3ème affrontement entre groupes armés à Kidal

La CMA et le GATIA se sont affrontés pour la troisième fois en 3 semaines, mardi soir et ce mercredi matin, à Edjarer, à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Kidal. Ces combats désormais récurrents et à huis clos, ont déjà précipité sur les routes nombre de famille, exaspèrent les habitants mais aussi les combattants.

La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), et le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), appartenant au mouvement pro-gouvernemental la Plateforme, se sont de nouveau affrontés hier, mardi 9 août, à Edjarer, situé environ à une cinquantaine de kilomètres de Kidal, aux alentours de 17h et jusque dans la matinée de mercredi. C’est le troisième conflit armé entre ces deux groupes depuis l’accord de Niamey signé par ces deux mouvements, et qui entérinait un partage équitable des pouvoirs dans la gestion sécuritaire et socio-économique de la ville.

Ce nouvel affrontement était prévisible et a éclaté malgré le « dispositif sécuritaire » déployé par la Minusma et les « moyens d’observation » qu’elle a mise en oeuvre. Depuis les affrontements des 21 et 22 juillet dernier, le GATIA avait interdiction de pénétrer dans la ville de Kidal, dont la majeure partie de la population appartient à la tribu Imghad, à l’instar des combattants du GATIA. Le GATIA avait indiqué, qu’il ne pouvait être tenu hors de la ville de Kidal, et qu’il y rentrerait soit par la force soit par la négociation. La médiation à laquelle participe le général Gamou, à Bamako, pour tenter de trouver une solution à ces conflits récurrents, est quant à elle pour le moment toujours au point mort.

C‘est dans ce climat de tension et de rancune où chaque camp est vérrouillé dans ces convictions, que ce troisième affrontement a éclaté. Il est encore difficile, à l’heure actuelle, de dire avec certitude laquelle des deux parties (CMA et Gatia) a attaqué en premier. Almou Ag Mohamed, le porte-parole du HCUA, sur internet, a déclaré que son mouvement était une fois de plus victime, et que « c’est bien la CMA qui a été attaquée et non l’inverse ». Selon une de nos sources sur place, « La CMA a reçu des renforts venant de Tombouctou, Ménaka et de l’Algérie, des véhicules et des armes. Tous ces renforts ont été acheminés vers Tin-Essako et de là-bas ils se sont rendus à Edjarer, avec le gros des forces de la CMA, pour attaquer les positions du GATIA, et ainsi casser le blocus du groupe armé pro-gouvernemental, autour de la ville ». Le Gatia souhaitait faire appel, en renfort, à des Touaregs libyens qui travaillaient dans l’armée du Colonel Kadhafi, mais la situation de chaos qui règne actuellement en Libye ne leur aurait pas permis de venir les épauler.

La violence des combats était audible, dans la nuit de mardi à mercredi, jusqu’à Kidal, située à une cinquantaine de kilomètres de la ligne de front. Selon nos informations, le GATIA aurait pris le dessus sur la CMA, qui se serait replié et repartirait en direction de Kidal, les combattants de la Plateforme auraient récupéré des véhicules et de l’armement. Aucune information sur le nombre de victimes résultant de ce troisième conflit ne nous est parvenu pour le moment.

À Kidal, où quelques dizaines d’hommes de la CMA sont restés en arrière pour protéger la ville, les gens sont fatigués de ces conflits perpétuels entre mouvements, de même chez les combattants. « S’il y a une négociation elle pourrait aboutir car les gens n’en peuvent plus et les combattants des deux camps aussi, car ils ont subi des pertes sans précédent. La CMA voudrait que l’Algérie règle cette question et qu’elle mette en œuvre ce qui a été signé à Niamey », explique un habitant joint au téléphone. Même si la majorité de la population à Kidal est acquise au GATIA, une cohabitation entre les deux mouvements est vue là-bas comme la seule sortie de crise possible. « Il faut que les deux mouvements cohabitent, intelligemment, dans l’intérêt de tous. Il y aura certainement une issue, les pertes en vies humaines ont été colossales, ça ne peut pas durer, il faut qu’il y ait une négociation, qui va donner quelque chose de bon », conclut-il

Kidal : calme relatif et négociations au point mort

Un calme précaire règne sur Kidal alors que les négociations ont repris entre les chefs de la Plateforme et de la CMA pour tenter d’établir un cessez-le-feu et une paix durable entre les deux groupes armés, touaregs, lancés dans une guerre fratricide.

