HEC Paris ouvre un bureau en Afrique

Bonne nouvelle pour l’Afrique. La prestigieuse université Haute Ecole de Commerce (HEC Paris) lance officiellement en novembre prochain,  son tout  premier bureau pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale, basé à Abidjan en Côte d’Ivoire. Deux formations du volet Executive Education à savoir le « Management d’une unité stratégique » et l’ « Executive Certificat Finance » sont prévues à partir de janvier 2019, avec la particularité désormais des cours de proximité pour tous les pays de la zone, à Abidjan, à l’endroit des cadres ou dirigeants d’entreprises et d’organisations privées ou publiques du continent.

Prenant à cœur son extension sur le continent africain, HEC Paris vise plusieurs objectifs en ouvrant son bureau en Afrique, après des années de partenariat avec quelques grandes écoles du continent. Il s’agit entre autres d’abord de former non seulement les leaders africains d’aujourd’hui, du secteur public comme du secteur privé, mais aussi ceux de demain, qui prendront les reines  des organisations africaines. Ensuite, c’est la promotion de la marque HEC qui existe depuis 140 ans et aujourd’hui est une business school de renommée mondiale. Enfin, l’école, à travers son bureau d’Afrique, veut être reconnue partie prenante dans le débat du développement inclusif sur le continent. « Nous ne voulons pas juste venir pour former mais nous voulons participer au débat et donner notre avis scientifique sur le développement inclusif en Afrique », Assure Alexis John Ahyee, Directeur du Bureau HEC Paris en Afrique de l’Ouest et Centrale. « Pour nous, accompagner le développement des leaders africains est un engagement de l’école. Nous croyons qu’il faut des hommes d’affaires africains, des dirigeants et des cadres formés, capables de pouvoir conduire des entreprises et organisations importantes en Afrique pour le bien des Africains », ajoute t-il

Les deux premiers programmes du bureau Afrique de HEC Paris démarreront en janvier 2019, avec pour but de présenter «  une offre de formation de haut niveau mais vraiment adapté à l’environnement africain ». D’abord, Le certificat exécutif en management d’une unité stratégique, qui est un Master Exécutif découpé en deux dont une partie est fait à Abidjan en 4 modules obligatoires. A sa suite, l’ « Executive Certificat Finance », qui est pour la première fois lancée en Afrique, se déroulera en 3 modules dont les deux principaux à partir de février 2019. Ces deux formations sont ouvertes à tous les cadres ou dirigeants africains d’entreprises sur le continent, justifiant au moins d’une quinzaine d’années d’expérience. Comme l’explique M. Ahyee, « En Afrique nous allons démarrer par la formation des cadres et des dirigeants mais nous allons aussi contribuer à l’admission des étudiants pour la grande école à Paris. Le bureau d’Afrique ne va pas former directement les jeunes étudiants ». Les coûts de la formation pour le certificat exécutif en management d’une unité stratégique sont fixés à 15.690 Euros soit environ  10.500.000 FCFA

Créée en 1881 par la chambre de commerce et d’industrie de Paris, HEC Paris, membre fondateur de l’université Paris-Saclay, rassemble 108 professeurs chercheurs, plus de 4500 étudiants et 8000 cadres et dirigeants en formation chaque année. L’école est  classé 2ème business school dans le classement général des business schools européennes, publié par le Financial Times en décembre 2017. HEC Paris accueille environ 1000 africains par an, tous programmes confondus.

Fondation Amadou Hampâté Bâ : Entre nostalgie et mémoire

Grand chantre de l’africanité, Amadou Hampaté Bâ aura marqué son temps et surtout les siens par ses nombreux écrits. À travers une Fondation, sa famille essaie de « ressusciter » toutes les œuvres de l’illustre artiste.

