Bataille d’Alep : l’armée syrienne proche de la victoire

C’est un tournant majeur dans la bataille d’Alep : l’armée syrienne a reconquis la totalité de la Vieille ville. Les rebelles, acculés, ne contrôlent plus qu’un quart environ de la partie orientale de la l’ancienne capitale économique du pays. Ils ont appelé ce matin à un cessez-le-feu de cinq jours pour permettre l’évacuation des civils et des blessés graves. Et ils demandent aussi à toutes les parties au conflit à engager des discussions sur l’avenir de la ville

Alep : reprise des bombardements sur fond de tension diplomatique

Le régime syrien et son allié russe ont intensifié les bombardements sur la partie est d’Alep.

Un temps remisés, les combats ont repris de plus belle à Alep. Les bombardements russes et syriens se sont intensifiés hier mardi contre des quartiers rebelles, et ont fait 25 morts selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé à Londres. Paul Khalifeh, correspondant de RFI dans la région, rapporte que les raids ont surtout visé le quartier de Boustane al-Qasr, aux mains des rebelles présents dans la partie est du pays. Ce quartier n’en demeure pas moins stratégique en raison du fait « qu’il constitue une sorte de verrou, qui commande l’accès à d’autres secteurs de la ville ».

C’est le prolongement de l’offensive lancée le 22 septembre par le régime de Bachar El Assad et son grand protecteur qu’est la Russie, pour reprendre les quartiers d’Alep aux mains des rebelles. Depuis mars 2011, la Syrie est plongée dans la guerre civile.

Le 6 octobre, l’ONU tirait la sonnette d’alerte sur le fait que le risque est grand que la partie est d’Alep soit détruite avant la fin de l’année. L’organisation a fait état de 376 personnes tuées, 1266 blessés par les bombardements.

Pendant ce temps, sur le plan diplomatique, les pays sont en peine de s’entendre pour arrêter cette escalade de la violence. Pour preuve, le Président russe, Vladimir Poutine, a annulé sa prochaine visite à Paris le 19 octobre prochain, quelques jours après le veto russe sur une résolution française à l’ONU par rapport au cessez-le-feu à Alep. Au Royaume uni, Boris Johnson, ministre des Affaires étrangères, a fait savoir qu’il « voudrait voir des manifestations devant l’ambassade de Russie » à Londres pour protester contre le rôle de Moscou en Syrie.

 

 

Syrie, l’enjeu d’Alep

En Syrie, le régime de Bachar Al-Assad, avec l’aide de son grand protecteur qu’est la Russie et dont la stratégie est celle du rouleau compresseur, poursuit son offensive contre les rebelles à Alep. Une ville stratégique dont la chute pourrait davantage renforcer le régime.

La crise à Alep s’est dramatiquement empirée depuis jeudi 22 septembre, lorsque les avions de guerre syrien et russe ont brusquement intensifié les bombardements de cette ville « divisée », après  l’échec de la trêve prévue dans l’accord russo-américain du 9 septembre. Ce qui a amené le Conseil de sécurité à se réunir, dimanche 25 septembre, à la demande de la France, des Etats-Unis et du Royaume-Uni, lesquels ont accusé la Russie de « crimes de guerre ». « C’est de la barbarie », a lancé Samantha Power, ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies. Le lundi 26 septembre, pour la quatrième fois consécutives, la Russie et son allié syrien ont repris les bombardements. Mais le Kremlin a estimé que ces accusations sont de «de nature à faire du tort à nos relations et au processus de règlement » du conflit syrien. Les populations civiles sont plongées dans une catastrophe : pas d’hôpitaux, pas de convois humanitaires, pas de centres médicaux. De fait, Alep est une ville stratégique, la plus grande du Nord près de la frontière turque. Pour Ziad Majed, politologue et professeur à l’Université américaine de Paris, interrogé par Le Monde, si le régime syrien récupère Alep, considérée avant par les rebelles comme le point de départ pour la libération du territoire, « cela sera une victoire symbolique très importante (…)Si Alep tombe, cela va montrer aux opposants qu’ils n’ont aucune protection et que les Russes et le régime peuvent tout faire, qu’il n’y a pas de ligne rouge. » Mais, l’autre but recherché par la Russie est de modifier le rapport de force sur le terrain, ce qui pourrait peser dans les négociations avec les Etats-Unis dont on dit qu’ils sont de plus en plus passifs et hésitants en Syrie, tout comme les Européens. Et l’on comprend sans mal qu’avec la situation à Alep s’éloigne une porte de sortie politique en Syrie.