Les négociations pour une sortie de crise entre la Plateforme et la CMA avaient été stoppés net lors du second affrontement entre les deux groupes armés à Tassik, samedi dernier. Pour l’heure, elles ont repris pour tenter de réinstaurer un dialogue entre les deux camps. Le général Gamou est toujours à Bamako mais aucun terrain d’entente n’a pu être trouvé. La CMA a estimé hier que la situation sur le terrain, qui s’est soldée, au cours des deux affrontements, par des dizaines de morts, dont deux proches de Bilal Ag Achérif, le chef du MNLA, a « dépassé les petits arrangements locaux » et que la résolution de cette crise doit désormais être traitée par les mécanismes prévus à cet effet dans l’Accord de paix et de réconciliation d’Alger. De son côté, la Plateforme reste sur sa position et ne voit comme issue à la guerre qui l’oppose à la CMA, qu’une gestion partagée de la ville de Kidal, dont la population et les principaux représentants politiques sont issus de la tribu Imghad.

À Kidal, si le calme est revenu depuis le second affrontement entre groupes armés, la raison en incombe aux forces de la CMA positionnées en majeure partie à quelques kilomètres de la ville, pour prévenir toute tentative d’approche des colonnes de la Plateforme, à la force Barkhane qui a augmenté ces patrouilles dans la zone et qui survole fréquemment avec ses hélicoptères et ses avions l’espace aérien de la ville. La Minusma aurait de plus mis en place un « dispositif sécuritaire » aux principales entrées de Kidal et effectue des patrouilles pour prévenir toute reprise des hostilités. « On entend que la Minusma sécurise les alentours de la ville, mais je ne sais pas, nous ne sortons pas beaucoup, on va au marché puis on rentre se terrer chez nous, il y a des véhicules de la Minusma qui vont vers le côté où il y a le Gatia, mais on dirait que c’est plus une ligne rouge à ne pas franchir qui a été indiqué par la Minusma au GATIA, explique cet habitant joint au téléphone.

La vie a repris malgré tout dans un climat mêlant fatalisme et incertitude quant aux jours à venir. « En ville, quand ils sortent, le gens ne s’attardent pas, l’ambiance est un peu spéciale car beaucoup de gens pro-Gatia ou Imghad ont quitté la ville. Depuis quelques jours, les chefs de la CMA ont fait passer à la radio des messages pour appeler la population à ne pas déserter Kidal », indique ce commerçant sous anonymat. Cependant, des arrestations de civils soupçonnés de complicités avec le GATIA ont rendu le climat délétère pour les partisans de la Plateforme ou pour ceux, ni-Gatia, ni-CMA, qui craignent l’instabilité dans la zone et veulent rejoindre la ville de Gao, jugée plus sûre.

