Le premier Forum économique Mali–Égypte, tenu à Bamako les 24 et 25 juillet 2025, a posé les fondations d’un partenariat sud-sud plus structuré. Si les chiffres restent modestes, les ambitions affichées sont claires et visent à diversifier, investir et bâtir.
Pendant deux jours, les délégations ministérielles et patronales des deux pays ont échangé autour d’une vision commune, à savoir faire de la coopération économique un levier de développement partagé. Un mémorandum d’entente a d’ailleurs été signé, prévoyant des mécanismes de dialogue régulier et d’appui technique. L’Égypte, représentée par une trentaine de dirigeants issus des secteurs industriel, minier, énergétique ou pharmaceutique, a exprimé sa volonté d’approfondir sa présence économique au Mali.
Les échanges commerciaux, pour l’instant déséquilibrés, traduisent un potentiel largement inexploité. En 2024, les exportations égyptiennes vers le Mali ont atteint 22,8 millions de dollars, contre moins de 200 000 dollars d’importations maliennes vers l’Égypte. À titre de comparaison, les échanges du Mali avec la Chine dépassaient les 300 millions de dollars sur la même période, soulignant le retard des flux bilatéraux avec l’Égypte. Aucun investissement structurant n’a encore été enregistré, mais les discussions ouvertes à Bamako visent à changer cette donne.
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Le Mali espère ainsi accélérer cette dynamique en s’appuyant sur un cadre juridique rénové, à travers un Code des investissements actualisé et des incitations fiscales ciblées pour les partenaires étrangers. L’Égypte dispose d’atouts économiques majeurs susceptibles d’accompagner les priorités maliennes. Le secteur agroalimentaire, notamment la transformation des mangues, du sésame et du karité, représente aussi un axe stratégique à explorer avec les industriels égyptiens.
Leur expertise en infrastructures et travaux publics pourrait accélérer la modernisation des routes, barrages et zones industrielles. Leur solide industrie pharmaceutique offrirait des perspectives pour la production locale de médicaments génériques. Leur savoir-faire en agriculture irriguée serait particulièrement précieux pour les zones arides du Mali.
De plus, le pays des Pharaons excelle également dans la transformation du coton, un secteur clé pour le Mali, deuxième producteur africain. Son expérience dans les énergies renouvelables, notamment le solaire, est une opportunité pour améliorer l’accès à l’électricité, notamment dans les zones rurales. Enfin, l’économie numérique égyptienne – fintechs, cybersécurité, e-gouvernement – pourrait inspirer la digitalisation des services maliens.
Les deux États misent ainsi sur des complémentarités claires, dans l’objectif de bâtir un corridor économique afro-arabe. Si la volonté politique semble acquise, l’essentiel reste à faire. Il s’agira de mobiliser des capitaux, de sécuriser les projets et de démontrer par des résultats concrets que cette coopération peut devenir un véritable accélérateur de développement.