Farabougou

Indignés, révoltés, perdus. Depuis deux semaines maintenant, le village de Farabougou, dans la région de Ségou, est assiégé par des…

Indignés, révoltés, perdus. Depuis deux semaines maintenant, le village de Farabougou, dans la région de Ségou, est assiégé par des terroristes, qui y ont imposé un blocus. Des échos qui en ressortent, des villageois ont été tués et d’autres se meurent à petit feu… de faim. Les forces armées maliennes ont, en début de semaine, parachuté des vivres sur le village sinistré. Sur les réseaux sociaux, comme très souvent l’on refait le monde et les « experts » pullulent. La stratégie questionne et les interrogations fusent. Pourquoi les FAMa nourrissent-elles les terroristes, pourquoi les avoir laissé s’installer dans la durée et à quand une intervention pour les déloger ? Évidemment, les relents de nationalisme qui habitent beaucoup d’entre nous peuvent amener à cette maïeutique, mais les conséquences doivent être pesées. Une intervention des FAMa dans ces circonstances pourrait s’avérer désastreuse, d’autant que des médiations sont en cours. Les terroristes ont eu le temps de prendre quartier dans le village. En vraie guérilla, les pièges y seront sûrement légion. La force est nécessaire pour imposer son autorité, mais pas en tout. Pour s’en convaincre, les exemples russe et algérien sont intéressants. En 2002 en Russie, l’assaut a certes contribué à mettre hors de combat la plupart des terroristes, mais elle a également causé la mort de 130 otages. En Algérie, en 2013, l’intervention des forces algériennes tue 29 terroristes et 37 otages. Les terroristes ayant pour habitude au Mali de se mêler à la population, toute action serait donc un quitte ou double. Et, si cela tournait mal, cela ne contribuerait évidemment pas à instaurer un climat de confiance entre les « locaux » et l’armée. Nous pouvons nous sentir mal devant la souffrance des habitants de Farabougou que nous ne pouvons qu’imaginer. Pour autant, ce sentiment ne doit pas nous empêcher d’être mesurés.