Afghanistan : un attentat à Kaboul fait au moins 80 morts et 300 blessés

Un camion piégé a explosé dans le quartier diplomatique de la capitale afghane.

Le bilan est encore incertain, mais ne cesse de grimper. Un attentat au camion piégé a frappé le quartier diplomatique de Kaboul, ce mercredi matin en Afghanistan. Il s’est produit à 8h25 locales, 5h55 heure de Paris. La déflagration a été si forte qu’elle a secoué une grande partie de la capitale afghane, soufflant de nombreuses fenêtres et semant la panique.

Un bilan fourni par le ministère de la Santé vers 9h30 (heure de Paris) fait état de 80 morts et de 300 blessés, dont des femmes et des enfants en nombre. Un précédent bilan faisait état de 64 personnes décédées et de 320 autres blessées. «Il s’agit d’un bilan provisoire. Des corps et des blessés continuent d’être amenés dans les hôpitaux», a averti un porte-parole, qui précise que des corps sont encore retirés des débris.

Une épaisse colonne de fumée noire s’est élevée de la zone de l’attaque. Un photographe de l’AFP a pu voir plusieurs corps allongés et des blessés en détresse et couverts de sang près de la zone de l’explosion. Des dizaines de voitures ont été détruites. Un hélicoptère a survolé le site de l’attentat. Le ministère de l’Intérieur explique que l’explosion du camion a été déclenchée par un kamikaze.

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Kaboul (Afghanistan), mercredi. Un membre des forces de sécurité afghanes se tient à proximité du lieu de l’explosion d’une voiture piégée. (AFP/Shah Marai)

Le quartier diplomatique abritant de nombreuses ambassades, la cible de l’attaque n’est pas encore identifiée. La déflagration s’est produite à une centaine de mètres de la représentation de l’Inde. Aucun membre du personnel n’a été blessé. «L’explosion a été très forte et les bâtiments à proximité, le nôtre y compris, ont subi des dégâts considérables», a précisé l’ambassadeur.

Les enceintes des ambassades d’Allemagne et de France ont elles aussi été endommagées et certains bâtiments proches ont pris feu. Marielle de Sarnez, ministre française des Affaires européennes a dit, sur Europe 1, «ne pas avoir d’autres renseignements pour le moment sur la question des personnes».

Pas de revendication

Aucun groupe n’a revendiqué l’attaque dans l’immédiat, mais l’explosion intervient peu après l’annonce, fin avril, du début de l’«offensive de printemps» des talibans (fondamentalistes musulmans). Le groupe Etat Islamique a également commis plusieurs attentats dans la capitale.

Aux Etats-Unis, Jim Mattis, le chef du Pentagone (le ministère américain de la Défense) a récemment déclaré s’attendre à «une nouvelle année difficile» pour l’armée afghane et les soldats étrangers présents sur le territoire afghan. Le président américain, Donald Trump, réfléchit à l’envoi de milliers de militaires supplémentaires.

VIDEO. Afghanistan : attentat dans le quartier diplomatique

Afghanistan : Plus de 30 morts dans l’attaque d’un hôpital

Mercredi 08 mars 2017, 15h17, près de 40 personnes ont été tuées mercredi dans une attaque contre le principal hôpital militaire d’Afghanistan, au coeur de Kaboul, pris d’assaut par un commando d’insurgés islamistes déguisés en médecins.

Ce n’est que six heures après le début de l’assaut, en milieu d’après-midi, que les forces spéciales afghanes, déposées par hélicoptère sur le toit de l’établissement, ont pu mettre fin au cauchemar des soignants et des patients.

Selon le porte-parole du ministère de la Défense, le général Daud Waziri, la plupart des victimes, dont plus d’une cinquantaine de blessés, étaient « des patients, des médecins et des infirmiers ».

Le général a fait état « d’au moins 30 morts et 50 blessés » mais l’hôpital de l’ONG italienne Emergency, spécialisé en chirurgie de guerre et qui n’est pas le plus proche du site attaqué, a dénombré à lui seul « 38 morts et 70 blessés ».

Pris sous le feu de quatre assaillants, tous tués par les forces de l’ordre, l’hôpital de 400 lits et ses occupants ont vécu une journée de terreur, dans la fureur et le bruit des détonations et tirs d’armes automatiques qui ont laissé des salles de soins dévastées et noyées de sang.

