Présidentielle au Cameroun: début du vote sous haute surveillance en zone anglophone

Les électeurs ont commencé à voter dimanche pour désigner leur président au Cameroun, sous haute surveillance dans les régions anglophones de l’Ouest où les séparatistes ont promis d’empêcher le scrutin.

A Yaoundé, dans le bureau où doit voter le président sortant Paul Biya, 85 ans, au pouvoir depuis 1982 et qui brigue un 7ème mandat consécutif face à 7 candidats, le premier électeur est entré dans l’isoloir un quart d’heure après l’heure officielle d’ouverture des bureaux à 08H00 locales (07H00 GMT).

Dans ce même bureau, repeint à neuf pour la venue de M. Biya, une électrice a expliqué être venue tôt « pour éviter les embouteillages ». « J’ai accompli mon devoir citoyen, maintenant on attend les résultats », a indiqué cette électrice, Joëlle, une femme au foyer de 51 ans.

« Je suis venu choisir celui qui pourra préserver la paix dans ce pays », indique Ulrich, 26 ans, qui travaille dans le gardiennage, à sa sortie de l’isoloir de ce bureau installé dans une école publique, Bastos A.

A Buea, capitale du Sud-Ouest, l’une des deux régions anglophones du pays, la distribution du matériel électoral avant l’ouverture des bureaux s’est faite sous haute protection de l’armée.

A 08H00, il n’y avait presque que des militaires et policiers dans les rues et la plupart des habitations étaient closes, a constaté une équipe de journalistes de l’AFP.

– Tribunal incendié –

Dans cette même région, « des hommes armés ont incendié (dans la nuit de samedi à dimanche) un tribunal à Kumba. On les suspecte d’être des Ambazoniens » (combattants séparatistes), selon un témoin, information confirmée par un autre habitant de la ville.

Dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, l’autre région anglophone du Cameroun, la guerre s’est installée depuis fin 2017, après plus d’un an de crise socio-politique qui a lentement dégénéré en conflit armé.

Des centaines de séparatistes armés, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, combattent désormais violemment et quotidiennement l’armée camerounaise.

Ils ont promis la « guerre » le jour de la présidentielle de dimanche, menaçant de s’en prendre aux électeurs qui iraient voter.

Dans la région de l’Extrême-Nord, l’armée est également déployée pour combattre les jihadistes de Boko Haram qui lancent des assauts répétés depuis 2014 sur les populations camerounaises,

Quelque 6,5 millions d’électeurs – sur 25 millions d’habitants – sont appelés à voter jusqu’à 18H00 (17H00 GMT) et auront à choisir entre huit candidats. Les résultats définitifs ne seront pas pas publiés avant au moins une semaine.

Parmi les huit candidats en lice, le président sortant Paul Biya, 85 ans, qui, invisible physiquement durant la campagne hormis un meeting dans l’Extrême-Nord, a été omniprésent dans les débats et sur les affiches collées par milliers partout dans le pays.

Grâce à un maillage territorial imposant et sans pareil de son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), les soutiens du président-candidat ont sillonné le pays durant la campagne d’une élection qui lui semble acquise.

Mais, à 48 heures du vote, un coup de théâtre a surpris le monde politique camerounais: pour la première fois depuis la présidentielle de 1992, deux opposants de poids ont formé une coalition contre Biya.

Akere Muna, ancien bâtonnier du Cameroun, s’est désisté en faveur de Maurice Kamto, candidat majeur de l’opposition, ancien ministre délégué à la Justice (2004-2011) et transfuge du parti au pouvoir.

– Bulletins Muna malgré le retrait –

Elecam, l’organe qui organise l’élection, a cependant refusé que les bulletins portant le nom de M. Muna soient retirés, estimant que le retrait de sa candidature avait été trop tardif et n’était pas prévu par la loi.

Deux autres candidats sortent du lot et peuvent espérer un score significatif: Joshua Osih, candidat du Social democratic front (SDF, principal parti d’opposition) malgré une campagne timorée, et Cabral Libii, benjamin de l’élection à 38 ans, qui a fortement mobilisé dans ses meetings.

Dans le conflit en zone anglophone, plus de 175 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont été tués ainsi que plus de 400 civils, selon les ONG. Aucun bilan n’est disponible du côté séparatiste.

La tenue du scrutin paraît très incertaine dans ces régions où plus de 300.000 personnes ont dû fuir leur domicile.

L’insécurité y a pris le pas sur la campagne: aucun candidat ne s’est rendu à Buea ou à Bamenda, et les coups de feu y ont remplacé les traditionnels avertisseurs de voitures et sonos de meetings.