Les drapeaux du MNLA et du HCUA flottent, en ville, les couleurs et les noms de ces mouvements ainsi que le terme « Azawad » s’affichent sur les graffitis un peu partout sur les murs. L’appartenance à ces groupes armés, mise en avant, semble dominer par rapport au conflit ancien entre touarègues de la tribu Ifoghas et Imghad qui bien qu’important, doit être relativisée. « Il y a beaucoup d’Imghad au sein du HCUA et de la CMA. C’est ce qui fait la force des Ifoghas, ils sont une minorité comparée au Imghad mais ils arrivent à dominer, à faire en sorte que les autres s’allient à eux », explique cette source. Le général Gamou qui revendique un partage équitable de la ville, comme entériné par les accords d’Anéfis et la déclaration de Niamey, n’est pas originaire de la région de Kidal, mais du cercle de Ménaka dans la région de Gao, où les Imghad dominent. « La CMA utilise cet argument pour dire que c’est Gamou, qui vient de loin, qui monte les uns contre les autres, il veut diriger alors que les Imghads et les Ifoghas sont de Kidal ou de sa région, et qu’ils ont grandi ensemble. Ils ont avec eux l’argent et le pouvoir, ça aide beaucoup à convaincre », ajoute cette même source. Ils y auraient des centaines d’Imghads au MNLA et au HCUA. « Il y a même des officiers supérieurs et des colonels. Lorque la situation devient intense dans les rapports entre ces deux clans et que le doute peut faire hésiter les combattants Imghads, ils sont toujours arrivés à les canaliser, à leur dire que ce n’est pas une guerre tribale mais plus une guerre entre mouvements. Le rapport entre nobles (Ifoghas) à vassaux (Imghad) intervient faiblement dans cet état de fait », conclut-il.

Sur place, en ce début de week-end, on craint que le bruit des armes trouble à nouveau la tranquillité du désert, dans des combats dont personne ne peut dire formellement quelle sera la finalité.

Fahad Ag Almahmoud : »Il n’y a jamais eu d’affrontements entre la Plateforme et la CMA pour la drogue »

 

Depuis deux semaines, Kidal est le théâtre d’affrontements entre la Plateforme et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Fahad Ag Almahmoud est le secrétaire général du Groupe armé touareg Imghad et alliés (GATIA), membre de la Plateforme.

Quelle est la situation aujourd’hui à Kidal ?

La situation est relativement calme. La MINUSMA a interdit à la Plateforme de rentrer dans la ville à travers une vidéo sur les réseaux sociaux, même si nous avons remarqué que la CMA continue de se préparer à nous attaquer. Pour le moment, on n’est pas dans la ville, mais on cherche à réduire leur marge. Il n’est pas question qu’on soit exclus de la gestion de Kidal.

On parle plutôt de conflits pour le contrôle des routes de la drogue dans le Sahara ?

Ces gens et tous ces experts-là sont des ignorants. Tout le Sahara est une route. Tu peux aller partout ! Ils ont dit la même chose à propos de Tabankort, en voulant faire de nous des crapules. Aujourd’hui, on ne parle plus de drogue à Tabankort. Il n’y a jamais eu d’affrontements entre la Plateforme et la CMA pour la drogue. Le problème qui nous oppose, c’est que les Ifoghas veulent que tout le monde soit derrière eux. Ils veulent être le seul interlocuteur de la communauté internationale. Par le passé, il y a eu l’expropriation des Arabes de In Khalil par les Ifoghas. C’est le fond du problème Ifoghas/Imghads. Il est impensable pour nous que les Imghads, qui sont majoritaires, soient dans une situation de dominés à Kidal, surtout que les voies démocratiques nous donnent raison : le député est Imghad, le maire aussi. C’est le plus grave problème du conflit. Tant qu’il n’est pas résolu, on n’avancera pas. Il faut que les gens arrivent à s’accepter et à vivre ensemble.

Il y a deux semaines, vous avez dit dans un post sur Facebook, que depuis la visite de Bilal Ag Chérif à Bamako, le comportement de la CMA avait changé vis-à-vis du GATIA et avez évoqué des promesses que le Président lui aurait faites…

Je vais être clair avec vous. Je n’ai fait que répéter le compte rendu que Bilal Ag Chérif (Secrétaire général du Mouvement national de libération de l’Azawad, ndlr) et Alghabass Ag Intallah (Secrétaire général du Haut conseil pour l’unicité de l’Azawad) ont fait à leur état-major à Kidal. Je n’ai plus rien à ajouter.

