 1 avec le désistement du représentant de la CMA. Dans le document final, les changements notables sont tout d’abord au niveau du Préambule avec plusieurs reformulations et ajouts, notamment la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. L’une des principales innovations par rapport à la Constitution de 1992 est qu’au-delà de la défense de la patrie, qui est un devoir pour tout citoyen, tous ceux âgés de 18 ans peuvent être mobilisés aux côtés des forces armées et de sécurité. En sus, les membres de la Commission ont prêté l’oreille aux différents débats de ces dernières semaines et voulu ménager la chèvre et le chou. Ainsi, le français n’est plus la langue d’expression officielle mais de travail et les langues nationales sont les langues officielles. La forme laïque de l’État est préservée, mais soin a été pris d’ajouter un paragraphe expliquant que la laïcité ne s’oppose pas à la religion et aux croyances. Les pouvoirs du Président sont renforcés et certaines des prérogatives que l’avant-projet lui avait enlevées lui sont restituées, comme dissoudre l’Assemblée nationale. Le Président peut également être destitué sur un modèle à l’américaine, mais, au vu de la vie politique sous nos cieux, notre génération ne risque pas d’assister à un tel scénario. Aujourd’hui, ce serait un euphémisme que d’affirmer que cette Constitution ne sera pas soumise au vote des Maliens le 19 mars prochain. Pour plusieurs raisons, entre autres l’effectivité de l’AIGE et de ses démembrements et la carte biométrique, dont nous n’avons pas encore vu la couleur, comme carte d’électeur.
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