«Â Le devoir électoral est important, merci à tous de l’accomplir. » Le consul général de France a glissé cette courte incitation au vote dans le courriel qu’il a adressé aux Français du Mali. Il sait qu’en 2007, lors de la précédente élection présidentielle, seulement 42,3% des inscrits s’étaient déplacés, contre 83,77% au plan national. Comme en 2007 ils trouveront, posé sur une table, un bulletin de vote au nom de Nicolas Sarkozy. « La droite ne respecte pas les immigrés » A priori les quelque 4500 Français du Mali, majoritairement binationaux, ne portent pas l’actuel président dans leur C’ur. Une politique migratoire répressive, des propos de membres de la majorité perçus comme islamophobes voire racistes, une guerre contre un Kadhafi adulé au Mali et l’ambiguà¯té de la France vis-à -vis des rebelles maliens lui valent peu de sympathie parmi les Français du Mali. « Pour moi, la droite ne respecte ni les droits de l’homme, ni les immigrés qui contribuent au développement de la France », témoigne Aliou Sy, un jeune entrepreneur franco-malien vivant entre Paris et Bamako. « Le bilan de son quinquennat est désastreux, donc je voterai à gauche ! », annonce pour sa part Djénéba, promotrice d’école à Bamako. Si Nicolas Sarkozy se retrouvait au second tour face à un candidat de gauche, le suspens serait mince au Mali. En 2007, 1209 votants avaient choisi Ségolène Royal à 69,3% au second tour. Un pourcentage largement supérieur aux 46,4% constatés au niveau national. Le cocktail binationaux / travailleurs humanitaires est loin d’être favorable à la droite. La situation politico-militaire malienne s’invite dans les urnes La participation, déjà faible en 2007, ne devrait pas décoller cette année. Des centaines de Français ont dû quitter le Mali suite au coup d’Etat du 22 mars, inquiets de la tournure que pourrait prendre la crise politique. Sans compter que la menace d’enlèvements et d’attentats d’étrangers n’a jamais été aussi grande au Mali, dont la partie nord est aux mains de groupes islamistes armés. Six Français sont détenus par Al Qaeda au Maghreb Islamique AQMI, dont deux enlevés à Hombori. «Â Que Nicolas Sarkozy soit réélu ou pas, nous ne nous sentons plus en sécurité au Mali », témoignent depuis Cotonou David et Carole, un jeune couple parti au Bénin. Au-delà des menaces sécuritaires l’instabilité politique et les coupures de courant ont ralenti l’économie, rendant le travail difficile. Pourtant Henri compte rester. Après dix ans au Mali ce chef d’entreprise à Bamako n’imagine pas quitter son pays d’adoption. Une élection en chasse une autre Au Mali l’électeur de droite est donc une espèce rare. Pour autant il existe une cellule de l’UMP et une association, l’Union des Français de l’étranger (UFE), connue pour partager les valeurs de la droite. Elle est présidée par Valérie Beilvert, directrice de l’agence de recrutement RMO. Michel Darwiche apprécie la rupture avec la Francafrique prônée par Nicolas Sarkozy et les mesures prises en faveur des Français de l’étranger, comme la gratuité des grandes classes à l’école. Il souligne que la France a promis une aide logistique au Mali pour reconquérir le nord du pays. Une bonne raison selon lui de voter pour le candidat de l’UMP. «Â Au-delà la présidentielle les législatives en juin vont être déterminantes », pense une membre de l’Association des Français du monde (gauche). Pour la première fois les Français de l’étranger éliront onze députés à l’Assemblée nationale. Les candidats ne perdent pas de temps. Avant même l’élection présidentielle ils ont déjà commencé à envoyer des courriels aux Français des 16 pays de la 9e circonscription.
Pour qui votent les Français du Mali ?
Publié le 22.04.2012 à 00h00 par Journal du Mali

Tags :
À LIRE AUSSI