Située dans la commune de Cocody, la Fondation Amadou Hampaté Bâ est tout de suite repérable, de par sa clôture atypique et les nombreuses citations de l’écrivain que l’on peut lire dès l’entrée. Des signes qui plantent le décor d’un voyage dans la vie de l’un des plus grands écrivains et hommes de culture qu’aura connus l’Afrique. A l’intérieur des locaux, citations et portraits retracent quelques moments de la vie de l’homme et donnent tout son sens à l’adage qu’on lui attribue : « en Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Décédé le 15 mai 1991 à Abidjan, Amadou Hampaté Bâ devait voir ses œuvres sauvegardés et enseignées aux futures générations, au risque qu’elles ne « brûlent ». D’où la création en 2002 de la Fondation par ses héritiers, avec l’appui des autorités ivoiriennes. « Le besoin de perpétuer l’œuvre a été ressenti, au regard de l’importance qu’elle avait dans la restitution de l’histoire des peuples de la sous-région et au regard des défis actuels auxquels ceux-ci se trouvent confrontés », confie Roukiatou Hampâté Bâ, Directrice de la fondation et par ailleurs fille cadette d’Amadou Hampâté Bâ.

Transmettre et conserver Considérée comme la gardienne de ce temple du savoir, Roukiatou essaie tant bien que mal d’accomplir sa mission. « Hampaté Bâ a laissé des savoirs consignés par écrit ou sur des supports audio et physiques. À travers les tables rondes que nous organisons, nous essayons de revisiter ses problématiques, comme celle de l’identité culturelle, et d’accompagner la jeunesse dans sa quête d’elle-même, à travers le partage d’expériences et d’autres activités ». La Fondation abrite une bibliothèque riche de plus de 3 000 ouvrages spécialisés, dont certains sont reconnus comme des pièces rares. Véritable mémoire vivante, allant des généralités aux thématiques les plus pointues. « Elle contient des œuvres que Hampaté Bâ lui-même a lues et nous mettons un point d’honneur, lors des visites par les établissements scolaires, à faire lire ses écrits afin de permettre aux élèves de se familiariser à la lecture, qui est une richesse pour leur esprit », ajoute Roukiatou. Cependant, au-delà du joyau architectural, la Fondation ne dispose toujours pas des moyens nécessaires pour pérenniser ce gigantesque chantier culturel africain. Malgré de faibles subventions du ministère de la Culture ivoirien et quelques aides de mécènes, la Fondation Hampaté Bâ est toujours dans la survie.

Tournoi international de Judo d’Abidjan : Vaincre la malédiction

 

 

Le Mali participera du 25 au 28 octobre prochain au tournoi international de Judo de la ville d’Abidjan. 14 représentants maliens (7 hommes et 7 dames) tenteront de vaincre le signe indien en décrochant l’or.

Mettre fin à une longue traversée du désert, tel sera le principal objectif lors du tournoi international de Judo de la ville d’Abidjan. Car cela fait 52 longues années que le Mali n’a remporté aucune médaille d’or. « Depuis Lamine Touré, en 1965. Après lui, cela a été un grand désert », regrette Abdoulaye Aziz Théra, Directeur technique national de la Fédération malienne de judo. Pour mettre fin à cette disette, les judokas sélectionnés à l’issue d’un tournoi qualificatif, le 14 septembre 2017, ne comptent pas leur énergie. C’est entrainement intensif toute la semaine, sous la supervision d’un entraineur cubain. « Il ne connait personne, il ne fait que travailler. Tout le monde transpire comme il le faut », décrit le DTN. De quoi nourrir de bons espoirs de faire briller l’or. « Nous pratiquons tous le même judo, à notre meilleur niveau. Nous ferons de bonnes choses, nous avons d’excellents combattants », prédit, très confiant, Almamy Koné, deuxième chez les moins de 81kg lors du tournoi de sélection. Tournoi qui a également servi de mise en jambes, « peut être » décisive, pour Abidjan. « Vu le niveau des combats, nous ne pouvons que nous réjouir et affirmer que le Mali est prêt à faire de bons résultats », estime le Vice-président de la Fédération, le colonel Abdoulaye Kéita.