Kidal : l’enjeu des affrontements entre frères ennemis

De violents affrontements à une trentaine de kilomètres à l’est de Kidal, ont éclaté samedi matin, entre la Plateforme et la CMA. Sur place la situation est confuse. Personne ne sait comment réconcilier ces deux mouvements qui sont enferrés dans un conflit aux multiples enjeux, qui ne semblent pas pouvoir se résoudre dans l’immédiat.

Le langage des armes a encore parlé, samedi matin, à une trentaine de kilomètres de Kidal, entre ce qu’il convient mieux d’appeler, à présent, un combat Plateforme contre CMA, tant les différents groupes armés satellites de ces deux mouvements, ont rejoint le conflit. « Nous ne combattons pas seulement le GATIA, il y a avec eux, les arabes, les peules, le MAA, les Ganda Koy et les Ganda Izo, ces groupes d’autodéfense ont tous attaqué nos positions », affirme Iknane Ag Achérif, chef de la brigade anti-terroriste de la CMA à Kidal ». Pour lui, la Plateforme est responsable du déclenchement des combats : « Nos hommes étaient partis présenter leurs condoléances aux familles dont les parents ont été exécutés par la Plateforme, vers Tassik.  Ils nous ont attaqué hier matin vers 6h et les combats ont continué jusqu’à 11H. Il y avait seulement 20 voitures de la CMA composées de tous les groupes du mouvement, en face il y avait 50 à 60 véhicules. Nous n’avons pas eu le dessus car nos renforts sont partis trop tard et sont arrivés quand nos troupes avaient déjà décroché », indique-t-il.

Une source proche de la Plateforme à Kidal, donne une toute autre version des faits. Selon elle, deux colonnes de la CMA ont quitté Kidal 3 jours avant les affrontements du samedi 30 juillet, en direction de la ville de Tin-Essako, « Ils ont voulu attaquer par surprise les positions de la Plateforme qui sont à Tassik, pour bénéficier de l’effet de surprise, mais la Plateforme était déjà bien positionnée, donc ça a déclenché les combats », explique-t-il.

S’il est difficile de comprendre comment les choses se sont réellement passées, il en est de même pour établir un bilan des victimes. Selon cette même source, la Plateforme aurait 1 mort et 4 à 5 blessés à déplorer, et se seraient emparés de 4 véhicules et fait 7 prisonniers, dont un chef du groupe terroriste AQMI, qui combattait, selon cette source, au côté de l’adversaire. La CMA accuserait la perte de 7 combattants et aurait de nombreux blessés.

 Ambiguïté des forces internationales

Le rôle des forces internationales sur le terrain, durant ces affrontements, reste assez confus. Un habitant joint au téléphone, témoigne que des hélicoptères de la force Barkhane ont survolé la zone des combats sans intervenir. « Les troupes de la CMA qui se sont repliées sur Tin-Essako, c’est ça qui a arrêté les combats », ajoute ce même habitant. La Minusma aurait mis en place un dispositif d’interposition à une dizaine de km au sud de Kidal pour protéger les populations et empêcher le conflit de gagner la ville. L’impartialité de la force onusienne dans ce conflit a d’ailleurs été décriée, sur les réseaux sociaux, suite à une vidéo postée samedi 30 juillet sur la chaîne Youtube de l’organisation. Dans cette vidéo, l’adjoint du commandant du secteur nord de Kidal, indique avoir des moyens d’observation permettant, « de déceler, au plus tôt, l’arrivée possible d’éléments du GATIA venant du sud et voulant entrer en confrontation avec la CMA qui est toujours présente à Kidal ». Cependant, ce même habitant qui était sur place, assure qu’ « il n’y a pas eu de force d’interposition à l’intérieur ni à l’extérieur de la ville, il n’y a pas eu non plus de patrouilles, la Minusma n’est pas intervenu », souligne-t-il.

