La lutte contre la corruption au Mali est une œuvre de longue haleine que mènent ses acteurs depuis plusieurs années. Le manuel sur la gestion des finances publiques et la lutte contre la corruption, fruit d’un projet financé par l’Union européenne et mis en œuvre par la Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) et le CERM, dans le cadre du PROLAC‑GFP, est une contribution à ce combat. Publié en juin 2025, il est destiné à offrir aux acteurs une meilleure compréhension du phénomène et des clés pour une lutte plus efficace et plus rigoureuse.
Au total, 1 200 élèves fonctionnaires, étudiants et jeunes de la société civile ont bénéficié d’un renforcement de capacités sur la gestion des finances publiques et la lutte contre la corruption à travers 40 séminaires organisés à Bamako. Ces formations, dispensées en trois sessions de 7h30 chacune et articulées autour de huit chapitres, ont servi de base à l’élaboration du manuel. Celui-ci est destiné à un public encore plus large, comprenant également des acteurs sociopolitiques et des enseignants chercheurs, à qui il permettra d’approfondir leurs recherches et d’enrichir leurs pratiques en matière de bonne gouvernance.
En 300 exemplaires, le manuel sera disponible dans les bibliothèques universitaires, mais aussi remis aux acteurs sociopolitiques, « parce que le manuel a un caractère éducatif », souligne Gaoussou Dagnoko, le Coordinateur du projet. Conçu comme un outil pédagogique, il présente de façon accessible mais rigoureuse les principes, acteurs, outils et réformes en matière de gestion financière, établissant les liens entre corruption et mauvaise gouvernance et proposant des solutions pour mieux prévenir ce fléau.
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Une lutte biaisée ?
« La lutte contre la corruption ne se fait pas dans les règles de l’art depuis 2021 », estime pour sa part Moussa Touré, membre du Réseau des associations maliennes de lutte contre la corruption et la délinquance financière (RAMLCDF). Il déplore une lutte sélective, entachée de non respect des procédures et parfois perçue comme instrumentalisée.
Chaque année, le Vérificateur général révèle des irrégularités de plusieurs milliards de francs CFA dans la gestion publique. Pourtant, malgré les dénonciations et l’existence de mécanismes institutionnels, le phénomène persiste. Le manuel identifie notamment l’insuffisance de la volonté politique et un manque de coordination entre structures comme obstacles majeurs à la lutte.
Le rapport 2023 de l’OCLEI souligne aussi la faiblesse des déclarations de biens. Ainsi, sur 151 responsables centraux répartis entre 29 ministères, seuls 7 ont déposé leur déclaration en 2023 (soit 4,64%, contre 3,6% en 2022 et 15,23% en 2021), illustrant le long chemin qui reste à parcourir pour renforcer la transparence et la reddition des comptes au Mali.
Fatoumata Maguiraga