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Presse malienne : un plaidoyer collectif pour refonder le cadre juridique

Les 14 et 15 mai 2025, la Maison de la Presse de Bamako a accueilli un atelier consultatif organisé par…

Les 14 et 15 mai 2025, la Maison de la Presse de Bamako a accueilli un atelier consultatif organisé par Search for Common Ground, en partenariat avec le Réseau Siguida Herema et l’URTEL, avec le soutien de la Coopération belge. L’objectif portait sur l’élaboration d’un répertoire des textes régissant la presse au Mali et la formulation d’un message de plaidoyer. L’atelier s’inscrit dans le projet Siguida Herema, centré sur la promotion d’un environnement médiatique plus favorable.

L’atelier s’est déroulé pendant deux jours, les 14 et 15 mai 2025, à la Maison de la Presse de Bamako. Il a réuni des représentants de la Haute Autorité de la Communication (HAC), de l’URTEL, de la société civile, ainsi qu’une vingtaine de médias publics et privés. L’initiative est portée par Search for Common Ground, avec le concours du Réseau Siguida Herema et de l’URTEL, dans le cadre du projet Siguida Herema financé par la Coopération belge au développement.

Le projet Siguida Herema, d’une durée de 30 mois, couvre les régions de Mopti, Gao et le district de Bamako. Il vise à renforcer la participation citoyenne et le dialogue démocratique, notamment par l’amélioration du cadre légal encadrant les médias. L’organisation de cet atelier consultatif répond à ce double objectif : dresser un inventaire des textes législatifs et réglementaires encadrant la presse malienne et initier un message de plaidoyer en vue de leur harmonisation.

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Les travaux ont été introduits par plusieurs intervenants institutionnels, parmi lesquels des représentants de la Maison de la Presse, de l’Ambassade du Royaume de Belgique, du Gouvernorat du District de Bamako et de Search for Common Ground. Le modérateur Alexis Kalambry et l’expert Mahamane Hamèye Cissé ont ensuite animé les échanges, structurés autour de la présentation de l’arsenal juridique existant, de ses insuffisances, et des perspectives de réforme.

Le cadre juridique analysé repose essentiellement sur la loi n°00-046/AN-RM du 7 juillet 2000 sur le régime de la presse et les délits de presse, la loi n°2012-019 relative aux services privés de communication audiovisuelle, ainsi que divers décrets encadrant l’aide publique à la presse, la délivrance de la carte de presse ou encore les cahiers de charges des médias audiovisuels. À ces textes s’ajoutent la loi sur la protection des données personnelles et la loi sur la cybercriminalité.

Selon les participants, plusieurs dysfonctionnements ont été identifiés. Certains textes sont jugés obsolètes ou inadaptés aux évolutions récentes du secteur, notamment en ce qui concerne les nouveaux formats numériques et la multiplication des acteurs non traditionnels. Des dispositions spécifiques, comme le délit d’offense au chef de l’État ou l’absence de garanties judiciaires en matière de saisie administrative, ont été soulignées comme problématiques.

L’atelier a également mis en lumière les lenteurs du processus de relecture des textes, engagé depuis 2021 sans qu’aucune réforme ne soit encore adoptée. Plusieurs recommandations ont été formulées à l’issue des échanges. Parmi celles-ci figurent l’adoption d’une loi sur l’accès à l’information, la réforme de la commission de la carte de presse, le renforcement de l’indépendance de la HAC, l’amélioration des mécanismes d’aide publique, ou encore l’intégration des nouveaux acteurs du paysage médiatique dans les textes.

Les participants ont insisté sur la nécessité d’établir un cadre de concertation formel entre les autorités compétentes et les faitières de la presse afin de faciliter l’adoption des réformes. Une déclaration de plaidoyer a été rédigée à la fin des travaux, avec l’intention de la présenter dans le cadre des discussions en cours sur le Plan d’action gouvernemental (PAG), dont l’examen est prévu au Conseil national de transition.

La clôture de l’atelier a confirmé l’engagement des parties prenantes à poursuivre ce travail collectif en vue d’une modernisation du cadre légal de la presse, considérée comme un levier de gouvernance démocratique.