Pharmacien de profession, Mamadou Fanta Simaga est un éminent homme de culture. Très tôt, il s’est intéressé à la sociologie, l’histoire de son pays, et aux aspects mystiques de la société africaines. Homme de parole, mais aussi de sagesse, il accompagne le festival sur le Niger depuis des années. Un regard de vieux sage, il va sur ses 74 ans, Mamadou Fanta Simaga, s’est aussi impliqué dans la vie politique, en tant que député du CNID Faso Yiriwaton à Ségou, de 1992 à 1997. Ségovien d’origine, Mamadou Fanta Simaga, a meme été élevé au grade de citoyen d’honneur de la région de Ségou, Chevalier de l’Ordre national du Mérite et de la Santé et Caducée d’or, de l’ordre des pharmaciens. Mamadou Fanta Simaga est surtout une bibliothèque vivante qu’il faut prendre le temps d’écouter au vu de la connaissance immense qu’il a à offrir à la jeune génération. Nous l’avons rencontré en marge du colloque scientifique du festival de Ségou qui s’est ouvert au Centre Korè, ce jeudi 16 février. Journaldumali.com : Le festival sur le Niger en est à sa 8è édition, comment faire le bilan ? Mamadou Fanta Simaga : C’est tout simplement l’âge de la maturité et de la sagesse pour ce festival. Qui dit sagesse, dit morale, et donc, bien être, et citoyenneté, comme nous l’indique le thème du colloque scientifique sur le thème » Création et citoyenneté ». Quand on parle de citoyenneté, on s’addresse surtout à ces jeunes, à qui le festival, vise à redonner une confiance en eux mêmes, une confiance en leur capacité à créer et à faire de la création, un moteur du changement social. Le festival qui sous-tend ces valeurs culturelles fortes cherche aussi par cette voie à redonner une force morale au pays. En somme à restaurer la dignité humaine. Regardez autour de vous, les jeunes aujourd’hui n’ont plus de repères, de voies pour s’en sortir. Il y a comme un laisser-aller total dans les valeurs culturelles qui ont inspiré et guidé les anciennes générations. Le serment de Kurukanfuga, qui régissait les rapports sociaux. Aujourd’hui, la corruption règne, il n’y a plus de morale en fait. Journaldumali.com : Le contexte politique actuel, les élections à venir et la situation au Nord, ont-elles une influence sur le festival ? Mamadou Fanta Simaga : Le social, l’économie et le culturel sont intimement liés. Il est clair que nous aurons moins de touristes européens cette année et que cela jouera sur les retombées économiques du festival. Mais Mamou Daffé a maintenu la manifestation malgré les on-dits, les peurs, les incitations à la prudence. En faisant ce festival, il envisage une projection sur l’avenir, et comment dynamiser une manifestation devenue incontournable dans la région. Donc, nous en sommes à un stade de remise en question complète sur l’avenir de ce festival à Ségou. Journaldumali.com : Côté, programmation, comment faire plaisir à tous les publics ? Mamadou Fanta Simaga : Il faut surtout prendre en compte la jeunesse et ses désirs, mais varier la programmation. A Dakar, ils ont la danse du mbalax, en Côte d’Ivoire, le coupè décalé, au Congo, la rhumba et d’autres danses. Au Mali, nous avons les danses traditionnelles, mais l’influence de l’extérieur, est sans conteste. Si l’on s’en tient à nos artistes, ils ne font qu’imiter les autres. Regardez les griots aujourd’hui, ils ne jouent plus leur rôle mais font ce que j’appelle du griotisme en ramassant de l’argent à gauche et à droite et sans aucun fondement moral. Je m’insurge contre cela. Pour nos jeunes, il faut pouvoir leur offrir de tout. Leur enseigner leur culture, riche et pleine d’enseignements, c’est tout l’intérêt de la rentrée triomphale du Roi de Ségou hier sur la scène Da Monzon lors de l’ouverture. Tout ça participe à l’éducation civique et morale que l’on doit inculquer à nos enfants, mais qui auourd’hui n’existe plus dans le système scolaire. Depuis les années 60, l’éducation au Mali est un champ d’expérimentation.
Sagesse et maturité pour le festival sur le Niger…
Publié le 16.02.2012 à 00h00 par Journal du Mali

Tags : colloque | Niger | scientifique | Ségou
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