La campagne pour le référendum constitutionnel en Guinée prend fin ce jeudi 18 septembre, à 3 jours du scrutin prévu le dimanche 21 septembre. Le projet soumis aux électeurs vise à remplacer la Constitution de 2020 et intervient dans un climat politique marqué par la suspension de partis majeurs et des appels au boycott.
Le texte renforce nettement les prérogatives de l’Exécutif. Il prévoit un mandat présidentiel de sept ans renouvelable une seule fois et accorde au chef de l’État le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale dans plusieurs hypothèses, notamment en cas de motion de censure. La création d’un Parlement bicaméral est introduite, avec un Sénat dont un tiers des membres sera nommé directement par le Président. Le projet supprime également l’interdiction de candidature imposée aux membres des autorités dans la Charte de transition, ouvrant ainsi la voie à une éventuelle candidature du Président de la Transition, Mamadi Doumbouya. Ce dernier avait promis de restituer le pouvoir à un gouvernement civil fin 2024, mais ce calendrier n’a pas été tenu. Par ailleurs, la Constitution ne pourra pas être révisée avant une période de trente années après sa promulgation, verrouillant durablement l’architecture institutionnelle.
La Loi L/2025/012/CNT encadrant le scrutin établit que le « Oui » l’emporte si la majorité absolue des suffrages exprimés est atteinte. Les résultats provisoires devront être publiés dans les trois jours suivant la réception des procès-verbaux et tout recours être déposé dans les 72 heures auprès de la Cour suprême. Un décret institue la Direction Générale des Élections (DGE) chargée d’organiser le référendum, de gérer le fichier électoral et de représenter la Guinée auprès des instances internationales. Les deux têtes de cette institution seront nommées par décret présidentiel.
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Depuis le 23 août, trois partis politiques d’opposition, dont l’UFDG de Cellou Dalein Diallo et le RPG de l’ancien Président Alpha Condé, ont été suspendus pour 90 jours, les empêchant de participer à la campagne. En exil, Cellou Dalein Diallo et d’autres figures de l’opposition ont appelé au boycott du référendum. Plusieurs organisations de défense des droits humains signalent également des restrictions de l’espace civique, avec des médias suspendus et un contrôle soutenu de l’information.
Alors que la campagne s’achève, les observateurs estiment que le rapport de force penche en faveur du « Oui », en raison de l’absence de mobilisation effective du camp opposé et du contexte institutionnel mis en place durant la Transition.
MD