Implacable réalité

Le Mali et le Burkina Faso ont répété cette semaine la position déjà exprimée dans le communiqué conjoint du 1er août…

Le Mali et le Burkina Faso ont répété cette semaine la position déjà exprimée dans le communiqué conjoint du 1er août dernier. Une délégation envoyée au Niger ce lundi, conduite par le ministre d’État et porte-parole du gouvernement malien, a réaffirmé les intentions des autorités maliennes et burkinabés de participer aux opérations de « légitime défense » en cas d’intervention militaire de la CEDEAO, selon le terme qu’elles ont consacré. Si cette démarche renforce auprès de certains la « stature » panafricaniste des deux dirigeants, elle ne doit et ne peut faire oublier notre implacable réalité. Dans la région de Bandiagara, une attaque terroriste a fait 15 morts, des dégâts matériels et de nombreux déplacés le 5 août dernier. Le 25 juillet, le poste des FAMa de Kouakourou, dans le centre du pays, a fait l’objet d’une attaque terroriste décrite comme complexe par l’armée. Le bilan n’a toujours pas été communiqué. Au Burkina Faso, le dimanche 6 août, une vingtaine de personnes, pour la plupart des commerçants, ont été tuées, selon des sources locales. C’est d’abord cela, notre implacable réalité. Alors certains diront qu’aider le Niger en cas d’intervention de la CEDEAO, c’est aussi participer à la sécurisation de notre espace du fait des répercussions au Sahel. Mais cette logique m’échappe. On n’éteint pas un brasier en y ajoutant du bois. Une implacable réalité est qu’une solution négociée, diplomatique, est la meilleure voie. Les militaires qui ont renversé Mohamed Bazoum doivent aussi comprendre que, même avec toute la bonne volonté du monde, un dos ploie sous le poids de pressions sans cesse grandissantes. Ne pas accueillir les délégations officielles ne fera que tendre les positions. Autre implacable réalité, la CEDEAO a besoin d’autorisations pour agir militairement, notamment de l’ONU. Selon des experts, un mandat du Conseil de sécurité est nécessaire pour cela. Pas sûr que la Russie ou encore la Chine donnent leur aval à une telle intervention.