Le bon moment ?

Après des fortes périodes de troubles, marquées notamment par un désintérêt pour le judo, la discipline entend reconquérir ses lettres de noblesse. « Il est vrai que nous avons eu beaucoup de problèmes, mais tout ceci est derrière nous. Tout le monde est désormais sur la même longueur d’onde pour faire avancer le judo malien », souligne Théra. Ce ne sont pas les bons récents résultats lors des Jeux de la Francophonie, où le pays avait décroché l’argent, qui le feront mentir. Mais, en dépit des nombreux espoirs affichés, décrocher l’or ne sera pas aussi simple. « C’est un niveau très élevé, c’est un tournoi international qui sert de tremplin pour de nombreux autres grands tournois. Mais nous sommes très confiants », conclut le DTN Théra.

 

Jeux de la Francophonie : Des médailles maliennes en ligne de mire

C’est ce vendredi 21 juillet que débute, à Abidjan, la huitième édition des Jeux de la Francophonie. Une rencontre de la jeunesse francophone mondiale au cours de laquelle le Mali essaiera de se distinguer dans les disciplines sportives.

La course aux médailles est désormais ouverte. Le Mali, avec une délégation de 210 personnes (encadrement compris), va essayer d’en décrocher le maximum lors des huitièmes Jeux de la Francophonie. Les sportifs maliens seront engagés dans huit disciplines sportives, avec des chances de médailles plus ou moins élevées.

Côté football Les plus grands espoirs de se parer d’or reposent sur l’équipe de football cadette. Auréolés du titre de Champion d’Afrique remporté en mai 2017 au Gabon, les Aiglonnets s’avancent avec des garanties lors de ces jeux. Logés dans le groupe B, en compagnie du Congo Brazzaville, du Cameroun et du Niger, les coéquipiers du capitaine Mohamed Camara ne devraient pas connaitre trop de peine pour accéder au tour suivant. « Nous n’avons eu que cinq jours de préparation, mais nous sommes prêts. Les joueurs sont en jambes. Nous travaillerons avec la même ossature, avec trois nouveaux joueurs et l’objectif final, est la victoire, rien d’autre » précise Jonas Komla, le sélectionneur. Très confiant, il entend se servir de cette compétition comme d’un tremplin pour la Coupe du monde des cadets en Inde, en octobre prochain. « Nous n’y participerons pas juste pour le plaisir. Nous allons nous battre comme nous l’avons fait à la CAN, c’est une cause nationale » soutient-t-il.

Deux roues En cyclisme, la délégation malienne a décidé de parier sur le jeune Yaya Diallo (23 ans), et ses pédalées fantastiques, pour boucler les 134 km du parcours en tête de peloton. Malgré la forte concurrence que représentent le Maroc et le Burkina Faso, Diallo, Champion du Mali en titre, figure néanmoins parmi les favoris de la course. « Nous voulons remporter le plus de médailles possibles, surtout en or, et finir sur le podium » espère Amadou Diarra Yalcouyé, conseiller technique au ministère des Sports et chef de la délégation malienne.

Des handicaps Mais les voyants ne sont pour autant pas tous au vert. Des difficultés dans la préparation plombent la quiétude de la délégation malienne. Dans un groupe assez homogène, avec la France, le Bénin et le Luxembourg, les basketteuses maliennes ont dû « s’arranger » avec le début prochain de l’Afrobasket, en août. « Les conditions de préparation n’étaient pas idoines. Au départ, nous devions participer avec les joueuses sélectionnées pour l’Afrobasket, mais certaines étaient au-delà de l’âge limite (25 ans). Qui plus est, celles qui étaient éligibles étaient souvent sollicitées par le sélectionneur national » déplore Mohamed Salia Maïga, le coach de la sélection pour les Jeux. Il dispose tout de même de « bagarreuses » pour aller aux points chercher une médaille. « Parmi les joueuses à ma disposition, certaines ont été championnes d’Afrique chez les Juniors. Nous avons une bonne équipe et nous pouvons aller chercher quelque chose » ajoute t-il.

