Deux minutes pour rompre

C’est une nouvelle polémique Made in France. Comme ce pays en a trop souvent l’habitude. Les joueurs de football musulmans…

C’est une nouvelle polémique Made in France. Comme ce pays en a trop souvent l’habitude. Les joueurs de football musulmans qui évoluent dans le championnat ne bénéficieront pas d’une petite pause pour rompre leur jeûne. Deux minutes pour manger une datte et boire de l’eau ne sera pas possible, selon un principe, d’après la Fédération française de football, celui du respect de la laïcité dans ce sport. Les médias français se sont emparés de la question pour en faire des débats, avec des experts « football et ramadan » qui ne cessent de fleurir pour les alimenter. De l’autre côté de la Manche pourtant, en Angleterre, les instances dirigeantes ont décidé d’arrêter le jeu quelques minutes afin que les joueurs rompent leur jeûne. Le club anglais de Chelsea a même ouvert les portes de son stade à ses supporteurs pour leur permettre de faire un Iftar collectif. Résultat, la Premier League est saluée pour son ouverture et la société anglaise pour sa tolérance vis-à-vis de la pratique religieuse. En Allemagne également, ainsi qu’aux Pays-Bas, les arbitres sont encouragés à stopper le match. L’Espagne et l’Italie, les deux autres grands championnats européens, n’ont pas pris position, mais un joueur marocain a pu rompre son jeûne le weekend dernier en profitant de l’entrée sur le terrain de soigneurs. En France, l’argument, c’est surtout que le jeûne et le football à haute intensité ne font pas bon ménage. L’entraineur du club de Nantes, Antoine Kombouaré, l’expérimente notamment en refusant de sélectionner un joueur musulman de son équipe jeûne. Pourtant, plusieurs joueurs enchainent les courses et jouent normalement même en jeûnante, Karim Benzema, Mohamed Salah ou N’Golo Kanté le prouvent. Cette nouvelle polémique renforce surtout une image de la France « hystérique » sur les questions liées à l’Islam et une tolérance à plusieurs vitesses vis-à-vis des religions.