Manuscrits de Tombouctou : Le retour qui crée l’espoir

Le 11 août 2025, les manuscrits de Tombouctou sont retournés au bercail. Plus de dix ans après avoir été exfiltrés…

Le 11 août 2025, les manuscrits de Tombouctou sont retournés au bercail. Plus de dix ans après avoir été exfiltrés vers Bamako, ces écrits ont été conservés et sauvés de la destruction. Avec leur retour, la ville retrouve une partie « de son âme ».

Les 39 000 manuscrits du Centre de recherche Ahmed Baba, dont 29 000 avaient été exfiltrés, retrouvent désormais leur place. Les manuscrits connus sont estimés à un total de 777 000, dont 416 000 sont détenus par une vingtaine de bibliothèques privées.

Lors de la crise en 2012, plus de 4 000 de ces documents, datant pour certains du 13ème siècle, ont été détruits. Durant les dix ans écoulés, ces écrits ont été précieusement conservés, en particulier contre l’humidité, et ceux qui étaient en mauvais état ont été réparés. Des catalogues ont été préparés pour faciliter ce travail. Pour permettre à cette mémoire de traverser le temps, un processus de numérisation a été entrepris pour l’ensemble des manuscrits.

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L’âme de Tombouctou

Un travail indispensable pour sauver l’âme de Tombouctou, se réjouit Sane Chirfi Alpha, Vice-président de l’ONG SAVAMA DCI, chargé du patrimoine écrit et du développement durable. Ces manuscrits sont le symbole d’un lieu de connaissance, attesté par l’existence de l’université de Sankoré, qui, à l’époque de sa splendeur, était constituée de 3 mosquées principales et de près de 180 écoles. L’un de ses plus grands représentants est Ahmed Baba, auquel l’on doit 56 ouvrages et qui a vécu 14 ans en exil au Maroc.

Les manuscrits vont au-delà des connaissances théologiques et religieuses. Ils traitent de tous les domaines du savoir, comme les mathématiques, la médecine, la protection de l’environnement, etc. Le retour des manuscrits crée l’espoir, mais ils doivent permettre de renouer avec les activités, plaide Sane Chirfi Alpha. Car il ne sert à rien qu’ils existent sans être exploités. Et leur existence recouvre deux aspects; car leur présence physique révèle des œuvres d’art, une calligraphie d’une qualité exceptionnelle ou encore de la décoration.

Mais les manuscrits ont encore beaucoup de secrets à livrer, dans des domaines aussi divers qu’utiles pour la société actuelle. La résolution des conflits, les droits des femmes, la protection de l’environnement sont autant de thèmes traités par ces réservoirs de savoirs et de savoir-faire. Pour les exploiter, il faut une certaine maîtrise et de l’expertise.

Les copies coûtaient cher car elles étaient faites à la main et prenaient du temps, mais elles permettaient de retracer l’histoire. En effet, les marges servaient à noter les événements importants qui se déroulaient durant la période de copie, comme la révélation d’un tremblement de terre ayant touché la ville, comme indiqué lors d’un archivage.