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La radio à l’épreuve de l’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle s’impose peu à peu dans tous les secteurs et bouleverse les habitudes. Dans l’univers des médias, elle transforme…

L’intelligence artificielle s’impose peu à peu dans tous les secteurs et bouleverse les habitudes. Dans l’univers des médias, elle transforme la manière de produire, de diffuser et même de consommer l’information, notamment à la radio, où elle suscite autant d’espoirs que de craintes.

La révolution technologique n’a pas attendu l’IA pour transformer la production radiophonique. Le passage de l’analogique au numérique a profondément changé les pratiques, avec un montage simplifié, une qualité sonore améliorée et une plus grande autonomie pour les journalistes et les animateurs. Là où l’on manipulait autrefois des bandes magnétiques, des ciseaux et de lourds enregistreurs Nagra, quelques clics suffisent désormais pour créer, monter et diffuser un contenu. « La différence entre les deux époques, c’est de la lune à la terre », résume le journaliste Baba Djourté.

Mais l’arrivée de l’intelligence artificielle a ouvert une nouvelle étape. Voix synthétiques, textes générés, sons produits automatiquement… l’IA propose aujourd’hui une panoplie d’outils qui simplifient considérablement la production. De nombreuses radios disposent désormais de studios entièrement numériques capables de créer des éléments audio sophistiqués sans intervention humaine directe. Cependant, cette automatisation soulève une question essentielle : la radio peut-elle conserver son identité sans la voix humaine ?

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Pour plusieurs professionnels, la réponse est claire. « L’IA peut aider, mais elle ne remplacera jamais l’émotion humaine », souligne Diakaridia Dembélé, journaliste et enseignant à l’École supérieure de journalisme et des sciences de la communication. Selon lui, la machine ne fait que répondre à ce qu’on lui demande, alors que l’humain reste capable d’interprétation, de nuance et d’intuition.

Cette différence reste déterminante pour les rédactions qui veulent préserver leur authenticité. À Radio Kledu, par exemple, l’IA n’est pas utilisée dans la production quotidienne. « Elle peut être utile pour des tâches ponctuelles, mais elle ne peut pas respecter les principes fondamentaux de notre métier, comme la rigueur, l’éthique, la déontologie et le recoupement de l’information », explique M. Kane, rédacteur en chef adjoint. La vérification des faits demeure, selon lui, une responsabilité humaine.

L’intelligence artificielle comporte également des risques. Ses contenus ne sont pas toujours fiables et peuvent entraîner la diffusion d’informations inexactes si le travail de vérification n’est pas réalisé avec soin. Même si des outils comme ChatGPT ou Gemini sont de plus en plus consultés pour la recherche documentaire, ils ne remplacent pas le jugement professionnel du journaliste.

Reste que l’IA offre aussi de réelles opportunités. En accélérant la recherche d’informations, en facilitant le montage ou en suggérant des contenus, elle peut devenir un allié précieux pour les rédactions prêtes à évoluer. « Dans l’avenir, ces outils pourront même nourrir nos émissions sur les réseaux sociaux », anticipe Harouna Tidiane Ba, journaliste à Radio Kledu.

L’intelligence artificielle est donc à la fois une promesse et un défi pour la radio. Elle apporte des solutions techniques puissantes, mais elle ne saurait remplacer la dimension humaine qui fait la richesse de ce média : la voix, l’émotion, la sensibilité. Dans un environnement de plus en plus automatisé, c’est sans doute là que se jouera l’avenir de la radio.