Burkina: 6 policiers tués par l’explosion d’un engin artisanal dans le Nord

Au moins six policiers burkinabè ont été tués vendredi soir à Sollé, dans le nord du Burkina Faso près de la frontière malienne par l’explosion d’un engin artisanal (IED), au lendemain de la mort de six soldats dans l’Est dans des conditions similaires, a-t-on appris de sources sécuritaires

« Un convoi de la police est tombé dans une embuscade à Sollé. Le véhicule de tête a sauté sur une mine, faisant six morts », a déclaré samedi à l’AFP, une source sécuritaire.

« Le reste du convoi a essuyé des tirs d’individus armés, qui ont également occasionnés des blessés » a poursuivi cette source.

Une seconde source sécuritaire, a confirmé l’attaque, évoquant également un bilan d' »au moins six morts ». Une « opération de ratissage est en cours dans la zone, avec des renforts venus d’autres localités », a-telle ajouté.

Fin août, un groupe d’individus armés avait tenté d’attaquer le commissariat de police de district de Sollé, peu après l’attaque d’une équipe dudit commissariat qui avait fait un mort.

Jeudi, six soldats burkinabè ont été tués par l’explosion d’un engin artisanal entre Gayéri et Foutouri, dans l’Est du Burkina Faso, au lendemain d’une attaque contre un détachement de la gendarmerie qui a fait un mort.

Les explosions meurtrières d’engins improvisés (IED) se sont multipliées et ont coûté la vie depuis le mois d’août à 35 personnes, selon un décompte de l’AFP.

Le Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est le théâtre d’attaques jihadistes régulières depuis le premier trimestre 2015.

Le Nord et l’Est sont particulièrement touchés et Ouagadougou, la capitale, a été frappée à trois reprises.

Selon un bilan officiel établi mi-septembre, les attaques islamistes ont fait 118 morts, 70 civils et 48 membres des services de sécurité.

La semaine dernière, l’opposition avait organisé une manifestation à Ouagadougou pour protester notamment contre l’incapacité du gouvernement à enrayer les attaques qui se multiplient.

Le président chinois d’Interpol porté disparu, la France « s’interroge »

Une enquête pour disparition a été ouverte en France concernant Meng Hongwei, président chinois de l’organisation internationale de coopération policière Interpol, dont la famille n’a plus de nouvelles depuis son départ pour la Chine fin septembre.

La France, par la voix du ministère de l’Intérieur, a fait part vendredi de son « interrogation » sur la situation de M. Meng, 64 ans, et s’est dite « préoccupée » par des menaces reçues parallèlement par son épouse.

Jeudi soir, cette dernière a fait part à la police de Lyon, où le couple réside, de la disparition « inquiétante » de son mari, précisant ne pas avoir de ses nouvelles depuis le 25 septembre.

Quelques jours plus tôt, selon des sources concordantes, il avait rejoint la Chine en avion depuis Stockholm.

« Mme Meng indiquait également avoir récemment reçu des menaces via les réseaux sociaux et par téléphone », a ajouté le ministère.

Le parquet de Lyon, ville où le siège mondial d’Interpol est installé, a alors ouvert une enquête, confiée à la police judiciaire, un dispositif étant également mis en place pour « garantir la sécurité » de Mme Meng.

« La France s’interroge sur la situation du président d’Interpol et est préoccupée par les menaces dont son épouse a fait l’objet. Interrogées par le bureau de liaison d’Interpol à Pékin, les autorités chinoises n’ont pour l’heure pas apporté de précisions. Les échanges avec les autorités chinoises se poursuivent », a déclaré le ministère de l’Intérieur.

– Arrêté ? –

Selon le quotidien de Hong Kong en langue anglaise South China Morning Post, qui cite une source anonyme, Meng Hongwei fait l’objet d’une enquête dans son pays. Il a été « emmené » par les autorités « dès son atterrissage » la semaine dernière, pour des motifs encore flous, affirme vendredi le journal.

« Cette affaire concerne les autorités compétentes en France et en Chine », s’est borné à commenter Interpol dans un communiqué, soulignant que c’est l’Allemand Jürgen Stock, son secrétaire général, et non Meng Hongwei, qui est chargé de la conduite de l’organisation au quotidien.

Meng Hongwei a été élu le 10 novembre 2016 président d’Interpol, qui compte 192 pays membres, lors de sa 85e assemblée générale annuelle à Bali, en remplacement de la Française Mireille Ballestrazzi. Son mandat court jusqu’en 2020.

