Le spleen noir

Nous n’avons plus les mots. Nous ne savons plus quoi dire, quoi écrire, pour traduire notre désarroi. Comme une impression…

Nous n’avons plus les mots. Nous ne savons plus quoi dire, quoi écrire, pour traduire notre désarroi. Comme une impression diffuse d’écrire le même éditorial, ou presque, chaque semaine. D’essayer d’expliquer tout le noir qui nous entoure, notre incompréhension face à cette crise énergétique sans précédent. Et, à chaque fois que nous pensons avoir atteint le fond, qu’il est impossible de faire pire, les longues heures, des heures qui ne se comptent plus, nous prouvent le contraire. Comment pouvons-nous espérer quoi que ce soit, alors que le minimum syndical à l’ère moderne, avoir de l’énergie, est devenu pour nous plus qu’un luxe ? Le silence de la grande majorité n’est pas de la résignation, mais de la peur. Ce silence est aussi un ras-le-bol face à une certaine indifférence, alors que plusieurs petits métiers se meurent. Nous vivons tout ceci alors que la période de chaleur débute et que nous entrevoyons dans moins d’un mois le Ramadan. Nous n’avons pour l’heure aucune visibilité sur des solutions à venir et le manque d’explications augmente cette expectative. Les perspectives sont sombres, noyées, au milieu de décisions aux conséquences possiblement lourdes qui nous font oublier un temps un malheureux quotidien. Cet oubli, nous l’avons aussi expérimenté durant le mois qu’a duré la CAN. Les vibrations et les émotions vécues ont été une parenthèse. Mais cette parenthèse est terminée, elle est derrière nous. Dans notre peine, nous ne souhaitons que travailler correctement, dormir paisiblement, profiter d’un service que nous payons. On nous répète telle une antienne que le Mali Koura ne se fera pas sans un Malien Koura, mais le nouveau Mali devrait préserver et garantir ce qui fonctionnait dans l’ancien. Se nourrir du passé pour façonner le présent et construire l’avenir. Pour l’heure, il ne nous reste que la lumière de nos réflexions et de nos imaginations.