Onze militaires maliens, dont deux généraux, ont été radiés pour mesures disciplinaires. Ces décisions, signées par le président Assimi Goïta et le ministre de la Défense Sadio Camara, interviennent dans un contexte de soupçons de complot.
Les décrets et l’arrêté ministériel publiés le 8 octobre 2025 au Journal officiel mettent fin à la carrière de onze militaires issus de différentes unités. Parmi eux figurent deux officiers de haut rang : le général de brigade Abass Dembélé, de l’armée de Terre et la générale de brigade Néma Sagara, de l’armée de l’Air. Les textes, signés les 7 et 8 octobre par le président de la Transition et le ministre de la Défense, précisent que les sanctions prennent effet à la date de leur signature.
Le général Abass Dembélé, ancien gouverneur de Mopti et ex-commandant de la région militaire de Tombouctou, est une figure connue de l’armée. La générale Néma Sagara, première femme promue au grade de général de brigade dans l’armée de l’Air, a participé à plusieurs opérations internationales, notamment au Libéria et en Côte d’Ivoire. Ces radiations marquent une rupture symbolique forte au sein de la hiérarchie militaire.
À leurs côtés, six lieutenants-colonels, trois capitaines et un sous-officier ont également été radiés par décret présidentiel et arrêté ministériel. Les décisions reposent sur les conclusions de conseils d’enquête tenus entre le 30 septembre et le 6 octobre 2025, évoquant des “mesures disciplinaires” sans précision des motifs. Ces procédures, encadrées par le Statut général des militaires, sont généralement liées à des fautes graves contre la discipline ou l’honneur militaire.
Ces radiations interviennent dans la foulée du démantèlement d’un complot présumé au sein des forces armées, annoncé par les autorités au mois d’août. Plusieurs officiers sanctionnés faisaient partie des personnes interpellées à cette période. Selon Bamako, le réseau visait à déstabiliser les institutions de la Transition.
Parmi les personnes arrêtées figurait également Yann Vezilier, ressortissant français et officier mécanicien de l’air affecté à l’ambassade de France à Bamako. Les autorités maliennes le présentent comme un agent de renseignement opérant sous couverture diplomatique, accusation que Paris conteste, assurant qu’il s’agit d’un coopérant technique bénéficiant de l’immunité diplomatique conformément à la Convention de Vienne.
Le gouvernement a affirmé que la situation restait « totalement sous contrôle », tout en assurant la poursuite des enquêtes judiciaires. En janvier 2025, le président Assimi Goïta avait mis en garde contre toute tentative de déstabilisation du pays ou de la Confédération des États du Sahel (AES), appelant à la vigilance et à l’unité au sein des forces armées.
Cette vague de radiations, la plus importante depuis la mise en place de la Transition, illustre la fermeté du pouvoir face à toute suspicion d’indiscipline ou de trahison. Elle confirme la volonté des autorités de consolider le contrôle de la chaîne de commandement dans un contexte où la stabilité institutionnelle reste étroitement liée à la cohésion de l’armée.