La domination comme enjeu principal

Ces événements sont intervenus alors qu’une médiation avait lieu à Bamako avec le général Gamou. Les déclarations d’entente et autres accords papiers, signés depuis 2015, dont le dernier récemment à Niamey, semblent en tous cas, ne pas parvenir à endiguer une situation dont les racines conflictuelles sont nombreuses et répondent à 3 enjeux principaux : la gestion de la ville de Kidal, l’ancien conflit tribal entre Imghad et Ifoghas et la mainmise pour l’un des deux camps, sur le marché du narcotrafic. « La Plateforme et la CMA ont dans leurs rangs des gens qui travaillent dans le narcotrafic, c’est cela même qui alimente le conflit. Avant la bataille de Kidal (les 21 et 22 juillet dernier), des voitures transportant de la drogue, escortées par des éléments du GATIA, ont été interceptées par des combattants du HCUA, qui ont volé cette grande quantité de drogue pour la revendre. Il y a eu des tractations pendant 1 semaine avec le GATIA pour calmer la situation mais ça n’a pas abouti… », révèle cette source. Depuis longtemps, Kidal et sa région sont, pour le narcotrafic, un point stratégique que les deux quand entendent conserver. « Le HCUA, ce sont eux qui détiennent le marché de la drogue, ainsi que la chefferie à Kidal, leur influence est grande et ils arrivent à convaincre le MNLA de les suivre, même si ces deux mouvements n’ont pas la même idéologie », déclare cette source ayant requis l’anonymat.

Sur place, ces conflits ont fini d’exaspérer les gens et les familles qui continuent à quitter la ville. La vie semble suspendue au conflit qui agite ces deux mouvements majeurs, qui semblent déconnectés des réels intérêts de la population. Un peu partout en ville et surtout à l’extérieur de Kidal, des véhicules armés patrouillent, l’ambiance sécuritaire est à son maximum. « Les combats vont reprendre, on ne sait pas quand, aujourd’hui, demain, après-demain, mais les combats vont reprendre. Il n’y a aucune médiation pour stopper ça », conclut désabusé, cet habitant.

Les deux mouvements, suite à l’affrontement, ont réaffirmé, à travers deux communiqués diffusés ce week-end, leur attachement à la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, dont l’avenir paraît, pour nombre d’observateurs, incertain.

Azaz Ag Loudagdag : « nous ne laisserons jamais Kidal ! »

Sous le contrôle de la CMA depuis les affrontements sanglants de la semaine passée, la ville de Kidal risque de connaitre de nouvelles tensions si rien n’est fait.  Les éléments du GATIA qui étaient repliés vers la périphérie de Kidal se préparent pour retourner dans la ville. Azaz Ag Loudagdag, président de la coordination Imghad, qui était présent à la réunion de Niamey, a répondu aux questions du Journal du Mali.

Quel est le bilan des affrontements entre la CMA et le GATIA ?

Je ne m’aventurerai pas là-dessus, chacun dit ce qu’il veut, mais ce qui est sûr et certain, c’est qu’il y a eu des morts des blessés et des dégâts matériels de part de d’autres.

Dans un communiqué, la CMA a demandé au GATIA de quitter Kidal et les environs pour éviter d’autres incidents, quel est votre point de vue là-dessus ?

Pas question que le GATIA quitte Kidal, la majorité de Kidal appartient aux Imghads et ils sont du GATIA. Pour preuve, toutes les élections sont gagnées en temps normal par les imghads. Le député et le maire sont des élus Imghads. Nous ne laisserons jamais Kidal ! parce que c’est eux qui sont venus à la faveur de Méharistes, d’Ansardine et des Djihadistes du MUJAO. Ils se sont bien implantés avec des complicités extérieures. Les pays étrangers les ont aidés à rester comme si c’était une part qu’on leur donne. Personne n’est d’accord qu’on quitte Kidal, nous devrons partager la ville ou advienne que pourra. Nous préférons le faire de façon pacifique, mais si on n’obtient pas cela, tous les autres moyens seront utilisés. Nous sommes majoritaires à Kidal, mais les gouvernements français et maliens ont épaulé les Ifoghas et les ont utilisés pour maitriser tout le monde. C’est une opposition ancienne, mais maintenant on est au 21ème siècle et les gens ne sont plus d’accord. Les Ifoghas considèrent les Imghads comme des vassaux et ils refusent d’être sous leur domination.

