France : Sébastien Lecornu reconduit mais déjà fragilisé malgré ses gestes d’ouverture

Le nouveau gouvernement peine à trouver sa stabilité malgré les appels au dialogue. Les gestes d’apaisement du Premier ministre ne…

Le nouveau gouvernement peine à trouver sa stabilité malgré les appels au dialogue. Les gestes d’apaisement du Premier ministre ne suffisent pas à dissiper les menaces politiques qui planent sur Matignon.

Sébastien Lecornu a été reconduit à la tête du gouvernement le 10 octobre 2025, moins d’un mois après la chute de son premier cabinet. Le président de la République lui a renouvelé sa confiance dans un contexte de forte tension parlementaire. Le chef du gouvernement a tenté de composer une équipe plus large, intégrant des personnalités venues du centre droit et du centre gauche, tout en conservant la ligne politique de la majorité présidentielle. Cette ouverture, présentée comme une main tendue, visait à consolider une coalition plus stable et à ramener une forme de sérénité institutionnelle.

Malgré ces ajustements, le climat demeure incertain. Le gouvernement ne dispose toujours pas d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale et reste dépendant de soutiens ponctuels. Les discussions engagées avec les différentes formations politiques n’ont pas permis d’aboutir à un accord durable. Les principaux partis d’opposition, notamment la France insoumise et le Rassemblement national, ont réaffirmé leur refus catégorique de toute collaboration. Du côté du Parti socialiste, le dialogue engagé avec Matignon n’a pas débouché sur un compromis. Le PS a maintenu la possibilité d’une motion de censure si ses demandes sur les salaires, la fiscalité et la protection sociale ne trouvaient pas d’écho.

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Dans ce contexte, la fragilité du nouvel exécutif reste manifeste. Chaque vote important, à commencer par celui du budget 2026, pourrait devenir une épreuve décisive. Les appels de Sébastien Lecornu à la responsabilité collective n’ont pour l’heure pas inversé la dynamique. L’Assemblée demeure fragmentée, partagée entre des blocs politiques irréconciliables. Les Républicains se montrent divisés, certains élus refusant tout rapprochement tandis que d’autres privilégient une abstention de prudence. Le parti Horizons, dirigé par Édouard Philippe, participe au gouvernement mais conserve une attitude critique, demandant davantage de concertation et de visibilité dans les arbitrages.

La composition du nouveau cabinet illustre cette volonté d’équilibre. Autour de Sébastien Lecornu figurent des ministres issus de Renaissance, du MoDem et d’Horizons, mais aucun représentant des forces d’opposition. Laurent Nuñez conserve l’Intérieur, Roland Lescure reprend l’Économie et Catherine Vautrin s’installe aux Armées. Jean-Noël Barrot, proche d’Édouard Philippe, hérite des Affaires étrangères tandis que Monique Barbut prend la Transition écologique. Cette configuration traduit une ouverture limitée, davantage centrée sur la consolidation du socle présidentiel que sur un véritable élargissement politique.

Les signes d’apaisement envoyés par le Premier ministre n’ont pas suffi à désamorcer les tensions. L’abandon de certaines mesures contestées et les engagements symboliques autour du dialogue social n’ont pas convaincu une opposition qui reste vigilante. Le climat parlementaire demeure tendu, et la possibilité d’une censure n’est pas écartée. Le gouvernement, reconduit à peine installé, évolue dans un équilibre précaire entre concessions mesurées et nécessité de gouverner.

 

Sous la lumière d’un second mandat à haut risque, Sébastien Lecornu tente de préserver l’autorité de l’exécutif tout en évitant une nouvelle crise politique. Le temps dira si ces gestes d’ouverture suffiront à stabiliser un pouvoir en quête de souffle dans un paysage politique plus fragmenté que jamais.