Vers 9 heures a retenti la première explosion, déclenchée par un kamikaze à l’entrée arrière de l’établissement, qui a ouvert la voie au commando.

Les télévisions ont montré des civils, certains en blouse blanche, réfugiés sur le toit du bâtiment, d’autres cherchant à se mettre à l’abri dans les coursives et sur les rebords extérieurs des fenêtres.

« J’étais dans le vestiaire, j’ai vu un homme habillé en médecin qui tirait avec un AK-47 sur les gardes et les patients au troisième étage », a confié à l’AFP un infirmier, Abdul Qadeer. « J’ai réussi à m’enfuir en escaladant les barbelés, mais mon ami a été touché ».

Le groupe Etat islamique a revendiqué sur la messagerie cryptée Telegram cette opération.

De leur côté, les talibans afghans ont démenti toute implication sur Twitter. Mais des sources au sein des services de sécurité ont indiqué à l’AFP être sceptiques autant sur ce démenti que sur la revendication de l’EI.

Par la fenêtre 

Selon le général Waziri, les assaillants étaient « armés de (fusils d’assaut) AK-47 et de grenades ».

« J’étais au troisième étage, des attaquants vêtus de blouses blanches médicales ont réussi à se frayer un chemin depuis l’arrière », a raconté un des médecins à l’AFP sous couvert de l’anonymat.

« Quand les tirs ont commencé, j’ai couru dans les couloirs, c’était la panique parmi le personnel et les visiteurs. J’en ai vu plusieurs tomber. Ils tiraient sur tout ce qui bougeait ». « Je me suis réfugié en réanimation et quand j’ai vu qu’il n’y avait pas d’autre issue j’ai sauté par la fenêtre », a-t-il ajouté, précisant s’être brisé la jambe en tombant.

De nombreux tirs, explosions et sirènes d’ambulances ont retenti jusqu’à la mi-journée. Une déflagration au moins provenait d’une voiture piégée qui a explosé sans faire de victimes sur le parking de l’hôpital, selon le porte-parole de la Défense.

‘Priez pour nous’

Quelques minutes après le début de l’attaque, un médecin avait exprimé sa détresse en direct sur Facebook : « Les assaillants sont entrés dans l’hôpital, priez pour nous ».

L’hôpital Sardar Daud Khan est connu pour soigner tous les blessés de guerre, des forces de l’ordre afghanes comme des insurgés.

Les condamnations ont afflué de toutes parts, des Nations unies, de l’ambassade américaine à Kaboul ou encore l’ONG MSF, dont un hôpital a été dévasté par une frappe américaine en octobre 2015 et qui évoque une grave « violation du droit international ».

Le chef de l’exécutif afghan, Abdullah Abdullah, a promis de « ne jamais pardonner à ces criminels » .

Cette opération intervient une semaine après une double attaque-suicide revendiquée par les talibans, le 1er mars, contre deux enceintes des services de sécurité à Kaboul, police et renseignements (NDS). Elles avaient fait officiellement 16 morts et plus d’une centaine de blessés.

Mardi soir, deux tirs de roquette ont visé la même zone, près de l’ambassade des Etats-Unis à Kaboul, selon des sources occidentales.

Les ambassades occidentales situées dans le quartier résidentiel de Wazir Akhbar Khan, à quelques centaines de mètres de l’hôpital attaqué, étaient placées en état d’alerte mercredi.

La dernière attaque insurgée d’envergure contre un hôpital afghan remonte à juin 2011 : 38 personnes, principalement des femmes et bébés qui se trouvaient dans la maternité, avaient été tuées dans un attentat-suicide à la voiture piégée dans la province du Logar, à 75 km au sud de Kaboul.

Les talibans avaient alors nié toute implication dans l’attentat et l’avaient condamné.

Afghanistan, retour au « Grand jeu »

« La simple raison pour laquelle nous revenons, c’est parce qu’on nous a demandé si nous pouvions le faire et j’ai dit oui », déclarait à la mi-janvier le Général Robert Neller, commandant du corps des Marines, justifiant l’envoi de 300 soldats américains dans la province afghane du Helmand, au printemps 2017. Après l’invasion américaine qui a renversé le régime taliban en 2012, la tentative des États-Unis de reconstruire l’Afghanistan s’était soldée par un échec et fin 2014, Washington avait retiré presque toutes ses troupes. Depuis l’armée afghane a perdu le contrôle de nombreuses zones du pays.

