Réalités alternées

Il est de ces situations où, après avoir longtemps subi réprimandes et injustices, l’occasion d’une réplique se présente à vous.…

Il est de ces situations où, après avoir longtemps subi réprimandes et injustices, l’occasion d’une réplique se présente à vous. Parfois même, après avoir longtemps mûri ce moment dans nos rêves les plus fous, notre réaction nous déçoit le plus souvent. Trop excessive ou pas assez, difficile de trouver le juste milieu. La France, « championne du monde » des libertés et des droits de l’Homme, toujours très prompte à rappeler à l’ordre les pays ou les dirigeants n’accordant pas les libertés élémentaires à leur population, est depuis plus d’un mois confronté à d’irréductibles gilets jaunes. Ces derniers, excédés par une fiscalité contraignante et une baisse de leur pouvoir d’achat, expriment leur ras-le-bol semaine après semaine dans les rues de l’Hexagone. Des heurts avec les forces de l’ordre sont constatés, chaque partie en rejetant la faute sur l’autre. Les uns dénoncent des casseurs et les autres une réaction disproportionnée des hommes en uniforme face à des manifestants désarmés. Ce tableau de l’absurde n’a pas manqué de faire réagir à travers le monde. Ceux qui sont présentés comme des autocrates se sont posés en donneurs de leçons afin de prodiguer des conseils très avisés au Président Macron et à la France. Le Président Vladimir Poutine, par exemple, en grand défenseur des droits humains, a appelé les « autorités parisiennes à s’abstenir de tout recours excessif à la force, conformément aux principes humanistes ». Son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, non sans une pointe de cynisme, a « condamné les violences à Paris », avant de prendre le monde à témoin afin qu’il puisse regarder « ce que font les policiers de ceux qui critiquaient nos policiers ». Il a conclu en affirmant suivre avec préoccupation la situation en France. Il ne manque plus que les réactions de la Corée du Nord et de certains pays africains pour compléter le tableau.