Dans un communiqué en date du 11 octobre, le gouvernement malien a dénoncé la nouvelle mesure américaine exigeant une caution de plusieurs milliers de dollars pour les demandeurs maliens de visas B-1 et B-2. Le Mali annonce en réponse l’instauration d’un régime similaire pour les citoyens américains, au nom de la réciprocité diplomatique.
Bamako, 12 octobre 2025 — Les relations entre Bamako et Washington traversent une zone de turbulence depuis l’annonce par les autorités américaines d’un programme pilote imposant une caution aux ressortissants maliens sollicitant un visa d’affaires ou de tourisme. Selon la réglementation publiée au Federal Register le 8 octobre, cette caution remboursable, d’un montant variable de 5 000, 10 000 ou 15 000 dollars, sera exigée à compter du 23 octobre dans les consulats américains.
LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ
Le ministère malien des Affaires étrangères a aussitôt réagi, jugeant la décision américaine « unilatérale » et « contraire aux dispositions de l’accord bilatéral sur les visas de longue durée à entrées multiples », en vigueur depuis 2005. Dans son communiqué, Bamako affirme avoir « pris acte » de la mesure, tout en annonçant « l’instauration d’un programme de visa identique », appliquant aux citoyens américains les mêmes conditions financières et administratives.
Du côté américain, le Département d’État justifie cette réforme par la nécessité de lutter contre les dépassements de séjour et de renforcer la conformité des visas temporaires. La mesure s’accompagne d’un nouveau droit baptisé Visa Integrity Fee (VIF), d’un montant de 250 dollars, instauré depuis le 1ᵉʳ octobre 2025 pour la majorité des visas non-immigrants. Le droit de demande standard reste fixé à 185 dollars et la durée de validité à 60 mois à entrées multiples pour les demandeurs maliens.
Les titulaires de ces visas devront désormais entrer et sortir des États-Unis exclusivement par les aéroports de Boston (BOS), New York (JFK) ou Washington Dulles (IAD), selon les directives publiées sur Travel.State.Gov.
À Bamako, les autorités estiment que cette nouvelle procédure complique inutilement les démarches pour les voyageurs maliens. Le ministère rappelle que le pays « a toujours collaboré avec les États-Unis d’Amérique dans la lutte contre l’immigration irrégulière, dans le respect du droit et de la dignité humaine ». En soulignant sa volonté de maintenir « des relations de coopération fructueuses fondées sur le dialogue et le respect mutuel », le gouvernement malien affirme cependant son attachement au principe de souveraineté et d’équilibre dans ses relations extérieures.
Au-delà de l’aspect consulaire, cette controverse illustre la nouvelle dynamique diplomatique engagée par Bamako, qui défend une approche plus affirmée face à ses partenaires traditionnels. Dans un contexte international marqué par le durcissement des politiques migratoires occidentales, la réciprocité décidée par le Mali se veut un signal politique fort : celui d’un État qui entend faire respecter ses accords et traiter d’égal à égal avec ses interlocuteurs.
Pour l’heure, aucune réaction officielle n’a encore été publiée par le Département d’État américain ou l’ambassade des États-Unis à Bamako. Mais dans les milieux diplomatiques, l’affaire est suivie de près, tant ses implications dépassent la seule question des visas. Elle met à l’épreuve la solidité d’une coopération ancienne, fondée sur la sécurité, le développement et la mobilité, et ouvre un nouveau chapitre dans la relation entre les deux capitales.