Production aurifère : Une baisse problématique

Le Mali a enregistré une baisse de 23% de sa production aurifère entre 2023 et 2024. Une baisse consécutive aux…

Journal du Mali

Le Mali a enregistré une baisse de 23% de sa production aurifère entre 2023 et 2024. Une baisse consécutive aux tensions entre l’État et la société Barrick Gold, exploitante du gisement de Loulo-Gounkoto. Si cette baisse met le secteur sous tension, c’est aussi une opportunité pour mieux orienter la stratégie minière.

De 65,9 tonnes en 2023, la production aurifère a chuté à 51 tonnes en 2024. Les facteurs de cette baisse sont liés en partie aux tensions persistantes entre l’État et la société canadienne Barrick Gold, qui détient 80% de la mine de Loulo-Gounkoto. Depuis l’adoption du nouveau Code minier, en 2023, l’État entretient un bras de fer avec la compagnie. La mine de Loulo-Gounkoto contribue à environ 25% de la production nationale, avec une production qui a atteint 750 000 onces d’or par an, soit environ 25 tonnes, pour une production moyenne de 60 tonnes. L’arrêt de la plus grande mine a des conséquences sur les recettes de l’État, constituées à environ 25% par le secteur minier.

Pour les observateurs, cette baisse de la production va se poursuivre, parce que les mines qui pourraient combler le déficit n’ont pas encore la capacité de le faire. La mine de Fekola, avec environ 17 tonnes, n’y arrivera pas.

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Il faut donc s’attendre à des conséquences sur les recettes fiscales et les emplois, environ 10 000 menacés. C’est pourquoi « il vaut mieux un mauvais arrangement qu’un bon procès », explique un membre de la société civile, pour sortir de cette situation qui impacte aussi négativement les sous-traitants, lesquels n’arrivent plus à honorer leurs engagements envers les banques auprès desquelles ils se sont endettés.

Cette baisse intervient aussi à un moment où le prix de l’or a atteint le niveau historique de 4 000 dollars l’once. Une opportunité dont le pays aurait dû profiter pour doubler les recettes de l’État.

Réorienter la politique minière

D’autres projets en gestation, comme la mine de Kobada, des mines moyennes d’une capacité d’une à deux tonnes d’or ou celle de Morila, pourraient contribuer à maintenir la production aux alentours de 50 tonnes. Mais la non-maîtrise de la production des orpailleurs constitue également un manque à gagner.

Pour tirer davantage parti de ses ressources minérales, le Mali doit mettre en valeur d’autres minerais comme le calcaire, le fer ou encore le lithium, surtout pour assurer la transition énergétique et moins dépendre des carburants.

L’État doit mieux s’impliquer dans la chaîne et ne pas se contenter des impôts et des dividendes qui ne profitent pas aux communautés locales. Une bonne politique consistera donc à se servir des ressources minières comme tremplin pour le développement.

Fatoumata Maguiraga