Qu’est ce qui est en jeu à Kidal et qui provoque les tensions ?

Les problèmes sont exacerbés parce que bientôt seront mise place les autorités intérimaires, donc chacun se positionne. La Plateforme estime  que le gouverneur qui a été nommé  est plus ou moins de la famille Ifoghas et qu’il ne peut pas leur tenir tête et appliquer une gestion équitable. Puisque le gouvernement leur a donné le gouvernorat, nous nous voulons la présidence de l’Assemblée régionale pour équilibrer les choses. Il n’est pas question que les deux premiers responsables de la région soient tous Ifoghas et on est prêt à affronter n’importe qui pour qu’il y ai un véritable partage du pouvoir.

On dit que la CMA a bénéficié d’une aide extérieure pour déloger le GATIA de la ville, est-ce vrai ?

Non, cela n’est pas fondé, le GATIA a effectivement pris plusieurs quartiers, entre temps il y a eu des renforts du côté de la CMA, et les renforts qui sont venus, certaines personnes estiment que c’étaient des djihadistes ou autres, mais je ne suis pas formel. Ce que je sais, c’est qu’il y a eu une médiation de la MINUSMA en la personne de Ponde Bruno, le chef de la Minusma à Kidal, qui a demandé aux uns et aux autres de quitter la ville, le général Gamou et Cheick Ag Haoussa ont été d’accord. Mais ce dernier a fait semblant de quitter pour ensuite retourner dans la ville. Donc, la CMA est restée tandis que le GATIA était hors de la ville, maintenant je ne suis pas étonné que le GATIA cherche à rentrer de nouveau dans la ville de Kidal. Ceux qui disent qu’il s’agit d’une déroute peuvent aller vérifier à la Croix rouge. C’est leur façon de communiquer, mais la réalité, croyez-moi, est tout autre.

Kidal, le calme avant la tempête ?

Les affrontements meurtriers des 21 et 22 juillet à Kidal, entre la CMA et le Gatia, ont occasionné de nombreuses victimes et poussé des familles à fuir cette zone d’instabilité. Un calme relatif règne dans la ville tenue totalement par la CMA tandis que le Gatia s’est replié à une centaine de kilomètres de Kidal, et se réorganiserait en vue d’une prochaine attaque.

Depuis deux jours, les affrontements ont cessé à Kidal et la ville porte les traces des combats intenses que se sont livrés CMA et GATIA. Un calme relatif est revenu, mais, pour la population, les jours à venir, ne semblent pas porteurs d’un quelconque apaisement. « Pour l’instant la situation est calme, mais nous sommes toujours inquiets, car le GATIA se réorganise et ils ont dit qu’ils allaient revenir, et la CMA a renforcé ses positions à l’intérieur et à l’extérieur de la ville », explique cet habitant joint au téléphone.

L’âpreté des combats a décidé beaucoup de famille a quitter la ville, « Elle parte vers la brousse, vers Tessalit, vers l’Algérie. Beaucoup ont quitté, et d’autres continuent de partir », ajoute ce même habitant.

Les stigmates des affrontements se lisent dans différents endroits de la ville, en particulier vers le gouvernorat et le fort, position tenue par le CMA, où les combats ont été les plus intenses et se sont soldés par un repli tactique du GATIA laissant la villa à La CMA. « On ne peut pas dire que la CMA a eu le dessus pendant les combats, le GATIA a été à court de munitions, il n’avait pas d’endroit pour se replier avec leurs blessés, leurs renforts n’étaient pas arrivés, ils étaient désorganisés et sont rentrés dans le combat sans y être préparé », analyse une source proche des mouvements.

