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Stabilité financière : premier rapport commun des banques centrales africaines

À Yaoundé, la 47ᵉ Assemblée des Gouverneurs de l’Association des banques centrales africaines (AACB) a été marquée par la présentation…

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À Yaoundé, la 47ᵉ Assemblée des Gouverneurs de l’Association des banques centrales africaines (AACB) a été marquée par la présentation du premier Rapport africain sur la stabilité financière, élaboré à l’échelle du continent.

Le document couvre quarante-six pays représentant près de 90 % du produit intérieur brut africain et se veut un outil commun de suivi des vulnérabilités financières et de comparaison entre systèmes bancaires nationaux.
Ce rapport est le résultat des travaux du Comité africain de stabilité financière mis en place par l’AACB. La coordination a été assurée par la Banque de Maurice, qui a présidé ce comité jusqu’à la fin de son mandat à la tête de l’Association. La gouverneure mauricienne, Priscilla Muthoora Thakoor, a supervisé l’achèvement de ce premier exercice en tant que présidente sortante de l’AACB.
Les gouverneurs des banques centrales se sont réunis le 28 novembre 2025 dans la capitale camerounaise pour examiner les conclusions de ce rapport et discuter des suites à donner. Selon les éléments rendus publics, le document agrège des données fournies par les autorités monétaires nationales à partir d’un canevas méthodologique harmonisé validé en amont par l’Association. Il s’agit d’une première mise en commun structurée d’indicateurs de stabilité financière à l’échelle du continent.
Vulnérabilité
Le rapport recense les principales sources de vulnérabilité auxquelles sont confrontés les systèmes financiers africains. Les contributions évoquent l’impact de la volatilité des conditions financières mondiales, les pressions inflationnistes, les niveaux d’endettement public et privé, la dépendance à un nombre limité de produits d’exportation, la faible profondeur de certains marchés financiers et l’exposition aux chocs externes. L’objectif affiché est de fournir aux banques centrales un outil de diagnostic partagé pour repérer les canaux de transmission des risques et comparer les situations nationales.
Le document examine aussi les cadres prudentiels en vigueur dans les juridictions couvertes. Il relève les écarts par rapport aux standards internationaux de supervision bancaire, notamment en matière de dispositifs macroprudentiels, de collecte et de diffusion des données, de gouvernance et de coordination entre autorités. Ces constats doivent alimenter un programme de renforcement de la supervision, notamment à travers le programme 2026–2028 de la Communauté des superviseurs bancaires africains, mentionné dans les travaux de Yaoundé.
Union monetaire continentale en vue
Les échanges tenus en marge de l’Assemblée ont mis en relation ce premier rapport et les projets d’intégration monétaire en Afrique. Les responsables des banques centrales ont rappelé que la création de l’Institut monétaire africain, étape préparatoire à une éventuelle union monétaire continentale, suppose une capacité partagée d’évaluer les risques financiers et de prévenir les crises systémiques. La mise en place d’un cadre continental d’analyse de la stabilité financière est présentée comme un socle technique pour ces évolutions.
La question des systèmes de paiement a également été abordée. Plusieurs interventions ont souligné l’importance d’une meilleure interopérabilité entre les infrastructures de paiement nationales et régionales, afin de faciliter les règlements transfrontaliers et de soutenir les échanges intra-africains. L’articulation entre un suivi coordonné des risques et l’intégration progressive des systèmes de paiement est apparue comme un des axes de travail identifiés par l’AACB.
Selon les informations diffusées à l’issue de la réunion, le rapport entend s’aligner sur les pratiques internationales en matière de rapports de stabilité financière tout en tenant compte de caractéristiques propres aux économies africaines, comme le poids des matières premières dans les recettes d’exportation, l’ampleur du secteur informel, les contraintes de gouvernance et la sensibilité aux chocs climatiques. Les éditions suivantes devraient permettre de suivre l’évolution de ces paramètres dans le temps et de mesurer l’effet des réformes engagées dans les différents pays.
La présidence de l’Association des banques centrales africaines a été confiée, à l’issue de l’Assemblée, au gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale, Yvon Sana Bangui. Il est chargé de conduire la prochaine phase du chantier, qui comprend la préparation des futures éditions du rapport africain sur la stabilité financière, le suivi des décisions prises à Yaoundé et le renforcement de la coopération entre banques centrales autour de la surveillance prudentielle et de la gestion des risques.

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