Le Nigeria traverse une crise alimentaire sans précédent. Entre janvier et juin 2025, au moins 652 enfants sont décédés de malnutrition dans l’État de Katsina, au nord du pays, selon Médecins Sans Frontières (MSF). Le nombre de cas sévères a augmenté de 208 % par rapport à la même période en 2024, tandis que 70 000 enfants ont reçu des soins nutritionnels, dont presque 10 000 en état critique.
Le rapport de MSF pointe du doigt des réductions drastiques du financement international, notamment de la part des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union européenne, comme l’une des causes principales de cette mortalité accrue. Ces baisses ont gravement compromis l’accès aux traitements essentiels dans les régions les plus fragilisées.
Sur l’ensemble du Nigeria, l’agence des Nations unies pour l’alimentation (WFP) signale que près de 31 millions de personnes sont exposées à l’insécurité alimentaire aiguë, un chiffre équivalent à la population du Texas. À cause des réductions de budget, plus de 1,3 million de personnes risquent bientôt de perdre l’accès à l’aide alimentaire, 150 centres nutritionnels dans l’État de Borno pourraient fermer, 300 000 enfants pourraient souffrir de malnutrition sévère, et 700 000 déplacés internes pourraient se retrouver sans assistance vitale.
Au premier semestre de 2025, WFP a tout de même fourni une aide de secours à 1,3 million de personnes au nord du pays, en coordination avec les ONG locales et l’UNICEF. Mais la suspension prévue des programmes dans les zones de conflit menace désormais ces populations.
Le plan humanitaire national de 2025 estimait que 2,55 millions d’enfants de moins de cinq ans souffriraient de malnutrition aiguë, nécessitant des interventions urgentes. Dans les régions du nord-est et du nord-ouest, on recense 5,44 millions d’enfants en état de malnutrition selon les projections IPC-AMN couvrant fin mai 2024 à avril 2025.
Au-delà des chiffres, les causes de cette crise sont multiples. L’inflation record ainsi que les fluctuations monétaires alimentent l’impossibilité d’acheter des aliments de base. Les violences de Boko Haram et le banditisme continuent de déplacer des populations dans le nord, fragilisant l’approvisionnement agricole local. Le climat extrême, entre sécheresses et inondations comme celles de Mokwa (mai 2025), a également dévasté les cultures et les moyens de subsistance.