La délégation d’athlétisme a, quant à elle, un temps envisagé de ne pas « participer » à la messe francophone. En cause, des divergences avec le Comité organisationnel malien sur le transport des athlètes. « Sur nos huit athlètes, seulement trois résident à Bamako. Nous avons demandé à ce que les autres puissent regagner Abidjan depuis leurs résidences actuelles, mais, pour l’heure, nous n’avons pas reçu de réponse. Nous ne pourrons participer avec un effectif aussi réduit » s’alarme la présidente de la Fédération d’athlétisme, Mme Sangaré Aminata Keïta. Pour Yalcouyé, le budget de 110 millions alloué aux diverses disciplines sportives et culturelles, « ne prévoyait pas de transport international d’un autre pays que le Mali à Abidjan ». Après une réunion express tenue au siège de la fédération, la présidente a finalement choisi de laisser participer trois de ses athlètes, mais, toujours mécontente, elle a décidé de ne pas effectuer le déplacement sur Abidjan. « Nous ne voulons pas être ceux qui créent des problèmes. Mes chances de médailles reposaient néanmoins beaucoup sur nos absents » regrette-t-elle.

Le Mali tentera également de porter haut son étendard dans les autres disciplines que sont le judo, le tennis de table, la lutte et le handisport.

 

Côte d’Ivoire : La fin de la mutinerie ?

C’est ce que veut croire le Docteur Arthur Banga, spécialiste des questions militaires, enseignant à l’université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan. Il analyse l’accord signé entre le gouvernement et les mutins, à l’issue d’une nouvelle montée de tension le week-end dernier, qui aura duré quelques jours.

Peut-on dire que la page de la crise est définitivement tournée ?

Si on part du principe que c’est le non-paiement de l’intégralité des 12 millions de francs CFA qui a causé ces évènements, on peut penser que la crise est derrière nous avec les virements de ce mardi 16 mai. Après, il faut voir plus globalement. Dans ce cas, je dirais qu’au-delà d’un accord à respecter entièrement, il va falloir poursuivre la formation éthique, déontologique et civique de ces ex-rebelles.

Ne valait-il pas mieux tuer dans l’œuf, de façon militaire, cet énième soulèvement ?

C’était une option un temps envisagée, si l’on s’en tient au communiqué de l’état-major. Si on l’a abandonnée, c’est parce que les autorités ont dû estimer que ce n’était pas la meilleure. Est-ce par souci d’éviter que du sang coule ou à cause d’une incapacité d’y opposer une force supérieure ? On ne peut le dire pour l’instant. Toujours est-il que cette solution était plus envisageable le week-end que le lundi, tout simplement parce qu’il y a eu une généralisation et une intensification des mutineries.

Des têtes vont tomber dans l’armée, au sein des responsables des mutins ?

On a déjà coupé des têtes en janvier sans résoudre le problème. Et les nouveaux responsables nommés à la tête de nos armées semblent répondre aux critères de proximité. Le général Sékou Touré, chef d’état-major actuel a été l’adjoint de l’ex-chef d’état-major, le général Soumaïla Bakayoko, et à ce titre, était l’homme des troupes, celui qui devait être sur le terrain pour remonter les informations à son patron. Le général Nicolas Kouakou, actuel commandant supérieur de la gendarmerie, a été l’homme du Centre de commandement intégré (CCI) entre 2007 et 2010. Une sorte de courroie de transmission entre les Forces armées nationales (FANCI, ex-armée républicaine) et les Forces armées des forces nouvelles (FAFN, ex-rébellion). On pourrait donc penser que c’est le gendarme le plus connu par les ex-rebelles. Son adjoint, le général Apalo Touré, a dirigé les deux écoles de gendarmerie et connaît par cœur les gendarmes sortis ces 10 dernières années. Quant aux chefs du mouvement, ils se connaissent tous et se côtoient depuis longtemps. À partir du moment où ils ont opté pour la négociation, les sanctionner serait les trahir. En revanche, on serait bien heureux qu’ils maîtrisent leurs amis et qu’ils nous évitent une nouvelle cérémonie de pardon.

