Amadou Djicoroni : Pas de décoration à titre posthume

Amadou Djicoroni est décédé à l’âge de 88 ans. Il sera inhumé aujourd’hui à Bolibana et aurait émis le vœu de ne pas être décoré à titre posthume.

C’est aujourd’hui, mardi 6 septembre 2016, que sera inhumé Amadou Djicoroni, à Bolibana, quartier de Bamako. Amadou Seydou Traoré dit Amadou Djicoroni est décédé à l’hôpital du point-G le dimanche 04 septembre. Il est, pour reprendre René Maran dans « Batouala », « parti pour ce village qui n’a pas de chemin de retour ». Depuis lundi, des voix ne cessent de s’élever pour saluer le « patriote », la « mémoire vivante », qu’il fut. Amadou Djicoroni, ancien secrétaire à la presse et secrétaire politique de l’US-RDA, a dirigé la librairie populaire de 1961 à 1968, des Editions populaires. Avant son décès, il consacrait le clair de son temps à la librairie et maison d’éditions « La ruche à livres ».

Evoquant la disparition de Amadou Dicoroni, voici ce qu’a écrit Adam Thiam, l’éditorialiste vedette : « Son agenda, c’était de refuser que les incubateurs et les bâtisseurs passent à la trappe des nouveaux maîtres. Mission accomplie, peut-on dire avec autorité.  Sa vie fut d’engagement absolu, sans compromission aucune vis-à-vis de l’héritage Usrda. Et il n’aura eu aucun répit pour les tombeurs du grand rêve de construction nationale qui, pour lui, habita Modibo Keita et ses compagnons. D’où les livres-témoignages qu’au forceps Amadou Djikoroni tira des victimes ou mémoires de l’ère militaire dont Samba Sangaré, Soungalo Samaké,  Hachim Dembélé.

Des détails gravement édifiants sur cette époque sont dans le domaine public aujourd’hui grâce à l’illustre disparu. C’est cela, la dynamique de l’Histoire. L’aîné qui repose désormais d’un repos mérité a allumé et entretenu la flamme. Qui la reprendra dans notre génération qui est celle de la flemme ? »

Refus d’être décoré

Le Président, Ibrahim Boubacar Keïta, a salué « un homme exceptionnel qui nous quitte. »  « Sa disparition endeuille le Mali tout entier et au-delà des générations de progressistes Africains tant son combat pour l’émancipation et le développement de l’Afrique fut exemplaire. Amadou Traoré est resté fidèle à son combat et aux idéaux de Modibo Keita dont il réclame fièrement le compagnonnage et l’héritage. En cet instant de deuil et de recueillement, je m’incline très respectueusement sur la mémoire de l’illustre disparu et prie pour le repos de son âme », peut-on lire dans le texte du Président.

Pour l’heure, c’est la question de sa décoration à titre posthume qui soulève le débat. Le gouvernement s’apprête à décorer celui qui, sous Amadou Toumani Touré, avait refusé toute décoration. Dans un post sur sa page Facebook, Ibrahima Kébé, proche collaborateur de Amadou Djicoroni, écrit : « Ainsi Amadou Seydou Traoré dit Amadou Djicoroni, nous a-t-il dit à plusieurs reprises qu’en aucun cas il ne fallait qu’on accepte qu’il soit décoré à titre posthume, puisque, vivant, il ne l’avait jamais accepté. Et il nous confié la mission d’informer qui de droit qu’il ne souhaite aucune cérémonie de clairon.

Aussi vous prions-nous, Monsieur le Président de la République, de bien vouloir accepter de respecter cette volonté de votre père, de votre tonton Amadou Djicoroni, ce dont nous vous serions infiniment reconnaissant. Respecter sa volonté serait lui rendre un service sans limite. »