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Football féminin : pourquoi tarde-t-il à décoller ?

Le football féminin est encore loin d’être une priorité au Mali. Les joueuses, qui trainent leur spleen, s’expatrient ou abandonnent, et les dirigeants…

Le football féminin est encore loin d’être une priorité au Mali. Les joueuses, qui trainent leur spleen, s’expatrient ou abandonnent, et les dirigeants ont posé le curseur ailleurs.

Sous d’autres cieux, notamment en Amérique du Nord, l’heure est à l’égalité salariale pour les sélections nationales masculines et féminines. Les Américaines, qui ont plus de succès que leurs homologues masculins, ont obtenu un accord historique en mai 2022. Il a fait des émules. Début 2023, les Canadiennes ont décidé de faire grève pour exiger la parité salariale entre elles et la sélection masculine et ont obtenu un accord de principe. Au Mali, nous en sommes encore loin. Le football féminin peine à prendre son envol et, d’après nos interlocuteurs, les décideurs ne se bousculent pas pour changer la donne. « Le championnat est bâclé. Il est organisé juste pour dire qu’il y en a un », juge, amère, Zeinabou Sidibé, ancienne joueuse du FC Amazones qui vit aujourd’hui au Canada pour ses études. 12 équipes composent le championnat de 1ère division. Elles sont réparties en 2 groupes de 6 et les 2 premières s’affrontent en finale. La saison dernière, elles ont joué en aller simple, cette saison en aller-retour. Un choix qui a le don d’agacer. Avant, lorsque Fatou Camara était à la tête de la Commission centrale du football féminin, la discipline se frayait un chemin. L’ancienne joueuse et capitaine de la sélection nationale avait réussi le pari d’organiser un championnat à 22 journées, avec des équipes régionales et des matchs se disputant dans des stades nationaux. Mais depuis qu’elle s’est envolée en 2018 vers Dakar pour prendre en charge le Bureau régional de la FIFA, la situation a changé, assure Sidibé. « Le football féminin n’a aucune valeur aux yeux des dirigeants ».

Difficile préparation

De ce championnat « précaire », la sélection nationale pâtit. Les meilleures joueuses s’expatrient dès que l’occasion se présente et d’autres abandonnent, d’autant que le conservatisme sociétal ne voit pas d’un bon œil une femme footballeuse. À l’orée des compétitions, faute de stades, les joueuses s’entrainent sur des terrains « amateurs ». Conséquence, l’équipe nationale enchaine les mauvais résultats. L’horizon est loin d’être rose.  Pour un analyste qui a requis l’anonymat, ce n’est pas surprenant. L’économie autour du football féminin est encore précaire, voire inexistante. « Cela ne fait pas se lever les foules. Il n’est pas étonnant que les dirigeants misent sur ce qui marche ».