Festival Sogobô 2025 : Les marionnettes au service de la paix et du développement

Depuis le 20 mai, le Musée national du Mali accueille la deuxième édition du Festival international Sogobô, porté par la…

Depuis le 20 mai, le Musée national du Mali accueille la deuxième édition du Festival international Sogobô, porté par la Compagnie Sogolon. Devant un public nombreux, marionnettes géantes, masques rituels et danses initiatiques célèbrent la mémoire et l’ancrage culturel.

« Ce que vous voyez là, ce ne sont pas que des objets. Ce sont des voix, des héritages. Ce sont nos bibliothèques vivantes », rappelle Yaya Coulibaly, figure tutélaire du théâtre africain de marionnettes, dont l’œuvre est classée au Patrimoine mondial immatériel. Il voit dans cette édition un moment décisif pour sensibiliser la jeunesse à la richesse de l’oralité. Selon lui, « la marionnette, c’est politique, éducatif et profondément spirituel ».

Le terme « Sogobô » signifie « sortie des masques et marionnettes » en bambara. Une tradition ancestrale que Yaya Coulibaly s’efforce de préserver et de moderniser depuis la création de sa compagnie en 1980. « Je dépends des marionnettes, ma famille vit uniquement pour cela. C’est ma banque, c’est mon territoire, c’est mon livre, c’est tout mon domaine et chaque jour que Dieu nous donne », confie-t-il.

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Le thème retenu cette année, « La culture, facteur de paix, de cohésion sociale et de développement socio-économique », donne le ton d’un programme riche, marqué par des spectacles inspirés des épopées bambaras, des restitutions de formations dans les quartiers périphériques et la participation de jeunes artistes issus de l’Institut national des arts et du Conservatoire. Le centre Happy Théâtre de Dialakorodji a notamment présenté une performance poignante sur les violences domestiques.

Le programme comprend également des ateliers de fabrication et de manipulation, des expositions, des conférences-débats et des master classes. Ces activités visent à renforcer les liens sociaux et à promouvoir la culture comme levier de développement.

En coulisses, l’organisation repose sur un équilibre fragile entre passion et faibles ressources. Aucune enveloppe budgétaire officielle n’a été rendue publique, mais les organisateurs évoquent des « moyens très limités », partiellement compensés par l’appui logistique de l’UNESCO et de partenaires comme Moov Africa ou Instruments 4Africa. « Il faut créer de la valeur culturelle avec presque rien, mais nous tenons debout », résume un membre de l’équipe.

Le festival joue aussi un rôle discret mais essentiel, en ce sens qu’il rémunère des dizaines d’artisans, couturiers, musiciens, forgerons, sculpteurs et jeunes comédiens. Il ravive des réseaux de transmission souvent rompus et remet en lumière des figures comme les Trésors Humains Vivants du Mali.

Le Festival international Sogobô s’impose comme un rendez-vous majeur pour les amateurs d’art et de culture, offrant une immersion rare dans l’univers des masques et marionnettes du Mali.

MD