Les attaques récentes dans la zone frontalière avec le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ont provoqué un déplacement soudain vers Sikasso et Kapala. Les populations, prises entre incursions armées et peur de représailles, réclament une aide urgente.
Depuis la fin octobre, les villages situés aux confins du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Mali subissent une montée brutale de l’insécurité, marquée par des incursions de groupes armés non étatiques et par des menaces directes contre les habitants. Les données de la matrice de suivi des déplacements (DTM) de l’OIM indiquent que 787 ménages, soit 2 974 personnes, ont quitté quinze localités entre les 11 et 12 novembre pour se réfugier principalement à Sikasso et Kapala. Dans plusieurs villages, notamment autour de Loulouni, la pression exercée par ces groupes — patrouilles non autorisées, intimidation et accusations de collaboration avec les forces maliennes — a provoqué une fuite préventive avant que la situation ne dégénère.
À l’arrivée, la plupart des déplacés sont accueillis dans des familles hôtes déjà fragilisées par la hausse des prix et les tensions sur les ressources locales. Les équipes de terrain signalent des hébergements saturés, des difficultés d’accès à l’eau potable, ainsi qu’un risque élevé de séparation familiale, certaines personnes ayant fui dans la précipitation sans documents d’identité ni effets personnels. Les sites d’accueil font aussi face à un besoin urgent de soins, en particulier pour les enfants et les personnes âgées, qui représentent une part importante des déplacés.
Les autorités locales ont tenu des réunions d’urgence avec les services techniques et les acteurs humanitaires afin d’évaluer la situation et coordonner l’assistance. Des patrouilles de sécurisation ont été annoncées sur certains axes, mais leur présence reste encore limitée dans une zone vaste et difficile d’accès. Pendant ce temps, les villages d’origine se retrouvent à moitié vides : les champs sont laissés en friche, certains marchés hebdomadaires ont été suspendus, et les habitants craignent de retrouver leurs biens pillés ou détruits en cas de retour prématuré.
Ce déplacement massif, décrit comme préventif par la DTM, révèle les fragilités d’une région frontalière où les groupes armés exploitent les failles de l’État, les tensions communautaires et la porosité des frontières. Il témoigne aussi du rôle déterminant joué par les communautés d’accueil, en première ligne pour absorber un afflux soudain de personnes. Si les violences persistent, les besoins humanitaires pourraient rapidement dépasser les capacités locales, rendant indispensable un appui renforcé pour éviter l’enracinement d’une crise prolongée.