 

Abidjan annonce un accord avec les mutins après une journée tendue

Le gouvernement ivoirien a annoncé avoir trouvé « un accord », mais sans en préciser les modalités, avec les soldats mutins dont le mouvement a pris de l’ampleur lundi avec des troubles importants, notamment à Abidjan et Bouaké.

« A l’issue des échanges (avec les mutins) un accord a été trouvé sur les modalités de sortie de crise. Nous appelons l’ensemble des soldats (…) à retourner dans les casernes (…) Tout est mis en oeuvre pour un retour rapide à une situation apaisée », a déclaré le ministre de la Défense Alain-Richard Donwahi sur la chaîne nationale.

« On ne reconnaît pas l’accord. Est-qu’on fait des baptêmes sans le baptisé? Aucun représentant de Bouaké n’était présent lundi à leur +accord+. D’après ce qu’on sait, c’était une réunion de hauts gradés », a réagi un mutin sous couvert d’anonymat.

Après l’annonce, des nombreux tirs étaient audibles dans la soirée dans plusieurs villes, dont Abidjan. « Ce n’était pas des tirs de joie », a précisé un mutin.

« On va voir ce qui est viré sur nos comptes demain (mardi) et on verra, après concertation, si on lève le dispositif », a déclaré un autre mutin à Bouaké.

Aucun responsable n’était disponible dans l’immédiat pour expliquer l’accord qui porte sur le paiement de reliquats des primes promises après les mutineries de janvier qui avaient ébranlé le pays.

Les mutins avaient alors réclamé 12 millions de francs CFA de primes (18.000 euros) par personne, une somme importante pour le pays, et obtenu le versement dès janvier de 5 millions (7.500 euros). On leur avait promis les 7 millions restants par tranche à partir de mai.

Avec le nouvel accord, les mutins toucheraient à nouveau 5 millions immédiatement.

« C’est évident que le gouvernement a cédé sur le paiement. Etant données la situation sécuritaire et les promesses faites en janvier, il ne semblait pas y avoir d’autre porte de sortie », a analysé un spécialiste de l’armée ivoirienne sous couvert d’anonymat. Le mouvement déclenché vendredi avait pris lundi des « proportions inquiétantes », selon la même source.

Pour autant, « ce n’est pas un coup d’Etat. Quand il (le président Alassane Ouattara) paiera, on rentrera chez nous », a assuré sous couvert d’anonymat un porte-parole des mutins à Bouaké, épicentre de la mutinerie.

Un soldat mutin, le 15 mai 2017 dans un camp militaire de Bouaké en Côte d'Ivoire / AFPUn soldat mutin, le 15 mai 2017 dans un camp militaire de Bouaké en Côte d’Ivoire / AFP

Ces mutins sont d’anciens rebelles ayant soutenu M. Ouattara pendant la crise électorale de 2010-2011 et qui ont ensuite été intégrés à l’armée.

La situation était aussi tendue à Korhogo, la principale ville du nord du pays. Dans cette région, les policiers, gendarmes et douaniers ont déserté les différents postes frontaliers, alors que le trafic routier avec le Mali, le Burkina et vers le Niger était paralysé.

– Tirs au Plateau –

A San Pedro, deuxième port du pays, stratégique pour l’exportation de cacao dont le pays est le premier producteur mondial, des tirs « assourdissants retentissaient dans la zone portuaire », selon des témoins. A Man (ouest), Bondoukou (est) et Daloa (centre), des tirs sporadiques ont été entendus.

Alors qu’Abidjan avait été calme ce week-end, de nombreux tirs y ont retenti lundi matin en provenance des deux camps d’Akouedo, qui forment la plus grande caserne du pays. Plusieurs axes importants de la ville ont été barrés.