Vice-ministre chinois de la Sécurité publique, il dirigeait précédemment le bureau national d’Interpol en Chine. Poids lourd du Parti communiste chinois, il a travaillé comme policier dans la lutte contre le trafic de drogue, l’anti-terrorisme et il a dirigé les gardes-côtes chinois, selon sa biographie sur le site d’Interpol.

Cette première nomination d’un Chinois à la tête d’Interpol avait été critiquée par les organisations de défense des droits de l’Homme. La Chine a longtemps utilisé Interpol « pour arrêter des dissidents et des réfugiés à l’étranger », s’était inquiété notamment Amnesty International.

L’organisation policière, dont les « notices rouges » relaient les mandats d’arrêt de ses pays membres, s’en était défendue en soulignant que l’article 3 de ses statuts lui interdit toute ingérence en matière politique.

Reste que la disparition soudaine de hauts dignitaires chinois est devenue chose courante sous la présidence de Xi Jinping, qui mène depuis plusieurs années une campagne anti-corruption soupçonnée de masquer une purge politique.

La Chine juge « ridicules » les accusations d’ingérence du vice-président américain

La Chine a jugé vendredi « injustifiées » et « ridicules » les accusations du vice-président américain Mike Pence selon lesquelles Pékin s’ingèrerait dans les élections aux Etats-Unis.

« Nous appelons les Etats-Unis à cesser leurs méfaits, à arrêter d’accuser sans fondement et de diffamer la Chine et de nuire aux intérêts de la Chine et aux relations sino-américaines », a déclaré dans un communiqué Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Dans un discours cinglant, prononcé jeudi devant un cercle de réflexion conservateur de Washington, Mike Pence a accusé Pékin d’agression économique à coups de « vols » de technologies, d’agression militaire notamment en mer de Chine du Sud, de violations croissantes des droits de l’homme et, surtout, d’ingérence politique afin d’obtenir le départ du président américain Donald Trump.

– « Tout à fait ridicule » –

Le numéro deux du gouvernement des Etats-Unis « a lancé des accusations injustifiées contre la politique intérieure et étrangère de la Chine », qu’il a « diffamée en affirmant qu’elle s’ingère dans les affaires intérieures et dans l’élection américaine », a déclaré Hua Chunying.

« Il ne s’agit de rien d’autre que de parler en se fondant sur des rumeurs, de confondre le vrai et le faux et de créer quelque chose sur du vent. La partie chinoise est fermement opposée à cela », a dit la porte-parole.

Reprenant des accusations proférées par Donald Trump la semaine dernière au Conseil de sécurité de l’ONU, M. Pence a dressé le réquisitoire le plus dur contre la Chine jamais entendu depuis l’arrivée du milliardaire républicain à la Maison Blanche: retour en arrière sur les libertés, « agression » économique et militaire, et surtout ingérence politique pour se débarrasser de Donald Trump.

M. Pence a accusé Pékin d’avoir « lancé un effort sans précédent pour influencer l’opinion publique américaine, les élections » législatives de novembre « et l’environnement menant à l’élection présidentielle de 2020 ».

Les relations entre les deux grandes puissances commerciales se sont détériorées ces dernières semaines, Donald Trump infligeant 250 milliards de dollars de taxes douanières sur des importations chinoises.

« Il est tout à fait ridicule de la part des Etats-Unis de stigmatiser leurs échanges normaux et leur coopération avec la Chine comme étant une ingérence de la Chine », a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

« La Chine obéit toujours au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres et nous n’avons pas d’intérêt à nous immiscer dans les affaires intérieures et les élections des Etats-Unis », a-t-elle insisté.

Le numéro deux du gouvernement des Etats-Unis a repris dans un même discours très détaillé les accusations proférées ces dernières semaines par plusieurs membres de l’administration, à commencer par le président la semaine dernière en plein Conseil de sécurité de l’ONU. Et a ainsi confirmé l’impression d’une offensive tous azimuts pour faire plier Pékin en pleine guerre commerciale.

« La Chine s’ingère dans la démocratie américaine » et, « pour dire les choses de manière abrupte, le leadership du président Trump fonctionne: la Chine veut un président américain différent », a-t-il lancé.

Au passage, Mike Pence a estimé que l’ingérence russe dans la politique américaine n’était « que peu de chose par rapport à ce que la Chine fait à travers ce pays ».

