Publié le 31 octobre 2025, le rapport conjoint du gouvernement malien et du HCR confirme une hausse marquée des arrivées de réfugiés burkinabè et nigériens dans plusieurs régions du pays. Le document montre l’ampleur d’un mouvement de population étroitement lié à la crise sécuritaire qui frappe le Sahel.
Depuis début 2024, le Mali est devenu l’un des principaux territoires d’accueil pour les populations fuyant les violences au Burkina Faso et au Niger. Selon les données officielles, 150 300 Burkinabè et Nigériens ont été enregistrés au 31 octobre 2025, tandis qu’environ 83 400 personnes supplémentaires de ces deux nationalités n’ont pas encore pu être enregistrées, faute d’accès ou en raison de déplacements récents. Le total estimé dépasse ainsi 230 000 réfugiés, concentrés notamment dans les régions de Gao, Ménaka, Ansongo, Tombouctou, Gourma-Rharous et Niono.
Les causes de cet afflux sont clairement identifiées dans le rapport : attaques contre des villages, incursions répétées de groupes armés, intimidations, enlèvements, affrontements entre acteurs armés non étatiques et forces engagées dans des opérations contre les groupes radicaux. En un peu moins de deux ans, 154 637 nouveaux arrivants ont été recensés, avec un pic exceptionnel dépassant 120 000 personnes en un seul mois lorsque les violences se sont intensifiées dans le Sahel burkinabè.
Ces mouvements touchent des populations particulièrement vulnérables. Les femmes représentent 56 % des réfugiés enregistrés, les hommes 44 %, et les enfants constituent une proportion très importante dans les tranches d’âge 0–17 ans. Le rapport identifie également plus de 41 000 personnes ayant des besoins de protection spécifiques, qu’il s’agisse de femmes exposées aux risques, de personnes âgées vulnérables, de personnes vivant avec un handicap, d’enfants non accompagnés ou de cas médicaux critiques nécessitant une prise en charge urgente.
Les opérations conjointes d’enregistrement menées par l’État et le HCR ont permis de structurer la réponse, mais de nombreuses zones restent difficiles d’accès en raison de l’insécurité. Cela explique la présence d’un nombre élevé de personnes non enregistrées et complique l’évaluation précise des besoins, notamment en matière de santé, d’abris, de protection et d’aide alimentaire. Le HCR souligne que les chiffres disponibles pourraient être en deçà de la réalité, compte tenu de la dynamique encore active des déplacements.
Cet afflux s’ajoute à une situation interne déjà tendue. Le Mali compte par ailleurs plus de 400 000 déplacés internes, principalement dans le nord et le centre, où les populations subissent les effets conjugués des violences, de l’effondrement des services sociaux de base et des chocs climatiques. Les régions d’accueil doivent ainsi gérer des besoins croissants dans un contexte de ressources limitées, ce qui renforce la pression sur les mécanismes humanitaires et institutionnels.
Le rapport appelle à un renforcement de l’enregistrement, de la protection et de l’assistance, tout en soulignant la nécessité de maintenir un accès humanitaire régulier dans les zones concernées. Il insiste sur l’importance des efforts conjoints entre les autorités et les partenaires humanitaires pour faire face à une situation qui évolue rapidement et dont les implications touchent autant la stabilité locale que la cohésion des communautés.