Quant au nombre de victimes, résultant de ces deux jours d’affrontements, il est difficile à établir, chaque camp ayant sa propre estimation des blessés et des morts. « L’hôpital de Kidal a enregistré une soixantaine de blessés, dont 4 décédés suite à leur blessure. Le Gatia fait état de 25 blessés et une douzaine de morts. La CMA quant à elle, dit avoir enregistré 14 morts de son côté, et Il y a eu quelques pertes de civils dû à des balles perdues » indique cet employé d’une ONG local.

Suite au repli du Gatia, hors de la ville, des perquisitions ont été menées par la CMA, pour déloger les derniers combattants du Gatia qui pouvait se cacher. Le mouvement Imghad a accusé la CMA de malmener les populations qui lui sont acquises.

Selon un cadre de la CMA, l’hypothèse d’une future attaque n’est pas à exclure. « Nos informations nous rapportent que le GATIA a mobilisé une quarantaine de véhicules, et qu’il serait à une centaine de kilomètres de Kidal. La vérité c’est que Gamou a des jeunes qui travaillent dans le narcotrafic sous ses ordres, et il ne les contrôlent pas sur le terrain. Les chefs politiques peuvent s’entendre mais lui ne sait pas contrôler ses hommes, c’est pour cela qu’il y a eu des affrontements à Kidal », indique-t-il.

Le calme relatif, qui règne à Kidal depuis deux jours, pourrait faire place à une nouvelle tempête. La Minusma qui malgré son nouveau mandat « robuste », n’est pas intervenu pour faire cesser les combats et protéger les habitants, serait en discussion avec les deux camps pour essayer d’apaiser la situation.

 Kidal, ville sous tension

De la ville, théâtre de violents combats jeudi et vendredi, on n’a pas beaucoup d’informations. Les habitants se terrent toujours chez eux, tandis que, selon nos informations, les troupes françaises de Barkhane et la MINUSMA se chargent désormais de sécuriser la zone.

Dans la journée du 21 juillet, deux endroits de la ville étaient particulièrement sensibles : des tirs étaient entendus au niveau du check-point nord-est et au niveau du gouvernorat. Avec la tombée de la nuit, les tirs ont cessé dans ville, mais la tension restait très importante. Très tôt ce vendredi matin vers 5h 30mn, les hostilités ont repris entre les deux groupes, la Plateforme et la CMA, dans la ville. Les habitants, dont certains se sont réfugiés dans le camp de la MINUSMA, ont passés la nuit terrés.

Le bilan reste peu précis pour l’instant au vu de la violence de l’affrontement d’hier. Il y aurait une victime civile des tirs de l’après-midi du jeudi.   « Les différents groupes armés ont déjà renforcé leurs positions pour une poursuite de combats de rues qui sans doute augmenter l’exposition des habitants qui restent enfermer  chez eux», explique une source. Les tirs entendus ce vendredi matin vers le nord –ouest et l’ouest de la ville ont cessé vers 9 h 30mn. La ville est sous le contrôle de la CMA tandis que les éléments du GATIA se sont repliés vers la périphérie de Kidal. Le bilan actualisé n’est pas encore connu mais plusieurs sources parlent d’une vingtaine de morts et des blessés des deux côtés.  Dans un communiqué rendu public depuis hier, la CMA  a pris acte des appels lancés par le gouvernement et la MINUSMA pour un retour au calme  et rappelle son attachement à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger et à ses mécanismes de mise en œuvre. « La CMA renouvelle sa disponibilité au dialogue et au règlement pacifique de toute forme de différends […] et exige le retrait du GATIA de la ville de Kidal et ses alentours pour éviter une éventuelle reprise des hostilités », précise le communiqué. Le secrétaire général du GATIA, Fahad Ag Almahmoud , a de son côté accusé la CMA de ne «plus respecter aucun accord avec nous ». Un communiqué officiel de la Platefrome dont fait partie le GATIA indique que « la Coordination des Mouvements de l’Azawad a ouvert gratuitement le feu sur des éléments de la Plateforme qui rentrent paisiblement chez eux à Kidal, imposant ainsi un combat meurtrier dont le bilan non défini pèserait lourd déjà». Selon une source humanitaire, les affrontements auraient fait au moins huit morts dans les rangs de la CMA. La même source assure que le bilan du coté GATIA n’est pas connu mais qu’il serait lourd, on sait déja que plus de 20 combattants de ce mouvement ont été fait prisonniers.

