Afrique de l’Ouest : les femmes de plus en plus visibles sur les routes migratoires

Publié début décembre 2025 par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), un nouveau rapport intitulé « Women on the move » analyse les déplacements de 15 360 voyageuses en Afrique de l’Ouest et du Centre en 2024.

Cette étude, fondée sur le dispositif de Flow Monitoring de l’OIM, documente les profils, les itinéraires et les risques auxquels sont exposées les femmes, notamment au Mali et au Niger.

Le document repose sur des données collectées à 27 points de suivi des flux dans sept pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, le long de principaux axes de transit. Il s’inscrit dans un dispositif lancé par l’OIM en 2016 pour observer les mouvements intra et interrégionaux. En 2024, 22 % des personnes interrogées dans la région sont des femmes, dont la majorité a entre 25 et 59 ans, et une part plus réduite appartient à la tranche des 18–24 ans.
Les informations fournies par les autorités nationales montrent que trois pays dominent les pays d’origine des voyageuses interrogées : le Nigeria représente 26 % des cas recensés, devant le Burkina Faso (18 %) et le Niger (15 %). Les destinations déclarées restent d’abord régionales dans la mesure où 68 % des femmes interrogées projettent de rester en Afrique de l’Ouest, près de la moitié d’entre elles mentionnant le Niger comme pays de destination. Près de 29 % disent se diriger vers l’Afrique du Nord, tandis que des proportions plus faibles citent l’Europe ou l’Afrique centrale.
Les raisons avancées pour le départ sont principalement économiques. Selon le rapport, 61 % des voyageuses déclarent se déplacer pour des motifs liés au travail, au commerce ou à la recherche d’opportunités professionnelles. Les mouvements de regroupement familial, qu’ils soient permanents ou de courte durée, représentent 19 % des motifs évoqués. D’autres facteurs apparaissent dans les réponses, comme la poursuite d’une formation, l’accès à certains services, les effets des conflits, des catastrophes ou du changement climatique, mais dans des proportions plus réduites.
Le Mali est directement concerné par cette dynamique. Le rapport souligne qu’entre 2020 et 2024, la part des femmes parmi les migrants interrogés a augmenté de 10 points de pourcentage au Mali et de 6 points au Niger, illustrant une féminisation progressive des flux sur ces axes. Ces deux pays concentrent à eux seuls 35 % de l’ensemble des voyageurs recensés dans l’étude. Au sein des programmes d’aide au retour volontaire et à la réintégration vers l’Afrique de l’Ouest et du Centre, les femmes sont également plus nombreuses. En effet, leur proportion a augmenté de 8 points entre 2020 et 2024, tandis que leur nombre a presque été multiplié par cinq. Parmi les bénéficiaires féminins de ces retours, 49 % se réinstallent au Niger et 27 % au Mali, les autres se répartissant entre le Burkina Faso, la Mauritanie, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Sénégal et d’autres pays.
L’étude aborde aussi les situations de vulnérabilité. Lors des entretiens menés au Tchad, au Mali et au Niger, moins de 1 % des femmes interrogées se sont identifiées comme victimes de travail forcé. Parmi ces dernières, seulement 44 % disposaient de documents d’identité au moment de l’enquête. Les personnes concernées mentionnent principalement la confiscation de leurs papiers, non restitués ensuite, et, dans une moindre mesure, la perte des documents. Ces éléments restent limités en proportion mais apportent des indications sur les risques spécifiques rencontrés par une partie des voyageuses sur les routes migratoires.
En rassemblant ces indicateurs pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, le rapport de l’OIM fournit un cadre statistique commun sur la présence des femmes dans les flux migratoires régionaux. Il offre aux autorités nationales et aux partenaires un outil de suivi pour comparer les situations entre pays, observer les tendances dans le temps et ajuster les dispositifs d’assistance et de gestion des mouvements de population.

Réservistes : nouvelle dynamique au Mali et au Burkina Faso

Pour constituer des effectifs militaires, plusieurs pays du monde ont recours aux services de réservistes. Récemment confrontés à des défis sécuritaires importants, le Mali et le Burkina Faso ont envisagé de renforcer leurs effectifs militaires par des citoyens. N’appartenant pas à l’armée d’active, ils sont formés pour apporter un concours aux forces armées dans le cadre de la défense de la Patrie. Volontaires ou réservistes, ils constituent un appui aux militaires et leurs rôles varient en fonction des pays.

La réserve est constituée de 2 composantes. La première est composée de membres de la société civile avec ou sans expérience et d’anciens militaires s’étant engagés. Après une formation et un entraînement spécifique, ces hommes et ces femmes apportent un soutien temporaire qui peut être plus ou moins long en fonction des pays. Ils se voient confier les mêmes missions que les militaires actifs. Ils sont membres de la réserve opérationnelle.

