À Madrid, le Sommet Afrique – Espagne a réuni cette semaine vingt-sept pays africains autour d’une feuille de route pour renforcer la coopération. L’Espagne y a défendu la nécessité d’humaniser la gestion migratoire, à rebours d’une Union européenne trop répressive, alors que ses côtes et enclaves paient le prix fort des traversées clandestines.
.Du 6 au 8 juillet 2025, le One Africa Forum a servi de cadre à ce dialogue entre le gouvernement espagnol et ses partenaires africains. La feuille de route Espagne – Afrique 2025 – 2028 consacre la migration comme enjeu prioritaire, avec l’ambition de traiter ses causes profondes, de sécuriser les routes et de renforcer les droits des migrants. Elle vise à renforcer la coopération avec les pays africains pour créer des opportunités économiques et éducatives, encourager des migrations légales et combattre les trafiquants. En misant sur les infrastructures, la connectivité et l’insertion des jeunes, Madrid espère réduire la pression migratoire et sauver des vies. Cette approche rompt avec la logique répressive européenne.
En 2024, 63 970 migrants ont atteint l’Espagne, dont 46 843 par la route des Canaries, un record depuis 2006. Dans les enclaves de Ceuta et Melilla, les autorités ont recensé 8 247 franchissements irréguliers l’an dernier, selon le ministère de l’Intérieur. Caminando Fronteras a comptabilisé 10 457 morts ou disparus en mer en 2024, dont 9 757 sur la seule route des Canaries, soit une moyenne de 30 vies perdues chaque jour.
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Le premier semestre 2025 a enregistré une baisse de 28% des arrivées irrégulières, avec environ 18 000 passages, à cause de la chute de 41% à destination des Canaries, même si la route algérienne vers les Baléares a triplé à 3 000 personnes. Depuis le 15 juin, l’opération « Passage du Détroit » a déjà assuré le retour de 348 315 passagers et de 89 104 véhicules. Les centres d’accueil aux Canaries et en Andalousie affichent une saturation record, tandis que la part des femmes et des enfants parmi les traversées a sensiblement augmenté. La Croix-Rouge espagnole et Caminando Fronteras rappellent que sans leurs interventions le bilan humain serait bien plus lourd.
Quelques jours avant ce sommet, à Séville, en marge de la Conférence internationale sur le financement du développement durable, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, avait rencontré son homologue espagnol José Manuel Albares. Ils ont évoqué la migration et la coopération bilatérale, confirmant l’importance d’une approche conjointe pour réduire les drames en mer et stabiliser les régions d’origine.
MD