Les Marines seront chargés de former et de conseiller les soldats afghans et la police, engagés dans des affrontements constants avec les insurgés talibans, et les groupes de l’État islamique (EI) et d’Al-Qaeda qui depuis début 2015, sont installés dans l’est du pays.

Le retour de l’ingérence américaine dans la région ne fait cependant pas illusion. Actuellement, plusieurs puissances s’affrontent dans une lutte d’influence qui rappelle la rivalité entre les empires russes et britanniques aux XIXè et début du XXè siècle, surnommée le « Grand jeu ».

Lutte d’influence L’émergence de l’État islamique (EI) pose un sérieux défi à la suprématie des talibans et pousse les puissances régionales à revoir leurs politiques et à ouvrir le dialogue avec eux. La Russie tout d’abord, opposée aux talibans dans la guerre civile afghane des années 90, a opéré un changement drastique en les soutenant face à l’ennemi commun que représente l’EI. Pour nombres d’observateurs, cette affirmation de Moscou en Afghanistan est une tactique pour faire pression sur les États-Unis et renforcer son influence régionale. Le Pakistan, principal soutien des talibans, est accusé de double jeu par rapport au gouvernement afghan. L’Iran chiite ensuite, qui s’est rapproché de son ennemi historique, les talibans sunnites, contre l’EI (qui considère les chiites comme des infidèles), a approfondi sa relation avec les insurgés. Le gouvernement afghan du président Ashraf Ghani enfin, grevé de luttes politiques et considéré par ces puissances régionales comme trop proche des États-Unis, s’avère incapable de faire face aux multiples problèmes de sécurité auxquels il est confronté.

Le pays est livré au chaos, divisé sur les lignes ethniques, sectaires et sur sa politique envers les États-Unis, la Russie et le Pakistan, qui exercent leur influence, déstabilisant un peu plus la région.

L’arrivée du nouveau président américain Donald Trump, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, est attendu par de nombreux afghans Afghans, qui espèrent que le président américain et le dirigeant russe Vladimir Poutine amélioreront enfin leur relations bilatérales, ce qui pourrait avoir pour effet de donner un impact positif sur la situation en Afghanistan.

Mali-Nord : l’Afghanisation du Sahara ?

Les choses sont allées bien vites ces derniers mois. Nous avons tous été prit au dépourvu et aucun observateur n’avait prévu ce qui vient de se produire en Tunisie, en à‰gypte, en Lybie et pratiquement dans le même ordre : la chute subite du régime d’Amadou Toumani Touré, la déliquescence de l’appareil de l’Etat Malien, puis la partition du pays en deux . Les réalités ne sont certes pas le mêmes, mais ce qui est intéressant C’’est de constater la similitude notamment quant à  la vitesse à  laquelle les pouvoirs centraux de ces pays ont étés totalement défaits, sans finalement recourir à  une force majeure, excepté pour l’ancien régime Libyen cerné par les bombardements de l’OTAN. Dans le cas du Mali, on serait tenté de dire, que « tout » ce qui arrive dans sa partie Sahélo – Saharienne serait dû à  la chute du régime de Kadhafi et donc le résultat de la guerre engagée par l’OTAN en Libye sur la volonté Française. Il y a l’effet de la guerre Libyenne, dans ce qui se passe au Mali, mais pas seulement . Au Sahel/Sahara, on est face à  un problème, d’abord géopolitique, d’une grande complexité avec des enjeux autant multiples que les acteurs, pour beaucoup d’observateurs, les plus avertis, C’’est là  que « se décide l’avenir du Monde », en raison des ressources non exploitées et que le Sahara renferme ; en suite, on est devant des conséquences directes d’une configuration géographique et socio-culturelle, pas très bien pensée, par l’ancienne administration coloniale, qui en traçant les frontières, comme elle l’avait fait à  la décolonisation, pensait pouvoir rester maitre et garder la main mise sur ce grand espace en tentant de confier la gestion politique et territoriale des Peuples très différents culturellement et du point de vue de l’Histoire, aux états postcoloniaux, nouvellement crées et dont la politique, pour certains est encore décidée, en grande partie à  Paris. Colonialisme, indépendance