Selon M. Pence, les autorités chinoises tentent d' »exploiter les divisions entre les niveaux fédéral et local » et ont une stratégie précise pour influencer les électeurs américains avant les scrutins cruciaux de mi-mandat, à l’occasion desquels le camp républicain risque de perdre la majorité au Congrès.

« Plus de 80% des comtés américains ciblés par la Chine » à travers ses taxes douanières « ont voté pour le président Trump en 2016, et maintenant la Chine veut retourner ces électeurs contre notre administration », a-t-il estimé.

– Fin de l’idylle –

L’idylle des débuts entre Donald Trump et Xi Jinping est donc bien loin. Et le président américain le reconnaît sans détours, estimant la semaine dernière à l’ONU que son homologue chinois n’était « peut-être plus » son « ami ».

Mais en même temps qu’il passait à l’acte en déclenchant le conflit commercial pour tenter de résorber son déficit, le gouvernement américain a renoué avec le discours virulent de la campagne Trump.

Dénonçant une « agression économique » à coups de « vols » de technologies, le vice-président a confirmé qu’après les tarifs douaniers infligés sur 250 milliards de dollars d’importations chinoises, Washington était prêt à « faire substantiellement plus que doubler la mise en l’absence d’accord équitable ».

La Maison Blanche a fait savoir parallèlement qu’elle tentait de former « une coalition » avec d’autres économies majeures pour « combattre la Chine dans le domaine commercial ».

Mike Pence a aussi adopté un ton très ferme sur d’autres sujets.

« La Chine a bâti un Etat de surveillance inégalé, qui ne cesse de grossir et de devenir plus intrusif, souvent avec l’aide de la technologie américaine », a-t-il affirmé.

« Pendant un certain temps, Pékin a progressé vers plus de liberté et de respect des droits de l’Homme, avant d’effectuer ces dernières années un retour en arrière drastique », a ajouté le vice-président américain.

Trottinettes: une réglementation en retard de plusieurs années

Aucune réglementation claire ne s’applique encore aux engins de déplacement personnels (EDP) électriques, qui ne sont actuellement que tolérés dans les villes, au moment où leur développement rapide risque de provoquer des frictions.

Ces engins peuvent rouler « à pas d’homme » sur les trottoirs, à une vitesse inférieure à 6 km/h, ou sur les pistes cyclables et voies réservées aux bus à moins de 25 km/h. Les maires peuvent fixer une réglementation s’appliquant à leur commune, mais aucun ne s’est saisi de ce droit, selon la société Autonomy qui milite pour l’amélioration des déplacements en ville.

Les engins sans moteur sont quant à eux assimilés à des piétons par le code de la route.

Le Premier ministre Edouard Philippe semblait pencher, en présentant le « plan vélo » le 14 septembre à Angers, pour une prise en charge de la réglementation par les collectivités territoriales.

La Fédération professionnelle de la micro-mobilité (FP2M), elle, revendique la création au niveau national d’une nouvelle catégorie spécifique et des règles de circulation privilégiant les pistes cyclables à une vitesse maximum de 25 km/h.

La FP2M souhaiterait voir les EDP autorisés sur les chaussées limitées à 30 km/h, tolérés sur les voies et les zones piétonnes (à une vitesse maximale de 6 km/h) et tolérés sur des chaussées limitées à 50 km/h en milieu urbain en cas de rupture de zone autorisée.

La ministre des Transports Elisabeth Borne a depuis annoncé vouloir interdire les EDP électriques sur les trottoirs, dans son projet de Loi d’orientation des mobilités (LOM) annoncé pour fin octobre.

« Ces engins électriques, qui peuvent aller très vite, ne doivent pas être sur les trottoirs, ils doivent être sur la chaussée ou sur les pistes cyclables. (…) On va clarifier le fait que les trottoirs, c’est d’abord pour les piétons », a-t-elle déclaré sur Europe 1.

« Les trottinettes, ce sera sur les pistes cyclables ou sur les chaussées », a souligné la ministre, notant toutefois que les maires pourraient moduler ces règles.

Les assureurs s’adaptent, et proposent d’assurer les EDP avec un contrat automobile ou un contrat habitation selon l’équipement d’un moteur, sa puissance et sa vitesse maximale.

« Sans réglementation claire pour le moment, on attend d’avoir plus de recul pour proposer des contrats plus adaptés », explique Christophe Sabadel, responsable produits du groupe Maif.

Le flou législatif concerne également le port du casque et autres protections, ainsi que les normes de fabrication. Ces dernières sont en cours d’élaboration à l’Association française de normalisation (Afnor), et prévues pour la fin de l’année.