Partis politiques : ces présidents qui cèdent le fauteuil

Le 12 décembre dernier lors du 3ème congrès ordinaire du parti Yelema, Moussa Mara passait le témoin à Youssouf Diawara pour prendre les rênes, consacrant une alternance à la tête du parti, plutôt rare au sein de la classe politique malienne. Le 26 décembre, lors du 7ème congrès ordinaire du Parti CNID-Faso Yiriwaton,  Maitre Mountaga Tall, Président du parti depuis sa création, a également annoncé ne plus renouveler son mandat.

Cette nouvelle dynamique au sein de la classe politique marquerait pour certains le début du renouvellement tant réclamé ces dernières années de l’échiquier politique national.

« Je refuse d’être un président d’honneur ! Un président fondateur qui décide encore de tout, à l’ombre de son salon climatisé et sans qui aucune initiative ne sera prise ! Non je reste un militant et je continuerais à servir YELEMA et le Mali avec tous. En soldat loyal et discipliné et qui suivra les instructions données par la nouvelle direction du parti », avait indiqué sans ambage Moussa Mara  face aux congressistes de son parti.

L’ancien Premier ministre qui a toujours pris à cœur le combat de l’alternance au sein des partis politiques envoyait ainsi un signal fort au reste de la classe politique en cédant les rênes de son parti à terme de son mandat.

Mais si cette décision en guise d’exemple a été globalement très bien accueillie  par les militants non seulement du parti Yelema mais bien au-delà, elle soulève tout aussi des interrogations sur la personne  qui sera éventuellement désignée candidat de Yelema lors de la Présidentielle de 2022.

Entre stratégie électoraliste et retrait

Pour certains analystes, même en n’étant plus ni président en exercice ni d’honneur du parti Yelema, Moussa Mara reste de facto le propable futur candidat du parti.

« Son départ de la tête de Yelema est purement stratégique. Je ne le vois pas en termes de véritable alternance politique.  C’est pour marquer l’esprit de la masse populaire et jouir d’une certaine popularité pour les élections à venir », clame Bréhima Mamadou Koné, politologue.

En revanche, pour le politologue, le retrait annoncé de Maitre Mountaga Tall qui entend  demander au prochain congrès extraordinaire du CNID prévu en mai 2021 de ne pas renouveler son mandat à la tête du parti, répond au besoin de l’alternance démocratique au sein de ce parti.

« C’est pour permettre à la jeune génération au sein de son parti d’émerger. Il a lutté pendant 30 ans et à un certain moment il faut passer le flambeau à la jeune génération », soutient-il.

Ces deux cas de figures qu’il ne faut pas juxtaposer selon Bréhima Mamadou Koné, s’inscrivent dans la droite ligne du discours tenu en masse aujourd’hui au sein de l’opinion publique, favorable à une alternance au sein des partis politiques.

Mais, indique-t-il, ces chefs de partis qui passent la main demeureront dans la majorité des cas,  des faiseurs de rois au sein de leurs différents formation politiques.

Élection présidentielle : Soumaïla Cissé investi candidat

Le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaila Cissé a été investi le samedi 12 mai au stade du 26 mars. Le désormais candidat de l’URD avait bénéficié du soutien des plusieurs mouvements et associations.  Après une dénonciation de la gouvernance actuelle, il promet au public ‘’une victoire certaine’’.

’Boua Ka Bla’’, ‘’Soumi, la solution ’’. Ce sont là quelques un des refrains entonnés depuis la tour de l’Afrique en direction du stade du 26 mars en cet après-midi du samedi 12 mai. Dans les Sotrama, mobilisés pour l’occasion, un seul homme comptait : Soumaila Cissé.

Devant l’infrastructure footballistique,

Mohamed Salia Touré : « Un seul mouvement ne peut faire le changement »

Le 29 avril, au Palais de la culture Hamadou Hampaté Bah, est née la Coalition pour l’alternance et le changement. Elle regroupe plusieurs partis politiques et mouvements. Mohamed Salia Touré, du Mouvement Wélé wélé en est membre. Il jette un éclairage sur les objectifs  et les perspectives de cette initiative.

Pourquoi avez-vous adhéré à cette Coalition?

Parce qu’au niveau de  Welé welé, nous nous inscrivions dans l’alternance. Nous sommes persuadés qu’un seul mouvement ne peut pas faire le changement. Le système que nous avons en face est tellement implanté que si nous nous ne réunissions pas pour faire front, il  va continuer. Chacun a fait cette analyse et on est arrivé à cette conclusion. Mais on s’était dit qu’il faut être d’accord sur le minimum. Qu’est-ce qu’on doit faire de  cette alternance si on l’obtient demain ? C’est pour cela que nous sommes réunis dans cette coalition  pour l’alternance, dans le sens de renouvèlement des usages.

Elle ratisse large, cette coalition ?

148 organisations, partis politiques, associations et activistes de la société civile ont décidé de donner leur signature, mais à ce jour, nous n’avons recueillis que 98 signatures. Il y a eu des absences mais elles sont ouvertes et vont se poursuivre. Nous espérons dépasser même les 148, parce que d’autres associations sont annoncées.

Quel est le contenu du manifeste que vous avez signé?

Il pose le constat de la gouvernance lamentable du pays, l’absence de programme, la délinquance financière, et le fait que notre armée n’est pas dans les conditions pour affronter l’ennemi. Pour nous l’alternance est indispensable pour sortir le pays de cette situation. C’est ce que nous avons proclamé ensemble.  Des groupes thématiques seront créés au sein de la coalition pour approfondir et se mettre d’accord sur un programme minimum d’alternance. C’est à partir de là qu’on verra qui peut porter ce programme. Nous ne sommes pas une coalition qui roule pour X ou Y, une fois le programme élaboré nous déciderons du profil qui est le mieux à porter la candidature.

Est-ce possible d’avoir ce profil consensuel ?

Cette coalition, cette entente, il y a deux mois ce n’était pas envisageable. Ce qui reste à faire, nous le ferons.  Nous allons convaincre tout le monde qu’il faut mettre le Mali au-dessus de tout. Les gens sont déjà convaincus en posant leur signature. Signer est un engagement. Rien n’est impossible. Tout le monde est  unanime que le pays est dans une situation très critique. Pour ma part je suis plus qu’optimiste.