Les deux groupes armés avaient signé le week-end dernier un accord à Niamey pour aplanir leurs dissensions autour de la gestion de la ville. Le cessez-le-feu fragile, mis à mal par plusieurs semaines de tension et de provocations de part et d’autres, aura donc fait long feu.

 

Combats intenses à Kidal, entre Gatia et HCUA

En fin d’après-midi, des combats, qui ont toujours cours au moment où ces lignes sont écrites, opposaient le GATIA et le HCUA. Une altercation survenue mardi soir entre deux combattants de ces deux groupes armés, et le refus par la CMA de laisser passer un convoi du Gatia, aujourd’hui en fin d’après-midi, aurait mis le feu aux poudres et plonger les deux mouvements dans des affrontements.

La paix qui régnait sur Kidal depuis la signature de l’accord de Niamey entre la CMA et la Plateforme aura été de courte durée. Si le soulagement avait parcouru la population à son annonce, 3 jours plus tard, ce jeudi 21 juillet en fin d’après-midi, les rafales de balle, et les tirs à l’arme lourde, en ont effacé la portée pacificatrice.

Le feu qui a embrasé les troupes du Gatia et du HCUA, ce jeudi 21 juillet vers 17h, est parti d’une vive étincelle, une altercation entre deux cousins de la tribu Imghad, l’un appartenant au HCUA et l’autre au GATIA, une dispute sur leur appartenance à leurs mouvements respectifs qui a dégénéré. Le combattant du HCUA a alors tiré sur son cousin du GATIA, qui est tombé raide mort. Un frère d’armes du Gatia, alerté, a alors fait feu sur le tireur du HCUA, le tuant lui aussi. « Les familles se sont réunis et elles se sont pardonnées, mais les gens du HCUA n’ont rien voulu entendre, alors même que les frères de la victime ont donné leur pardon. Ils veulent que le combattant du GATIA soit arrêté. Ils ont entretenu un climat de tension et de revanche depuis mardi, explique une source, jointe au téléphone.

Aujourd’hui aux alentours de 17 h, un convoi du GATIA s’est présenté à la porte nord de la ville. Des membres du HCUA et de la CMA, posté au checkpoint, lui ont barré la route et l’on interdit de passer, le ton est monté et la CMA a fait feu sur le convoi, déclenchant le début des affrontements. « Il y a des combats des 4 côtés et à l’intérieur de la ville depuis maintenant 2 h, ça n’arrête pas, des deux côtés les gens sont déterminés », confie cette source, difficilement jointe au téléphone, sa voix étant parfois couverte par les détonations dûs aux affrontements.

Les délégations de la CMA et de la Plateforme qui ont participé aux négociations de Niamey, sont arrivés en ville pour essayer de pacifier la situation. Joint au téléphone, Azaz Loudag-Dag, chef de la communauté Imghad, confie : Nous lançons des appels à l’apaisement, il faut que le calme revienne, nous comptons mettre en œuvre des initiatives pour que le conflit cesse et que la paix soit de retour ».

Selon nos informations, le ministre de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat, Mohamed Ag Erlaf, serait mobilisé pour trouver une solution viable qui pourrait faire taire les armes.

Sur place, les gens sont reclus chez eux, « la population pensait que le conflit entre ces deux groupes était réglé avec le processus de Niamey. On ne sait pas quand ça a s’arrêtera, mais si Barkhane ou la Minusma n’agisse pas, ça risque de continuer. » déplore inquiet cet habitant.