Des tirs étaient également audibles en provenance du camp Gallieni, au Plateau, qui avait été l’un des points chauds de la journée de vendredi.

Le Plateau, quartier administratif et des affaires d’Abidjan, était totalement désert. Les grands magasins, les banques et tous les bureaux étaient fermés. Un important cordon sécuritaire a été déployé autour du palais présidentiel, alors que les locaux de la radio nationale étaient puissamment gardés.

Le lycée français Blaise Pascal ainsi que l’école Jacques Prévert ont été fermés, le consulat de France recommandant d’éviter tout déplacement.

Jeudi, un représentant de soldats avait annoncé renoncer aux revendications financières, lors d’une cérémonie en présence du président Alassane Ouattara, qui se voulait un point final à la protestation des forces de sécurité.

Loin d’apaiser la situation, cette cérémonie avait déclenché un nouveau mouvement d’humeur dans ce pays d’Afrique de l’Ouest durement touché par l’effondrement des cours du cacao, vital pour son économie.

L’Afrique discute de son émergence

Plusieurs pays africains sont réunis depuis hier mardi 28 mars à Abidjan pour discuter de l’émergence en Afrique. Durant trois jours plus de quatre cents experts vont se pencher sur la question de l’émergence africaine à la faveur de la 2ème édition de la conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique (CIEA).

«L’Afrique est un continent d’avenir, un continent plein de promesses » lance en guise d’introduction l’ambassadeur de Chine en Côte d’Ivoire Tang Weibin. Son pays qui est le principal partenaire économique des États africains est l’un des invités privilégiés du forum. « L’urbanisation rapide accompagnée par une croissance démographique sans précédent en Afrique devrait contribuer à augmenter la productivité agricole, accélérer le processus d’industrialisation, soutenant l’élan du développement économique africain » continue-t-il. « Énergie, eau, agriculture sont des secteurs qui demandent d’investissement mais créent peu d’emplois » nuance Lionel Zinsou, ancien premier ministre du Bénin. Comme pour montrer que cette rencontre considérée comme une plateforme d’échange sur les conditions de l’émergence des pays africains connaît quelques divergences.

Plusieurs États notamment ceux d’Afrique de l’Ouest ont présenté leurs avancées sur la question de l’émergence et dévoiler leurs plans pour l’avenir. « Tous les pays africains engagés dans le processus d’émergence sont dotés de plans structurés. Par contre, c’est dans la mise en œuvre que des difficultés demeurent. C’est pourquoi la mise en œuvre des plans d’émergence des pays africains sera au cœur des débats » explique Kaba Nialé, ministre du Plan et du développement de Côte d’Ivoire. A en croire le président Alassane Ouattara, son pays affiche une croissance de 8 à 10% après dix ans de crise. Lui qui avait été l’un des tout premier a embrassé le rêve de l’émergence de son pays à l’horizon 2020. Son homologue sénégalais, Macky Sall venu assister à la conférence se montre lui plus mesuré. « La marche vers l’émergence requiert non seulement une bonne cadence mais aussi la persévérance dans l’effort » soutient-il. Pourtant, dès son élection en 2012, il avait activé le plan émergence de son pays et des résultats positifs commencent à apparaître. La croissance du pays de la Teranga est passée de 4,6% en 2014, à 6,6% en 2016 et s’attend à atteindre 6,8% en 2017 ce qui le rapprochera de son objectif de 7% l’an.

Le président guinéen Alpha Condé a pour sa part milité sur une unité africaine. « L’Union Africaine est financée par l’Union Européenne, comment-voulez-vous parler d’indépendance. Nous sommes encore trop attachés à l’ancienne puissance coloniale, il faut couper le cordon ombilical » a-t-il recommandé. Avant d’ajouter que son pays importait avant des produits tels la farine et le ciment, et désormais il en exporte. « Grace au roi du Maroc, nous achetons les semences et les engrais au même prix que nous les vendons aux agriculteurs ».