Quand à la réserve citoyenne, elle est composée de volontaires qui sont agréés auprès des autorités en fonction de leurs expériences, mais aussi de leur intérêt pour les questions de défense. Leur soutien constitue généralement un appui au renforcement de l’esprit de la Défense nationale et au raffermissement des liens entre civils et militaires.

Nouvelle dynamique

Ce sont plus de 2 000 élèves fonctionnaires qui ont commencé à effectuer le Service National de Défense (SND) ce 11 septembre au Burkina Faso. À l’issue d’une formation civique et militaire de 3 mois, ils seront désormais des réservistes pour l’armée. C’est le 17 août 2023 que l’Assemblée législative de Transition (ALT) a adopté un projet de loi portant formation civique et militaire au Burkina Faso. Une loi qui, dès sa promulgation par le gouvernement, permettra que le SND concerne les jeunes de 18 à 35 ans. Ces réservistes constitueront avec les Volontaires pour défense de la Patrie (VDP) des appuis aux Forces de défense et de sécurité, espèrent les autorités. A noter, que plusieurs VDP ont déjà été tués dans des attaques terroristes au Burkina Faso.

En termes de réservistes, en Afrique, en 2022, on dénombrait en Égypte 479 000 personnes, en Algérie 150 000, au Maroc 150 000, en Tanzanie 80 000, en Ouganda 10 000, en Zambie 3 000 et aux Comores 1 600.

Les 10 premiers en Afrique en termes de réservistes ne sont pas en Afrique de l’Ouest et dans le classement 2022 des réservistes militaires par État, il n’existe pas de données sur le Mali et le Burkina Faso, selon la carte de l’International Institute for Strategics Studies, comme pour d’autres pays de la sous-région. Les deux pays sont donc dans une nouvelle dynamique de détermination de leurs effectifs dans ce domaine.

Chute de la production en Afrique de l’Ouest : Un ennemi commun

À l’exception notoire du Benin, plusieurs pays de la sous-région ouest africaine ont connu une baisse importante de leur production de coton pour la campagne 2022. Une chute estimée à 20%, selon le département américain de l’Agriculture (USDA). Responsable de cette régression, une attaque de jassides, des « insectes verts très vifs qui piquent et sucent les feuilles sur la face inférieure ». Si les pays ne sont pas touchés avec la même ampleur, ils envisagent une solution commune pour maîtriser cette nouvelle menace à l’or blanc.

La production totale de la zone serait de 4,8 millions de balles, en recul de 1,2 million de balles par rapport à 2021, selon l’USDA. La superficie récoltée est estimée à 2,9 millions d’hectares, en baisse de 7%. Le rendement, estimé à 360 kilogrammes par hectare, est aussi en recul de 14%.  Cette infestation des champs par les cicadelles ou les jassides (amrasca butuguttula) aurait été favorisée par des pluies abondantes de juin à septembre dans plusieurs pays : Mali, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo, alors que le Bénin, le Cameroun et le Tchad ont été relativement épargnés.

Ce ravageur, présent au Mali et en Afrique pour la première fois, se multiplie très rapidement. Une femelle peut pondre en un jour plus de 300 œufs qui se transforment en larves en quelques heures, d’où une capacité très élevée d’envahir les parcelles, selon une note de la Compagnie malienne de développement textile (CMDT).

Solution globale

Au Mali, l’invasion des jassides « a causé 90% des pertes » et la baisse est estimée à 30%. Les principaux facteurs qui ont entravé la production en 2022, selon la compagnie nationale, sont les difficultés d’approvisionnement en intrants agricoles à cause de l’embargo de 6 mois, l’attaque des jassides pour 91 256 hectares, les inondations et l’enherbement des parcelles. La Côte d’Ivoire a été le pays le plus touché, avec environ une perte de 50% de sa production.

Face aux prédateurs, les mesures ont été envisagées au niveau global. Après l’identification de l’espèce incriminée, les pays de la région ont envisagé l’identification des matières actives contre les jassides, le choix de trois fournisseurs par appel d’offres international pour l’approvisionnement des producteurs de coton et enfin la « prise de mesures appropriées auprès du département de l’Agriculture et des organisations sous-régionales (CILSS et CSP) pour une dérogation sur l’homologation et une autorisation spéciale d’importation de ces nouveaux produits de gestion des jassides ».

Le Mali, la Côte d’Ivoire et le Bénin restent les principaux producteurs de la zone, avec une évolution plus stable pour le Bénin au cours des trois dernières années.